mercredi 22 février 2017

le verre au Moyen Age

 Au Moyen Age, l'érudition et la culture sont l'apanage des couvents.

  Il faut attendre le VII ème siècle pour trouver la correspondance du couvent bénédictin de Monkwearmouth qui relate des relations avec des verriers de la Gaule puis d'Allemagne qui fabriquaient du verre à vitres, des lampes et de la vaisselle pour le couvent.
 Il est encore ici question de relations commerciales nécessitant des transports puisque les principaux centres de production se trouvaient en Gaule du Nord et en Allemagne qui exportaient vers l'Angleterre les Pays-Bas et la Scandinavie.

Les techiques du passé sont mentionnées dans des Codex, comme  celui de l'évêque de Mayence, Raban Maur, le Codex Luccensis vers 800 ou bien celui d'Heraclius, moine romain qui au Xème siècle regroupe les techniques antiques et oientales dans son "de coloribus et artibus Romanorum".
Les plus vieux flacons de fabrication occidentale représentés sur des manuscrits du XI ème et XII ème siècle sont d'inspiration orientale.
 Les voyages vers la Terre Sainte sont une raison de l'ouverture du monde chrétien vers les régions orientales.
Les célèbres "gobelets d'Hedwige " ont une origine égyptienne pour certains et pour d'autres bysantine ou russe.



 Arrivent de Syrie les verres peints à l'émail dits à l'époque "verres de Damas" ;
Alep, Damas et Rakka étaient les centres de ces verres à la somptueuse décoration .
Le poète romantique allemand Uhland a chanté  "the Luck of Edenwall" aujourd'hui au Victoria and  Albert Museum dans les années 1250-1265.





 C'est Tamerlan qui détruit Damas et son industrie en 1402 mais qui n'oublie pas de ramener à Samarcande, cent cinquante mille artisans.
 Ce sera donc ce verre "syro-franc" au décor émaillé qui sera la vedette du XIII ème siècle.
 Le plus célèbre est au British Museum signé" Magister Aldrevandrin me fecit" avec des armoiries souabes.




On pense que Corinthe a dû jouer un rôle d'intermédiaire entre l'Orient et l'Occident avant sa destruction par les Normands en 1147.

A la fin du XII ème siècle et au cours du XIII ème s.  les métiers d'art se libèrent peu à peu de la tutelle des monastères.

 Mais avant de suivre l'évolution de cette fabrication, revenons au moine Théophile ; du IX ème siècle ou au suivant et même du XIII ème, les auteurs ne s'accordent pas sur la date de son Diversarum artium schedula.
 même incertitude sur son identité, auteur grec ? ou moine  de Westphalie ? 

Théophile traite dans son précieux ouvrage de la fabrication du verre à vitre, des vitraux peints, de la mosaïque de verre, des vases à boire ou autre, exécutés en verre émaillé, ou de couleur.
 Sous forme de leçons données à un élève, il traite de la construction des fours qui doivent être de trois sortes.
La première est destinée à fondre les matières vitrifiables.
La seconde, consistant en un four de refroidissement, sert à donner ce qu'on appelle aujourd'hui le recuit.
La troisième est un four à dilatation et de nivellement utilisé pour l'achèvement des ouvrages.
Ensuite Théophile enseigne à son élève la confection des creusets, puis la manière de faire un vase : comment il faut s'y prendre pour pour souder des anses ou des anneaux : et comment il devra se servir, au cours de son travail, des moules en fer et des moules en bois, etc
 Mais d'autres documents attestent de l'importance des manufactures françaises au XIII ème et au XIV ème siècle.
On sait qu'en 1338, Humbert II , dauphin du Viennois, accorda à un verrier nommé Guionnet l'exploitation d'une partie de la forêt de Chamborant, à condition qu'on lui fournit chaque année 240 verres à boire,  en forme de coupe ou de hanaps, 144 amphores, 132 vases de nuit, 144 écuelles 72 plats 72 plats sans bords sans doute employés comme verres à vitres, 144 pots, 144 aiguières, 60 goteffles, 12 salières, 240 lampes, 72 chandeliers, 12 tasses, 12 petits barils, 6 grandes bottes pour le vin, 1 grande nef.
 Sans doute ces objets ne faisaient-ils partie que de l'utilisation ordinaire et sujette à bris.
 A ce titre  un texte de Joinville relate que le comte d'Eu, frère du roi, s'amusait à l'aide d'une petite catapulte, à briser les aiguières et les verres dont se servaient les chevaliers au service de Saint Louis : ...
 Dans les comptes de l'hôtel de Charles VI (1363) on apprend que ce prince fit donner, cette année là, 64 sols parisis à "Johannin, le voirrier de la forest d'Otte, lequel avoit présenté au roy des voirres plusieurs fois..
Mais voilà sans doute les premières mentions de la noblesse de ce métier...
 seize ans plus tard Charles VI dans une charte qu'il accordait à Philippon Bertrand, "maistre de la voirrerie du parc de Moulchamp déclarait que les verriers "à cause dudit métier sont et doibvent estre tenuz et réputéz pour nobles" et rendait ceux de ces artisans qui étaient "néz et extraicts de par leur père d'aultres verriers "francs et quittes et exempts de toute taille et fouages".

On en reparlera.

http://www.qantara-med.org/qantara4/public/show_document.php?do_id=1140



https://books.google.fr/books?id=rhbNDAAAQBAJ&pg=PA307&lpg=PA307&dq=Magister+aldrevandin+me+fecit+verre+British+Museum&source=bl&ots=nFR3c9BWlN&sig=rhGsmf56xgqvCEGGBX1_-lJ_y3Y&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiAwuP5taPSAhWF2RoKHVo7C7EQ6AEIJDAB#v=onepage&q=Magister%20aldrevandin%20me%20fecit%20verre%20British%20Museum&f=false



http://www.qantara-med.org/qantara4/public/show_document.php?do_id=1150



http://www.vam.ac.uk/content/articles/t/the-luck-of-edenhall-history-and-myths/


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