vendredi 8 janvier 2021

Le Florilège de Nassau

                                Au coin du feu, 

 

  la neige à l'extérieur qui ne fond pas


 et demain devrait

 être pire avec une 

tempête qui va 

déborder d'Espagne 

sur mes Pyrénées.

 Alors on s'installe et 

je vous lis une 

histoire. Une histoire 

où nous irons de

" l'historique" à la

 nature peinte par

 Johann Walter. 

(1604-1677)

L'histoire de Jean de

 Nassau qui,  au

 milieu du XVII ème 

retrouve ses terres

et son château

 d'Idstein 

dévastés par la Guerre de Trente ans. Jean de Nassau réunit dans son cabinet de 

curiosité toutes sortes d'objets extraordinaires de toute nature et crée un jardin

 qui en est le prolongement naturel où se mêlent les espèces végétales rares, les

 grottes décorées de coquillages, des fontaines et des massifs de fleurs en forme

de légumes et de fruits. Il voulut pérenniser le souvenir de ce jardin merveilleux 

et pour ce faire, engagea le peintre strasbourgeois Johann Walter, déjà célèbre

 pour son "Ornithographia"  conservé à l'Albertina de Vienne et le "Florilège". 

Je feuilleterai cet album avec vous. L'exemplaire du peintre, conservé à la 

Bibliothèque de Darmstadt, fut détruit durant la dernière guerre. Celui de Jean de

 Nassau est partagé entre le Victoria and Albert Museum et la Bibilothèque

 Nationale. Ce dernier recueil conservé au Cabinet des Estampes est d'une 

remarquable qualité artistique. Il est constitué d'un ensemble de Cinquante-

quatre gouaches sur vélin peintes entre 1652 et 1665 comprenant un portrait du

 peintre, un portrait du prince dans son cabinet de curiosités et de son jardin suivis

 de trente planches de fleurs et douze planches de fruits des plus originales. Les

 compositions botaniques, notamment de fruits, sont enrichies d'oiseaux, de 

coquillages ou d'insectes.

Ce chef-d'oeuvre de la miniature de l'école strasbourgeoise est reproduit dans cet

 album dans son intégralité. La Présentation du "Florilège" est réalisée par

 madame Laure Beaumont-Maillet conservateur général, directeur du Département

 des Estampes et de la Photographie, assistée pour les commentaires botaniques

 et ornithologiques par quatre spécialistes du Museum national  d'Histoire 

naturelle.

En ce qui concerne les Crédits photographiques ; Tous les documents proviennent 

de la Bibliothèque nationale à l'exception du Musée Historique de Strasbourg et du

 Kunsthistorisches Museum de Vienne.

 Important de situer Istein !!! nous ne sommes pas aux Bahamas !

 alors,  la petite ville d'Istein se situe dans le massif schisteux  rhénan, sur la 

lisière nord du Taunus, entre Rhin, Main et Lahn non loin de Wiesbaden dans la 

vallée du Wörsbach.

 et c'est sur la rive gauche du Würsbach que s'élève sur un éperon rocheux le 

château des contes de Nassau.


D'actualité : Scène de chasse  au sanglier ( L'hiver) signé et daté en bas à droite

des initiales du peintre Johann Walter  1663.   278 X 310 cm. 

Ce paysage est un chef-d'oeuvre de subtilité, dans ses harmonies de gris bleuté

 évoquant à merveille un paysage gelé

Au premier plan, à gauche, des paysans groupés autour d'un chêne en compagnie

 d'un chien recroquevillé se chauffent autour du feu. Ce sont des porchers gardant

 leurs porcs à la glandée. l'un d'eux perché dans l'arbre est en train de gauler. A 

droite à l'orée du bois cinq chasseurs dont un à cheval mettent un sanglier à mort 

qui vient d'éventrer un chien.




 

 

jeudi 7 janvier 2021

Apollinaire et Picasso

  Visiblement aveuglé ou séduit par l'envergure de Picasso, Apollinaire déjà 

présent comme témoin de son mariage avec Olga, ne tarissait pas d'éloges ;

"Picasso est de ceux dont Michel Ange disait qu'ils méritent le nom d'aigles parce 

qu'ils surpassent tous les autres et se font jour à travers les nuages jusqu'à la

 lumière du soleil".

Il en avait sûrement le regard : c'est avec ce regard qu'il réalise son portrait  en

 1913.

        Guillaume Apollinaire  écrit  en 1917

"Voyez ce peintre il prend les choses avec leur ombre ausi et d'un coup d'oeil 

sublimatoire il se déchire en accords profonds et agréables à respirer tel l'orgue

 que j'aime entendre. Des arlequines jouent dans le rose et bleus d'un beau ciel. 

Ce souvenir revit les rêves et les actives mains orient plein de glaciers. L'hiver est

 rigoureux. Lustres or toile irisée or loi des stries de feu fond en murmurant.

 Bleu flamme légère argent des ondes bleues après le grand cri.

 Tout en restant elles touchent cette sirène violon

Faons lourdes ailes l'incandescence quelques brasses encore.

 Bourdons femmes striées éclat de plongeon-diamant

Arlequins semblables à Dieu en variété. Aussi distingués qu'un lac

Fleurs brillant comme deux perles monstres qui palpitent

Lys cerclés d'or, je n'étais pas seul ! fais onduler les remords.


Nouveau monde très matinal montant de l'énorme mer

L'aventure de ce vieux cheval en Amérique.

 Au soir de la pêche merveilleuse l'oeil du masque.

 Air de petits violons au fond des anges rangés

Dans le couchant puis au bout de l'an des dieux.

Regarde la tête géante et immense la main verte

L'argent sera vite remplacé par tout notre or

Morte pendue à l'hameçon... c'est la danse bleue

L'humide voix des arobates des maisons

Grimace parmi les assauts du vent qui s'assoupit

Ouis les vagues et le fracas d'une femme bleue

Enfin la grotte à l'atmosphère dorée, par la vertu

Ce saphir veiné il faut rire!

Rois de phosphore sous les arbres les bottines entre des plumes bleues

La danse des dix mouches lui fait face quand il songe à toi

Le cadre bleu tandis que l'air agile s'ouvrait aussi

Au milieu des regrets dans une vaste grotte


Prends les araignées roses à la nage

Regrets d'invisibles pièges l'air 

Paisible se souleva mais sur le clavier musiques

Guitare-tempête ô gai trémolo

O gai trémolo  ô gai trémolo

Il ne rit pas l'artiste peintre

Ton pauvre étincellement pâle

L'ombre agile d'un soir d'été qui meurt

Immense désir et l'aube émerge des eaux si lumineuses.

Je vis nos yeux diamants enfermer le reflet  du ciel vert et j'entendis sa voix qui 

dorait les forêts tandis que vous pleuriez

L'acrobate à cheval le poète à moustaches un oiseau mort et tant d'enfants sans larmes

Choses cassées des livres déchirés des couches de poussière et des aurores  déferlant!

"


mercredi 6 janvier 2021

Picasso : Portraits

  C'est donc une déconstruction dont nous pouvons essayer de comprendre la

 forme et en cela son état d'esprit au moment où il transforme un portrait en 

adéquation avec ses sentiments ; dans nombre de ses portraits l'analyse 

radiographique refait surgir le portrait initial,  cette déconstruction n'est pas un 

jeu de son imagination, c'est une volonté structurelle.

Femme aux poires (Fernande) 1909 - 92 X 73 cm
 

             Les femmes de sa vie se sont succédées dans ces portraits


 La femme en pleurs (Dora)  26 octobre 1937 (60 X 49 cm )Tate Gallery Londres

 "Quand on aime une femme, on ne prend pas des instruments pour mesurer ses 

formes, on l'aime avec ses désirs"

 

              Femme nue : "J'aime Eva" 1912 ( 98,5 X 63,5 cm)

                                                                       Museum of Art, Colombus

 Alors marié à Olga, il rencontre Marie-Thérèse et s'échappe régulièrement avec 

elle à Dinard :


Baigneuse au ballon ( Marie Thérèse) 30 août1932 146, 2 X 114,6 cm)

                                                             Musée d'Art Moderne. New-York

 

 C'est en "Femme-Fleur "qu'il transforme Françoise le 5 mai 1946.

 


  "Au fond il n'y a que l'amour. Quel qu'il soit. Et l'on devrait crever les yeux des 

peintres, comme on le fait aux chardonnerets pour qu'ils chantent mieux"


  A sa mort René Char dira " Le terrible oeil a cessé d'être solaire"

 Après Françoise il y eut Jacqueline, et c'est dans l'exposition du Musée de 

Perpignan qu'on  rencontre l'une chassant l'autre.. lors de l'exposition temporaire

 que j'eus le bonheur de visiter en 2017.

           Femme à l'oreiller (Jacqueline) 10 juillet 1969

                                                       Musée Picasso Paris


 ce grand profil de Jacqueline  du7 janvier 1963 est conservé au Kunstsammlung

 de Dûsseldorf


Mais la galerie ne serait pas complète sans une parenthèse de 6 mois auprès de 

Sylvette :

                       peinte en 1954 à Vallauris



 

 

mardi 5 janvier 2021

Picasso : Portraits

 Je dirais qu'il est presque aussi difficile de synthétiser l'oeuvre de Picasso que

 celle d'autres géants de la peinture, oui, il a tout dévoré, consommé, et passé très

 vite à d'autres choses, foisonnant !! rebelle aux conventions, au classicisme,

 Moreno Carbonero son professeur à l'école des Beaux-Arts San Fernando de

 Madrid, lui recommande de" faire beaucoup plus attention au cadre". Mais lui, 

refuse cette direction :

" ça veut dire que ce que l'on devrait faire, c'est une caisse pour emballer une 

figure ! ça paraît incroyable qu'on puisse dire de telles idioties, pas vrai ?"

 Il considère que c'est le sujet lui-même qui crée l'espace et impose la profondeur 

de champ. J'ose à peine vous dire que le cubisme n'est pas ma peinture préférée ...

 comment ose-t-on dire  une chose pareille !!! 

 De 1909 ce portrait de Manuel Pallarès, n'en est pas encore  !


 Institute of Arts Détroit.

Cet autoportrait  de 1906  "à la Poussin" du Louvre,  me ravit, il a atteint des 

sommes pharamineuses avant d'intégrer le Museum of Art de Philadelphie.


encore que cette reproduction ne soit pas fidèle,  les ombres sont plus marquées

 et le teint moins blanc.

 Ses autoportraits sont le reflet des ses interrogations sur ses sentiments 

profonds et sa capacité à les exprimer dans son art, de sa jeunesse à sa mort en

 passant par sa sexualité.

De sa jeunesse en 1900, cet autoportrait, où se lit une part d'interrogation sur le 

monde :


          il faudra aller au Musée Picasso de Barcelone.

"S'il y  avait une seule vérité, on ne pourrait pas faire cent toiles sur le même 

thème"  dit-il

 Au musée des Beaux-Arts Pouchkine de Moscou, nous irons voir le portrait de

 Jaime Sabartés de 1901


"Non, la peinture n'est pas faite pour décorer les appartements. C'est un 

instrument de guerre offensive et défensive conre l'ennemi"

 Bien mis en application dans son célèbre Guernica.

 Son ami Braque qui tentera  de peindre d'une façon aussi audacieuse dit 

"C'est comme si quelqu'un buvait du pétrole pour cracher du feu"

 et c'est ensemble que "cette cordée de montagne" selon leur expression , qu'ils

se lanceront dans la destructuration des formes, l'opposition et la fragmentation 

des volumes et des couleurs, la remise en question du graphisme.

 "Nous étions prêts à gommer notre personnalité afin de trouver l'originalité"

                                                                Nous allons le voir

lundi 4 janvier 2021

Picasso

 " Auparavant les tableaux s'acheminaient vers leur fin par progression. Chaque

 jour apportait quelque chose de nouveau. Un tableau était une somme 

d'additions. Chez moi, un tableau est une somme de destructions"

                                                                                                    Picasso

Il n'y avait pas que Picasso et Modigliani  qui découvraient avec étonnement et 

admiration les arts premiers, je vous fait grâce du terme employé à l'époque que

 l'on n'a plus le droit de prononcer,  Vlaminck, Derain ou Braque, d'autres aussi 

sans doute.

 Les analystes de la peinture "les Demoiselles d'Avignon" ont cru reconnaitre 

parmi les visages de deux d'entre elles, les traits d'un masque de maladie pende

 du Zaïre conservé au Musée Royal de l'Afrique centrale à Tervuren.




 des spécialistes de l'art ont d'ailleurs exploité cette influence de l'art africain

 dans la peiture de Picasso,  Jacques Kerchache dans une exposition en 1995 au

 Centre Pompidou, que celui-ci nommait "confluence" plutôt que "influence", et

  Wiliam Rubin en 1984 à New-York "Primitivism in XX th Century Art".

La photographie  de Picasso en 1908 dans son atelier, tirée par Gelett Burgess ne

 laisse pas de doute !!

et à l'inventaire de la succession de Picasso  le même Kerchache met en avant , un

 masque d'antilope baoulé,un masque grebo, un masque nimba de Guinée, une 

tête en ivoire lega du Zaïre etc etc

 J'ai vu récemment à l'Hôtel d'Assézat un masque etoumbi similaire à celui-ci :

Il importait peu à Picasso que le sculpture soit de médiocre qualité et considérait 

qu'il fallait   que  seulement " subsiste la trace de la solution première" et les 

empreintes de cet art africain dans sa peinture ne perdurèrent qu'entre 1906 et 

1908, en même temps ou successivement  comme l'art égyptien, l'art roman

 catalan, Ingres, Cézanne... il dévore tout et se débarasse aussitôt de tout il 

retient de l'art africain dit Kerchache une gamme de solutions, le concave et le

 convexe, l'articulation, l'utilisation du vide, etc... mais la magie inhérente à ces 

oeuvres restera pour lui un élément plastique à part entière. Artiste il est 

magicien, parce qu'il fait apparaître des signes inconnus qui jouent un rôle 

spirituel et sacré dans la société à laquelle il s'adresse. Picasso c'est le monde.

 C'est un humaniste d'une générosité absolue, qui porte un regard noble sur 

toutes les cultures, sans discrimation"

 

           Collection Claude Picasso Tête, Huile et sable sur panneau. 1907 

                                                          (17,5 X 14 cm)






dimanche 3 janvier 2021

Paysage d'hiver

 Pendant que mûrit ma prochaine destination, sans doute Picasso en continuité 

avec son approche de  l'art africain  similaire à celle de Modigliani, faite dans le

 cadre du Musée ethnographique du Trocadéro dans les anées 1907. 

On verra comment.

Quelques photos encore de nature et les mêmes interrogations pour ces traces 

laissées sur le lac gelé et je n'aime pas ne pas comprendre comment.

Il faut dire qu'il y a belle lurette que nous n'avons pas eu un lac gelé dans le coin !!!

Il n'y a pas de phoque,  alors peut-être un animal a-t-il tenté de traverser le lac 

quand la neige épaisse dissimulait la glace ? et ces traces ont gelé par la suite.

Inuits ou Lapons doivent savoir.


                       début d'explication avec ces branches... ?















Bien sûr ! la neige 

peut être 

 naturellement

 bleue sous un soleil

 déclinant ou d'un 

blanc immaculé 

















traversé d'ombres 

grises








samedi 2 janvier 2021

Modigliani ; Cariatides

 Qui dit Modigliani fait penser à ces cous de cygne, ces paupières sans pupilles ou 

une sur deux  et l'on oublie souvent que sa carrière prometteuse de sculpteur ne

 fut que très brève. Ses études de cariatides étaient destinées à la réalisation de

 ses sculptures dont le fleuron se trouve au Museum of Modern Art de New York



Modigliani considérait la sculpture comme son vrai métier, sa rencontre avec 

Brancusi, celle d'Archipenko en 1919 l'y incitaient sans qu'il ait eu véritablement

un  maître en la matière. Très critique à l'égard de Rodin  " "trop de modelage

dans la glaise, "trop de boue", il pouvait sculpter sur des pierres tendres

 auxquelles il donnait l'apparence de la dureté, ses faibles moyens financiers lui

interdisaient le marbre, et ce fut sans doute un crève-coeur d'abandonner cette

 activité à laquelle il s'adonnait avec enthousiasme. Ses soucis de santé, dont il 

souffrait depuis  son adolescence étaient aggravés par la poussière et les éclats de

 pierre car  il taillait directement  la pierre au ciseau sans aucun préalable.

Sa connaissance de la sculpture antique  ou architecture et sculpture sont en 

harmonie lui a sans doute inspiré cette construction de cariatides. 

Puisque nous abordons cette facette de son art, il faut aussi souligner l'influence

 de l'art africain, je ne résiste pas à vous montrer cette tête sculptée en 1911 

-1912 conservée au Musée national d'art moderne de Paris, bien que ce ne soit 

pas une cariatide

 

               Grès de 58 cm 

Et ne trouve-t-on pas là, précisément, l'origine de la personnalisation de sa 

peinture? le long nez, les yeux baissés et un sourire très "kmer"de cette sculpture.

Mais,  arrivons à ses dessins de cariatides.

            sans doute inspirées de ce nu




















 Gouache et aquarelle 75 X 42 cm. 1914

 


 





















Il n'a d'ailleurs pas été plus tendre avec ses sculptures qu'avec ses dessins, 

détruisant les oeuvres qui ne lui satisfaisaient pas.