Nous avons très brièvement retracé l'origine des montures, leurs aventures lors
des trois guerres, avec des hommes décidés envers et contre tous à les protéger
et les mettre hors d'atteinte de tous dangers comme Alois Podhjasky ou Hans
Handler. Podhajsky décidant de faire évacuer une partie des jeunes étalons à la
Villa Hermès du jardin zoologique de Lainz devant l'intensification des
bombardements.
Puis ses sollicitations auprès du général Patton pour leur protection à Hostau et
leur évacuation en Bavière, ceci jusqu'à leur installation au palais de Vienne dans
la Hofburg. Le hall baroque de Fischer von Erlach redevenant le théatre de
présentations régulières .
Il y eut bien un voyage aux Etats-Unis mais j'oserai dire, un voyage d'agrèment !
Les peintures de George Hamilton qui résida en Autriche dans les années 1700 me
paraissent très appropriées pour illustrer ces articles.
Aux manèges à l'air libre succéda un premier manège espagnol en 1572 au
château d'Ebersdorf. On envisagea bien un nouveau manège en 1640 mais l'on
manquait d'argent et malgré la seconde invasion des turcs Léopold Ier voulait
donner à l'art baroque toute sa place en Autriche. Il va donc faire édifier un Opéra
de bois par Ludovico Burnacini (son mariage avec l'infante Marguerite-Thérèse
fille du roi d'Espagne Philippe IV, explique-t-il une dépense de cent mille florins ?
Les ballets de chevaux étaient à la mode en Italie c'est donc l'endroit tout trouvé
pour y mettre en scène un ballet de chevaux à l'occasion des festivités de son
mariage où il va parader sur un alezan espagnol, les brides de celui-ci cloutées de
diamants et sertis d'or, caparaçon brodé de perles et de pierres précieuses.
Je crains que la description de cette fastueuse représentation digne du Roi- Soleil
ne soit un peu longue et plus appropriée au moment où nous parlerons des figures
proprement dites. Les gravures jointes vous donnent cependant un aperçu de
l'ampleur du spectacle, on parle de mille trois cent personnes !! et ce fut sans
doute le début de représentations équestres en musique.
Léopold Ier régnera de 1658 à 1705.
Après les destructions consécutives à l'attaque de Vienne par les Turcs les
travaux se succédèrent encore sous Léopold Ier puis son successeur et en 1722
sous les auspices de Charles VI et l'éxécution des plans confiée à Johann Bernhard
Fischer von Erlach, on voit enfin le bâtiment sous sa forme définitive.
La victoire sur les Turcs était enfin acquise, la paix signée entre Charles VI, la
Turquie et Venise à Belgrade en 1717 . Nous allons voir comment va procéder cet
architecte qui travailla plusieurs années à Rome et fait une carrière brillante à
Vienne depuis les années 1686.
Fischer avait travaillé sous la direction de Carlo Fontana à Rome après avoir
débuté, par filiation, sa carrière comme sculpteur, celle-ci trouvant une continuité
à Vienne et si parfaite qu'il devient professeur de l'archiduc Joseph qui plus tard,
empereur, l'anoblira en 1696 puis fut nommé premier ingénieur de la Cour en
1705. Histoire de famille, encore, puisqu'un de ses fils parti à la découverte des
plus beaux édifices de l'Europe revient à Vienne pour être à son tour nommé
architecte de la Cour. ( Pourrais-t-on parler d'un Tour de Compagnonnage ?)
Quatre étages pour ce manège, une loge destinée à la Cour qui fait face à
l'entrée des cavaliers une série de colonnes corinthiennes qui relie les balcons 17
mètres de haut et 55 mètres de longueur . Les visiteurs peuvent lire:
" Ce manège a été édifié en l'an 1735 sur ordre de l'Empereur Charles VI, fils de
l'empereur Léopold I er, et sous la surveillance du directeur général des
constructions, président des écuries de la Cour, comte Gundaker Althann, dans le
but d'enseigner et d'exercer la jeunesse noble, et dans le but également de
former des chevaux pour l'équitation académique militaire"
Pour son inauguration c'est le maître-écuyer Franz von Weyrother qui en fera la
présentation à la future impératrice Marie-Thérèse et son époux Charles de
Lorraine
C'est le moment de parler des écuyers qui se succéderont à la tête de cette
institution, partageant la célébrité avec les étalons les plus nobles.