Impression mitigée, beaucoup de boutiques et de monde et la grande déception
de se casser le nez sur la fermeture de l'établissement thermal et beaucoup
d'autres où j'ai pu pénétrer en ... trichant !
Une continuité puisque les Romains avaient installé ici des thermes.
Les guides vous diront que c'est une ravissante station thermale, que le site
favorable à de multiples randonnées est dominé par le Puy de Sancy, que c'est ici
que naît la Dordogne, je ne l'avais jamais imaginé !! que vous pouvez venir ici
pratiquer les sports d'hiver et soigner de multiples maux.
Ses eaux sont les plus siliceuses de France et s'infiltrent entre les filons de lave
pour émerger dans l'établissement thermal entre 38 et 44 degrés.
Ce n'était pas le but, mais la connaissance de cette architecture Belle Epoque.
https://www.youtube.com/watch?v=BrnvJWUCiRA
https://www.youtube.com/watch?v=uHxQoaOaLT0
L'hôtel Sarciron est fondé en 1806, le plus grand et luxueux hôtel de la ville.
Les travaux, confiés à l'architecte Louis Jarrier, sont réalisés entre 1893 et 1907
Le décor sculpté, de style éclectique, est réalisé par Emile Gourgouillon.
A l'intérieur, l'hôtel a conservé son hall monumental néo-classique avec guirlandes
sculptées et ferronneries ouvragées.
Riondel Hector (architecte), Jarrier Louis (architecte), Gourgouillon Emile
(sculpteur)
Je ne sais si les impressions, que d'aucuns pourraient trouver surannées, d'Henri
Pourrat vous intéressent, elles nous apportent dans tous les cas des souvenirs de
l'époque.
" Les Romains avaient là des thermes; des colonnes imposantes
en témoignent et même une louve en lave. On a mis à jour une piscine,
un panthéon. Et les Gaulois, parait-il, traitaient déjà ici les voies
respiratoires.
Dites encore que le bain d'un Auvergnat consiste à cracher en l'air et
à sauter à travers.
"Mille ans sans un bain" Mais c'est vrai que le père de Michel-Ange
lui écrivait entre autres recommandations ; Mon fils, ne te lave
jamais" Dès le temps du roi Henri, on est peu revenu au Mont Dore.
Jusqu'à la Restauration les voyageurs n'en parlent que comme d'un
"sale et dégoûtant village". Ensuite la vogue est arrivée, avec les
romanciers, _ on relira La Peau de chagrin, Jean de la Roche,_avec
les peintres romantiques.Une vogue européenne. Le Mont Dore est
l'ancêtre des stations thermales auvergnates. Ses eaux de par les
métaux rares et les radiations peuvent passer pour des philtres.
Elles réduisent l'asthme, l'emphysème, le catarrhe, et même le rhume
des foins. ici les cordes vocales se refont une jeunesse ; pas un
ténor de l'Opéra Comique, du Parlement ou de la Cour d'Assises qui ne
soit venu au Mont Dore
On a inventé de mélanger l'air de la montagne à une eau saturée de
sels pour produire un brouillard médicamenteux. Des batteries de
générateurs, des vaporisateurs et des pulvérisateurs desservent plus
de trente salles où se répand une vapeur brûlante. d'autres appareils
à air comprimé soufflant sur elle la refroidissent juste à point
pour la laisser aspirer par les malades.
Va voir ces salles fumantes au fort des montagnes. Va voir leur peuple
singulier de baigneurs ; uniformément vêtus du pantalon et de la
veste à capuchon, dans leur laine blanche, ils ne sont plus ni hommes
ni femmes, ils sont fils adoptifs de l'Auvergne.
Il est loin le temps où le grand bain n'était qu'une manière de
hangar, au bassin divisé en deux par une cloison de sapin," pour que
les deux sexes ne se vissent pas" ( subjonctif du verbe voir )
Le temps où c'était une cérémonie de se doucher, le patient élevant
une tente afin de se mettre à l'abri de l'air, et faisant verser de
l'eau, trop brûlante ou trop froide, cela allait comme il se pouvait
sur la nuque, puis sur l'échine, et en suivant, le long des cuisses,
des jambes, pour finir par la plante des pieds et le dos de la main.
Le temps où les malades riches, au sortir du bain, se faisaient
emporter dans des boîtes nommées chaises à porteur ; les pauvres, eux
couraient s'enfoncer dans les fenils, mais souvent on les en
chassait, parce que leur sueur gâtait le fourrage.
En ces temps-là, les eaux guérissaient les ulcères et l'hypocondrie,
les plaies et les rhumatismes. Le Mont Dore hésitait avant de se
spécialiser . Il n'en faisait pas moins des cures miraculeuses.
On venait là, d'ailleurs, comme en une autre planète de volcans et de
glaciers, aux aspects terrifiants, et peuplée de naturels intéressants
par leur innocence, mais repoussants par leur malpropreté, leur
sauvagerie.
Le Mont Dore s'est adapté, civilisé, équipé. Il a eu le premier grand
hôtel aménagé en Auvergne. Il a eu tout ce qui peut se souhaiter en
fait d'attractions. Des hôtels et des parcs, oui, et des courts de
tennis, et la voie ferrée, et des pharmacies, et des boutiques de
dentelles et de pierres d'Auvergne, tout, jusqu'à des pistes de
courses, jusqu'à des abattoirs modèles, jusqu'à des buanderies
perfectionnées où passent chaque jour cinq, dix, quinze mille
serviettes et peignoirs!
Sa vallée enfoncée est une chose assez grande. Un couloir dont les
crêtes, d'un beau mouvement se relèvent, et se cabrent. Ces redans
s'échelonnent, plaqués de forêts, couronnés d'un bandeau de roc, ou de
quelque dôme de gazon à demi-dépecé ; et d'escarpement en
escarpement, ils s'en vont vers les Cheminées du Diable, ces dents
ébréchées qui, là-bas, au Sancy, mordent le bas du ciel.
"Le serrement de coeur à perpétuité", soupirent ceux qui n'ont pas
une faveur d'esprit pour la montagne. A la rigueur du temps, par la
brume ou la pluie, c'est bien sûr que l'endroit peut paraître sévère.
Mais il y a la route thermale, qui permet les randonnées vers la
Limagne, vers les cantons de soleil. Et puis, dès qu'approche
l'arrière saison, ces hêtraies s'illuminent. Leur vert tourne au
citron, à l'orangé, hésite entre le rose et la couleur du feu, avant
de prendre cette rouille tellement éclatante dans le rougeoîment des
soirs d'octobre. Seules, au sol nu, des flaques de mousse verdoient
encore en lueurs de velours. gris et tachetés de rosettes grises,
tendus de longs muscles, les fûts montent en faisceaux de
colonnettes, semblables à certains piliers de cathédrales.
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Anciennement on écrivait monts d'Or. On feignait de croire qu'ils
étaient ainsi nommés pour la beauté de leurs eaux et la fécondité des
pâturages : mons aureus, gratus in aquis et fecundus in herbis.
C'étaient ces monts, les plus hauts, les plus gras, qui marquaient
surtout en Auvergne : ce furent eux qui donnèrent son premier nom au
département. Mais "département du Mont-d'or, cela n'allait-il pas
faire croire que là s'entassaient à monceaux tous les biens de la
terre?
Les Auvergnats se ravisèrent. Ils préférèrent se mettre sous le signe
du puy de Dôme, plus central, plus historique , et dont le nom ne
risquait pas de les faire accabler d'impôts. Au vrai, le nom latin
du mont Dore était mons duronius. Dore, en celtique, doit signifier
eau. Tant de rivières se nomment Dore, Doire, Dolore, Durolle, Adour
, Durance. Les Monts Dore, ce sont les monts des eaux : ils ne sont
pas plus des monts en or que les monts Dôme ne sont des monts en
dômes."
Henri Pourrat 1935
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