vendredi 11 novembre 2016

Orfèvreries célèbres

Pour enchaîner avec les oeuvres remarquables encore " de ce monde" je vais évoquer deux oeuvres sublimes.
 La première, l'autel d'or "antependium" de l'empereur Henri II de Bavière au Musée de Cluny ;



http://www.panoramadelart.com/devant-d-autel-de-la-cathedrale-de-bale

et le second le reliquaire de St Foy à Conques.


http://www.tourisme-conques.fr/fr/histoire-patrimoine/tresor/orfevrerie.php


Malheureusement, ce sont plutôt des histoires de pillage que je vais vous conter; aujourd'hui, en cette fête de Saint Martin, il y a lieu de se remémorer que le trésor de St Martin de Tours était l'objectif d'une razzia d'Abd el Rahman.

https://www.herodote.net/25_octobre_732-evenement-7321025.php

  https://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2008-1-page-37.htm


 "Ajoutons que Suger ne fut pas le seul prélat de ces temps lointains, qui donna un puissant  essor à l'orfévrerie.
Maurice de Sully, évêque de Paris ; Gervais abbé de St Germain, d'Auxerre ; Samson, archevêque de Reims ; Simon abbé élu du monastère de Saint Bertin ; Guillaume, abbé d'Andernès, dans le diocése de Boulogne, et nombre d'autres ecclésiastiques s'inspirèrent de son exemple et firent exécuter de grands travaux d'argenterie, disparus, hélas ! mais dont le souvenir nous a été conservé.
 Vers le même temps, un centre considérable d'émaillerie et d'orfévrerie religieuse s'établissait à Limoges, et lorsque Henri le Jeune, roi d'Angleterre et duc d'Aquitaine, prit possession de cette laborieuse contrée, il put enrichir la plupart des sanctuaires d'Angleterre avec celles  des dépouilles de l'abbaye Saint Martial de Limoges et de l'église de St Front, à Périgueux, qui ne furent pas implacablement détruites par ses compagnons avides de pillage.
Un des témoins de ces déprédations sacrilèges, Geoffroy de Vigeois, dans sa Chronique  du monastère de St Martial, donne la description de plusieurs de ces ouvrages anéantis, et, dans le nombre, il en est qui semblent avoir été de véritables oeuvres d'art.
Ce fait n'est pas, au reste, pour surprndre.
Parmi les pièces de ces siècles lointains, parvenues jusqu'à nous, plusieurs attestent une main-d'oeuvre déjà singulièrement perfectionnée.
L'autel d'or de l'empereur Henri II, que possède le Musée de Cluny ; l'autel portatif et les deux reliquaires du trésor de Conques, qui ont été décrits avec tant d'autorité par M. Darcel, suffisent à prouver l'habileté déjà grande des orfèvres du XI ème et du XII ème siècle.

Malheureusement, les spécimens de l'orfévrerie de ce temps sont aujourd'hui extrèmement rares.
L'aventure d'Henri le Jeune, que nous citions à l'instant, n'est pas un fait isolé.
Les Grandes chroniques de France  fourmillent de récits du même genre.

Nous y lisons, à l'année 1276 que les soldats de Robert d'Artois "prenoient à force les veuves et les pucelles et se couchièrent avec elles et puis les despoillèrent et tollirent quanqu'il avoient ; et n'espargnièrent né églyse né moustier, ains s'en vindrent à la tombe du roy Henry qui gisoit en l'églyse Nostre-Dame, et cuidèrent  qu'elle fust d'or et d'argent, si la despecièrent toute et esrachièrent par pièces et morceaux."

 s'ensuit une longue liste de déprédations ou  de vols largement commentés toujours en vieux français dans diverses chroniques ; je m'arrête sur celle où il est fait mention des dons  du roy de Cecille pillés à St Denis parce que ce roy de Cécille est  sans doute Chales II d'Anjou roi de Sicile dont le fils est St Louis d'Anjou évêque de Toulouse.

 Et on reste dans notre Sud-Ouest :
 Parmi les donations pieuses;
" celles -ci furent particulièrement nombreuses, et parfois prirent, elles aussi, les proportions d'un désastre.
En 1349, Jeanne de Navarre, reine de France abandonnait, par testament, tous ses joyaux et son orfévrerie à "l'oeuvre du Moustier de Nostre-Dame du couvent des Carmélites de Paris" pour bâtir une église.
Dans cet acte curieux, il était stipulé que ce trésor serait conservé dans un coffre"mis en seur et certain lieu de ladite église, dont iceulx religieux auront une clef et nous ou personne qui à ce soit establie de par nous
 ou nos exécuteurs, une autre, jusques à tant que les dits joyaux puissent être profitablement venduz"
(Félibien Pièces justificatives t. I ; p, 222)

 http://video.lefigaro.fr/tvmag/video/les-rois-maudits-robert-d-artois-(jean-piat)-annonce-a-mahaut-d-artois-(helene-duc)-l-arrestation-de-ses-filles-ordonnee-par-philippe-le-bel-maurice-druon-claude-barma-marcel-jullian/2537021845001/



















jeudi 10 novembre 2016

Un orfèvre célèbre

 Toujours avec le même souci  de ne pas rendre ce sujet rébarbatif, je pioche, je lis en tranversale, finalement toujours le même défaut entre les pages qu'entre les salles mais je reviens toujours à l'essentiel ou bien  ce qui m'intéresse le plus, j'ouvre d'ailleurs toujours un magazine par la fin..... on ne se refait pas !!!
 Alors pour ce soir:  que pensez vous que faisait le bon St Eloi à part suggérer à Dagobert de remettre sa culotte à l'endroit ?

" Il va sans dire que l'orfévrerie dans ces provinces éloignées n'affectait pas ce caractère d'art recherché et raffiné qu'on trouvait encore en Grèce et qui florissait à Rome.
De ce côté des Alpes toutefois, le travail des métaux précieux était depuis longtemps en honneur et pratiqué avec un indiscutable mérite.
Les premières armées gauloises auxquelles se heurtèrent les légions romaines portaient des enseignes brillantes, représentant un cheval libre, une laie un sanglier.
Les plaques, les agrafes, les torques, les umbos de bouclier, retrouvés aux environs d'Alise, et contemporains du siège de cette valeureuse cité, montrent une ornementation fine, des proportions heureuses, une exécution délicate, pleine à la fois d'habileté, de savoir et de goût.
Les adversaires de César possédaient déjà des orfèvres expérimentés.

 Ne soyons pas surpris qu'au moment où commencent nos études, les orfèvres d'Occident, sans atteindre à cette perfection  technique des orfèvres de Rome et de la Grèce, se trouvent, au point de vue métier, en possession de tous les procédés courants de fabrication.
Ils savaient depuis plus de mille ans, fondre les divers métaux.
Les grands travaux même leur étaient familiers.
Saint Ouen nous apprend (Vita St Eligii, lib Ier, chap XXXII et lib II chap VI), que Saint Eloi, héritier du talent de ces fondeurs gallo-Romains  qui coulaient de si admirables statues, fit d'or et d'argent les tombes de plusieurs bienheureux.




Ce même écrivain rapporte, en outre, qu'Eloi était aussi bon joailler qu'orfèvre et que la fine exécution de ses chatons, ainsi que la façon dont il montait les pierres précieuses, lui valurent l'admiration de ses contemporains.
Une gondole enrichie de saphirs, de grenats et de perles orientales, exécutée par le saint, gondole dont Suger nous a conservé la description ( Hist franc, script, t,IV p, 349) et diverses pièces longuement détaillées dans l'Inventaire du Trésor de St Denis, confirment ce que dit à son sujet l'auteur de la Vie du patron des orfèvres.
Enfin M. Labarte pense que les économies réalisées par St Eloi dans la confection de ce fameux trône qui lui valut la confiance absolue de Dagobert, résultaient surtout d'un alliage savant, fait dans des proportions si justes, que la solidité du métal s'en trouvait augmentée et qu'n éprouvant l'or à la pierre de touche on ne pouvait s'apercevoir de la présence d'un élément étranger.
"C'est ainsi que St Eloi, écrit l'auteur de l'Histoire des arts industriels
(T Ier p 244), put retirer de la masse totale de  l'or qu'on lui avait livrée une certaine quantité de ce métal, sans rien diminuer du poida attribué d'avance à l'objet exécuté".
 Mais pour qui sait combien ces procédés d'alliage sont délicats, il résulte du subterfuge même, employé par le saint orfèvre, que le traitement des métaux par la fusion était poussé, de son temps, à une perfection remarquable.


et comme les plus anciens portraits qui nous ont été conservés de lui le représentent presque tous avec un marteau à la main, si les preuves venaient à faire défaut, on trouverait dans ce fait la certitude que leq travaux de repoussé, de coquillé et de martelage de l'or et de l'argent étaient également familiers aux orfèvres de son époque.
Eloi obtint de Dagobert des faveurs sans nombre.
Le roi lui donna notamment le domaine de Solignac près de Limoges.
Il y fit construire un monastère et réunit dans son enceinte des moines habiles dans tous les arts.
Thillo, son élève, fut le second abbé de ce monastère et sous son administration, une quantité considérable de beaux ouvrages d'or et d'argent furent exécutés pour les églises et les abbayes de tout le royaume.
Quelle était la valeur artistique de ces divers morceaux ?
 Il est assez difficile de l'établir.
Les documents précis et surtout les représentations graphiques font défaut.
Cependant on peut avoir une idée de la magnificence un peu primitive de l'orfévrerie de ces temps lointains par quelques descriptions parvenues jusqu'à nous, et surtout par le trésor de Guarrazar, que conserve le Musée de Cluny et qui remonte au VII ème siècle.
 Les préceptes et les exemples laissés par saint Eloi et par ses élèves ne furent pas perdus.
La période carolingienne fut presque aussi fertile en pièces d'orfèvrerie  que celle à laquelle elle succédait, et cette passion des beaux vases d'or et d'argent, des monuments en métal précieux prit un redoublement d'intensité, lorsqu'après la longue nuit de l'an 1000 et ses appréhensions terribles, le monde recommença à vivre.
Parmi les grands personnages contemporains de cette renaissance, qui encouragèrent les orfèvres et propagèrent leus travaux, une place doit être faite à Suger qui, de1022 à 1152 fut abbé de Saint Denis.
Ministre de Louis le Gros, Suger fut chargé plus tard, sous Louis VII de la régence du royaume.
Partant du principe que "plus les objets ont de prix, plus ils sont dignes d'être consacrés au service du Seigneur", cet abbé-ministre s'occupa d'enrichir le trésor de son église abbatiale, qu'il venait de réédifier et il s'efforça de doter ce sanctuaire d'un mobilier à la fois précieux et magnifique

            Vase en porphyre monté en vermeil par ordre de l'abbé Suger

      http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/vase-de-porphyre-aigle-de-suger
......................................................................................................
Les oeuvres les plus considérables que Suger fit fabriquer ont été détruites en effet , et parmi elles, la plus grande, la plus belle qu'aient produite, à cette époque, les disciples de Saint Eloi, le tombeau de Saint Denis et la chasse qui l'enveloppait, véritable monument dont la desrciption n'occupait pas moins de douze folios dans l'Inventaire de l'abbaye de Saint Denis, dressé au XV ème siècle, époque où ces chefs-d'oeuvre existaient encore.
 
https://www.herodote.net/Dagobert_1er_603_639_-synthese-625.php

 https://www.youtube.com/watch?v=kJhq8i0x0DQ

http://www.armae.com/blog/le-carnyx-trompette-de-guerre-celte.html

mardi 8 novembre 2016

Histoires de nefs

 Avant que les orfèvres ne soient séduits par les formes élégantes de ces nefs et ne les cisèlent pour les profanes,  elles trônaient sur les autels  comme des ex-votos et voici l'histoire de l'une d'elle.

" Dans les dangereuses tempêtes, quand tout espoir semblait perdu, et que la bienveillance céleste devenait le dernier refuge des voyageurs terrifiés, on promettait au saint le plus accessible une nef d'argent, si l'on parvenait à aborder saint et sauf.
De là ces jolis navires en métal précieux qui ornaient au XIV ème et au XV ème siècle, les autels des saints particulièrement vénérés ; fastueux ex-voto, précurseurs de ces embarcations plus modestes, que nous voyons encore aujourd'hui suspendues aux voûtes des chapelles de nos côtes.
 Joinville raconte qu'au retour de la Terre Sainte, une tempête effroyable assaillit la flotte de Saint Louis, dans le voisinage de Chypre.
La reine malade se désespérait, quand Joinville lui conseilla de promettre un pélerinage à Saint Nicolas de Varengeville, et, comme la princesse hésitait, objectant qu'elle craignait que le roi ne lui permit pas d'accompir ce voeu ;
"Au moins, Madame, lui dit Joinville,  promectez luy que si Dieu vous rend en France sauvement, que vous luy donnerez une nef de cinq marcs d'argent pour le roy, pour vous et voz enfans. Et si ainsy le faictes, je vous promect et asseure que, à la prière de Saint Nicolas, Dieu vous rendra en France."
Et Joinville ajoute;
" Lors elle promist à Saint Nicolas de luy donner la nef d'argent ; et me requist que je luy en fusse pleige.
Ce que je voulu.
 Et tantoust, elle retourna à nous et nous vint dire que Dieu, à la supplication de St Nicolas, nous avoit garentiz de ce péril.
Quand la royne fust revenue en France, elle fist faire la nef qu'elle avoit promise à Monseigneur Nicolas et y fist enlever (c'est-à- dire représenter en relief) le roy, elle et leurs trois enfans, les mariniers, le mast, les cordaiges et les gouvernailz, tout d'argent et cousuz à fil d'argent.
Laquelle nef elle m'envoya, et me manda que je la conduisisse à monseigneur Saint Nicolas: et ainsi le fis. Et encores depuis long-temps aprèz la y vy-je, quant nous menasmes la seur du roy au roy d'Almaigne."
Mémoires, t. II p, 129


 Le cérémonial des soupers du roi Louis XIV, dans les Ordonnances de 1665 et 1681  montre que beau meuble avait encore gagné en prestige.
Je ne trouve pas trace de son existence à notre époque ni même de sa représentation .
Seule la nef de Louis XV et son dessin par Meissonnier nous sont parvenus :

 L'entrée de la nef de Louis XIV dans la salle des repas était presque triomphale et le cérémonial qui l'accompagnait avait quelque chose de particulièrement solennel.
Quelques instants avant que le roi se mît à table, la nef faisait son apparition, portée par le chef du Gobelet avec tout le respect imaginable.
Un huissier de salle, baguette en main, et un garde du corps armé, marchaient devant ce meuble précieux et lui faisaient faire place.
 Le soir, le même huissier, outre sa baguette, tenait un flambeau, et c'est ainsi que processionnellement en quelque sorte, la nef venait prendre sa place sur le buffet ou sur la table du roi.
Pendant tout le repas, elle avait pour gardien un des gentilshommes servants, qui ne la quittait pas du regard, et, quand on avait besoin de quelqu'un des objets qu'elle renfermait, c'était l'aumonier seul qui avait mission d'en enlever le couvercle.
Enfin, chaque fois que, pour les actes de son  service, le maître d'hôtel passait devant la nef, il lui faisait la révérence....................................
 Cette nef était gardée par deux ou trois gardes du corps sous les armes raconte le duc de Luynes, toutes les dames se rendant au grand souper faisaient une profonde révérence..................................
 Remarquone en finissant que le grand panetier avait comme support de ses armoiries, une nef d'or et que celle-ci comptait parmi les attributs de sa charge.

Ci-dessous


De tous les descriptifs très détaillés de ces coupes  et pour justifier,(si cela était nécessaire) .... une telle adoration, je vous rapporte la nature de cette nef de Louis XIV:
L'Etat du mobilier de la Couronne dressé le 20 février1673 en donne la desciption suivante :
" Une grande nef d'or avec  son couvercle émaillé en quelques endroits, soustenue par deux tritons et deux sirènes sur une base portée par six tortues, enrichies à l'entour de dix chattons de diamans et de douze rubis, par les bouts, de deux couronnes de diamans, au-dessus, des armes esmaillées, et au-dessus du couvercle, d'une grande couronne de diamans et rubis, portée par un petit amour au milieu de deux dauphins, hault de 22 pouces environ, sur autant de largeur, pesant 106m7°0g".
Le modèle de ce véritable chef-d'oeuvre avit été exécuté par le sculpteur Laurent Magnier, qui reçut 450 livres pour son travail.
La confection en fut confiée à l'orfèvre Jean Gravet qui consacra près de six ans à ce difficile et délicat ouvrage et reçut 13.000 livres rien que pour la façon.
 Pour clore ce sujet, le dessin de la nef de Charles-Quint; argent repoussé ciselé et doré 



 que l'on peut admirer au Musée de Cluny
                                              
 une autre nef de table :

et la dernière :

Je passe sous silence la description de "moultes" autres nefs de Charles le Téméraire à  Richelieu ou Catherine de Médicis ou le Roi de Navarre et bien d'autres .

lundi 7 novembre 2016

Les nefs en orfévrerie

 Il est important de préciser en "orfévrerie" puisque je pourrais aussi bien désigner la nef, vaisseau central des églises ou un véritable navire.
Nous en avons eu un aperçu dans la belle collection Oetker mais sans en connaître les destinataires.



Ces objets  d'orfévrerie ont une origine très ancienne puisque  Froissard (biographe de Phoebus)  raconte déjà dans ses chroniques t, IV p 301
" Pierre le cruel ne se croyant pas en sûreté à Séville fit trousser et mettre en nefs et en coffres son trésor ". (1334-1369)
Olivier de la Marche décrit en ses mémoires (1453) un entremets ayant la forme d'une nef à voile levée," moult bien faicte, en laquelle avoit un chevalier tout droict armé, qui le corps avait vestu d'une cotte d'armes des plaines armes de Clèves; et Jean de Troye dans le récit qu'il nous a laissé de l'entrée de Louis XI à Paris (1460) nous apprend que ce prince trouva à la Porte St Denis
"une moult belle nef en figure d'argent, portée par haut contre la maçonnerie de la dite porte......................................................
Ces nefs , nous allons le voir, étaient disposées sur les tables devant les rois ou les reines et utilisées pour y serrer les ustensiles indispensables au repas
"Et y met-on dedans quand le Roy est à table, son essay, sa cuiller son coutelet et sa fourcette "... (Inventaire de Charles V).
Elles pouvaient aussi contenir les assaisonnements et les épices et aussi les épreuves, c'est-à-dire des fragments de licorne ou des langues de serpent permettant de faire" l'Essai."
Non seulement elle jouait un rôle considérable dans l'ornementation de la table royale, mais elle concourait à la sécurité du prince et à sa tranquillité .
Elle éloignait cette préoccupation de l'empoisonnement, fantôme terrible qui fit trembler tout le Moyen Age.
Le site ci-dessous vous donnera le descriptif de la nef d'Anne de Bretagne.

 En tout cas cet objet de prestige vaut la peine que je poursuive ce récit en détail.
Ces nefs nous font voyager dans les cours princières de toute l'Europe au cours des siècles, elles ne manquent pas d'être décrites minutieusement lors de banquets de mariage comme celui de Charles le Téméraire avec Marguerite d'York (1468).
Les souverains voyageaient avec leur nef ;  c'était au tour d'autres artisans de façonner les étuis en cuir mais aussi les tissus qui entourent et protégent la nef, aussi somptueux que la nef qu'ils devaient transporter.
 Il me faut un peu de temps devant moi pour recopier tous ces descriptifs et photographier les dessins.

 Cette tradition perdura jusqu'à la fin de la royauté. Mais Napoléon 1er ne voulut pas être en reste et renoua avec cette tradition, sa nef est conservée à la Malmaison.

http://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/objets/nef-de-lempereur/

Un mot encore ce matin sur la nef de Charles Quint.

 Nous aurions aussi pu parler de celle de François 1er mais elle a été fondue après la défaite de Pavie; sans doute pour payer sa rançon et le libérer de Charles Quint.
rappel historique :  les notables Toulousains riches pasteliers furent récompensés de leur participation à cette rançon par une visite de François 1er à Toulouse,( 1533).

http://www.khm.at/en/visit/collections/kunstkammer-wien/


http://academie-de-touraine.com/Tome_25_files/145-152.pdf

Trésors gallo romains et wiwigoths

Je suis un peu sortie de mon dictionnaire, peut-être un peu rébarbatif pour celui qui n'est pas passionné par ce sujet, et j'essaie,( seulement essaye ) de conserver une certaine chronologie dans l'évolution de ce façonnage de métaux précieux, apanage du pouvoir royal ou ecclésiastique, matière à pillages, vols ou refontes.

Couronne de feuilles  de chêne  en or Tombeau de Philippe II de Macédoine.

Affichage ostentatoire  des richesses de celui qui posséde l'or ou l'argent, présents prestigieux aux souverains de passage et mise en valeur nous l'avons vu, au travers d'une corporation d'orfèvres qui rivalisent d'inventivité.
Une corporation d'ailleurs très légiférée dont je vous montrai plus tard les blasons. 
 Le mot "Trésor" fait toujours rèver et qui ne souhaite "tomber" un jour sur des merveilles.
  A l'age du bronze le trésor de Guînes.

http://www.panoramadelart.com/Le-depot-d-or-de-Guines

  ou celui de Rethel



http://www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_1992_num_61_1_1155_t1_0755_0000_1

Le réexamen  de la tombe de la reine mérovingienne, Aregonde à St Denis, livre une riche orfévrerie.

 http://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/anthropologie-aregonde-reine-francs-enquete-anthropologique-1501/page/2/

Mais passons d'abord par le trésor gallo-romain d'Eauze dans le Gers:



https://www.musees-midi-pyrenees.fr/musees/musee-archeologique-le-tresor/collections/le-tresor-d-eauze/

 mais aussi le trèsor gallo-romain de Reims, où vous serez surpris de trouver la croix svastika  au creux de la coups niellée de Chatuzanges

http://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1980_num_38_2_1801


Sortant de France on peut trouver,  le trèsor de Pietroasa, où des Goths nous passerons aux Wisigoths de Receswinthe.

http://www2.cimec.ro/Arheologie/Odobescu/odobescu.le.tresor.de.petrossa.tome.troisieme.pdf

 Vous trouverez sur ce site un beau panorame des trésors notamment celui de Pietroassa

https://sites.google.com/site/doretdetresors/histoire-de-tresors-dans-le-monde

 Je ne veux pas oublier la torque en or de l'age du fer. ( British  Museum)
 Venons -en aux Wisigoths et au trésor de Guarrazar, qui consiste en ces couronnes de rois wisigoths enterrées aux environs de Tolède, leur capitale;  je vous le rappelle à la suite de celle qu'était Toulouse.
 Ce trésor est au Musée de Cluny.



 https://www.timeout.fr/paris/musee/moyen-age/cluny/tresor-de-guarrazar

 Mais pas que.., aussi au Musée Archéologique de Madrid.

 https://www.youtube.com/watch?v=gawHMtAV5dw
  Voilà plusieurs jours que je suis plongée dans un livre passionnant, je n'en suis qu'à la moitié, lisant et relisant plusieurs paragraphes tellement le sujet historique est complexe par ses alliances, sa politique, ses assasinats; heureuse de retrouver au détour d'une phrase, Le Cid ou mon préféré, Alphonse le Batailleur qui faisait équipe avec notre Gaston IV de Béarn dit  le croisé.
  (ceci est une petite parenthèse)
 http://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1997_num_40_160_2704_t1_0404_0000_2

Mais ce n'est que pour vous dire que j'y ai trouvé l'évocation de quelques orfévreries : Adeline Rucquoi, Docteur d'Etat et directeur de recherche au CNRS qui travaille sur les rapports entre le pouvoir et le savoir dans la péninsule ibérique au Moyen Age, nous dit  dans ce livre de l'Histoire médiévale de la Péninsule ibérique
 " l'Histoire de la péninsule ibérique enre 409 et 1516 n'est pas seulement celle des Wisigoths, des Arabes, de la Reconquête des Rois Catholiques.
Elle est avant tout l'histoire d'une ancienne province romaine, où l'héritage antique resta vivace grâce à l'unification wisigothique au maintien des liens avec la Méditerranée orientale et méridionale et à la permanence du droit romain.

p 54
L'art fut également l'un des instruments de propagande et l'une des manifestations de la royauté wisigothique dans l'ensemble du territoire.
Si nous ignorons dans la plupart des cas les circonstances et la date d'érection des églises, en revanche à San juan de los Banos ( Palencia) une inscription rappelle que le sanctuaire fut construit en 661 sur ordre du roi Réceswinthe (voir mes archives 2015).
Le même Réceswinthe offrit à un sanctuaire une couronne votive d'or ornée de pierres précieuses, ou semi précieuses et de perles, et il est probable que les autres couronnes votives wisigothiques furent commandées par des rois.....................................................
Les quelques exemples et descriptions qui nous sont parvenus de l'architecture palatine, à Tolède et à Récopolis, attestent par ailleurs des influences bysantines, non seulement techniques ou ornementales..................................................................l'époque wisigothe s'illustra dans l'orfévrerie ..............................................

p 166

Le décor dont s'entoura la monarchie asturienne (Alphonse II; 791-842)
était un rappel du passé wisigothique dont elle s'affirmait l'héritière.
Les ornements et décorations des monuments attestent une longue tradition architecturale et picturale peut-être renforcée par des artisans venus du sud de la péninsule.
Le palais royal semble par ailleurs avoir possédé un atelier d'orfévrerie, comme il en avait existé un à Tolède au VII ème siècle, ou travaillèrent probablemet aussi des artisans originaires du monde carolingien ; la croix reliquaire d'or, ornée de pierres précieuses et de camées antiques qu'offrit à l'église en 808 le roi Alphonse II connue sous le nom "la croix des anges" témoigne de la vitalité de cet art.




p   172 : nous passons à Alphonse III qui fortifie l'église d'Oviedo pour parer aux razzias des Normands et abriter en 884 les reliques de Sainte Eulalie de Mérida et une donation en 906 d'ornements ecclésiastiques d'objets en or, en argent et en ivoire. Ce même roi :
 outre un scriptorium actif posséde en son palais un atelier d'orfévrerie d'où sortirent une croix votive offerte en 874 à Compostelle, la croix processionnelle connue sous le nom de" croix de la victoire" (908) divers reliquaires et peut-être "le Christ de Nicodême"



 p 188  : réglement public avec le "merkato de rege" de Leon en 997 puisque les ateliers royaux  d'orfévrerie travaillent aussi pour la population.
En Galice, Leon, Castille et dans le royaume de Pampelune des monnaies d'argent circulèrent en provenance d'Al-Andalus ou du monde carolingien.

                                        Autres trésors

 https://www.youtube.com/watch?v=GFmgmJCX8NE

 

dimanche 6 novembre 2016

Première neige

 Je ne m'appellerais pas Isarde si le mauvais temps m'arrêtait, je suis revenue avec 5 cm de glaise sous les chaussures dont j'ai pu enlever le plus gros dans l'Hers.
 Quelques heures de pur bonheur.
Hier, la pluie a seaux, mais dès 1000 mètres, la neige, autant vous dire que la descente des tires était du patinage.

 Une matinée passée de trèsors en trésors, à voguer de nefs en nefs d'orfèvrerie ; j'ai trouvé là un sujet que je ne domine pas encore tellement il est vaste.
 La nature, elle, s'offre à moi sans difficulté.



          contraste de l'automne encore présente et de la première neige

                 
                     Mais ce n'est pas encore Noël...

                       audacieuse cette vigne vierge ..


      J'ai manqué de peu un couple de colverts qui barbotait en paix.


          et joué à fabriquer une nature morte avec les feuilles de platane.

                Les choses sont devenues plus sérieuses en attaquant les pentes qui m'ont offert une superbe cueillette de" rousillous" lesquels je me suis arrêtée un peu plus tard pour les offrir à un ancien du village qui ne peut plus marcher.


             Quelques châtaignes aussi en me piquant les doigts..

            ces quelques feuilles se sont, seules, nichées sur la mousse.

 Variété des essences, chênes , frènes , sapins ou pins:


 Ne pensez pas que la barrière m'arrête, c'est mon chemin de retour.

 Il ne me reste plus qu'à retrouver un semblant de chaussures en les trempant dans l'Hers sans me déchausser...




                 
      la partie gauche du courant est souillée par ma boue.... désolée !!!!

vendredi 4 novembre 2016

l' Orfèvrerie des origines


Orfévrerie est le titre du document que je viens de taper à votre intention.
Le temps est à la pluie et la neige, il était donc tout indiqué que je me mette au travail; puisque je vais aussi rechercher quelques photos prises au British Museum et qui vont somptueusement ouvrir cet article.
L’orfèvrerie est, de tous les arts somptuaires, le plus précieux et peut-être le plus ancien.
Dès qu’on sut fondre les métaux, elle prit naissance.
Elle eut pour mère la vanité des hommes et la coquetterie des femmes ; c’est assez dire qu’elle remonte aux premiers âges du monde.
Toutes les civilisations digne de ce nom ont eu une orfèvrerie plus ou moins compliquée, plus ou moins riche, plus ou moins brillante.
Les deux livres les plus anciens que nous possédions, la Bible et l’Iliade ne laissent aucun doute sur l’estime à laquelle on tenait, dès les premiers temps historiques, le travail de l’or et de l’argent.
La Genèse, atteste que le traitement des métaux précieux et leur transformation en vases d’utilité ou en objets de parure étaient connus même des patriarches.
C’est par un présent d’orfèvrerie qu’Eliezer se concilia la bienveillance de Rébecca, et Thamar, avant de s’abandonner à Juda, exigea de lui qu’il lui donnât l’anneau dont son doigt était orné.
Plis tard l’Exode nous apprendra que les Hébreux avaient non seulement emporté d’Egypte une énorme quantité d’ustensiles d’or et d’argent, d’anneaux et de bracelets, mais encore qu’ils avaient la connaissance des procédés d’orfèvrerie, usités dans leur pays de captivité ; car, au milieu du désert et sans recourir à des artisans étrangers, les Juifs fabriquèrent les vases sacrés et fondirent le fameux veau d’or, premier symbole de l’amour du luxe.
Chez les grecs, comme chez les Hébreux, les plus anciens monuments de la littérature attestent le haut degré de perfection auquel, dès les temps préhistoriques, la mise en œuvre de l’or et de l’argent, était parvenue.




(Nous, Pyrénéens, en savons quelque chose puisque les Romains en avaient tant trouvé dans nos Pyrénées qu’ils l’employaient même au façonnage des ancres de leurs navires).
Même en tenant compte de la part qui revient, dans ces longs récits, à l’imagination du poète, on en peut conclure que les Grecs étaient déjà familiarisés avec les ouvrages d’orfèvrerie les plus complexes.
Les admirables découvertes de l’érudition moderne sont venues, depuis peu, démontrer la relative exactitude de ces descriptions dithyrambiques.
Enfin, les inscriptions cunéiformes de l’Assyrie dont nos savants ont, les premiers, pénétré le mystérieux langage, en constatant l’étonnante quantité de meubles et de bijoux que le roi Sargon rapporta comme butin de ses nombreuses conquêtes, nous dévoilent assez que le travail des métaux précieux avait atteint chez les peuples orientaux un développement considérable.
Il ne faut donc pas s’étonner qu’après les guerres médiques, les artistes grecs aient pu entreprendre et mener à bien la confection de ces énormes ouvrages en or et en argent que décrivent les historiens et dont la prodigieuse richesse n’a pas cessé d’être pour nous un sujet d’admiration et de surprise.
Il appartenait, au surplus, au génie de cette admirable nation de porter l’orfèvrerie à un point de perfection qui n’a guère été dépassé depuis.
Ses plus grands hommes furent si sensibles aux charmes de la belle orfèvrerie que, si nous en croyons l’auteur des Vies des hommes illustres, Démosthène lui-même se serait laissé émouvoir par la contemplation d’une coupe qu’Harpalus lui fit soupeser dans une intention qu’on devine.
A Rome, où la passion de l’argenterie fut encore plus développée qu’à Athènes ; à Rome, où l’on vit, au dire de Plutarque, des palais entiers uniquement garnis de meubles d’argent et d’or, les personnages les plus illustres et hiérarchiquement les plus élevés, non seulement mettaient un grand amour propre à la possession de vases en métal précieux, mais en encore attachaient une sorte de gloire à faire servir sur leurs tables des coupes des oenochoés, des patères de vieille orfèvrerie, dont on attribuait la paternité aux grands artistes de l’ancienne Grèce.
(Il me faudrait plonger dans mes tiroirs pour retrouver un dossier que j’avais élaboré sur les rhytons, ce que je ne manquerai pas de faire).




Tout le monde a lu, dans Plutarque, le récit du cadeau dont le fils d’Antoine gratifia Philotas, puis de l’offre qu’il lui fit d’échanger cette belle argenterie contre de l’argent comptant « pour ce que son père pourroit à l’adventure demander quelqu’un de ces vases faicts à l’antique » et qu’il estimait particulièrement pour l’excellence de l’ouvrage

On sait également que Caligula se vantait de boire journellement dans la coupe dont Alexandre le Grand avait fait usage. Pline parle de vases que les amateurs de son temps achetaient jusqu-à cinq et six milles sesterces la livre ; et Martial se plaint d’être obligé, au cours des longs repas, d’entendre ressasser la généalogie de coupes et de bassins dont on fait remonter l’origine au temps de Nestor et d’Achille.
Un certain nombre de pièces qui nous ont été conservées de la belle époque romaine démontrent, au reste que l’admiration des ancies pour leur orfèvrerie était largement justifiée »
La superbe patère en or, trouvée à Rennes, les soixante objets, vases, disques, spatules, ustensiles de tout genre, groupes et statuettes qui furent mis au jour auprès de Bernay ; le grand et précieux disque péché dans le Rhône il y a près de deux siècles et connu sous le nom de bouclier de Scipion, tous ces superbes objets ; pieusement conservés au Cabinet des médailles, viennent, avec la magnifique réunion de pièces de décoration et de service découvertes près d’Hildesheim (Hanovre) avec les nombreux monuments composant le trésor de Notre-Dame d’Alençon (Eure et Loire) que l’on voit au Louvre dans la Salle des Bijoux et avec quantité d’autres ouvrages qui sont l’ornement des musées européens, attester l’incomparable perfection à laquelle l’orfèvrerie romaine était parvenue aux premiers temps de l’Empire.


 Pour le bouclier de Scipion ouvrir ce lien ;

https://inha.revues.org/2781?lang=en


pour le trèsor d'Hildesheim:

http://www.peplums.info/pep42.03.htm

 http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/anse-de-plat?sous_dept=1