lundi 17 décembre 2018

José de Ribera


Autre tableau d'Adoration des bergers peint par Ribera "El Españoleto"

Né à Jativa, il apprit son art à Valence auprès de Francisco Ribalta ; mais c'est 

en Italie qu'il va lui donner toute sa maîtrise  : Parme, Rome et puis Naples où

 il réside au service du Vice-Roi et travaille pous la Cour de Madrid. C'est au

 contact du Caravage qu'il perfectionne  le clair-obscur sans délaisser la qualité

 d'un dessin perfectionné : j'attirais votre attention récemment sur la poulaine

 du premier plan, ici nous avons un pied dénudé parfaitement dessiné.

      Et pour aller avec, un Noël composé par Lucas Le Moigne en 1520.


Chantons, je vous en prie,
 Par exaltation
En l'honneur de Marie
Pleine de grand renom.
Pour tout l'humain lignage
Jeter hors de péril 
Fut transmis un message
A la Vierge de prix.
 - Or nous dites, Marie ; 
Que vous dit Gabriel
Quand vous porta nouvelle
De vrai Dieu éternel ?
   - Dieu soit en toi, Marie,
Dit-il sans fiction ;
Tu es de grâce emplie
Et bénédiction.
  - Or nous dites, Marie,
Si, neuf mois accomplis, 
Naquit le fruit de vie
Comme l'Ange avait dit.
  - Oui, sans nulle peine
Et sans oppression
Naquit de tout le monde
La vraie rédemption.
  - Or nous dites, Marie, 
Du lieu impérial :
 Fut-ce en chambre parée
Ou en château royal ?
  - En une pauvre étable
Ouverte à l'environ, 
Où n'avait feu ni flamme ,
Ni latte ni chevron
  - Or nous dites, Marie,
Qui vint vous visiter
Les bourgeois de la ville
Vous ont-ils confortée ?
  - Oncques homme ni femme
n'eut de moi compassion
Non plus d'une esclave
D'étrange région.
  - Or nous dites Marie, 
les laboureurs des champs
Et aussi les marchands ?
  - Je fus abandonnée
De cette nation,
De tous, cette nuitée, 
Sans consolation.
  - Or nous dites Marie,
 Des pauvres pastoureaux
Qui gardaient aux prairies
Leurs brebis et agneaux.
  - Ceux-là m'ont visitée
Par grande affection ;
Et moult m'a sonsolée
Leur visitation.
  - Or nous dites, Marie,
Les princes et les rois, 
Votre enfant débonnaire,
Le sont-ils venus voir ?
  - Trois rois de haut parage,
 D'étrange région, 
Lui vinrent faire hommage
Et grande oblation.

Nous vous prions, Marie, 
De coeur très humblement, 
Que vous soyez amie
Vers votre cher Enfant,
Afin qu'au jour funeste
Que tous jugés nous serons,
 Puissions être à la dextre
 Placés avec les bons.

https://fr.wikipedia.org/wiki/X%C3%A0tiva

dimanche 16 décembre 2018

Giotto

Cela devient de plus en plus difficile de choisir, et j'ai de plus en plus de

 prédilection pour des tableaux qui se rapprochent de la simplicité : aujourd'hui 

je vous emmène à Padoue dans la chapelle Scrovegni :


https://www.cineclubdecaen.com/peinture/peintres/giotto/chapellescrovegni.htm


 Cette Nativité  de 1304 me semble bien assortie à ce Noêl du début du XVI ème siècle :

Laissez paître vos bêtes,
Pastoureaux, par monts et par vaux,
 Laissez paître vos bêtes, et venez chanter Nau.


j'ai ouï chanter le rossigneau,
 Qui chantait un chant si nouveau.
Si haut, si beau, si raisonneau.
Il m'y rompait la tête,
Tant il prêchait et caquetait !
Adonc pris ma houlette
Pour aller voir Naulet.

Je m'enquis du berger Naulet :
"As-tu ouï le rossignolet
 Tant joliet, qui gringotait
Là-haut sur une épine?
-Oui me dit-il, je l'ai ouï ; 
J'en ai pris ma bussine
Et m'en, suis réjoui." 


 Nous dîmes tous une chanson,
 Les autres y vinrent au son.
Or, sus, dansons, prends Alison,
Je prendrai Guillemette. 
Margot tu prendras Gros-Guillot.
Qui prendra Péronelle?
Ce sera Tallebot.


Ne dansons plus, nous tardons trop.
 Pensons d'aller, courons le trot.
Viens-tu Margot ?- J'attends Guillot.
J'ai rompu ma courette, 
Il faut racoutrer mon sabot.
-Or tiens cette éguillette :
Ell' te servira trop.

 Comment, Guillot ! ne viens-tu pas ?
- Et oui j'y vais tout l'entrepas.
Tu n'entends pas du tout mon cas :
J'ai au talon les mules,
Par quoi je ne puis pas trotter;
Prises m'ont les froidures
En allant estraquer.


 Nous courûm's de telle roideur
 Pour voir notre doux Rédempteur,
 Vrai Créateur et Formateur.
Il avait, Dieu le sache, 
De linges assez grand besoin : 
Il gisait dans la crèche,
Sur un botteau de foin.


 Sa mère avecques lui était, 
Un vieillard or lui éclairait :
Point ne semblait au beau douillet,
 Il n'était pas sans père.
Je l'aperçus trop bien et beau;
 Il semblait à la mère,
 Encor est-il plus beau.


Pas ne laissâmes à gaudir
Je lui donnai une brebis
Au petit fils ; une mauvis
Lui donna Péronelle ; 
Margot ell' lui donna du lait
Toute pleine une écuelle 
Couverte d'un volet.


Or déprions le Roi des rois
Qu'il nous donne à tous bon Noël,
Et bonne paix de nos méfaits ;
Ne veuille avoir mémoire
De nos péchés, mais pardonner ;
A ceux du Purgatoire
Leurs péchés effacer.


Laissez paître vos bêtes ,
Pastoureaux par monts et par vaux,
 Laissez paître vos bêtes,
 Et venez chanter Nau. 

 







samedi 15 décembre 2018

el Greco

 C'est autour de 1600   que ce Crétois de naissance peint cette Sainte Famille,

(il en peindra d'autres versions). Avant d'arriver à Tolède, après avoir été initié

 à la tradition primitive de l'art bysantin, il est passé par Venise et Rome, où il a

 pu admirer le Titien et le Tintoret, mais sa "facture" est toute personnelle et

 reconnaissable entre tous.

Peintre, presque exclusivement  d'art religieux et portraiste.

Cette "Sainte Famille" exposée au Musée du Prado, est pleine de spontanéité 

Sainte Anne se joint à St Joseph pour admirer ce beau bébé.

 Mais c'est la présence du jeune Jean (baptiste) qui est plus surprenante, selon

un  évangile apocryphe, orphelin il aurait été adopté par Marie et la

symbolique du panier de pommes apportent un regard nouveau sur cette scène

toute "familliale" (https://fr.wikipedia.org/wiki/Prot%C3%A9vangile_de_Jacques)



                                                        
SEQUENCE

de Noktèr pour la Nativité

                                          Poème du X ème siècle, traduit du latin.


Il est né avant les siècles le Fils de Dieu, invisible, infini ;

Par lequel est faite la machine du ciel  det de la terre, de la mer et des êtres qui vivent là :

Par lequel les heures et les jours tombent et de nouveau jaillissent :

Auquel les anges dans la cité du ciel chantent sans cesse des chants harmonieux.

Il avait pris un corps fragile, sans souillure du crime originel, fait de la chair de la Vierge Marie, pour laver la faute du premier père et la lascivité d'Eve.

 Ce présent jour de répit, ce jour très clair nous dit par sa longueur accrue que le vrai soleil, par le rayonnement de sa lumière, a chassé les vieilles ténèbres de la naissance du monde.

Et la nuit se para de la lumière d'une étoile nouvelle qui épouvanta les yeux doctes des mages.

Et la lumière apparut aux maîtres des troupeaux, qu'éblouit la clarté des soldats de Dieu.

Réjouis-toi Mère de Dieu, ô toi qu'entourent, au lieu d'accoucheuses, des anges qui chantent : Gloire à Dieu !

Christ, fils unique du Père, toi qui pris pour nous la forme humaine, réconforte tes suppliants.

Et de ceux auxquels tu as daigné participer, daigne, Jésus, accueillir les prières,

 Afin de les faire, ô Dieu, participer à ta divinité, ô toi l'unique fils de Dieu.



Noktèr dit le petit bègue, à Saint Gall lauteur du "Séquencier" c'est à dire du

 livre qui contenait toutes les proses qu'il avait faites pour être chantées à 

l'Alleluia de la Messe, mort  le 6 avril 912, dont on fait l'office à Saint Gall avec

 le titre de bienheureux depuis 1514 par permission de l'évêque de Constance

 Hugues de Lambert.( Bade-Wurtemberg).

 L’abbaye de Saint-Gall est une abbaye bénédictine du VIIᵉ siècle de Saint-Gall 

en Suisse alémanique qui fut pendant plusieurs siècles avec sa bibliothèque l'un

 des monastères bénédictins les plus importants d'Europe.

                      https://www.youtube.com/watch?v=37QhEtGMHTI

mercredi 12 décembre 2018

Murillo


                     Vierge du Rosaire : avant 1650. Musée du Prado Madrid

De l'Italie nous passons à l'Espagne, avec le Sévillan Murillo qui ne quitta pas sa

ville natale, et pourtant son oeuvre se ressent des influences vénitiennes et

surtout flamandes; on continuera à sa suite à peindre suivant son école jusqu'à

 la moitié du XIXème. Alonso Cano eut sans doute sur lui, au moins à ses débuts,

    une certaine influence. On peut le vérifier sur cette composition identique à

 celle de Murillo : une grande simplicité dans les costumes, rien d'ostentatoire.



 Et pourquoi pas un poème de Frédéric Mistral, en occitan, notre félibre

 provençal :


O bello Vierge Inmaculado
Que dins lis astre enmantelada
Tèmes d'à lou monde e nôsti van trafé,
O douço Reino de la Franço
Qu'em'un regard debenuranço
Pos abouca l'infère e si rire trufet.
 Di man indigno dôu felibre,
 Recibe en gràci aqueste libre
Ounte li gènt de Franço an estampa sa fe !



 Sus chaque pive, sur chasco cimo
 Noso nacioun crestianissimo
 T'a dreissa de capello à ras di nivoulum ;
Touti li flour de si mountagno.
De la Prouvènço à la Bretagno 
Te brulon soum encens ; e tout soun aucelun
Te canto li sèt alegresso
 Qu'à Belelelèn i' avies apresso
Quand bressaves toun fiéu agouloupa de lum


I'a gens de bourg que noun, en aio,
Chasque ans te vogue pèr sa maio,
 O femo vinceiris qu'as escracha la serp !
J'a gens de prèire dins soun prone, 
Gens de marin sus mar o de pastre au desert
Que noun te digne Noetro-Damo !
E l'univers, de cor et d'amo


Te prègo d'à geinoui e s'apound' au councert !
Nèu dou Liban, neu eternalo
Ounte l'idéio divinalo
 S'èro dicho toustèms de traire soun belu,
 Nèu cando e bléujo, nèu blanduèlo
Qu'entre senti la belugneto
 Illuninè d'amour la terro e lou céu blu,
Nèu mai courouso que lis ièli
 Que l'ange, nous dis l'Evangéli !
De la part d'ôu Segnour, t'aduguè lou salut !

 Santo Marîo, fai nous lume !
Que nosto  raço noun s'embrüme
Dins l'embriagamen, dins lou foum e l'ourquei
De la matèri ! Zou estrasso
De ti lusour la niué nefrasso
 Que sous lou mounde entié lou mau escampo vuei
Emé toun fiéu qu'as sus ta faudo
 Enca saunous, Maire esbribaudo
Tôuti li manufatam que seménon lou juei !



« Ô Belle Vierge immaculée qui, emmantelée dans les astres, veilles sur notre monde et nos vaines agitations ; ô douce Reine de la France qui d'un regard béatifique peux confondre l'enfer et ses sarcasmes ; des mains indignes du félibre, reçois bienveillante ce livre où les peuples de la France ont imprimé leur foi. Sur chaque puy, sur chaque cime, notre nation très chrétienne t'éleva des chapelles au ras des nues ; toutes les fleurs de ses montagnes, de Provence à la Bretagne te brulèrent leur encens ; et tous ses oisillons te chantent les Sept Allégresses qu'à Bethléem tu leur appris quand tu berçais ton Fils enveloppé de lumière. Il n'y a point de bourg qui, en émoi ne te consacre chaque année son mois de mai, ô femme triomphante qui écrasa le serpent ! Et point de reine sur le trône et point de prêtre dans son prêche, sur mer point de marin ou de pâtre au désert qui ne t'appelle Notre-Dame ! Et l'univers, d'âme et de cœur, Te prie agenouillé et s'unit au concert. Mais si tu es, ô Bienheureuse, à Toulouse Notre-Dame la Daurade car l'or pur du soleil est effacé par toi ; si entre Avignon, Marseille et Vence, si tu es Notre-Dame de Provence car sainte Anne et sa tombe y appellent tes bienfaits ; sur la roche Corneille du Puy, tu es, ô Vierge aimée, Notre Dame de France, un nom que nous te fîmes ! Ta gloire croît de siècle en siècle, car ton sein vierge est un ciboire où mon Rédempteur s'incarne pour moi ! Et tu es la merveille humaine car dans son sang et dans sa fille, Adam peut vénérer la Mère de son Dieu ; tu es près de Dieu l'avocate qui défend l'homme et qui le couvre contre le courroux du ciel et ses foudres vengeresses. De ta couronne virginale, hier enfin unanime l'Église a voulu dévoiler le diamant le plus beau; et le grand prêtre du Très-Haut ; celui qui tient l'anneau de Pierre, a fait sur nos ténèbres resplendir le flambeau, te proclamant Immaculée comme la neige amoncelée qui se fond en rivière au lever du soleil. Neige du Liban, neige éternelle où l'Idéal divin s'était dit avant le temps de jeter son rayon ; neige pure, éblouissante, neige blanche qui, au contact de l'étincelle illumina d'amour la terre et le ciel bleu ; neige plus que les lis brillante que l'ange, nous dit l'Évangile, de la part du Seigneur vint saluer ! Aujourd'hui les langues antiques de notre France, ô fleur mystique, veulent te saluer pour embaumer leur fin : mères du peuple, humbles et craintives, mais avec foi et de bon cœur, avant que de mourir, elles viennent te demander le sauvement de cette France qui tant de fois rompit sa lance pour défendre les uns ou pour aider les autres. Les populaires parleries de saint Elzéar, saint Hilaire, de saint Vincent de Paul, du pèlerin saint Roch, les pauvres vieilles défaillantes que, dédaigneux, le monde oublie, viennent te rendre grâce de t'être sur nos rocs manifestée à l'innocence, lorsque tu la ravis dans l'éclat de l'Extase, lui parlant doucement en notre langue d'oc. Louange à Toi, Mère du Verbe ! Tu abaisses ainsi les superbes, élevant les petits jusques à tes pieds blancs... Et sur les montagnes bénies que tu t'es choisies pour autels, à la pointe des Alpes, au front des Pyrénées, aussitôt prononcés tes oracles, aussitôt les miracles se montrent, et ta source aux malades moribonds rend la vie ! Arrière donc, science profane, avec ta présomption qui s'obstine à nier les pouvoirs du Maître tout-puissant ; toi qui te vantes d'êtres à point pour maîtriser la grande nature, arrière ! Au fond des cœurs une autre voix s'entend qui, surnaturelle, crie : « En bas, la science est défleurie ; en haut, au sein de Dieu, la science reste en fleurs ». Sainte Marie, éclaire-nous ! Que notre race ne s'enténèbre pas dans les ivresses, la fumée et l'orgueil de la matière ! Oui, déchire de ta splendeur la nuit obscure qu'aujourd'hui sur le monde entier le mal répand ; avec ton Fils qui saigne encore sur ton giron, éblouis, ô Mère, tous les malfaiteurs qui sèment l'ivraie. Ainsi soit-il. »
                                                              Frédéric Mistral (1830-1914)

https://www.youtube.com/watch?v=iu_4LP7dKCY

lundi 10 décembre 2018

Léonard de Vinci

Surprenante aussi cette "Madone" !!

je l'avais choisie pour ce que je considérais sa jeunesse, une spontanéité, une

posture moins conventionelle, elle joue avec son enfant.

 Mais quelle est ma surprise de voir que sa propriétaire lui a donné son nom la

"Madone  Benois" et qu'elle est ainsi répertoriée!

 Un critique l'a dépeinte en des termes très négatifs,  une madone

 sorcière... ne serait-ce pas le même modèle que la madone aux rochers, ce

grand front dégagé, la coiffure ? le cou  ? la bouche fine  qui s'efface sous le

sourire ; le Musée de l'Ermitage lui a trouvé des qualités, hormis sa signature,

puisqu'elle y est accrochée.



         Elle date des années 1475-78  celle du rocher de 1503-1506.

 Stances de Jean Auvray 
1634 

Oui, la vierge est un lys qui prend son origine,
Sa neige et son parfum d'un principe infecté;
C'est d'un rosier piquant le bourgeon sans épine
Qui au désert du vice étale sa beauté.


C'est un mignard souci qui dilate sa châsse
A petits plis dorés aux rais de son soleil,
C'est un brillant soleil qui nos soucis déchasse 
A l'abord amoureux des rayons de son oeil.


C'est un beau ciel d'amour dont le double hémisphère
Influe sa vertu sur nos infirmités ;
Une étoile immobile en la mouvante sphère
Qui roule sur l'essieu de nos légéretés.


 Non, Vierge, un lys n'a pas la fleur encor aussi blanche ;
La rose meurt naissant, vous vivez au tombeau ;
Le souci vers le soir contre la terre penche ;
Dans l'obscur de la nuit votre lustre est plus beau.


Phoebus sur l'orient ses rais nouveaux desserre,
Dedans notre occident commence votre cours ;
La terre vous comprend, le ciel comprend la terre,
L'étoile disparaît, et vous luisez toujours.


Quoi donc ! nul de ces noms en rien ne vous ressemble ?
En vain pour vous louer je les ai recueillis.
Vierge pardonnez-moi, vous êtes tout ensemble
Etoile, ciel, soleil, souci, bouton et lys. 

 On retrouve le fond de rochers dans cette autre madone ; la Madone Litta de

 1490 au musée de l'Ermitage aussi , très différente, plus mûre, plus

 somptueuse, vraiment "Renaissance" : elle est plus reproduite.




Nativités

 Des nativités ou des Adorations des bergers jusqu'à celles des rois mages il y 

en a à la pelle ! presque pour tous les jours de la semaine !!

 le choix est difficile, chaque peintre de la Renaissance ou  même un Flamand

a donné plusieurs versions de cet événement. Les poètes aussi ont exercé leur

 talent à la plus belle louange : Léonard de Vinci en a peint de très belles,     

peut-être connaissez vous moins cette "Vierge aux rochers" attribuée à

 Ambrogio  de Predis et à Léonard, cette huile sur panneau est à la National

 Gallery de Londres.


 Ce tableau londonien est une seconde version de la même "Vierge aux

 rochers" qui se trouve au Louvre.

 celui-ci resta longtemps dans l'élise de San Francesco Grande, à Milan.

 Le peintre Gawin Hamiilton en fait l'acquisition en 1785 et passe en possession

 du marquis de Landsdown puis du comte de Suffolk avant d'être définitivement

 exposé à la National Gallery.

http://cartelen.louvre.fr/cartelen/visite?srv=car_not_frame&idNotice=13831&langue=fr

La vierge aux Rochers du Louvre est beaucoup plus foncée, plus sombre, sans

 doute pour donner plus de luminosité aux visages. 

Théophile Gautier en était très admiratif:

"L'ange est la tête la plus suave, la plus pure, la plus fière que jamais pinceau 

ait fixé sur la toile... Assurément, aucune vierge, aucune femme n'eut un plus

 beau visage ; mais l'esprit le plus mâle, l'intelligence la plus dominatrice brillent

 dans les yeux noirs fixés vaguement sur le spectateur cherchant à pénétrer

 leur mystère ". 

Il ne s'arrêtera pas à cette louange puisqu'il est l'auteur de ce Noêl que nous 

avons tous appris :



 Le ciel est noir, la terre est blanche ;
-Cloches, carillonez gaîment ! 
 Jésus est né; -la Vierge penche
 Sur lui son visage charmant.


Pas de courtines festonnées
Pour préserver l'enfant du froid ;
Rien que les toiles d'araignées
Qui pendent des poutres du toit.

 Il tremble sur la paille fraiche
Ce cher petit enfant jésus,
 Et pour l'échauffer dans sa crèche
L'âne et le boeuf soufflent dessus.

 La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s'ouvre le ciel,
 Et tout en blanc, le choeur des anges
Chante aux bergers : "Noêl Noël !"
























https://www.youtube.com/watch?v=p7O0shO-MPY

dimanche 9 décembre 2018

Le Temps de l'Avent

Le jeu est "d'essayer " de vous surprendre, avez-vous pensé que Bruegel 

puisse avoir peint une Nativité : c'est plus précisément une

 "Adoration des Rois mages"   en 1564, une trilogie, puisqu'il complétera ce 

volet avec une "Fuite en Egypte" et un "Massacre des Innocents "qui ne sont 

pas le thème que je veux aborder en ce temps de l'Avent.

 Cette toile devrait vous surprendre car elle l'est,  "surprenante", dans 

  l'oeuvre  de Bruegel  et elle est unique dans l'art religieux occidental.

 Les corps s'étirent et nous aurons aussi cette façon de peindre avec el Greco,

 les visages s'affirment.

Nous avons un enfant Jésus souriant,  il ne semble pas effrayé par les visages

  burinés de ses adorateurs, plus surprenante encore la présence du

hallebardier, profondément étonné de ce qui se passe ; St Joseph n'a rien d'un

 saint, assez âgé, un peu bedonnant, lui non plus ne veut rien perdre de la

 scène qui se déroule, et ne se laisse pas distraire.

 Seule la Vierge est bien dans son rôle, épanouie, elle retient le bras de son 

enfant  et fait les présentations :


Le visage de Balthazar reste dans l'ombre, son grand manteau blanc est la

 touche  la plus claire de la toile avec l'hermine de  Melchior et le linge de 

l'enfant, il porte la myrrhe dans une petite nef, la poulaine presque au premier

 plan surprend aussi.

La vierge est un peu seule au milieu de tous ces hommes mais ne s'en émeut pas



 Cette huile sur panneau se trouve à la National Gallery de Londres

 reste à trouver un texte de cette époque  : que voici :

                          Pour le Temps de Noêl 

Voici donc le temps désirable,
Où des cieux la grâce admirable
Nous fait naître un soleil au milieu de la nuit. 
O Nuit, quel heur et quelle gloire!
Le jour te cède la victoire
Puisque pour ton flambeau le Fils de Dieu te luit.


Adorons cet astre admirable,
Aux pêcheurs même favorable, 
Qui, sortant d'un beau sein, donne et reçoit le jour. 
Heureux sein d'une vierge pure
Qui contre l'ordre de Nature,
A pu si chastement porter les fruits d'amour!


Dans le temps des rudes tempêtes,
 Sous un toit, le séjour des bêtes,
Sans secours et sans feu naît le Maître des rois;
Et s'accoutumant à la peine,
Des vents souffre la froide haleine 
Et dedans le berceau porte déjà sa croix.


Cependant la vierge divine
Sur son fils humblement s'incline, 
Adorant ce grand roi dans un si pauvre lieu.
 Un doux et saint transport l'anime;
Mais son humilité réprime
Le plaisir glorieux d'avoir produit un roi.


Saint enfant d'une sainte Mère,
Qui prend part à notre misère,
Voulant nous donner part aux délices des cieux,
Fais-nous renaître à ta naissance
 Et donne la paix à la France, 
Comme tu la donnas venant en ces bas lieux.

                                                               Desmarets de Saint Sorlin 
                                                   1641

https://www.dailymotion.com/video/x584lrj