mardi 27 octobre 2015

Intermède feuillu

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte

                     Paul Verlaine 

Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?  (Radio Londres, les français parlent aux français)



Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux
Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux
Et s'en allant là-bas le paysan chantonne

Une chanson d'amour et d'infidélité
Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise
 Oh! l'automne a fait mourir l'été
Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises.

                                                                             Guillaume Apollinaire


De ma fenêtre
Derniers feux de l'automne
Avant l'extinction
                            Isarde
J'ai fait un petit sondage , vous aimez les photos et les poèmes,  l'histoire pas trop.... alors un autre haï kaï:
Les rouges, jaunes
S'entremêlent entre eux
Feux d'artifice
et la célèbre "feuille d'autome emportée par le vent
 En rondes monotones tombe en tourbillonnant...
.
Au fond du jardin
Les feuilles du cerisier 
S'accrochent encor
                              Isarde
                     

lundi 26 octobre 2015

Montségur

                                      photos prises hier par Friderike
Le vent qui pousse
les nuages et l'esprit 
Sur le Montségur

Emporte aussi
les légendes du Graal
Dans la montagne.
                                 Isarde

    "A travers les siècles, elle n'a cessé d'exercer sur certains esprits une espèce de fascination. (l'histoire du Graal, et déjà pour moi dans mon adolescence, avec les lectures de Chrétien de Troyes ).
C'est qu'elle possède ce dynamisme intérieur, inimitable, qui distingue les vrais contes des fabrications artificielles, et témoigne d'un accord exact entre les décors, l'action, les acteurs, et les archétypes de l'inconscient.
On ne saurai donc s'étonner, en pénétrant sous ses voûtes,  d'y faire naître à chaque pas des résonances insolites.
C'est une histoire longue confuse, mystérieuse, dont on peut pourtant essayer de décrypter les épisodes successifs.
Cela commence par la chute des anges, événement majeur dont sortira toute l'aventure chrétienne.

l'ange de Reims

- Lucifer et ses cohortes s'effondrent dans le grand Abîme.
C'est alors que choit sur la terre, parmi les tourbillons et les clameurs, une pluie de diamants, autant d'attributs de l'immortalité glorieuse et de la pure intelligence que les révoltés viennent de perdre.
Parmi ce grésil étincelant, le globe vert d'une énorme émeraude, celle même qui se trouvait enchassée dans le front de l'ex"porteur de lumière", le Troisième Oeil, organe de la connaissance des choses spirituelles encore évoqué dans l'image de l'Indou çiva avec l'Urna.
La pierre reposera ensuite parmi les frondaisons et les ruissellements de l'Eden, et reflétera plus d'une fois les neigeuses silhouettes du Couple initial avant la chute.
Elle continuera ensuite de briller dans le Jardin solitaire jusqu'au jour où Seth, le "Remplaçant" celui qui vint après la mort d'Abel, ira la quérir avec la permission de Dieu, l'emportera parmi les hommmes et la transmettra à sa descendance.
Traduction: une parcelle de la sagesse première sera, malgré le Péché, gardée à travers les siécles par un petit nombre d'initiés.
Ensuite c'est un grand silence.
Nul ne sait ce qu'est devenur l'Emeraude.
Peut-être a-t-elle émigré une première fois parmi les chênes, les granits et les brumes des rives celtiques?
Jusqu'au soir de la Pâque, où elle réapparaît brusquement à Jérusalem, dans une maison inconnue, brillant comme l'arc- en- ciel entre les mains du Christ.
Et c'est elle dont on dit
:"Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang"
C'est elle encotre qu'utilisera Joseph d'Arimathie pour recueillir le sang et l'eau de la dernière blessure ouverte au flanc du Supplicié par la lance du centurion Longin.

Ainsi deux substances infiniment précieuses entreront en contact réel: le flux rouge de la rédemption par l'amour, et le cristal vert, indestructible, de la clairvoyance archangélique.
En sorte que graal (grial, espagnol; grazal, provençal) devient vraiment la Coupe de l'alliance, le signe de "l'Un".

-Plus tard, ceux de Joseph d'Arimathie le porteront en Grande-Bretagne.
Puis la Table ronde, les douze preux et Artus au centre d'un cycle d'aventures merveilleuses où des châteaux et des forêts magiques.(vous n'allez pas être étonnés si je vous dis que je suis allée à Brocéliande me pencher sur la fameuse fontaine. Mais je n'ai jamais cherché à venir m'établir au pied de Montségur, je m'y suis établie par hasard. Isarde)
surgissent et s'effacent tour à tour comme autant de voiles interposés entre l'ardeur des pieux paladins et l'inestimable trésor du "Saint Vaissel" que ni Gauvain, ni Bohort, ni Lancelot, ni Perceval ne réussiront à conquérir.
Seul Galaad le Pur parviendra au terme de la "Haute Quête"
"Et sitôt qu'il eut jeté les yeux à l'intérieur du très précieux vaisseau et considéré les choses spirituelles, il se mit à trembler"
Une telle révélation exige une mutation immédiate. 
L'âme de Galaad sera emportée en Paradis par les anges; une main mystérieuse enlévera à son tour le Graal .


                                                                                            photo Isarde 

Mais il réapparaîtra sur une autre terre, dans les montagnes Pyrénées.
Car le pic magique qui dès lors garde le Graal, le "Montsalvèche" de Wolfam von Eschenbach, le Mountlsavage des templiers et de Richard Wagner ne serait autre, si nous en croyons les traditions locales rapportées par Otto Rahn, que le Montségur du pays de Foix.
Voici ce que lui raconta un vieux berger:


   "Du temps que les murailles de Montségur se dressaient encore, les cathares y gardaient le Saint_Graal. Montségur était menacé. Les armées de Lucifer assiégeaient ses murailles.
Elles voulaient le graal pour le réinclure dans le diadème de leur prince, d'où il était tombé à terre lors de la chute des anges.
Alors au moment le plus critique, descendit du ciel une colombe une colombe blanche qui, de son bec, fendit en deux le Mont Thabor.
Esclarmonde la gardienne du Graal, jeta dans l'intérieur  de  la montagne le joyau sacré.
La montagne se referma, et ainsi fut sauvé le graal.
Lorsque les démons entrèrent dans le château fort; ils arrivèrent trop tard.
Furieux ils firent périr par le feu tous les"Purs" non loin du roc qui porte le château, au camp des crémats, le champ du bucher..
Ils périrent tous par le feu sauf Esclarmonde.
Quand elle vit le Graal en lieu sûr, elle monta au sommet du Mont Thabor, se mua en colombe blanche et s'envola vers les montagnes de l'Asie.
Aujourd'hui  encore elle est là-bas, au Paradis terrestre."

(Légende au milieu des légendes, je vous avoue qu'avant  de lire  celle-ci  j'en connaissais d'autres que Samivel nous confie dans ses annexes, le Mont Thabor c'est le massif de Tabe que j'ai parcouru en tous sens ou photographié depuis d'autres sites plus ou moins éloignés, je ne pensais jamais arpenter des lieux "sacrés"... Isarde )

Et parmi les derniers "Purs" ceux qui sont fidèles aux belles légendes pensent que la glorieuse émeraude, jadis perdue par Lucifer, jadis ruisselante du sang du Sauveur, au fond de laquelle Galaad déchiffra les hiéroglyphes de la suprême sagesse, et en mourut, luit toujours dans la caverne pyrénéenne, sous le triple sceau de la montagne, du silence, et de l'oubli."



 photo Isarde
https://www.youtube.com/watch?v=uD8v2213TeE

samedi 24 octobre 2015

Les mondes souterrains



                            http://www.ariegenews.com/news-95430.html

 Je ne pensais pas que ces pages seraient d'actualité et qu'en deux ou trois "sous-chapitres" nous atterrissions à Montségur.
Mais reprenons les choses par ordre:
  (et cela va intéresser mes lecteurs allemands)

          "De l'autre côté du monde, une chaîne de montagne qui nous est beaucoup plus familière connut aussi en son temps les ermites, les cimes et les cavernes à prodiges, et ne les a pas tout à fait oubliés. Ce sont les Alpes, et plus précisément en l'occurence, un massif isolé, rugueux, situé entre Salzburg et Berchtesgaden, l'Untesberg, dit aussi "Wunderberg" ou mont des merveilles; par exemple la Montagne creuse des vieilles traditions germaniques, et le centre de nombreuses légendes qui reflétent à la fois les gloires du passé et les espoirs de l'avenir, un avenir qui d'ailleurs à son tour s'est mué en passé.-
                         -  Là, au coeur de la montagne, se trouve une  immense           caverne, un véritable empire souterrain, avec des forêts, des plaines, des églises, des couvents, des châteaux, des courtils où les arbres ploient sous le faix de fruits délicieux.
L'argent, l'or coulent à flot des fontaines.... Au plus profond de cet eden médiéval s'érige un formidable , labyrinthe de salles toutes bruissantes d'étendards, aux scintillantes parois de ctistal et remplies de chevaliers en armes.
(Il me plait d'imaginer  parmi eux notre Comte de Foix, Phoebus, lorsqu'il parti prêter main forte aux Chevaliers Teutoniques.Isarde.)
Au mileu de cette cour guerrière, une table ronde, où siège, entouré de douze pairs (où l'on retrouve la légende du roi Arthur...) les plus hauts seigneurs de la vieille Allemagne, entre autres, Hermann vainqueur de Varus, le chef saxon Witikind, Frédéric Barberousse, Othon 1er, Henri 1er et Frédéric II de Souabe, Léonard de Keutschach, archevêque  de Salzburg, le duc Albert de Bavière, l'empereur Charlemagne en personne etc.

Qu'attendent-ils? "Que le pays se trouve uni dans une même foi".
Alors le grand empereur avec ses paladins apparaîtra parmi les vivants, chassera les hordes ennemies et l'Antéchrist, rétablira l'Allemagne dans sa gloire et la fera dominer sur toutes les nations.
Sa barbe a déjà fait plus de deux fois le tour de la Table ronde.
Quand le troisième cercle sera bouclé viendra la fin des temps.
Douze souterrains, dont certains, dit-on s'ouvrent dans les couvents et les églises avoisinantes, permettent d'accèder au Royaume interdit.
C'est par l'une ou l'autre de ces entrées, gardées par les Bergmännlein ou Petits Hommes de la montagne, qu'à la suite d'heureuses circonstances, quelques rares privilégiés, bûcherons, pâtres, paysans, ont pu pénétrer au sein du Wunderberg et voir de leurs yeux ces merveilles.
Ainsi les secrets d'une race et d'un temps se trouvent enclos dans le giron d'une montagne sacrée, par ailleurs image fort éloquente de ce que C. F. Jung a nommé l'inconscient collectif.
Il y a beaucoup d'autres Dormants, grecs, romains, arabes, juifs, basques, celtes..., y compris le Héros irlandais Fionn et ses vassaux barbus... ou les sept frères martyrs, murés par l'empereur Dèce en 251 dans une caverne près d'Ephèse et qui se réveillèrent, dit la Légende dorée, 157 ans plus tard".

                                Le Trésor dans la Caverne

  "Ce "Trésor", en sa véritable signification, est celui d'une initiation spirituelle; mais l'image est interprétée de façon très concrète par l'imagination populaire"
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Je vais survoler ce sous-chapitre pour n'en évoquer que quelques éléments pourtant essentiels à la compréhension du prochain chapitre qui va nous amener à Montségur, que je photographiais de la plaine il y a quelques jours à peine.


 D'après les Védas, le Mont  Mandara, Mérou recouvre une montagne d'or qui s'effondrera sur les dieux et les démons lorsqu'ils s'efforceront de l'ébranler pour se procurer l'élixir d'immortalité.
Au Paus Basque, Mari, déité atmosphérique et la Dama de Amboto habitent dans la montagne des palais d'or...................................................................................
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Et si, dans les montagnes de basse Navarre, l'or est réputé luire au fond des grottes (siloak), c'est sans doute parce que, 1800 ans plus tôt, Diodore de Sicile écrivait que les Phéniciens avaient trouvé tant d'or et d'argent du côté des Pyrénées qu'ils en ornaient les ancres de leur navire"

 Il faut en passer auparavant par : Le sel de la terre
              "Le trésor dissimulé dans la montagne peut être de valeur uniquement sprituelle.
Il s'agit alors d'un message transmis aux générations futures, et qui se trouvera littéralement, découvert, au moment opportun."

Samivel cite Padmasambhava au Tibet qu'il écrit "Thibet" puis Apollonios de Tyane, vertueux et savant personnage, philosophe néo-pythagoricien du 1er siècle, ultérieurement divinisé à Ephèse, qui aurait caché des leçons destinées à l'humanité future en Provence, dans les rochers des Maures.

Et l'on y arrive:       L'ultime retraite du Graal

         "En Occident, le thème du Trésor dans la montagne a trouvé une expression achevée dans l'histoire du Graal, aussi riche en nuances profondes, en scintillements rapides, fulgurants qu'un brocart chamarré parmi les ombres et les reflets  de l'épopée médiévale".

 Pour cela, je prendrai le temps de tout vous restituer; Samivel au fait de toute les légendes nous offre  aussi une langue riche et variée  dont je ne voudrais pas vous priver.

                   le brouillard se dissipe sur la Frau  proche de Montségur

vendredi 23 octobre 2015

La Caverne dans la montagne

Chapitre qui débute par
 "Vous le savez, jardins d'améthystes enfouis
Sans fin dans de savants abîmes éblouis
Ors ignorés, gardant votre antique lumière..."
Mallarmé

Je veux vous faire rêver,

mais la lecture de la page  33 à la page 63, à laquelle j'ai besoin de réfléchir a occupé tout mon temps libre de ce matin.
La montagne y est omniprésente à bien des aspects et j'y reviendrai peut-être;
à ces intitulés, vous comprendrez qu'il me faut murir  ces propos et savoir s'ils ont quelque chance de vous plaire.
Ou volent les astres: avec
 "Pénétrée d'une ivresse éternelle, Callisto se tient inclinée sur le pôle, tandis que l'ordre entier des constellations passe et abaisse son cours vers l'océan; telle durant la nuit je gardais l'immoblilité au sommet des monts
                                                                          Maurice de Guérin
La Cime originelle:
"Au milieu des brouillards, des nuages et de la poussière, la création se fit, et les montagnes s'élevèrent au-dessus des eaux, et les montagnes créèrent "
                                                                                               Popol Vuh
Les routes du Ciel et de la Terre
"Ils suivront jusqu'au bout la route du Seigneur
jusqu'au Château du temps qui dure"
                                                   Pindare. Trad. Brasillach

Je vous retrouve donc un peu plus tard.

http://www.poetica.fr/poeme-2155/stephane-mallarme-soupir/

http://oic.uqam.ca/sites/oic.uqam.ca/files/documents/p-5-12-normandin-popol.pdf

http://remacle.org/bloodwolf/poetes/falc/pindare/intro.htm

jeudi 22 octobre 2015

L'axe du monde et le pilier du ciel

 Quel dilemne  !! je feuillette,  je feuillete, je lis en "diagonale" mon regard accroche des choses connues, des lieux connus ou étudiés, comme le Mont Mérou, ou Jayadhara   (un an d'études à l'Institut Catholique sur le Boudhisme).

Samivel ne brûle pas les étapes, il commence par les structures:

L'Axe du Monde et le Pilier du Ciel  avec cette citation:

"Je tourne autour de Dieu, de cette Tour sans âge 
depuis des miliers d'ans
Qui sus-je ? je l'ignore encor:
faucon, orage ou cantique puissant"
 R. M. Rilke
 en paragraphe

L'Arbre au centre... et pourquoi pas, vous attendrez pour les fées !! il rentre                                bien dans l'intitulé de ce blog


"C'est la figuration qu'ont adoptée, par exemple, les indigènes du nord de la Mélanésie, vivant sous cases à poteau, ou bien les Lapons, ou encore les nomades d'Asie centrale chez lesquels les piliers de bois, considérés comme axes du monde et échelles célestes, sont utilisés dans les cérémonies des sorciers-hommes-médecine.
(chamans).
Ailleurs, c'est l'arbre lui-même qui remplit le rôle de pivot cosmique, en l'enrichissant du thème de la fécondité, du renouvellement inépuisable des saisons.
On le rencontre d'ailleurs parfois mélangé au thème alpestre qu'il complète heureusement.
Les Mongols se figuraient la Montagne cosmique sous la forme d'une pyramide à quatre faces avec un arbre au sommet.
Les Tartares Abakan parlent d'une montagne en fer symbole d'indestructibilité, sur
                                            laquelle  pousse un bouleau à sept branches.
Chez des anciens Germains, outre l'image-mère du frêne Ygddrasil, il y avait de monumentales colonnes de bois, sans doute peintes et décorées, qui s'érigeaient sur les collines et dont le sommet se biramifiait vers le ciel.
La plus grande passe pour avoir été abattue par Charlemegne.
On les nommait Irmensul."

(à titre personnel, je veux évoquer les totems Amérindiens ,
 et les " arbres de mai " que j'ai connu en Allemagne)

Je vais survoler: "Au sommet de la terre"
 où Samivel cite la liste dressée par les mythologues (Thabor, Himinbjör, Mérou, Muto, Olympe etc, et même le Baïgura basque).
Le Mont Mérou,  tellement complexe et précis qu'il serait trop long de le retranscrire.
Les Colonnes chinoises:
T'ai-Shan à l'est; Heng-Shan, au sud;
Houa-Shan, à l'ouest une autre Heng-Shan dans le Chan-Si.
pour m'attarder sur: 

Soutenir le Ciel !
 "L'idée  des colonnes ou montagnes- piliers  portant le ciel, au centre ou aux confins, est commune à beaucoup d'autres civilisations.
L'Odyssée, comme le Rigveda ou le Livre de Job parlent de colonnes célestes.
Les Mayas pensaient que le ciel est soutenu par quatre colonnes cardinales.
Les nomades altaïques, on l'a vu, par un pilier central, comme leurs propres tentes.
Les fameuses colonnes d'Hercule sont situées à la limite de l'univers méditerranéen.
Atlas est à la fois le nom de la chaîne de montagne limitant cet univers au Sud-Ouest (encore un nom familier et une montagne où je suis montée, en jeep .....) sud-ouest et celui du géant "qui, debout au couchant, soutient de ses épaules la colonne qui sépare le Ciel de la Terre" (Eschyle).... d'ailleurs changé lui-même finalement en montagne à la vue de la tête de Méduse qui venait d'être tranchée par Persée.
Mêmes conceptions en Nouvelle-Zélande, Australie, Asie Centrale, Amérique du Nord, chez les Aztèques les Incas, en Occident.
Outre qu'elle témoigne d'une recherche technique, l'invention des piliers, de quelque nature qu'ils soient, paraît aussi indiquer l'existence d'une certaine crainte généralisée de voir tomber le ciel sur la tête des hommes.
Inutile de rappeler la fameuse réponse des ambassadeurs celtes à Alexandre le Grand. S'agit-il du souvenir de catastrophes réelles, telles que chute de matières volcaniques, de bolides; ou d'autres bouleverdements plus graves encore ?
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 Cet Ordre Cosmique, si nécessaire au coeur et à l'esprit des hommes, bien avant toute leçon scientifique, il fallait le susciter par des épures".


mercredi 21 octobre 2015

Hommes Cimes et Dieux

 C'est le titre du livre de Samivel, et j'ai l'intention de vous en parler longuement.

  Samivel est l'auteur des aquarelles sous lesquelles vous dormez, mes chers enfants, quand vous êtes dans notre chalet d'altitude.
Poète, écrivain, aquarelliste et grand montagnard.



Quand automne en saison revient,
La forêt met sa robe rousse
Et les glands tombent sur la mousse
Où dansent les petits lapins.
Les souris font de grands festins
Pendant que les champignons poussent.
Ah ! que la vie est douce, douce,
Quand l'automne en saison revient.
                                                      Samivel



                                     superbe photo de Frisco.

De ce livre de 465 pages édité par Arthaud en 1973, je ne pourrai qu'extraire des paragraphes probablement en commençant par "Le bestiaire fantastique des montagnes" ou 'Elfes, Fées et Cie" en droite ligne de ce que nous venons de lire dans les articles précédents mais abordés d'une autre manière.
A moins que l'humeur du moment ne m'entraîne vers d'autres prespectives.
Mais pour planter le décor, Préface et Introduction vont nous mettre dans le "Bain".
Chaque chapitre débute par une citation:
                                                  " Toutes les satisfactions de la pensée
                                                   et de l'art, toutes les conquêtes de la technique
                                                   ne restitueront pas cette harmonie unique
                                                   de l'homme avec l'intégralité du réel qui est
                                                    le privilège de la conscience mythique"
                                                                                            G Gusdorf 

                                            autre photo de Frisco
 On sort là des Pyrénées pour aborder des sommets universels.

 Le ton  est donné dans la Préface que je vais vous restituer dans son intégralité
ou presque..

                 "Ce livre est consacré à un grand sujet, peut-être le Sujet des sujets, c'est-à- dire les rapports de l'Homme et de la Hauteur.
Mais il l'aborde dans une perspective particulière, limitée, celle des récits fabuleux où la montagne, à travers temps et traditions, tient le rôle principal.
Il s'agit à tout prendre d'un voyage insolite à des cimes insolites, demeurées à l'écart  de la plupart des inventaires.Pourtant elles sont incontestablement les plus grandes et les plus vieilles du monde.
Et l'on peut ajouter qu'en leur absence le monde, justement, eut été autre, que l'espèce n'eut probablement pas survécu.
L'affirmation pourra surprendre, passer pour jeu de l'esprit, paradoxe littéraire; mais elle paraîtra bientôt justifiée: les altitudes du rêve furent encore davantage nécessaires aux hommes que leurs projections terrestres.
Comme il règne toujours certains malentendus  tenaces à propos des légendes et des mythes, les remarques suivantes ne seront sans doute pas inutiles.
Et d'abord il faut préciser l'usage des termes.
On admet généralement que le mythe-récit traite d'actions exemplaires accomplies par des êtres surhumains, héros ou dieux; ou bien se développe à propos de quelque énigme majeure.
La légende, d'intentions plus modestes, et souvent très localisée, reste dans un ton fantastique, mais familier.
Les frontières entre les deux genres demeurent assez floues.
Le véritable critère qui peut faire basculer une légende dans la catégorie des mythes est l'apparition d'une ambiance sacrée, où l'âme, pleine de désir et de bruit, brusquement "cristallise".
On verra plus loin, quand on tentera de cerner cette notion du sacré, ce que recouvrent les mots.
Le temps où l'on considérait l'ensemble des traditions fabuleuses comme un fatras est révolu.....................................................................................................
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Mais l'important, je pense, c'est encore de fournir à un lecteur non préparé, mais curieux, l'occasion de pénétrer sans s'égarer dès les premiers pas dans un monde à bien des égards prodigieux; car il recèle et dévoile, la plupart du temps de façon discrète, une somme non moins prodigieuse d'expériences, dont certaines paraissent assez bizarrement refléter à la fois le passé et l'avenir; et les perspectives s'y confondent souvent avec celles de la poésie pure.
Le fait témoigne d'une vérité méconnue : c'est que l'interprétation poétique de l'univers est une démarche naturelle aux hommes, leur fut donnée "comme un instinct nécessaire", et que beaucoup l'ont perdue, comme ils ont perdu d'autres instincts...................................................................................................................
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Faut-il supposer que les hommes non dénaturés portent en eux une sorte de prescience du cosmos, et l'ont exprimée dans une langue merveilleusement éloquente et esthétique, celle des mythes ?

http://www.telerama.fr/scenes/samivel-l-autre-genie-des-alpages,94105.php

mardi 20 octobre 2015

Le blanc du linge

Je ne m'attarderai pas sur le chapitre de la christianisation de l'offrande, puisque dés les années 1820 l'église ne pouvait tolérer le symbolisme pré-chrétien d'une nourriture des défunts par les vivants; l'offrande va encore exister mais il faudra la déposer sur le seuil de l'église  dans une grande "saca" (non sans une certaine réticence).
 Je préfère revenir sur les "interdits" dont je vous avoue que je ne comprends pas bien l'intention, ces:

"il fallait pas joindre les vaches ni rien".

à vous parler de repli, d'enfermement, je finis par y croire mais la neige n'est pas encore là, pour bloquer l'entrée de mon garage.
C'est dans ma bibliothèque que je cherche l'ouverture, et je vous réserve une surprise.
Je le suis moi-même, surprise, d'y retrouver des textes qui m'ont passionné.
Pour aujourd'hui, revenons à ces linges blancs. Nous allons à nouveau flirter avec les "hadas" et les" hantaumas".

   " Un interdit spécifique aux femmes, celui de la lessive, est mentionné fréquemment et avec insistance. Il exprime la relation entre le monde des morts, le sein de la Terre et la féminité.
Mais la justification en est ambiguë.
Pour certains: "l fallait pas faire la lessive pour la Toussaint parce qu' on faisait mourir quelqu'un" ( Simone Artigues, née en 1914).
Pour d'autres, une formulation trés répandue relie le thème de la lessive à celui des mythiques "hadas", ces êtres souterrains bénéfiques qui étendaient leur linge non loin de leurs grottes, et dont la mémoire est encore très présente dans la tradition orale de la Haute-Gascogne.
Pour d'autres encore et les plus nombreux, ce linge évoquait les hantaumas, les fantômes.

Ce n'est pas tant la lessive qui est prohibée, que le fait d'étendre le linge le Premier novembre:
"Ma mère, le jour de la Toussaint, si j'étends quelque chose, elle l'enlève vite de la corde; ça porte malheur...... qu'on voit du linge flottant le jour de la Toussaint."(Jeanne Payrot, née en 1901, Juzet-d'Isaut.) "Les vieux ils savaient ce qu'ils faisaient, ouais !
La mère de Jeanne (née vers 1870) est morte depuis longtemps, mais, dans son récit, Jeanne actualise le geste en faisant un transfert sur elle-même: elle non plus n'étend jamais le Premier novembre.
La réticence devant les lessives de" blanc" mises à sécher à la vue de tous, n'est d'ailleurs pas limitée au jour de la Toussaint. Quel que soit le jour de l'année, on n'aime pas ostenter le linge, ce "blanc" qui évoque à la fois, en un amalgame confus, le linge des "hados" bénéfiques et "les hantaumas" (fantômes, esprits) redoutés : "Cachez ça ! Elles nous disaient les vieilles quand elles nous voyaient étendre.  Que sembla eras tendas d'eras hadas !
(On dirait le linge des "hados" !
(Marthe Daspet, née en 1898, Le Couéou) 



A Girosp, chez Philomène Barès (née en 1896) pas d'ambiguité. Le linge étendu n'est pas celui des hadas.. Raison de plus pour: "le jour de Toussaint, vous pensez, eh! Bon diu, non ! ça il fallait pas étendre, eh!".
Philomène ne s'exprime qu'avec réticence sur ce thème qui est celui du Mauvais.
Par définition, il est donc dangereux de prononcer le nom de ses diverses concrétisations.
Elle détourne la tête, l'air buté, fixe le plancher de la cuisine et consent à ajouter:" Les vieux, ils savaient ce qu'ils faisaient, ouais !"
De toute évidence, pour Philomène, le linge mis à sécher le jour de la Toussaint sur les haies de buis et d'aubépine, évoque le monde hostile et dangereux des hantaumas plutôt que celui des hadas....................................................................
Puis des hadas, elle passe tout aussi vite au thème inévitable dans toute conversation lors d'une visite ou d'une rencontre: "eth tents" , le temps celui qu'il fait pour la Toussaint. Il fallait faire attention au temps, ouais!"
et celui qu'il fera trente jours après, pour la Saint André (30 novembre)

Enta Sent Andreu, ca dits era nieu                    A Saint André dit la neige

Se non i so qu'i sere leu                                Si je n'y suis pas j'y serai bientôt

Dans le Larboust et la vallée d'Oueil, plus élevés, la neige est déjà là d'ordinaire pour la Saint André:
Ta Sent Andreu, asi so nieu                            A Saint andré, je suis là, la neige..

                              "  Se non i so iei sere leu"
                        Si je n'y suis pas j'y serai bientôt