vendredi 11 juillet 2014

Reporter

Communication de la Fédération du Patrimoine :

http://patrimoine-environnement.fr/la-maison-albert-londres-vendue-54-000-euros-a-lassociation-vichyssoise/



Des nombreux reportages du grand reporter Albert Londres, aux quatre coins 

du monde, qui dénonce les abus, injustices, nombreux et variés, je retiendrai 

celui de" Marseille, Porte du Sud."(non pas que je me désentéresse des misères du monde mais parcequ'il colle davantage à l'intitulé de ce blog)

 Les lauréats du prix Albert Londres  sont issus de tous les magazines.

http://www.prixalbertlondres.com/Les-laureats/Tous-les-laureats-depuis-1933.aspx

Disparu à son retour de Shangaï en 1932 dans l'incendie de son navire, il collabora avec plusieurs journaux; il est aujourd'hui reconnu comme le père du journalisme moderne.


             Premières pages de cette invitation au voyage d'Albert Londres


"Je dédie ce livre à mon grand ami inconnu pour qui longtemps je fus ingrat, au
gardien du phare du Planier qui, à chacun de mes départs, de mes retours, semble
balancer la lampe à la fenêtre, pour me dire au revoir ou bonjour !
I. Mes bateaux vont partir
C’est un port, l’un des plus beaux du bord des eaux. Il est illustre sur tous les pa-
rallèles. À tout instant du jour et de la nuit, des bateaux labourent pour lui au plus
loin des mers. Il est l’un des grands seigneurs du large. Phare français, il balaye de
sa lumière les cinq parties de la terre. Il s’appelle le port de Marseille.
Il a plus de cinq kilomètres de long. Il n’en finit pas. Peut-être bien a-t-il six, ou
même sept kilomètres. Môle A, Môle B, Môle C. Il va presque jusqu’au milieu de
l’alphabet, le port de Marseille... C’est le marché offert par la France aux vendeurs
du vaste monde. Les chameaux portant leur faix vers les mahonnes d’au-delà nos
mers, sans le savoir, marchent vers lui. Port de Marseille : cour d’honneur d’un
imaginaire palais du commerce universel.
Tous les vieux noms connus des hauts barons de la mer sont affichés là, aux
frontons de ces môles, comme une courtoise invitation au voyage. La Paquet, la
Transat, la Cyprien Fabre, les Chargeurs Réunis, les Transports, les Messageries
Maritimes à tête de licorne. La Peninsular. La Nippon Yusen Kaisha. Où voulez-
vous aller ? Au Maroc, en Algérie, en Tunisie ? Au Sénégal, en Égypte ? Au Congo,
à Madagascar ? En Syrie, à Constantinople ? Au Tonkin ? Aux Indes ? En Australie ?
En Chine ? En Amérique du Sud ? Faites votre choix. Ici, on embarque pour toutes
les mers, pour la Rouge et la Noire, pour tous les détroits, tous les canaux, tous les
golfes. On vous en montrera, des pays ! On vous en fera connaître, des choses in-
soupçonnées ! Pas un coin, si bien endormi qu’il fût, que nous n’ayons déjà réveillé
autour du monde. On part pour tous les océans, l’Atlantique, l’Indien, le Pacifique.
C’est moi, Marseille...
Écoutez, c’est moi, le port de Marseille, qui vous parle. Je suis le plus merveilleux
kaléidoscope des côtes. Voici les coupées de mes bateaux. Gravissez-les. Je vous
ferai voir toutes les couleurs de la lumière ; comment le soleil se lève et comment

il se couche en des endroits lointains. Vous contemplerez de nouveaux signes dans
le ciel et de nouveaux fruits sur la terre.
Montez ! Montez ! Je vous emmènerai de race en race. Vous verrez tous les Orients-
le proche, le grand, l’extrême.
Je vous montrerai les hommes de différentes peaux, le brun, le noir, le mordoré,
le jaune, nus en Afrique, en chemise aux Indes, en robe en Chine, et marchant sur
des petits bancs au pays du Soleil-Levant.
Je vous ferai connaître toutes les femmes, celles dont le voile prend au-dessous
des yeux, celles au voile blanc, celles au voile noir ; celle au bambou coupant
leur front. En kimono, en pagne, drapées ou culottées. Vous sentirez se poser sur
vous des regards dont vous n’avez encore nulle idée. Il y en aura de brûlants, de
tranchants, d’insistants, de royaux, d’indéchiffrables. Vous verrez des femmes qui,
lorsqu’elles marchent, font le bruit d’une vitrine de joaillier qui s’écroule, telle-
ment elles sont, ces créatures, couvertes d’or, d’argent, d’ambre, d’ivoire et de ver-
roteries. Vous en verrez aux cheveux coupés franchement en brosse, d’autres à qui
il faut deux jours et l’aide de toute une famille pour préparer une coiffure qu’on
ne touche plus pendant un mois. Vous verrez celles qui se tiennent sur des pieds
brisés, celles qui s’avancent comme un oiseau sautille, et des esclaves marcher
comme des princesses.
Gravissez les coupées de mes bateaux. Je vous conduirai vers toutes les mer-
veilles des hommes et de la nature. Je mène à Fez, aux Pyramides, au Bosphore, à
l’Acropole, aux murailles de Jérusalem. Je mène aux temples hindous du Sud au
Tadg-Mahall, à Angkor, à la baie d’Along et même jusqu’à Enoshima !
Je vous ferai voir des oiseaux qui plongent et des poissons qui volent. Embarque-
toi ! embarque-toi !
Tu arracheras des ananas, tu mangeras des mangues, tu boiras le lait de la noix
des cocotiers. Tu verras des arbres en feu, mais qui ne flambent pas, quoiqu’ils
s’appellent des flamboyants. Tu verras les champs de thé, les grandes plaines inon-
dées où le riz qui pousse n’est encore qu’un tapis de velours frémissant et vert.
Tu verras des arbres alignés à l’infini ainsi que les soldats d’une armée immense.
Comme eux ils saignent mais ce n’est que du caoutchouc pour te permettre de
rouler en automobile".................

Lorsque j'habitais Marseille je fus un jour au port chercher ma famille
qui revenait d'Asie pour des vacances, je me souviens de mon anxiété de savoir comment les y retrouver.

histoire du phare du Planier

http://boulesteix.blog.lemonde.fr/2008/03/02/lincroyable-histoire-de-loptique-du-phare-du-planier/

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