Seulement huit années séparent la période faste des séjours en Allemagne,
(Sedan est passé par là), l'épisode tragique de la commune, son exil, sa ruine
et sa mort en 1877.
Son amitié pour un autre Jurassien natif de Besançon, ancien typographe de
son état, et philosophe Pierre Joseph Proudhon, l'incline à soutenir les mêmes
idées politiques ; elle va faire son malheur.
Très rapidement rappelons l'ouvrage de Proud'hon "De la justice dans la
révolution et dans l'église", ce philosophe semble être l'inspirateur de Bakounine
et l'un des prophètes de l'anarchisme. Courbet l'estime et le rejoint dans son
anticléricalisme ; Proud'hon ne l'a-t-il pas soutenu lors des critiques qui ont sui
vi l'exposition de "Retour de la conférence".
Le 6 septembre 1870 Courbet est élu président d'une commission installée au
Louvre, avec vocation de protéger les oeuvres d'art menacées par les
bombardements prussiens, et c'est en cette qualité qu'il adresse une pétition des
artistes en vue du déboulonnage de la colonne Vendôme. ( abattue le 17 avril 1871)
Il ne pouvait, après ses années bavaroises que se lancer dans des projets de
réconciliation dans des" Lettres ouvertes à l'armée allemande et aux artistes
allemands". il propose un monument à la Paix représentant un canon la gueule
en l'air reposant sur trois boulets et coiffé du bonnet Phrygien.
Il expose son programme de réorganisation des arts selon des principes
démocratiques, le 6 avril 1771 dans le grand amphithéatre de l'Ecole de
médecine.
Le Salon serait libre de toute intervention gouvernementale. Il serait régi par
les artistes eux-mêmes, les récompenses, les médailles seraient abolies et ceux
qui refuseraient le jugement de leurs pairs disposeraient d'une salle spéciale
pour exposer ; on supprime aussi l'Académie des Beaux-Arts, les élèves éliraient
leurs professeurs, des délégués voteraient des prix permettant d'aller étudier
l'art à l'étranger; il n'est pas seul dans cette commission, Corot, Manet, Honoré
Daumier, Bracquemont, Armand Gautier.
Il est arrêté le7 juin 1871 et le 14 août le Conseil de Guerre qui siège à
Versailles le condamne à six mois de prison et cinq cent francs d'amende ; de
tous les chefs d'accusation, celui d'avoir provoqué la destruction de la Colonne
Vendôme, restera le plus ancré dans la mémoire populaire. La ruine viendra
quand Mac-Mahon l'assignera à payer la reconstruction de la Colonne
Vendôme. (1873)
Il est temps de revenir à la peinture !! pas facile l'histoire de France !!!
Le portrait de Proud'hon se trouve au Petit Palais et date de 1865.
Libéré il retourne chez lui à Ornans, il "refait surface" si l'on peut dire: des
fidèles viennent le rejoindre, Armand Cornu, Marcel Ordinaire et Cherubino Pata
qui accourt du Tessin et devient son secrétaire,
http://www.galerie-langelus.com/courbet.htm
Trois truites de la Loue
1871
Kuntsmuseum
Berne
Grâce à Durand Ruel les Etats-Unis et Vienne réclament des toiles : les choses
semblent se rétablir mais l'assignation à rembourser le rétablissement de la
colonne Vendôme lui porte un coup de grâce : il fait passer des tableaux à
l'étranger, lègue une partie de son héritage à ses soeurs et se réfugie en Suisse à
La -Chaux - de - Fonds.
De mémoire il peint ses sujets de prédilection, mais aussi, beaucoup, le
Château de Chillon (ci-dessus au Musée d'Ornans. 1874) donne
l'impression d'avoir retrouvé un certain équilibre ; il n'en est rien, il paye
certains excès et sa maladie en prison. La vente à Drouot des tableaux saisis
n'obtenant que 10 pour cent de leur valeur, l'achève .
C'est à Ornans que l'on peut s'incliner sur sa tombe, et visiter son musée.
Coucher de soleil sur le lac Léman. 1874
http://www.museejenisch.ch/fre/musee/collections
Un géant de la peinture du XIX ème s'est éteint.
lundi 26 novembre 2018
dimanche 25 novembre 2018
Gustave Courbet à Trouville
Je vais vous priver de l'article " Courbet et ses nus", très beaux, trop nus, mais je
vais m'efforcer de vous donner leur localisation, on trouve tout sur la toile.
Pour l'instant partons pour la Normandie ; Trouville, c'est le pendant de
Deauville. En 1865, il y passe l'été et y demeure jusqu'aux premiers frimas,
encore que, sur la côte il ne fait (en principe) jamais trop froid.
Lieu de villégiature à la mode, le gotha s'y presse et les belles comtesses font le
siège de l'atelier pour avoir leur portrait : La Comtesse hongroise Karoly, la
Baronne Vesque de Puttlingen, Madame de Brayer, entre autres, mais il profite
avant tout de la mer et s'y baigne en compagnie de son ami le peintre Whistler.
Il peindra surtout la maitresse de ce dernier Johanna Abot et son abondante
chevelure rousse. , Jo, la belle irlandaise que je vous ai déjà montré.
J'avais découvert Whistler au Smithsonian de Washington mais je ne me souviens
pas avoir vu de toiles qui puissent rappeler l'influence que Courbet eut sur lui.
Voilà encore pour Courbet une période faste, il adore la mer qu'il peint dans
tous ses états :
Sujet mouvant, changeant qui lui offre matière à utiliser tous les tons de sa
palette.
Lui aussi se laissera séduire par Etretat où il est cette fois avec Eugène Diaz, fils
du peintre Narcisse Diaz.
Cette toile diffère de celles d'autres peintres car il peint sa célébre falaise après
l'orage, (1869) ; allez la voir au Louvre.
https://www.youtube.com/watch?v=ZKXAt8jVInY
sous toutes réserves, hypothèse controversée ;
https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/vallee-de-la-loue/2017/10/24/courbetwhistler-%E2%96%BA-lorigine-du-monde-et-si-lhistoire-etait-tout-autre.html
https://americanart.si.edu/artist/james-mcneill-whistler-5349
Est-ce dans ses conversations avec Whisler qui s'était mêlé de la révolte
irlandaise que Courbet va prendre l'idée de faire de la politique et de prendre
le parti de la Commune qui lui vaudra la prison et la ruine ?
http://www.commune1871.org/?COURBET-ET-LA-FEDERATION-DES-ARTISTES-SOUS-LA-COMMUNE
vais m'efforcer de vous donner leur localisation, on trouve tout sur la toile.
Pour l'instant partons pour la Normandie ; Trouville, c'est le pendant de
Deauville. En 1865, il y passe l'été et y demeure jusqu'aux premiers frimas,
encore que, sur la côte il ne fait (en principe) jamais trop froid.
Lieu de villégiature à la mode, le gotha s'y presse et les belles comtesses font le
siège de l'atelier pour avoir leur portrait : La Comtesse hongroise Karoly, la
Baronne Vesque de Puttlingen, Madame de Brayer, entre autres, mais il profite
avant tout de la mer et s'y baigne en compagnie de son ami le peintre Whistler.
Il peindra surtout la maitresse de ce dernier Johanna Abot et son abondante
chevelure rousse. , Jo, la belle irlandaise que je vous ai déjà montré.
J'avais découvert Whistler au Smithsonian de Washington mais je ne me souviens
pas avoir vu de toiles qui puissent rappeler l'influence que Courbet eut sur lui.
Voilà encore pour Courbet une période faste, il adore la mer qu'il peint dans
tous ses états :
Sujet mouvant, changeant qui lui offre matière à utiliser tous les tons de sa
palette.
Lui aussi se laissera séduire par Etretat où il est cette fois avec Eugène Diaz, fils
du peintre Narcisse Diaz.
Cette toile diffère de celles d'autres peintres car il peint sa célébre falaise après
l'orage, (1869) ; allez la voir au Louvre.
https://www.youtube.com/watch?v=ZKXAt8jVInY
sous toutes réserves, hypothèse controversée ;
https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/vallee-de-la-loue/2017/10/24/courbetwhistler-%E2%96%BA-lorigine-du-monde-et-si-lhistoire-etait-tout-autre.html
https://americanart.si.edu/artist/james-mcneill-whistler-5349
Est-ce dans ses conversations avec Whisler qui s'était mêlé de la révolte
irlandaise que Courbet va prendre l'idée de faire de la politique et de prendre
le parti de la Commune qui lui vaudra la prison et la ruine ?
http://www.commune1871.org/?COURBET-ET-LA-FEDERATION-DES-ARTISTES-SOUS-LA-COMMUNE
samedi 24 novembre 2018
Gustave Courbet fleurs et bord de seine
Voyons dans un retour en arrière, puisque c'est en 1862 que Courbet passe
l'été au château de Rochemont, le peintre de fleurs et de nature. Il y excelle
de la même façon.
Ce bouquet d'asters est à Bâle au Kunstmuseum, il date de1859.
La cruche est rustique et le marli de l'assiette fleuri, il a sans doute pris ce qu'il
avait sous la main, et cela donne une touche de spontanéité.
Cet autre est plus travaillé, le fond de ciel bleu, les ombres et l'opposition entre
le clair et l'obscur qu'il affectionne,
il est plus antérieur encore (1855) et c'est le Kuntshalle de Hambourg qui le
conserve.
Composition plus foisonnante encore de cette toile de 1863 :
"Le Treillis ou jeune fille arrangeant des fleurs"
(Je l'aime moins, surtout le trait épais du profil)
au Museum of Art de Toledo (Ohio)
Voici une toile magnifique exposée au Petit Palais
174x200cm peinte entre 1856 et 1857
raffinement du costume, volants brodés, gants à résille, bouquet de fleurs,
geste gracieux des mains jusqu'où va un léger sous-vêtement : il faisait chaud
et la demoiselle a repoussé sa robe, d'ailleurs la toile s'intitulait "l'Eté", aussi
connue pour "Les Demoiselles des bords de la Seine".
J'aimerais que vous fassiez vous-mêmes le tour visuel du tableau où l'on
remarque toujours un autre détail, le chapeau, la barque, le feuillage, la Seine
plus légérement verte, obscurcie par le reflet de l'arbre et le regard en
coulisse, très félin de la dormeuse.
Ceci avant de vous livrer les critiques de l'époque :
La presse se déchaîne : Maxime Du Camp: "La Seine azurée ! aux bourbeux
environs de Paris ! O réalisme !..."
Edmond About : "l'éclat luisant de ces figures lunaires dont l'épiderme se
graisse d'un commencement de sueur".
Jean Rousseau dans "le Figaro" : "l'une est vivante, l'autre est morte noyée"
Eugêne Pelletan dans "Le Courrier de Paris" " que font là, déroulées au soleil à
la façon des couleuvres deux odalisques de boutique avec leurs robes
d'indiennes gonflées d'une brise inconnue, et leurs paupières gonflées d'une
extase asiatique d'opium et leurs roucoulades mystérieuses d'oeillades
envoyées à l'espace".
Les modernes critiques voient dans cette toile comme dans celle de
"La Rencontre" (dans le premier article ) les prémices de l'Impressionisme.
à suivre
l'été au château de Rochemont, le peintre de fleurs et de nature. Il y excelle
de la même façon.
Ce bouquet d'asters est à Bâle au Kunstmuseum, il date de1859.
La cruche est rustique et le marli de l'assiette fleuri, il a sans doute pris ce qu'il
avait sous la main, et cela donne une touche de spontanéité.
Cet autre est plus travaillé, le fond de ciel bleu, les ombres et l'opposition entre
le clair et l'obscur qu'il affectionne,
il est plus antérieur encore (1855) et c'est le Kuntshalle de Hambourg qui le
conserve.
Composition plus foisonnante encore de cette toile de 1863 :
"Le Treillis ou jeune fille arrangeant des fleurs"
(Je l'aime moins, surtout le trait épais du profil)
au Museum of Art de Toledo (Ohio)
Voici une toile magnifique exposée au Petit Palais
174x200cm peinte entre 1856 et 1857
raffinement du costume, volants brodés, gants à résille, bouquet de fleurs,
geste gracieux des mains jusqu'où va un léger sous-vêtement : il faisait chaud
et la demoiselle a repoussé sa robe, d'ailleurs la toile s'intitulait "l'Eté", aussi
connue pour "Les Demoiselles des bords de la Seine".
J'aimerais que vous fassiez vous-mêmes le tour visuel du tableau où l'on
remarque toujours un autre détail, le chapeau, la barque, le feuillage, la Seine
plus légérement verte, obscurcie par le reflet de l'arbre et le regard en
coulisse, très félin de la dormeuse.
Ceci avant de vous livrer les critiques de l'époque :
La presse se déchaîne : Maxime Du Camp: "La Seine azurée ! aux bourbeux
environs de Paris ! O réalisme !..."
Edmond About : "l'éclat luisant de ces figures lunaires dont l'épiderme se
graisse d'un commencement de sueur".
Jean Rousseau dans "le Figaro" : "l'une est vivante, l'autre est morte noyée"
Eugêne Pelletan dans "Le Courrier de Paris" " que font là, déroulées au soleil à
la façon des couleuvres deux odalisques de boutique avec leurs robes
d'indiennes gonflées d'une brise inconnue, et leurs paupières gonflées d'une
extase asiatique d'opium et leurs roucoulades mystérieuses d'oeillades
envoyées à l'espace".
Les modernes critiques voient dans cette toile comme dans celle de
"La Rencontre" (dans le premier article ) les prémices de l'Impressionisme.
à suivre
vendredi 23 novembre 2018
Gustave Courbet en Allemagne
De ce séjour dans les forêts allemandes, Courbet sort renforcé dans son étude
non plus des chevreuils car il chasse lui-même, mais aussi des cerfs.
Il écrit à Francis Wey " Ce Rut de Printemps ou Combat de cerfs est une chose
que je suis allé étudier en Allemagne. j'ai vu ces combats dans les parcs
réservés de Hambourg et de Wiesbaden.
J'ai suivi les chasses allemandes à Francfort ; six mois, tout un hiver, jusqu'à ce
que j'ai tué un cerf qui m'a servi pour ce tableau ainsi que ceux que mes amis
tuaient. Je suis exactement sûr de cet action.
Chez les animaux, il n'y a aucun muscle apparent : le combat est froid, la rage
profonde, les coups sont terribles et ils n'ont pas l'air d'y toucher ; ça se
conçoit facilement quand on voit leur ramure formidable. Du reste ils ont le
sang noir comme de l'encre et leur force musculaire fait qu'ils franchissent
trente pieds d'un saut, sans effort, ce que j'ai vu de mes yeux."
Il y a toutefois quelque chose qui me surprend pour ne pas dire qui me choque
comment pourrait-il se faire que les cerfs allemands différent des lois de la
nature qui font que le rut a lieu dès la mi-septembre et peut durer jusqu'en
octobre suivant les régions ?
Examinons "La Remise des chevreuils au ruisseau de Plaisir-Fontaine" il n'a
jamais planté son chevalet devant les cerfs en mouvement mais exploité leur
observation pour les placer au centre de la nature, ce tableau date de 1866.
Il les aimait mais les chassait quand-même....
En tout cas période prospère, ici pas de refus, ni de censure mais l'admiration
du roi de Bavière qui le décore de la Croix de première classe du mérite de
Saint Michel et le fait baron en 1869.
Ce style de tableau connaît de nombreuses versions, ce qui fait dire à Albert
Schug que nous pouvons admirer une "Trilogie du cerf" ; le Combat de cerfs au
Louvre, Le cerf forcé au Musée des Beaux-Arts de Marseille et l'Hallali du cerf
épisode de chasse à courre sur un terrain de neige, suspendu au Musée des
Beaux Arts de Besançon. Tous de dimensions exceptionnelles de 3 m 50 à 5
mètres pour ce dernier.
https://www.youtube.com/watch?v=w8nO6eApz2U
lors de la lecture de ce youtube vous pouvez apercevoir quelques images de "l'Atelier" et "l'Enterrement à Ornans".
On raconte qu'en cette période faste, il prenait part aux concours de buveurs
de bière et allait jussqu'à peindre d'après photographie, en public, un grand
nu, toile disparue, "La Dame de Munich".
Il boudera sa nomination de Chevalier de la Légion d'Honneur, en France
donnant les raisons de ce refus dans une lettre au ministre de l'époque.
Lisez-la :
https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article5110
https://books.google.fr/books?id=RTwTVc-w4VsC&pg=PA198&lpg=PA198&dq=Courbet+et+Louis+2+de+bavi%C3%A8re&source=bl&ots=E9DiMC9d_i&sig=AXivUMIggq0NHDto54Pl3StLAUM&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjU_vPsq-reAhUSzoUKHT3KAmgQ6AEwD3oECAAQAQ#v=onepage&q=Courbet%20et%20Louis%202%20de%20bavi%C3%A8re&f=false
Ne quittons pas cette période faste sans revoir le récit autobiographique d'une
des chasses de Courbet :
"Une aventure superbe. J'ai tué à la chasse dans les montagnes d'Allemagne
un cerf énorme, un douze cors, c'est-à-dire un cerf de treize ans. C'est le plus
grand qu'on ait tué en Allemagne depuis vingt cinq ans. Il pesait corps vidé,
274 livres : en saison d'été, vivant il aurait pesé plus de 400 livres.
(ce qui laisse à penser qu'il a dû le tuer au moment du rut, pratique courante ici aussi en France de nos jours où il est plus facile de tuer un cerf affaibli par le rut et qui se met à découvert sur les places de brame)
Cette aventure a suscité la jalousie de toute l'Allemagne. Le grand duc de
Darmstadt disait que pour mille florins, il voudrait que cela ne fut pas.
On m'a fait cadeau d'une photographie représentant ce cerf mort, avec mes
coups de fusil. J'avais dans le coup droit une balle et cinq chevrotines ; et
quelques plombs de double zéro.
Le coup est entré de flanc, au défaut de l'épaule et ma balle est ressortie de
l'autre côté. Comme il ne tombait pas, je l'ai redoublé de cinq chevrotines ; et
quelques plombs double zéro dans le derrière, sur la cuisse gauche.
Ce sont les deux plus beaux coups de fusil que je tirerai bien certainement de ma
vie. A la suite de cela, il y a eu un chasseur qui a offert un diner où l'on a bu
700 verres de bière de Bavière .
(et pour y avoir goûté lors d'un voyage à Munich, je peux vous dire qu'elle est délicieuse)
On est resté à table jusqu'au matin."
à suivre
non plus des chevreuils car il chasse lui-même, mais aussi des cerfs.
Il écrit à Francis Wey " Ce Rut de Printemps ou Combat de cerfs est une chose
que je suis allé étudier en Allemagne. j'ai vu ces combats dans les parcs
réservés de Hambourg et de Wiesbaden.
J'ai suivi les chasses allemandes à Francfort ; six mois, tout un hiver, jusqu'à ce
que j'ai tué un cerf qui m'a servi pour ce tableau ainsi que ceux que mes amis
tuaient. Je suis exactement sûr de cet action.
Chez les animaux, il n'y a aucun muscle apparent : le combat est froid, la rage
profonde, les coups sont terribles et ils n'ont pas l'air d'y toucher ; ça se
conçoit facilement quand on voit leur ramure formidable. Du reste ils ont le
sang noir comme de l'encre et leur force musculaire fait qu'ils franchissent
trente pieds d'un saut, sans effort, ce que j'ai vu de mes yeux."
Il y a toutefois quelque chose qui me surprend pour ne pas dire qui me choque
comment pourrait-il se faire que les cerfs allemands différent des lois de la
nature qui font que le rut a lieu dès la mi-septembre et peut durer jusqu'en
octobre suivant les régions ?
Examinons "La Remise des chevreuils au ruisseau de Plaisir-Fontaine" il n'a
jamais planté son chevalet devant les cerfs en mouvement mais exploité leur
observation pour les placer au centre de la nature, ce tableau date de 1866.
Il les aimait mais les chassait quand-même....
En tout cas période prospère, ici pas de refus, ni de censure mais l'admiration
du roi de Bavière qui le décore de la Croix de première classe du mérite de
Saint Michel et le fait baron en 1869.
Ce style de tableau connaît de nombreuses versions, ce qui fait dire à Albert
Schug que nous pouvons admirer une "Trilogie du cerf" ; le Combat de cerfs au
Louvre, Le cerf forcé au Musée des Beaux-Arts de Marseille et l'Hallali du cerf
épisode de chasse à courre sur un terrain de neige, suspendu au Musée des
Beaux Arts de Besançon. Tous de dimensions exceptionnelles de 3 m 50 à 5
mètres pour ce dernier.
https://www.youtube.com/watch?v=w8nO6eApz2U
lors de la lecture de ce youtube vous pouvez apercevoir quelques images de "l'Atelier" et "l'Enterrement à Ornans".
On raconte qu'en cette période faste, il prenait part aux concours de buveurs
de bière et allait jussqu'à peindre d'après photographie, en public, un grand
nu, toile disparue, "La Dame de Munich".
Il boudera sa nomination de Chevalier de la Légion d'Honneur, en France
donnant les raisons de ce refus dans une lettre au ministre de l'époque.
Lisez-la :
https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article5110
https://books.google.fr/books?id=RTwTVc-w4VsC&pg=PA198&lpg=PA198&dq=Courbet+et+Louis+2+de+bavi%C3%A8re&source=bl&ots=E9DiMC9d_i&sig=AXivUMIggq0NHDto54Pl3StLAUM&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjU_vPsq-reAhUSzoUKHT3KAmgQ6AEwD3oECAAQAQ#v=onepage&q=Courbet%20et%20Louis%202%20de%20bavi%C3%A8re&f=false
Ne quittons pas cette période faste sans revoir le récit autobiographique d'une
des chasses de Courbet :
"Une aventure superbe. J'ai tué à la chasse dans les montagnes d'Allemagne
un cerf énorme, un douze cors, c'est-à-dire un cerf de treize ans. C'est le plus
grand qu'on ait tué en Allemagne depuis vingt cinq ans. Il pesait corps vidé,
274 livres : en saison d'été, vivant il aurait pesé plus de 400 livres.
(ce qui laisse à penser qu'il a dû le tuer au moment du rut, pratique courante ici aussi en France de nos jours où il est plus facile de tuer un cerf affaibli par le rut et qui se met à découvert sur les places de brame)
Cette aventure a suscité la jalousie de toute l'Allemagne. Le grand duc de
Darmstadt disait que pour mille florins, il voudrait que cela ne fut pas.
On m'a fait cadeau d'une photographie représentant ce cerf mort, avec mes
coups de fusil. J'avais dans le coup droit une balle et cinq chevrotines ; et
quelques plombs de double zéro.
Le coup est entré de flanc, au défaut de l'épaule et ma balle est ressortie de
l'autre côté. Comme il ne tombait pas, je l'ai redoublé de cinq chevrotines ; et
quelques plombs double zéro dans le derrière, sur la cuisse gauche.
Ce sont les deux plus beaux coups de fusil que je tirerai bien certainement de ma
vie. A la suite de cela, il y a eu un chasseur qui a offert un diner où l'on a bu
700 verres de bière de Bavière .
(et pour y avoir goûté lors d'un voyage à Munich, je peux vous dire qu'elle est délicieuse)
On est resté à table jusqu'au matin."
à suivre
jeudi 22 novembre 2018
Gustave Courbet et la chasse
Après cette longue parenthèse, je reprends le fil dédié à Courbet, mis à
l'honneur à Besançon dans son musée rénové aprés une inauguration
présidentielle. C'est en effet "l'Hallali" qui a fait peau neuve en même temps
que le musée qui lui sert d'écrin.
Courbet avait une connaissance approfondie du monde cynégétique ! nous
sortons là des toiles anatomiques, pour lesquelles il faut aussi avoir une
certaine connaissance !!!... Il écrivait à son ami Alfred Bruyas :
"La chasse ? c'est un motif d'exercice violent qui ne me déplaît pas"
C'est l'anatomie du chevreuil qu'il va étudier de très près en allant louer du
gros gibier aux Halles qu'il accrochait dans son atelier.
Dans son Jura natal il avait toute latitude d'écouter les récits de chasse
enthousiastes. Il y participe et sera même mis à l'amende pour avoir peint
une scène de chasse dans la neige, celle-ci étant interdite en 1844.
Ces "Braconniers dans la neige" (1864) sont aussi au Musée de Besançon.
Mais il est avant tout un amoureux de la nature et l'observation des teintes
que nous offre l'automne, ou d'autres saisons, lui inspire de très nombreux
tableaux dont ce " Chevreuil aux écoutes" que je choisis pour mettre en
opposition avec la clarté de la neige. (1867) au Louvre.
C'est en Rhénanie, où il reçoit un accueil chaleureux qu'il va donner libre cours
à ses passions. Victor Muller lui prête un atelier à Francfort sur- le - Main,
(1858-1859). Otto Scholdern le met en contact avec des amateurs eux-
mêmes chasseurs. Mais allons de suite au "Repas de chasse" peint justement
en Allemagne et qui se trouve à Cologne grâce au legs de Léonard Tietz.
Composition à la "Manet", le déjeuner sur l'herbe.
Tout y est, repas champêtre mais luxueux, le personnage principal sonnnant
l'hallali pour avertir de la clôture de la chasse, et ces dames sont
somptueusement vêtues (contrairement au tableau de Manet) et mises en
valeur au centre du tableau.
Il est catalogué comme un des chefs-d'oeuvre de Courbet au même titre que
l'Atelier et l'Enterrement, dans un registre très différent et pour moi très
séduisant puiqu'il est question de nature.
à suivre
l'honneur à Besançon dans son musée rénové aprés une inauguration
présidentielle. C'est en effet "l'Hallali" qui a fait peau neuve en même temps
que le musée qui lui sert d'écrin.
Courbet avait une connaissance approfondie du monde cynégétique ! nous
sortons là des toiles anatomiques, pour lesquelles il faut aussi avoir une
certaine connaissance !!!... Il écrivait à son ami Alfred Bruyas :
"La chasse ? c'est un motif d'exercice violent qui ne me déplaît pas"
C'est l'anatomie du chevreuil qu'il va étudier de très près en allant louer du
gros gibier aux Halles qu'il accrochait dans son atelier.
Dans son Jura natal il avait toute latitude d'écouter les récits de chasse
enthousiastes. Il y participe et sera même mis à l'amende pour avoir peint
une scène de chasse dans la neige, celle-ci étant interdite en 1844.
Ces "Braconniers dans la neige" (1864) sont aussi au Musée de Besançon.
Mais il est avant tout un amoureux de la nature et l'observation des teintes
que nous offre l'automne, ou d'autres saisons, lui inspire de très nombreux
tableaux dont ce " Chevreuil aux écoutes" que je choisis pour mettre en
opposition avec la clarté de la neige. (1867) au Louvre.
C'est en Rhénanie, où il reçoit un accueil chaleureux qu'il va donner libre cours
à ses passions. Victor Muller lui prête un atelier à Francfort sur- le - Main,
(1858-1859). Otto Scholdern le met en contact avec des amateurs eux-
mêmes chasseurs. Mais allons de suite au "Repas de chasse" peint justement
en Allemagne et qui se trouve à Cologne grâce au legs de Léonard Tietz.
Composition à la "Manet", le déjeuner sur l'herbe.
Tout y est, repas champêtre mais luxueux, le personnage principal sonnnant
l'hallali pour avertir de la clôture de la chasse, et ces dames sont
somptueusement vêtues (contrairement au tableau de Manet) et mises en
valeur au centre du tableau.
Il est catalogué comme un des chefs-d'oeuvre de Courbet au même titre que
l'Atelier et l'Enterrement, dans un registre très différent et pour moi très
séduisant puiqu'il est question de nature.
à suivre
mercredi 21 novembre 2018
Les vitraux d'Arnaut de Moles
Entrer dans cette cathédrale, c'est se plonger dans les représentations des
prophètes et des sibylles de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament,
orchestrées par le verrier Arnaut de Moles et c'est somptueux, l'iconographie
les costumes, la lumière,.... on a du mal à s'en détacher.
Réalisés entre 1507 et 1513 il est certain que les voyages en Europe d'Arnaut de
Moles ont été pour lui une source d'inspiration. Les vitraux de ce maître verrier
dépassent largement le cadre de l'Occitanie et l'UNESCO n'a pas hésité à le
placer dans la liste du patrimoine mondial. Ces huit verrières sont en cours de
restauration.
http://auch.catholique.fr/diocese-auch/images/diocese/pdf/Arnaud_Moles_bourdon_mai2014.pdf
https://www.youtube.com/watch?v=IZPc073WiQk
https://www.aparences.net/periodes/le-quattrocento-annexes/les-sibylles-a-la-renaissance/
J'étais venue il y a quelques années assister au Colloque qui lui était consacré
initié par Pascal Julien, je pense bien que je vous en ai déjà fait part en 2014.
Cette fois, c'était une initiation pour ceux qui m'accompagnaient, et le temps
était compté, juste le temps d'aller chercher dans cette forêt de personnages
Saint Jacques de Compostelle.
ou la sibylle Tiburine
qui tient la main coupée
de celui qui eut
l'impudence de souffleter
le Christ
ou bien la sibylle Europe qui tient une épée
ou Sainte Marie- Madeleine
Tour du déambulatoire d'est en ouest:
vitrail de St Pierre , de Saint Marc
et comme Noël n'est plus très loin, la Nativité comme l'avait pressenti la
sibylle de Samos
les yeux encore tout "enluminés" le reste de la cathédrale paraît un peu terne
!!!
orgue de Jean de Joyeuse
https://www.ladepeche.fr/article/1998/10/01/123023-jean-de-joyeuse-a-l-honneur.html
https://www.youtube.com/watch?v=MXEH_zzvUnc
prophètes et des sibylles de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament,
orchestrées par le verrier Arnaut de Moles et c'est somptueux, l'iconographie
les costumes, la lumière,.... on a du mal à s'en détacher.
Réalisés entre 1507 et 1513 il est certain que les voyages en Europe d'Arnaut de
Moles ont été pour lui une source d'inspiration. Les vitraux de ce maître verrier
dépassent largement le cadre de l'Occitanie et l'UNESCO n'a pas hésité à le
placer dans la liste du patrimoine mondial. Ces huit verrières sont en cours de
restauration.
http://auch.catholique.fr/diocese-auch/images/diocese/pdf/Arnaud_Moles_bourdon_mai2014.pdf
https://www.youtube.com/watch?v=IZPc073WiQk
https://www.aparences.net/periodes/le-quattrocento-annexes/les-sibylles-a-la-renaissance/
J'étais venue il y a quelques années assister au Colloque qui lui était consacré
initié par Pascal Julien, je pense bien que je vous en ai déjà fait part en 2014.
Cette fois, c'était une initiation pour ceux qui m'accompagnaient, et le temps
était compté, juste le temps d'aller chercher dans cette forêt de personnages
Saint Jacques de Compostelle.
ou la sibylle Tiburine
qui tient la main coupée
de celui qui eut
l'impudence de souffleter
le Christ
ou bien la sibylle Europe qui tient une épée
ou Sainte Marie- Madeleine
Tour du déambulatoire d'est en ouest:
vitrail de St Pierre , de Saint Marc
et comme Noël n'est plus très loin, la Nativité comme l'avait pressenti la
sibylle de Samos
les yeux encore tout "enluminés" le reste de la cathédrale paraît un peu terne
!!!
orgue de Jean de Joyeuse
https://www.ladepeche.fr/article/1998/10/01/123023-jean-de-joyeuse-a-l-honneur.html
https://www.youtube.com/watch?v=MXEH_zzvUnc
mardi 20 novembre 2018
Auch ( Gers )
Superbe ville campée sur les hauteurs, d'où émergent la tour D'Armagnac et la
fameuse cathédrale Sainte- Marie. méritez - les en escaladant l'escalier
monumental (1863) où trône la statue de d'Artagnan.
35 mètres de dénivelé depuis la rivière Gers ; à gravir, 374 marches !!
et ne vous tordez pas les pieds sur ce texte en latin :
Sur le premier palier devant la fontaine se trouve, depuis 1992, la sculpture contemporaine : « l’Observatoire du temps » de l’artiste catalan Jaume Plensa. Le texte gravé est l’évocation biblique du Déluge et rappelle les inondations catastrophiques qui ont meurtri la ville en 1977. L’œil de verre , tel une vigie symbolique, scrute le ciel. L’autre partie de l’œuvre : « l’abri impossible » se trouve à l’extrémité de la passerelle sur la rive opposée.
Depuis le palier inférieur, belle vue sur la vallée du Gers. A l’horizon sud, derrière la ligne des collines on aperçoit, par temps clair, la chaîne des Pyrénées.
Sur le palier, plus bas, la statue en bronze œuvre de Michelet, est à l’effigie du plus célèbre des gascons : Charles de Batz, (1611ou 15) plus connu sous le nom de d’Artagnan, Capitaine des Mousquetaires du Roi, né au château de Castelmore à Lupiac, (village situé à une quarantaine de kilomètres d’Auch) tué à Maastritch en 1673 »
Amateurs de bonnes bouteilles, Armagnac, foie gras d'oie ou de canards, vous
allez trouver votre bonheur.
Voilà pour le temporel, demain nous rentrerons dans la cathédrale pour admirer ses vitraux
https://www.youtube.com/watch?v=2ZGAMLdm1lg
fameuse cathédrale Sainte- Marie. méritez - les en escaladant l'escalier
monumental (1863) où trône la statue de d'Artagnan.
et ne vous tordez pas les pieds sur ce texte en latin :
Sur le premier palier devant la fontaine se trouve, depuis 1992, la sculpture contemporaine : « l’Observatoire du temps » de l’artiste catalan Jaume Plensa. Le texte gravé est l’évocation biblique du Déluge et rappelle les inondations catastrophiques qui ont meurtri la ville en 1977. L’œil de verre , tel une vigie symbolique, scrute le ciel. L’autre partie de l’œuvre : « l’abri impossible » se trouve à l’extrémité de la passerelle sur la rive opposée.
Depuis le palier inférieur, belle vue sur la vallée du Gers. A l’horizon sud, derrière la ligne des collines on aperçoit, par temps clair, la chaîne des Pyrénées.
Sur le palier, plus bas, la statue en bronze œuvre de Michelet, est à l’effigie du plus célèbre des gascons : Charles de Batz, (1611ou 15) plus connu sous le nom de d’Artagnan, Capitaine des Mousquetaires du Roi, né au château de Castelmore à Lupiac, (village situé à une quarantaine de kilomètres d’Auch) tué à Maastritch en 1673 »
Amateurs de bonnes bouteilles, Armagnac, foie gras d'oie ou de canards, vous
allez trouver votre bonheur.
Voilà pour le temporel, demain nous rentrerons dans la cathédrale pour admirer ses vitraux
https://www.youtube.com/watch?v=2ZGAMLdm1lg
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