jeudi 14 décembre 2017
Les stèles
La plus originale sans conteste, est la stèle ronde de droite...
la stèle du Sicilien.
Elle a été découverte près de Tralles (province d'Aydin ; Asie Mineure, Turquie actuelle. Le National Museum of Denmark conserve son original en marbre.
https://www.youtube.com/watch?v=n1jYp1Op53c
Seikilos, d'origine sicilienne a probablement fait sculpter cette stèle de son vivant. Son originalité vient du fait qu'elle se présente elle-même :
"Je suis l'image de pierre. Seikilos m'a érigée ici en signe pour de nombreuses années de mémoire immortelle"
et ce qu'il a fait graver sur cette stèle laisse à penser qu'il puisse avoir été ou musicien virtuose ou compositeur ? ?
Cette épitaphe - partition est sans doute la plus ancienne partition au monde.
Le texte en vers est accompagné de signes musicaux : pour certains spécialistes, les signes musicaux indiquent la mélodie, pour d'autres il s'agit du rythme.
Ils s'appuient sur la quinzaine de traités de musique de l'Antiquité qui ont été conservés et qui permettent de comprendre le fonctionnement de la notation musicale. Les signes étaient différents suivant qu'il s'agisse de chants ou seulement d'instruments.
Voici la teneur du poème : Tant que tu vis, brille.
Ne t'afflige en rien
La vie est peu de choses
et le temps réclame son tribut
Les musiciens contemporains ne l'ont pas négligée puisqu'elle a été chantée dans le film "Quo Vadis" par Néron devant l'incendie de Rome.
La stèle du jeune homme et du chien est en marbre du Mont Pentélique; datée de 375-350 av JC elle est conservée au Musée du Louvre.
Sa provenance est incertaine Athènes ou Rhodes ?
Les stèles contrairement aux vases de l'époque archaïque représentent toujours le défunt dans les poses familières de leur vivant.
Il tient dans sa main gauche le strigile et un aryballe sans doute veux-t-on le représenter allant ou de retour de la palestre, (bâtiment dépendant du gymnase où on peut aprés l'effort s'oindre d'huile parfumée) tandis qu'il joue avec un chien en cherchant à lui faire attraper un oiseau
http://musee-archeologienationale.fr/phototheque/oeuvres/necessaire-de-bain-strigille-patere-aryballe_verre-matiere_bronze
De la seconde moitié du IV ème siècle conservée au Musée Calvet d'Avignon Marbre d'Attique Elle se caractérise par un réemploi ultérieur visible par la transformation de la fillette en une jeune fille plus agée disparue avant ses noces au vu de sa coiffure .
Le personnage masculin sans doute le père marque son chagrin par le geste de sa main appuyée sur son menton et la poignée de main symbolise le geste fort d'union entre les générations mais aussi entre les vivants et les morts
Les sandales souples à lanières (trochadès) sont une indication rare de ce genre utiisées dans l'Antiquité.
Conservée au Musée Calvet d'Avignon, celle-ci provient sans doute de Rhénée dans les Cyclades et date de la fin du II ème.
Figurent sur cette stèle les mêmes allusions au statut de la défunte qui revit ici les célébrations de son mariage.
Le motif de la "femme au coffret" hérité de l'art funéraire attique classique perdure à l'époque hellénistique dans la production cycladique et de Grèce de l'Est
cette reconstitution de ce que pouvait être les stèles à l'origine lorsqu'elles étaient peintes a fait l'objet de recherches telles que : le marbre de carrare sculpté par François Grand-Clément, la peinture par Maud Mulliez, les végétaux pour les pigments, noir de vigne pour les cheveux ; pour la peau, l'ocre rouge le blanc de plomb et la terre de Sienne.
l'huile de myrte a été fournie par Dominique Frère.
Les teintures des bandelettes, safran, cochenille, indigo, pastel, gaude et garance par Catherine Bataillon.
Il est probable que je conforte cette suite d'articles par quelques mises à jour.
http://viennachoralsociety.org/vcs-blog/visiting-the-real-seikilos/
Retour sur images si l'on peut dire :
http://expositions.bnf.fr/homere/albums/dieux/
mercredi 13 décembre 2017
Rituels grecs : les funérailles
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00692081/document
Puisque l'on aborde le sujet des pleureuses
Béotie. Tanagra :
Moule univalve pour le visage, corps monté au tour, bras modelés, peinture vernissée noire et rouge. Noir pour le péplos et rouge pour le visage car ces pleureuses allaient jusqu'à se lacérer le visage.
Elles se couvarient aussi la tête de cendres.
Sur le parcours du cortège leurs lamentations étaient telles qu'une loi fut votée pour resteindre ces effusions tapageuses .
Malgrès tout on déposera aussi la statuette dans la tombe pour témoigner encore de la douleurs causée par la disparition de l'être cher.
Vous avez aperçu en arrière plan un canthare qui donne encore une description très détaillée de "l'ekphora " ( transport du défunt dans la tombe) .
Nous allons l'étudier de près.
Le serpent que vous apercevez est un rappel des forces chtoniennes du monde des morts.
Font aussi partie du cortège les pleureuses et le joueur d'aulos (l'aulète).
Le personnage vêtu de noir est une femme vêtue d'un himation (manteau aussi bien féminin que masculin).
Nous ne voyons malheureusement pas les quatre guerriers qui arrivent en courant ...
Nous verrons demain en détail les stèles présentées qui clôturent cette exposition.
http://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_1961_num_1_2_3945
https://kernos.revues.org/pdf/234
mardi 12 décembre 2017
Rituels grecs : les funérailles. suite
Cette hydrie funéraire de la seconde moitié du IV ème est aussi déposée au Musée du Louvre .
Elle est non seulement très belle mais très évocatrice :
en bronze coulé et fonte, elle a sans doute été déposée en offrande dans la tombe où elle a été découverte : le décor est raffiné.
Ce qu'elle a de plus surprenant, c'est la présence de Dionysos, appuyé sur un silène, sous l'attache de l'anse, cela donne à penser que le défunt pouvait déjà l'utiliser pour les libations du symposion ; d'autre part la présence de Dionysos n'est pas incongrue puisque Dionysos n'est pas que le dieu du vin mais aussi une divinité du passage, l'adhésion à son culte est promesse d'éternité.
lundi 11 décembre 2017
Rituels grecs : les funérailles
Tout aussi régi que les autres événements de la vie, les funérailles se déroulent suivant un ordre bien établi.
En premier lieu en sa demeure la "prothésis", exposition du corps
puis l"ekphora" transport du corps à l'extérieur
puis au tombeau, les libations, les sacrifices et le repas
suit le retour à la maison et plus tard les "rappels" ou retours de funérailles.
Déjà sous le Mycénien tardif ces cérémonies étaient représentées sur les sarcophages.
Nous allons voir ce déroulé tout au long du parcours de cette exposition grâce aux objets exposés dont ce "Groupe de Burgon". Attique moins 560-550.
Trouvé à l'est de Markopoulo. au Musée du Louvre
à l'extrémité de cette plaque funéraire votive vous pouvez apercevoir les bandelettes blanches que les visiteurs apportaient et nouaient à l'arbre de la cour : le noeud étant une marque de consécration, une offrande au défunt.
Vous serez donc surpris de trouver de la couleur sur cette première stèle funéraire. Dans l'Illiade, les Troyens enveloppent d'étoffes pourpres l'urne contenant les ossements d'Hector.
Je reviendrai plus tard sur le descriptif de ces stèles. Procédons par ordre.
Au centre. Grande Grèce. Apulie. Peintre de la Furie Noire moins 390-380
A Bâle Suisse. Galerie Jean-David Cahn
Tout à fait remarquable en cela qu'elle représente une scène de Sophocle et Eschyle, la rencontre d'Electre et Oreste, enfants d'Agamemnon.
Le tombeau monumental du roi de Mycènes est surmonté d'un petit autel cubique évoqué en blanc, surmonté d'une stèle, ou d'une colonne.
Sur le socle trois rangées de canthares et des" tainia" (les bandelettes funéraires).
Electre est richement vêtue et expose la mèche de cheveux que son frère vient de déposer en offrande sur la tombe de leur père Agamemnon, à la vue de sa "trophos" nourrice, aux cheveux blancs.
La troisième, en retrait, porte une oenochoé (vase godronné aux anses surélevées) dont l'eau parfumée servira à l'aspersion de la tombe.
Oreste est de l'autre côté du tombeau il s'appuie sur sa "chlamyde" (manteau de laine carré ou rectangulaire en une seule pièce, fixé à l'épaule par une fibule)
De part et d'autre deux "lécythes", celle de droite attribuée au "Groupe du Peintre de l'Hypnos de New York" conservée au Musée St Raymond
moins 430-410.
Elles représentent toutes deux les visites au tombeau.
Celle de gauche vers 410 (si vous le voulez bien je ne préciserai plus qu'il s'agit toujours d'années avant JC. ou BC.
est attribuée au Peintre du Roseau ou de l'Oiseau ; elle est conservée au Musée Calvet d'Avignon
à suivre
En premier lieu en sa demeure la "prothésis", exposition du corps
puis l"ekphora" transport du corps à l'extérieur
puis au tombeau, les libations, les sacrifices et le repas
suit le retour à la maison et plus tard les "rappels" ou retours de funérailles.
Déjà sous le Mycénien tardif ces cérémonies étaient représentées sur les sarcophages.
Nous allons voir ce déroulé tout au long du parcours de cette exposition grâce aux objets exposés dont ce "Groupe de Burgon". Attique moins 560-550.
Trouvé à l'est de Markopoulo. au Musée du Louvre
à l'extrémité de cette plaque funéraire votive vous pouvez apercevoir les bandelettes blanches que les visiteurs apportaient et nouaient à l'arbre de la cour : le noeud étant une marque de consécration, une offrande au défunt.
Vous serez donc surpris de trouver de la couleur sur cette première stèle funéraire. Dans l'Illiade, les Troyens enveloppent d'étoffes pourpres l'urne contenant les ossements d'Hector.
Je reviendrai plus tard sur le descriptif de ces stèles. Procédons par ordre.
Au centre. Grande Grèce. Apulie. Peintre de la Furie Noire moins 390-380
A Bâle Suisse. Galerie Jean-David Cahn
Tout à fait remarquable en cela qu'elle représente une scène de Sophocle et Eschyle, la rencontre d'Electre et Oreste, enfants d'Agamemnon.
Le tombeau monumental du roi de Mycènes est surmonté d'un petit autel cubique évoqué en blanc, surmonté d'une stèle, ou d'une colonne.
Sur le socle trois rangées de canthares et des" tainia" (les bandelettes funéraires).
Electre est richement vêtue et expose la mèche de cheveux que son frère vient de déposer en offrande sur la tombe de leur père Agamemnon, à la vue de sa "trophos" nourrice, aux cheveux blancs.
La troisième, en retrait, porte une oenochoé (vase godronné aux anses surélevées) dont l'eau parfumée servira à l'aspersion de la tombe.
Oreste est de l'autre côté du tombeau il s'appuie sur sa "chlamyde" (manteau de laine carré ou rectangulaire en une seule pièce, fixé à l'épaule par une fibule)
De part et d'autre deux "lécythes", celle de droite attribuée au "Groupe du Peintre de l'Hypnos de New York" conservée au Musée St Raymond
moins 430-410.
Elles représentent toutes deux les visites au tombeau.
Celle de gauche vers 410 (si vous le voulez bien je ne préciserai plus qu'il s'agit toujours d'années avant JC. ou BC.
est attribuée au Peintre du Roseau ou de l'Oiseau ; elle est conservée au Musée Calvet d'Avignon
à suivre
mardi 5 décembre 2017
le symposion suite
Voici quelques ustensiles pour recueillir le vin ou le filtrer
Ces deux coupes présentées sur leur face externe sont aussi la figuration du symposion ; la première est attribuée au Peintre d'Eusion vers moins 460-450 .
ici les "symposiastes" sont deux par deux sur leur "kliné" et debout un jeune esclave leur sert du vin.
La plus à droite est atribuée au Peintre de la Cage -490_480 conservée au Musée du Louvre .
Les trois protagonistes ont les cheveux retenus par une bandelette, ils conversent tout en buvant et en chantant
Scène de séduction : "l'éraste" son "himation" largement ouvert tente de séduire "l'éromène" qui reste encore enroulé dans son manteau .
La pédérastie en Grèce antique était un rite de passage qui devait être accompli par un éphèbe adulte sur un plus jeune, afin de lui transmettre les valeurs citoyennes et aristocratiques.
L'amphore centrale est entourée des objets que je vous ai déjà présentés conservée au Musée du Louvre. Attribuée à Euphronios et découverte à Vulci (Etrurie, Italie) datant de -510 ; destinée au transport du vin ou de l'huile, elle est recouverte d'un vernis noir ne laissant aux anses torsadées et au col qu'une décoration simple mais extrêmement bien dessinée, le jeune homme à demi allongé et enveloppé de son himation se retourne pour une conversation avec un autre convive.
Sur un des côtés du col, le geste de son bras tendu et du doigt fixé sur le rebord de la coupe montre qu'il s'apprète à expédier la dernière goutte du vin qu'elle contient selon les règles du jeu "kottabe": mais ici vous pouvez voir un "symposiate" rêveur tenant une lyre sur ses genoux, des lettres sortent de sa bouche formant une sorte d'auréole "mamekapoteo" il s'agirait du début d'un chant de Sapho "maomai kai poteo "je souffre et je désire".
Toutes ces représentations multiplient les indications sur le déroulé de ces fêtes où le jeu, la poèsie, la musique, la séduction sans ivresse puisque le vin était coupé, la dégustation de celui-ci entretenue vous l'avez vu par celle de friandises nous laissent imaginer les sensations de bien-être qui planaient sur ces réunions.
Tout ceci codifié et c'est en cela que ce sont des rituels.
Je n'aurai pas le temps de vous présenter le dernier volet de cette magnifique exposition, rituels des funérailles aussi codifiés et entourés de raffinement que les précédents.
Je vous quitte quelques jours pour un séminaire de muséologie .
à suivre
Je pourrais vous montrer la louche en matière d'introduction
http://www.louvre.fr/sites/default/files/medias/medias_fichiers/fichiers/pdf/louvre-cultesgrece.pdf
http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/quand_les_premiers_archeologues_decouvrirent_la_grece.asp
http://solarlivre.tk/archieve/la-gr%C3%A8ce-antique-arch%C3%A9ologie-d-une-d%C3%A9couverte-2070530434
http://actu-histoireantique.over-blog.com/article-decouverte-archeologique-un-soldat-grec-du-iv-e-siecle-avant-jc-ayant-survecu-plusieurs-dizaines-119494508.html
http://mashable.france24.com/monde/20171110-medaillon-grece-antique-bataille-iliade-odyssee-archeologie
https://www.connaissancedesarts.com/evenement/rituels-grecs-une-experience-sensible/
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