Et quand vous sortez des tapisseries c'est pour plonger dans le jardin.
Le thème du jardin clos, celui du jardin de plaisance, lieu de rencontres et de
fêtes, est d'abord imaginé par les poètes et romanciers, puis par les peintres
avant de devenir la réalité des jardiniers.
C'est au XIII ème siècle que le Roman de la Rose est écrit. L'ensemble de l'action
est situé dans un jardin décrit avec moult détails dans lequel le narrateur va
rencontrer le propriétaire , Déduit, ses amis musiciens et ses charmantes
compagnes. Il poursuit seul son chemin en traversant des enclos successifs qui le
conduisent à une fontaine où il aperçoit le reflet d'un rose. Sa quête sera de
retrouver la rose dot il a vu le reflet.
Hautement symbolique, ce texte est néanmoins d'une lecture aisée et rejoint
d'autres romans écrits pendant ou à la suite des croisades et qui évoquent des
jardins merveilleux où un imaginaire débridé se mêle au monde réel.
Le Roman de la Rose connaît en Europe occidentale un succès inimaginable
aujourd'hui il est recopié et illustré sans discontinuer jusqu'à la fin du XVI ème
siècle
Tout en enrichissant l'imaginaire des jardiniers d'alors ces illustrations apportent
aujourd'hui un précieux témoignage sur les jardins de cette époque, de la fin du
Moyen-Age à la Renaissance.
Les thèmes qui sont illustrés dans les tapisseries d'Anglards de Salers procèdent
de ce même imaginaire qui mélange chimères et animaux domestiques, qui
inverse les échelles et place le visiteur dans un univers onirique où la nature le
domine.
Le succès actuel de cet imaginaire médiéval et renaissance, témoigne de son
caractère intemporel et le verger de Déduit reste, de nos jours encore, un modèle
de jardin idéal. Puisant aux sources littéraires et picturales de ce jardin, nous en
proposons une déclinaison contemporaine en harmonie tant avec le château de la
Trémolière qu'avec les tapisseries qu'il abrite.
http://regionfrance.com/jardin-chateau-tremoliere
Les quatre saisons
c'est une promenade au flk des saisons que propose le verger de Déduit, révélant
au promeneur ses couleurs et ses parfums, lui offrant ses fleurs et ses fruits.
Au printemps, la nature s'éveille quand écloses les fleurs de pommiers dont les
pétales parsèment l'herbe grasse, quand les lilas, violettes et muguets embaument
les bosquets.
L'été s'annonce avec l'opulence des roses et le cloître de tilleuls propose l'ombre
propice aux promenades ensoleillées du coeur de la saison chaude. En même
temps le verger est à son apogée et donne envie de recettes gourmandes et
oubliées.
Et c'est en automne que le verger est le plus généreux, quand reinettes et poires
de curé tombent des branches et régalent le visiteur.
L'hiver n'est pas en reste : choux et crambes sur sol paillé dans le potager
évoquent les tapisseries du château et les tilleuls fraîchement taillés, et les fruits
d'églantiers d'un rouge translucide après les premières gelées sont autant de
trésors que les frimas rendent précieux.
Le jardin est un microcosme de l'univers médiéval. Il dessine la trame de
l'imaginaire qui nourrit contes et légendes de notre propre enfance, qui prélude
les chants et les poèmes des troubadours.
La permanence du verger de Déduit, comme modèle de jardin idéal témoigne du
caractère intemporel et profondément humain du jardin médiéval.
Cette description ne serait pas parfaite si nous n'évoquions pas les quatre fleuves
du paradis qui séparent en quatre les carrés du centre, respectant ainsi le texte
de la Genèse : "un fleuve sortait d'Eden pour irriguer le jardin: de là il se
partageait pour former quatre bras.