mercredi 4 novembre 2015

Vents, Foudres et Tonnerres

 Jusqu'à ce matin je n'ai trouvé aucune représentation de l'oiseau-tonnerre, mais l'inspiration viendra peut-être, chez nos amis d'outre-Atlantique avec leur Thunderbird:

http://www.thunderbirdmountaintradingcompany.com/sand-paintings.html

Toutefois cet oiseau-tonnerre n'appartient pas qu'à la tradition amérindienne:
et l'on peut supposer que la forme prise par les éclairs ait nourri l'imagination des premiers hommes.

    "L'idée que le vent et le tonnerre sont produits par un oiseau monstrueux s'exprime dans de nombreuses mythlogies.
C'est l'In-Dugud des Sumériens, l'aigle Garuda des Indous, le Hraesvelgr des Scandinaves etc.Et l'image des "ailes du vent" se trouve aussi dans la Bible.
"Chez les peuples de la famille turque, le responsable du tonnerre apparait en général domme un grand oiseau, et le roulement du tonnerre est produit par le battement de ses ailes (Tongouses).
C'est " l'oiseau de fer", un canard sauvage, chez les Samoyèdes, et il provoque la pluie en éternuant; une oie non moins gigantesque chez les Iouraks; une sorte de poule de bruyère noire chez les Ostiaks.
l'Ilja des Téléoutes de l'Altaï est un aigle-tonnerre.
Dans le Nord-Canada, Iti, l'Oiseau-Tonnerre qui se nomme encore Cheth'l, Yehl,  ou Iel, produit le tonnerre en faisant vibrer les plumes de sa queue, et la foudre en clignant de l'oeil. Et c'est à un oiseau-foudre que les Indiens Lenguas (Chacos du Paraguay) volent le feu".

 (une bonne interruption qui m'a permis d'aller chercher dans mon disque dur externe ,les "nouveaux dossiers" et dans ceux-là les sous dossiers les.... sousous-dossiers 2, 3 ou 4,  je me disais bien que j'avais tout ce qu'il me faut  !!!! et me permettre d'achever cet article. Comme Samivel qui me fait régulièrement partir dans ses notes, ses annexes etc )
 Les grands oiseaux toujours redoutables, sont tantôt les alliés, tantôt les ennemis des hommes.
Si la première attitude semble, hélas! n'appartenir qu'aux rêves, la seconde par contre pourrait reflèter le souvenir d'agressions réelles perpétrées dans un passé incertain par des rapaces d'une taille gigantesque.
On songe à l'oiseau-rock des Mille et une Nuits

(personnellement je pense à tous les  ptérosaures).

   "Le folklore de l'Amérique du Nord est, comme on l'a vu, particulièrement riche en formidables oiseaux tonnerre, au neigeux plumage.
Mais il est au moins curieux de noter que de l'autre côté de la terre, dans l'Himalaya  "on a des récits nombreux et renouvelés d'alpinistes qui ont vu planer de gigantesques aigles blancs au-dessus des cimes de 8000 mètres"

                                                    Rudi Reichardt

https://books.google.fr/books?id=xd5OAAAAcAAJ&pg=PA406&lpg=PA406&dq=t%C3%A9l%C3%A9outes+Alta%C3%AF&source=bl&ots=4qYj0dP869&sig=VFVMTnMNMHg5JjvDXvd7CGFa0I0&hl=fr&sa=X&ved=0CDoQ6AEwCWoVChMI2_347rn2yAIVwtYaCh23nAyM#v=onepage&q=t%C3%A9l%C3%A9outes%20Alta%C3%AF&f=false

mardi 3 novembre 2015

L'Exécuteur et le Messager


Les Oiseaux fabuleux sont au service des dieux:

"Si tu laisses périr la race de l'aigle
 Par qui enverras-tu des signes aux mortels? "
                                                                       Eschyle
                  "Dans un très vieux récit  des Hittites:
     - le grand dieu Télépinou, excédé de la méchanceté des hommes, disparait brusquement ,  et avec lui, le printemps l'été, la douce chaleur, les arbres, les moissons, les fruits...Frissonnante de froid, la terre se désole et les dieux s'émeuvent. "Alors le Soleil fit venir un aigle rapide aux yeux perçants :
 "Fouille les hautes montagnes, fouille les vallées profondes...".
L'aigle survola les hautes montagnes et les vallées profondes, inspecta les eaux profondes, inspecta les eaux tourbillonnantes, mais ne vit rien.
Aprés lui, le dieu du vent courut partout et n'eut pas davantage de chance.
Pour finir, l'aigle s'envola de nouveau guidé par une petite abeille et revint trimphalement avec le dieu, apaisé, sur son dos -

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  " L'arrivée des conquistadors fut précédée de présages extraordinaires qui expliquent d'ailleurs la non-résistance des Aztèques et des Incas, persuadés au départ que les destins étaient déjà révolus.
  -La jolie femme du seigneur de Ucareo rêva qu'elle rencontrait un aigle blanc dont les plumes se hérissèrent à sa vue.
Il la regarda "avec de grands yeux brillants qui semblaient ceux de notre père le Soleil".
l'aigle lui dit de s'asseoir sur ses ailes...
Elle se sentit transportée sur les hautes montagnes où gît le soufre, l'alun, le sulfate du cuivre et l'ocre dont s'enduisent les guerriers.
Il l'emmena vers les eaux bouillantes du Purua, où se pétrifient les tiges de flèches qu'emploient les armées tarasques.
Il la conduisit ensuite sur le sommet de la montagne où les eaux thermales forment la lagune verte et la grande lagune  à l'eau cristalline et enchantée.
Dans toute la Cordillère il y a des bouches qui vomissent des vapeurs...
S'étant élevés dans l'air à une hauteur considérable, ils arrivérent à la cime altière du Xhanuat-Ucacio...
Là se trouvaient réunis les dieux des quatre provinces, auxquels un messager des divinités suprêmes annonça tristement que leur monde allair s'écrouler.
Les dieux pleurèrent.
Le concile prit fin, et la mystérieuse vision se recouvrit de ténèbres.
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Une technique aussi insolite et la plume blanche marquent le caractère surhumain de l'action et des partenaires.
Ces plumes sont des talismans rares et précieux pour les anciens Basques comme pour les chamans d'Asie centrale. (ou les Amérindiens)

Elles confèrent les pouvoirs des grands oiseaux, et en premier lieu celui de voler, au moins en rêve..
C'est pour s'emparer de leurs plumes magiques qu'une vierge andine nommée Caribay poursuivra, d'ailleurs inutilement, cinq aigles géants de toute blancheur.
Encore dans les Andes, il existe un oiseau fabuleux, d'or ou d'argent, l'Alicanto.
Il ne vole que les nuits de lune et ne projette aucune ombre.
Il guide les mineurs à la recherche des bons placers.
Mais s'ils font  preuve d'une avidité excessive, il les égare, les entraîne dans quelque abîme où ils se tuent.
C'est une légende assez naïvement moralisatrice.
 Dans le Nord-Ouest du Canada, les Dènè Tchippewayans racontent:
    - Le jeune Homme-du-début-des-temps descendit du ciel par une lanière et atterrit dans le nid de l'aigle géant Orelpale.
Il n'y trouva par chance que l'aiglon qui le prit en pitié et le cacha sous ses ailes.
"Quand le jour apparaît, lui dit-il, c'est mon père qui arrive et c'est ma mère



                                       Robert Bateman

qui vient la nuit".
Ils se montrèrent tour à tour, puis l'aigle mâle finit par s'apercevoir de la présence de l'intrus et voulut le tuer.
L'aiglon s'interposa et menaça de se jeter lui-même hors du nid s'il y touchait. Ensuite, durant l'absence de ses redoutables parents, il lui donna des plumes de ses propres ailes que le Jeune Homme attacha ses bras et à ses jambes.
Il tenta de voler trois fois autour du nid et la première fois il dégringola.
Mais l'aiglon le soutint et peu à peu lui apprit comment il fallait s'y prendre.
Enfin le garçon en sut assez pour s'élancer jusqu'à la terre.
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Un conte  assez insolite (Rosengarten) dit que le fils d'un géant, qui se révèle ici le précurseur des astronautes modernes, chevauche un aigle jusqu'à la lune. Mais il s'y trouve aveuglé par la lumière, et doit regagner la terre où tout est obscur (éclipse?)
Un lutin attend la pleine lune, s'empare de ses rayons et les lie autour des montagnes qui redeviennent blanches.





http://culturebox.francetvinfo.fr/expositions/patrimoine/le-penacho-de-moctezuma-expose-a-vienne-est-convoite-par-le-mexique-126435


http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_marie_leconte_de_lisle/la_chasse_de_l_aigle.html

https://www.youtube.com/watch?v=hbOHBTunadA

lundi 2 novembre 2015

Ceux du ciel

Autant  j'avais"zappé" les cornus en tous genres, peu à mon goût, autant "ceux du ciel" m'ouvrent des horizons ... Samivel débute par :

                                         

                                          'Moi, je ne daigne punir les gouffres qu'avec mes ailes"

                                                                                    Villiers de l'Isle Adam

      "Leur domaine, ce sont les espaces célestes, universellement sacralisés.
On peut donc s'attendre à trouver le thème de l'Oiseau étroitement associé ou même confondu, avec celui du divin : l'Emplumé devenant responsable de certaines interventions supra-terrestres , entre autres phénomènes atmosphériques ; ou bien messager, exécuteur des hautes oeuvres.
Ou enfin sur un plan quasi-technique, jouant le rôle de véhicule aérien, et permettant à l'homme de réaliser son rêve le plus lancinant qui est de triompher de la pesanteur.
C'est en effet dans ces différentes fonctions qu'apparaissent les oiseaux légendaires.

 Altesses volantes

Les plus grandes espèces incarnent naturellement les Puissances majeures.
Dans les Rocheuses, les Alpes, le Caucase, l'Himalaya...l'Aigle est le prototype de ces oiseaux fabuleux dont l'envergure et la force, déjà considérables, se trouvent amplifiées dans les contes à des proportions gigantesques.
Ailleurs cette place est occupée par le Vautour - les aigles du Parnasse ne sont souvent que des vautours - ou le condor des Andes.
En ancienne Egypte, le faucon Horus.
Tous sont des solaires, annoncent ou incarnent les divinités d'En-Haut, et ce caractère solaire est encore accusé dans plusieurs traditions par la blancheur.

 Nul n'ignore que l'aigle olympien est l'oiseau de Zeus, et c'est souvent sous la forme d'un aigle que Zeus lui-même franchit l'espace et surprend les mortels (Ganymède...).
En Inde, Vishnu chevauche l'aigle Garuda. Au Mexique, Quetzalcohadtl se revêt du plumage de l'oiseau Opis
(l'invisible).
Pour les Indiens de Californie, l'aigle règne sur l'univers.
D'aileurs, le grand oiseau de proie, image du pouvoir suprême et inaccessible, plane au-dessus des plus hautes montagnes des deux Amériques.
Chez les peuples de l'Altaï, comme jadis en Asie Mineure, un aigle bicéphale est posé au sommet le la "colonne du monde".
Sur le Démâvend (Elbourz, Perse, 620m) se tenait  le grand Phoenix (Simurgh) dont un oeil regardait le passé et l'autre l'avenir....
Allusion claire à la domination sur l'espace et le temps.

Une autre tradition moins localisée place d'ailleurs le fabuleux Simurgh, le roi des oiseaux, au sommet de la montagne cosmique Qaf.
Dans son "Colloque des oiseaux" (Mantiq altayr), Farid ed-Dîn Attâr conte que les emplumés partent à la recherche de leur roi.
Beaucoup d'entre eux renoncent dès le départ à cette redoutable expédition.
D'autres abandonnent ou meurent en cours de route                                                                         Michel- Ange                  .
On retrouve ici la série des obstacles concentriques analogues à ceux qui défendent le Mérou : les oiseaux doivent traverser sept vallées ou océans etc.
l'avant-dernière se nomme "Vertige".
La dernière "Anéantissement" .
Trente survivants parviennent enfin à la Cime et y font l'ultime découverte  le Roi des oiseaux s'est identifié à chacun d'entre eux.

Dans cette belle fable ésotérique, le Simurgh devient un symbole de transcendance.
http://www.compagnonnage.info/renaissancetraditionnelle/Articles/aigle-deux-tetes.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aigle_%C3%A0_deux_t%C3%AAtes


samedi 31 octobre 2015

Les loups

 sous-chapitre intitulé : Fourrés à deux et quatre pattes

 et c'est en cherchant "mes loups" que j'ai retrouvé mes cerfs en "candles"

d'ailleurs je n'ai pas encore retrouvé tous les loups, dans mes dossiers.
 Samivel est un peu plus disert sur ceux-ci et cet article nécessite plus d'illustrations (on sait bien que les enfants aiment les "images"). Il ne parle pas non plus de la louve de Romulus et Rémus sans doute parce que ce ne sont pas des montagnards.....

 " Des Loups fantastiques ont aussi galopé à travers le Bestiaire montagnard occidental, et leurs hurlemets se mêlaient aux fracas des chasses sauvages. Mais leur vrai patrie est la grande forêt nordique. Dans la mémoire des peuples, le loup apparaissait, à l'instar de l'ours, comme un ancêtre, mais aussi comme un dévorateur, et l'exécuteur parfois monstrueux des basses oeuvres du destin.
Le loup Fenrir des anciens Germains se gonfle à des dimensions apocalytiques...
"Le feu lui jaillit des yeux et des narines; sa gueule largement ouverte dégoutte de sang; la mâchoire d'en haut touche le ciel, celle d'en bas frôle la terre.
Mais dans les annexes:
( Mais dans la légende chrétienne, le loup comme l'ours et d'autres bêtes sauvages, peut se muer en humble serviteur des hommes et de Dieu.
Un loup conduit Ademus de Fermo (1285) égaré, hors de la forêt.
Et comment ne pas rappeler ici l'histoire du terrible loup de Gubbio, en Ombrie, qui terrorisait la contrée et dont il est dit qu'il se prosterna aux pieds de François d'Assise, devint doux comme un agneau, et mourut sinon en parfum, du moins en fumet de sainteté........)
C'est un avaleur d'astres, de divinités, de mondes, un destructeur cosmique. On ne s'étonnera pas qu'avec un tel pedigree il ait pué le diable à cent pas dans tous les contes de bonnes femmes.
En outre il se passe des choses singulières sous la peau des loups, et l'on a murmuré à ce sujet beaucoup de terribles histoires,
durant beaucoup de siècles, à la lueur vacillante des foyers.
Car les revendications d'origine, les mariages, les rites des chamans n'étaient pas les seuls moyens de mêler la nature de l'homme à celle de la bête. Il en existait un autre, tout à fait primitif, qui consistait à "changer de peau", "à rentrer dans la peau".
Ce ne sont plus que des métaphores.
Elles recouvrent des pratiques réelles dont rendent compte de nombreux folklores, et certaines gravures pariétales.
Se mettre dans la peau d'un autre, c'est muter, devenir cet autre, acquérir des comportements spécifiques et des énergies.
En ce qui concerne la conjugaison des hommes et des loups, le terme savant est lycanthropie  (lukos=loup, anthropos=homme )
 qui désigne donc l'état des Hommes-loups.
                                                                                      M. Caroselli
 "Les loups-garous sont des hommes qui se transforment de temps à autre en loups pour étancher leur soif de sang.
D'après la croyance primitive, l'homme restait couché à la maison dans un profond sommeil, tandis que don esprit errait au -dehors sous la forme d'un loup.
Une variété de garous, ce sont les berserkir nordiques, à savoir les "peaux d'ours" (ber=ours, serk= enveloppe.
Ailleurs ce sont des hommes-panthères, des Hommes-tigres, des Hommes-hyènes  etc.
Il s'agit d'une métamorphose temporaire en une bête sauvage et dévoratrice.
Il faut distinguer dans ces histoires d'une part une croyance en un dédoublement magique : le corps du sujet reste inerte, peut-être en état cataleptique, tandis que son" esprit " agit sous l'apparence d'un loup ou d'un autre animal, et d'autre part les mascarades sauvages durant             lesquelles des hommes appartenant plus ou moins à une classe d'initiés, et plus ou moins en état de transe, se revêtaient de dépouilles animales et couraient réellement les lieux déserts en mettant à mal les infortunés qu'ils pouvaient surprendre."


                                                  Ruane Manning

vendredi 30 octobre 2015

Le cerf

                                        mosaïque de Trehorenteuc

                    " Au Tyrol,  brillait parfois sous les futaies de Hauestein, la silhouette d'un gigantesque Cerf blanc, aux ramures d'or.
Il les perdait chaque année au solstice d'été à minuit. Et quiconque avait la chance de s'en emparer faisait fortune d'un coup.
Ainsi se sont transmises jusqu'à nos jours, mais dégradées, de très anciennes croyances où le cerf, et à plus fortes raisons un cerf blanc, était l'animal solaire, et un symbole de renaissances cycliques; d'où l'or et l'allusion au solstice d'été.
Quant à l'heure de minuit, c'est celle où se découvrent les trésors, à l'origine d'ordre spirituel............................................................................

Samivel ne consacre que peu de lignes à cet animal,  et pourtant,  à la recherche des illustrations  pour cet article et plongeant dans mes dossiers, j'en ai tant trouvé que c'est un livre entier que je pourrais illustrer : les mosaïques romaines, le Codex manesse, le livre de chasse de Phoebus, tous les Cernunos, les superbes photos de mes amis de cerf passion, les "Courbet", les "Oudry", les Saint Hubert, les cerfs pariétaux, les "Diane", j'ai donc une certaine frustration de me limiter à quelque-unes et de faire un choix !!!
 le tout compliqué par un certain "désordre", j'avais exactement la photo qu'il fallait pour illustrer les cerfs porteurs de lumière et je n'arrive pas à remettre la main dessus...

celui-ci correspond à peu près aux intentions de l'auteur et de l'aspect "fantastique" qui peut se rapporter à cet animal.

 "Ancien messager solaire, comme le renne d'ailleurs, le grand cerf christianisé intervient bénéfiquement dans la vie de plusieurs saints personnages : l'un d'entre eux, par exemple, trace une piste dans la neige profonde, au profit de Pierre de Hispanus (XV ème siècle).
Un autre mène Berthe et Hildegarde au plus profond des bois, vers l'emplacement d'un futur moustier, ou bien se charge du fardeau de Thomas de Reate.
puisque j'ai commencé par le cerf de Brocéliande pourquoi pas Merlin...

Leurs bois portent des cierges, brillent d'une mystérieuse phophorescence, car ils se souviennent  du temps où l'astre s'accrochait à leurs buissons; et la fameuse vision de Saint Hubert, la Croix apparaissant dans les ramures d'un dix-cors, ne prend vraiment son sens que lorsqu'on connaît l'antique alliance de l'animal et du soleil.

                                                         Brueghel
 Il existe de cette légende une sorte de pendant à Ceylan, où un cerf pourchassé entraîne le roi Walogambahu jusqu'au sommet du pic d'Adam,  puis disparaît.
C'est alors que le chasseur découvre Prah Bât, la trace du soleil, autrement dit l'empreinte dans la roche du pied du Bouddha...................................................

jeudi 29 octobre 2015

Grand-Père l'Ours



 Bien voilà un sujet qui tient à coeur aux amoureux de la nature d'une part et à ses détracteurs d'autre part et je suis sûre que nous allons en parler à moins que le sujet soit évité pour ne pas envenimer les débats.....
il est encore temps de vous inscrire et de venir nous y retrouver:

http://ariege.confederationpaysanne.fr/colloque-europeen_2188.php

C'est moi qui vais vous en parler et illustrer les propos de Samivel par les peintures de Ralph Oberg:  a wildlife artist:

                  "Puissant, massif, hirsute, d'aspect bonhomme et féroce tout à la fois, l'Ours est par excellence la grosse Bête des forêts et des montagnes.
Il a suscité tant de traditions qu'un amas de volumes aussi large et haut qu'un spécimen de bonne taille ne suffirait pas à les énumérer.

 A cause d'une silhouette presque humaine, de moeurs "incluant la pratique du jeu", de proies et d'habitats analogues, c'est peut-être la forme animale qui a le plus intrigué le montagnard primitif, et proposé à la réflexion naissante certains  problèmes fondamentaux d'identification, le
"Que suis-je ?" et le"Quel est-il" ?
grâce auquels le petit bipéde nu et désarmé a commencé à se définir et à définir sa propre place dans l'univers.
Est-il exagéré de dire que l'Ours fut l'un des principaux agents inconscients d'une évolution civilisatrice.
Bien que l'animal ait à peu près disparu des massifs occidentaux, sa piste ne s'y est pas tout à fait effacée.
Elle mène en tout cas, dans le passé, droit à ces antres des hautes régions alpestres où l'on a découvert non seulement de formidables amas d'ossements mais aussi comme au Drachenloch (2245m), au Wildemannlusloch (1628m)


tous deux dans l'est de la Suisse, à la Salzofenhoehle (2000m) dans les Alpes autrichiennes, etc, des traces d'habitats humains au deuxième interglaciaire, celles de chasseurs d'ours du Paléolithique ancien, mêlés à des ossements du grand fauve, dont l'agencement indiquait un rituel.
Découverte de grande conséquence puisqu'elles prouvent qu'à une époque très reculée les Bipédes pratiquaient une certaine forme de magie, ou de relogion, ou les deux; c'est-à dire accédaient à un niveau supérieur de conscience.

 Dieux-Ours-Hommes

Le totémisme se fonde sur une identification de l'Homme avec une autre chose que lui-même et implique  dans certais cas -Homme-oiseau, Homme serpent- un véritable fond de l'imagination créatrice. Il état superflu à propos de l'Ours, animal ressemblant, sorte de superman fourré, de formidable Homme-des-bois-et-des-montagnes, de guide, d'ancêtre géant, dont l'apparence provoquait à la fois l'admiration, l'envie, la terreur, comme celle du taureau.
En tous lieux ils entrèrent en contact, le cycle de l'Ours se mélange à celui de l'homme, des Ancêtres, des dieux.
                                                                  Robert Bateman
Dans les plus anciens récits, "Artémis a l'apparence d'une ourse, et c'est donc mué en ours que Zeus s'unit à Callisto", elle-même nymphe oursonne dans les monts d'Arcadie.Cette origine est à nouveau manifestée dans le dénouement célèbre où la nymphe se trouve métamorphosée en constellation, en "Grande Ourse".
D'ailleurs le fruit de ses amours avec Zeus est "Arkas", c'est à dire l'Ours d'où le nom d'Arcacie (et Arctique).

Quand la mythologie gréco-romaine envahira celle des gaulois, chez lesquels le culte de l'ours était florissant, on honorera une Dea Artio, ou un Mercure-Artaios, tandis qu'en Germanie barbare le grand dieu Thor était aussi surnommé "l'Ours" (Björn)
                                                                   Denis Mayer

Outre l'empire qu'elle exerce sur l'imagination à cause de sa stature, de sa force, la Grosse Bête incarne des vertus et des pouvoirs.
Dans les croyances chamaniques, elle sert de guide à l'âme dans l'Autre monde ; tandis que le cerf ou le renne sont des solaires, l'ours, à cause de ses habitudes cavernicoles, du sommeil hivernal, se trouve associé aux ténèbres, à la Lune, à la mort. Dans un conte des Indiens Dènè-Tchippewayans, il est responsable de l'apparition de la nuit "c'est pourquoi il est noir et vit dans les ténèbres".Guide des labyrinthes inférieurs, le christianisme n'a pas manqué d'en faire ultérieurement l'une des figures du diable, mais c'était aussi un maître du temps, "non seulement dans les Pyrénées mais un peu partout en France, et surtout dans les Alpes."


 http://amerindien.e-monsite.com/pages/les-amerindiens-et-les-animaux.html

Mais il y a aussi des artistes russes
Ivan Shishkin (1831-1898)
Konstantin Stavinsky (1844-1905)
 ont peint  "Un matin dans la forêt de pins"
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Utro_v_sosnovom_lesu.jpg

mercredi 28 octobre 2015

Le Bestiaire fantastique des montagnes

 Pour illustrer ce chapitre, j'effectue une plongée dans ma photothèque, vous ne pouvez m'en vouloir de chercher autre chose que l'aspect tangible  de la nature et de puiser dans mes lectures le côté fantastique et caché que nos anciens savaient y trouver.
Il me suffit de plonger dans cette photothèque, pour y retrouver les traces de journées entières passées à arpenter le terrain avec bien sûr, puisque j'y habite la montagne, souveraine.
J'admire ces voyageurs qui ont visité des massifs à l'autre bout du monde, les alpinistes, les premiers découvreurs, les explorateurs à commencer par les premiers hommes, l'occupation des cavernes, les premiers"dessins", la conquête du monde.
Mais j'ai ici, en réduction, l'essentiel.
J'étais à la recherche de mes photos des représentations du cerf blanc mais  cela ne me suffit plus, je voulais vous parler de ce bestiaire fantastique, peut-être ........préféreriez-vous que je vous parle de l'actualité qui me fâche,
des cerfs que l'on braconne, des ours dont on ne veut plus, mais je sais que dans ma famille je ne suis pas la seule à me plonger avec délices dans cette si belle nature et ... les grands-mères racontent toujours des histoires...

 petit retour sur les articles précédents: de Morency site néolithique en passant par Montségur et le St Barthélémy.

Je ne sortais jamais sans une certaine inquiétude de possibles mauvaises rencontres, mais d'êtres bien vivants... ne me parlez pas de groupes de marche, j'ai besoin de silence, de m'arrêter pour contempler, humer, l' écouter.




depuis le col de Péguère, le Valier




















 depuis Camurac, le Saint Barthélémy






Et ce n'est pas moi qui raconte que sur le St Barthélémy "il y a deux lacs nourrissiers de flammes, feux et tonnerres; et l'on tient pour assuré que si on jette quelque chose, aussitôt on voit un tel tintamarre en l'air que ceux qui sont spectateurs d'une telle furie sont consumés par le feu et brisés par les foudres ordinaires et originaires de l'étang".
On verra quelle synthèse je ferai de ce bestiaire fantastique  en élaguant ce qui peut trop choquer les âmes superstitieuses ou trop modernes.

Il est plus d'un silence, il est plus d'une nuit,
Car chaque solitude a son propre mystère :
Les bois ont donc aussi leur façon de se taire
Et d'être obscurs aux yeux que le rêve y conduit.

On sent dans leur silence errer l'âme du bruit,
Et dans leur nuit filtrer des sables de lumière.
Leur mystère est vivant : chaque homme à sa manière
Selon ses souvenirs l'éprouve et le traduit.

La nuit des bois fait naître une aube de pensées ;
Et, favorable au vol des strophes cadencées,
Leur silence est ailé comme un oiseau qui dort.

Et le cœur dans les bois se donne sans effort :
Leur nuit rend plus profonds les regards qu'on y lance,
Et les aveux d'amour se font de leur silence.
                                                              
                                                              René Sully Prudhomme