Je pourrais m'attarder sur le peintre précédent, Ribera, des Européens avant
l'heure, avec Velasquez qui, si le roi ne l'avait rappelé d'Italie serait bien venu
en France : ces deux-ci devinrent d'ailleurs amis à Naples. (1630)
Dès qu'il peut s'échapper de la cour de Philippe IV, Velasquez repart à Gênes
puis Venise, Ferrare, Bologne et Rome où le pape Innocent X lui demande son
portrait (qu'il ne voudra pas se faire payer considérant qu'il l'était déjà par le
roi d'Espagne). Fils du gentilhomme portugais, Juan Rodriguez de Silva et
dona Geronima Velasquez, c'est de celle-ci qu'il adopte son nom de peintre ; de
par sa naissance, il était tout prédisposé à devenir peintre de cour.
Il épousera la fille de son maître à Séville, Pacheco, qui obligeait ses élèves à
peindre sur les "sargas" (mais je crois vous l'avoir déjà dit) toiles écrues
badigeonnées de colle et de couleurs broyées à l'eau..
Mais il est aussi "aposentador" c'est à dire "Grand Maréchal du Palais'" chargé
des déplacemments de la cour et à ce titre indipensable... mais dépourvu de
toute nécessité pécuniaire n'ayant ainsi aucune vélléité de vendre ses toiles.
Je trouverai à Valence un de ses multiples auto-portraits comme j'avais trouvé
à Castres le portrait de son roi. Ses toiles peuvent être sombres sous
l'influence du Caravage ou colorées comme celles des "Ménines ". On dit de lui
qu'il est un précurseur de l'impressionisme où les taches de couleur, jeux de
couleur et de lumière pour celles-ci, taches de couleur allant du gris au rose en
passant par les couleurs fortes, dans la "Reddition de Breda" que vous pouvez
voir au musée du Prado, sont désormais présentes dans son oeuvre après son
séjour en Italie.
Portrait qui a bien voyagé lui aussi comme vous pouvez le lire.
Il y apparaît âgé d'une cinquantaine d'années, toile sombre égayée par la
collerette blanche et un intense regard. Portrait issu des collections vaticanes
et passé de main en main des français jusqu'à Francisco Martinez qui le lègue
à l'Académie des Beaux-Arts en 1835.
Je vais éviter ce que je déplore, ne pouvoir se fixer sur une seule toile et
passer dans un musée d'un artiste à un autre sans pouvoir s'y fixer, toujours
question de temps . Où est passé le temps merveilleux où habitant Paris je
n'allais au Louvre que pour un seul département de peintures et un seul
tableau.
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