mardi 2 mai 2017

Le Biscuit

 Non ! je n'ai pas changé de sujet, le temps approche pourtant où il va falloir que je cesse de vous faire faire de la vaisselle .... et en matière de "biscuit" ce n'est pas l'art culinaire mais une autre forme de porcelaine..

Mes amis amoureux de la nature seront heureux que je leur en montre la plus parfaite illustration ;


Modèle de Blondeau d'après Oudry biscuit de Sèvres XVIII ème
  
 Pratiquement depuis le XVIII ème jusqu'à nos jours les sculpteurs ont collaboré avec Sèvres ou d'autres fabriques pour donner le jour  à cette porcelaine"cuite en blanc" qui conserve son aspect blanc mat à la sortie du four.

C'est pour cela que les conseils de se réfèrer  à votre goût seul, peut prévaloir.
 Ce biscuit peut être en pâte tendre ou en pâte dure  et ne porter aucune marque et qui plus est se révéler être un faux .
Si vous nen faites pas l'acquisisition au prix fort cela peut encore aller  !!
(Si vous avez lu le livre de Chavagnac (je l'attendais au tournant attendant de voir s'il mentionnant "Toulouse et Valentine"  ; il conclue qu'il n'y a oas de marque ... erreur).
 Vous avez sûrement touché du doigt que la plupart des manufactures se sont copiées.
Si vous avez la chance de trouver un biscuit qui peut être de Sèvres il y a des chances que vous ne trouviez que la marque du sculpteur ou de leur modeleur.
 Ces biscuits sont de toutes les tailles aussi bien très réduites que de grande stature.
Pour la technique : nous pouvons avoir du coulage ou de l'estampage : le sculpteur ou le modeleur réalise le sujet soit en cire soit en plâtre le moule définitif sera en bois pour l'estampage ou en plâtre pour le coulage.


         Biscuit de Strasbourg Fabrication de Joseph Hannong fin XVIII ème
        Grand bas relief "le Printemps" Musée des Beaux-Arts de Strasbourg

Cette pâte va être finement modelée et les pièces rapportées assemblées avec de la barbotine, retouchées encore si nécessaire pour être parfaites avant la cuisson. Les biscuits en pâte tendre  sont les plus recherchés car ils offrent un velouté, un grain plus fin et sont aussi plus faciles à travailler.
Joachim Kaendler à Meissen, en Saxe, était le plus redouté concurrent de Vincennes et c'est un peu pour cela que le sculpteur Bachelier ne pouvant rivaliser avec les coloris de Saxe, décida de laisser ses pièces en blanc. 
Jacques Bachelier était entré à Vincennes en 1748 qu'il suivit à Sévres , il était inventif et sut de ce fait concurrencer Meissen à son tour.
Il rédige un "Mémoire historique dont je vous donne quelques lignes.

  "Dans l'origine de la Manufacture, la sculpture n'avait ainsi que la peinture, d'autre objectif que l'imitation de l'Extrème-Orient.
Jusqu'en 1749, la sculpture était luisante et colorée.
L'impossibilité d'approcher les figures de Saxe, par l'égalité de l'emploi et l'éclat des couleurs, allait faire renoncer à cette partie quand le sieur Bachelier proposa d'essayer la sculpture sans couverte, c'est-à-dire le biscuit ; mais il n'y avait pas d'exemple de ce genre, aussi fut-il rejeté comme impraticable et ridicule.Inutilement il cita le marbre statuaire, qui n'est ni luisant ni coloré et qui a cependant des charmes ; ce ne fut qu'en 1750 que le ministre exigea que l'on fit l'expérience.
Le sieur Bachelier pensa que rien ne serait plus agréable au public et de plus facile exécution, pour l'espèce d'ouvriers qu'il avait alors sous la main, que de traduire en porcelaine plusieurs des idées pastorales de M. Boucher.
Ce genre eut le plus grand succès jusqu'à ce que M. Falconnet, chargé en 1757 de conduire la sculpture, y portât un genre plus noble d'un goût plus général et moins sujet aux évolutions de la mode"



                                                           Sèvres. Blondeau d'après Oudry

Bachelier était bientôt rejoint par le sculpteur ciseleur du roi, Duplessis, et leur fabrication atteint des sommets de perfection.
Une des élèves de Bachelier, Falconet imprime à son tour sa marque (façon de dire) avec des sujets plus graves.
 comme ce célèbre Pygmalion conservé au Musée du Louvre :

  Falconet ne travaillait pas seul il était aidé de Fernex et de Duru soit pour des ajustements ou des réparations.
En 1730 c'est Pajou qui entre aussi à Sèvres, soutenu alors par Madame Du Barry, il façonne en platre son buste mais l'envoie en Allemagne à Locré dans la fabrique allemande de Basse-Courtille,  pour sa cuisson.
 La collaboration européenne  s'étend avec l'arrivée du Belge Mons en 1741   qui avec Berruer et Le Riche fabrique en biscuit le buste d'Aguessau.
(conservé au Musée des Arts décoratifs à Paris )
                                                                           à suivre

                   Marie-Antoinette. Biscuit de Sévres. Modèle de Pajou 



                                                                         





http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/parcours/xviie-xviiie-siecles/de-la-porcelaine-tendre-a-la/

ayez la patience de trouver les statuettes en porcelaine de pâte tendre, sur le modèle de Boucher.


https://www.kohn.paris/wp-content/uploads/2016/04/Marc-Arthur-Kohn_catalogue_13-04-2012.pdf


lundi 1 mai 2017

Porcelaine de Limoges

Avant d'achever ce très succinct tour d'horizon de cette saga de l' Art du Feu, alors que nous avons pu comprendre combien cette production ne pouvait subsister qu'avec l'aide des grands des siècles passés, il faut se pencher sur la manufacture de Limoges  qui ne travailla pas non plus en toute paix dans son coin du centre de la France.
(Je remarquerai au passage que Fouque Arnoux a su se débrouiller tout seul). 

 A Limoges donc l'intendant de la Généralité de Limoges, Turgot de l'Aulne comprend très vite ce que l'industrie porcelainière peut apporter à sa région.
Sans doute, en tout cas il faut l'espèrer,  il ne l'oublia pas lorsqu'il devint l'intendant des finances de Louis XVI.
 Après la découverte du kaolin de St Yriex( et je vous avais promis de vous raconter les circonstances de cette découverte) Massié déjà faïencier s'associe avec Grellet pour fonder une manufacture florissante jusqu'à nos jours.


  Limoges (manufacture du Comte d'Artois (1774-1784) Musée Adrien Dubouché

  A St Yrieix, en 1765, vivait au Clos des Barres, Madame Darnet.
Elle employait pour faire sa lessive une argile blanche et onctueuse .
Son mari, chirurgien de son état, avait pour ami un apothicaire  de Bordeaux, Villaris, proche de l'Archevêque de Bordeaux grand amateur de céramiques.
Faut-il imaginer un branle-bas national où toutes les conversations s'alimentaient de l'arrivée de ces porcelaines de Chine  ? 
Toujours est-il que Villaris en parle à Darnet qui reconnait dans  les échantillons qui lui sont soumis, la terre que sa femme emploie pour sa lessive.
On s'empresse d'envoyer à Sèvres pour analyse cette terre limousine qui se révèle être ce kaolin tant recherché et l'affaire est vite bouclée, Villaris achète les terres de St Yrieix au nom du roi et Darnet en devient l'intendant.
 Pour Grellet et Massiè les choses ne sont pas faciles  et après tout pouquoi ne pas revendre la manufacture à Sèvres, qui s'y refuse .
Celle-ci faisait manufacturer les pièces en blanc à Limoges pour les décorer ensuite à Sèvres. 
Il y avait donc collaboration sinon concurrence  ; Alluaud qui succède à Grellet ne se prive pas non plus de vendre ses porcelaines blanches à d'autres manufactures et pendant la Révolution ce sont trois de ses ouvriers qui rachètent la fabrique ;  Joubert, Cacatte et Joly.
Ce ne fut bientôt plus la seule et si ses décors sont influencés par d'autres manufactures, elle est détentrice d'une spécialité" le rose de Limoges".


                                                                   Collection privée Photo Isarde




 Citons quelques unes ce ces autres fabriques ;  Monnerie en 1795 ancien de la manufacture du Comte d'Artois en 1792 ;  Baignol transfuge de La Seynie et de St Yrieix : Pierre Tharaud en 1819 ( dont un descendant est encore fabricant à l'époque actuelle) en 1829 la fabrique Ruaud et celle de Valin et Aaron en 1835.
 Au XIX ème l'extension est massive, on trouve des manufactures dans toute la région limousine ; Poissac, Rochechouart, Saint Brice, Sauviat, Solignac etc.
Les parisiens Honoré et Dagoty oeuvrent à  La Seynie et le marquis de Bonneval installe encore une autre fabrique à Coussac.
 Celui-ci répond à Louis-Philippe  qui le moquait de sa nouvelle profession:
" Eh! Mon Dieu, Sire ! j'ai vu tant de gens faire du plat chez vous que je suis allé chez moi faire des assiettes".
Arrivée remarquée et triomphale de l'américain David de Haviland  en 1842 qui fera passer un vent de modernité sur la porcelains de Limoges, et encore de nos jours.
 Il est curieux mais désolant à la fois de voir que ces commerces finissent toujours par s'essouffler
 la concurrence venant parfois du sur place avec du matériel plus récent.



                                  Collection Privée photo Isarde




http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6115049h

dimanche 30 avril 2017

Porcelaine de Strasbourg

 Vous doutiez-vous que derrière chaque assiette se trouvait une histoire de famille et plus encore une histoire industrielle  ?
 Allez-vous désormais vous surprendre à retourner tasses ou assiettes pour en connaître la provenance  ?

A notre époque, vous trouverez plus aisément du Limoges.
 Nous y arriverons, mais ce matin  revenons aux Hannong.
 J'essaye de vous donner un fil conducteur car, je vous assure, le sujet est foisonnant.
Les Hannong étaient hollandais  et la fondation de cette manufacture est  le fruit d'une rencontre en 1700 entre Charles-François Hannong fabricant de pipes à Strasbourg et et le peintre Henri Wachenfeld qui était à la recherche d'une faïencerie.
Cette association est de courte durée car Wachenfeld regagne l'Allemagne en 1722.
 Une fois encore le père céde la place à ses deux fils Paul-Antoine et Balthazar  en 1732.
 Voilà pour la famille et pour l'industrie voici des collaborateurs, le chimiste Ringler, le peintre Roth et le sculpteur Lanz.
 Tous trois de nationalité allemande, transfuges de Meissen et déjà au fait de la fabrication de la porcelaine.
C'est ainsi que dès 1751 les Hannong fabriquent de la pâte dure et c'est pour cela que je vous ai dit que j'aurais dû commencer par là...
 La découverte du kaolin français de St Yrieix ne datant que de 1768.
 Paul-Antoine se heurte aux interdits de la Manufacture royale comme nous l'avons vu précédemment.
A Vincennes, Boileau, directeur, argue qu'importer du kaolin de l'Allemagne serait trop onéreux. Hannong ne va pas s'obstiner, il déménage à Franckenthal où l'Electeur Palatin Charles-Théodore le finance sans hésitations.




 Cette manufacture devient alors la principale concurrente de Meissen tout au long du XVIII ème.
Pierre Hannong, un des nombreux fils de cette famille, relève le flambeau à Strasbourg et Hagueneau  et parvient à vendre les secrets de la pâte dure à la manufacture royale.
 Malgré l'implantation de plusieurs usines, peu expérimenté en gestion, il finira employé à Sèvres.
 Ce départ à Sèvres laisse la voie libre à son frère Joseph plus expérimenté en affaires qui malheureusement subira tout au long de son implantation les effets financiers du rachat de la succession paternelle.
 Sèvres lâche du lest en 1766 en permettant une diversité des décors mais ce qu'il donne d'une main il le reprend de l'autre et lorsque la production arrive en masse, la Ferme Générale l'impose de manière prohibitive et se débarasse de cette concurrence en considérant que l'Alsace n'est pas une province française.

Les choses se compliquent lorsque les héritiers du Cardinal Rohan-Saverne, qui les soutenait finacièrement s'aperçoivent que cet argent provenait des caisses de l'Archevêché.
Emprisonné, il met plus d'une année pour se faire libérer et trouve refuge à Munich où il décéde dans les toutes premières années du XIX ème.
Mais cette filiation ne meurt pas ;  Pierre-François Hannong en 1765 reçoit la permission d'excercer à Vincennes et s'associe avec Maurice des Aubiez.




Plus tard, après avoir travaillé pour le compte d'un valet du roi, il crée une nouvelle manufacture au faubourg St Denis.
Vincennes reste en activité sous la direction de Séguin et la protection du duc de Chartres.
Les marques de fabrication sont difficiles à identifier ;  tout d'abord l'indication de pâte, incisée, le A suivie du B et de chiffres de 1 à 16, puis la catégorie des articles CG, F, FG pour les figurines V pour les vaisselles et forcèment les H des Hannong sous ou sur émail.



                 Collection privée. Hannong avec le V sous émail. Photo Isarde

De tout ceci il faut retenir que la première pièce française en pâte dure vient de Strasbourg en 1751.
C'est une statuette du sculpteur Lanz, assez lourde. (Flore)
Je ne vais pas vous compliquer la tache  en vous disant que les décors floraux sont empruntés à Niderviller, Vincennes, ou Sèvres ...
 Mais la marque de fabrique est un fond  rose sur lequel se détache des bouquets de fleurs.
La statuette de Flore se trouve au Musée  des Beaux-Arts de Strasbourg.

http://www.cperles.com/product/porcelaine-de-strasbourg-3/

https://www.google.fr/search?q=porcelaine+hannong&sa=X&tbm=isch&imgil=iGpVbWEAInSfcM%253A%253BKtFyUH2SZpZChM%253Bhttp%25253A%25252F%25252Fwww.anticstore.com%25252Fun-pot-sucre-couvert-porcelaine-vincennes-signe-hannong-53742P&source=iu&pf=m&fir=iGpVbWEAInSfcM%253A%252CKtFyUH2SZpZChM%252C_&usg=__tBtkHLrUL-j8W0aVMHNCnOlj64s%3D&biw=1855&bih=953&ved=0ahUKEwjtg6au78vTAhVIMhoKHSpdCD4QyjcISA&ei=wa4FWa2fBMjkaKq6ofAD#imgrc=-UrigO49KdTdIM:

https://fr.pinterest.com/pin/493496071647391642/

 ci-dessous - cliquez sur chaque objet et vous en aurez le descriptif

http://cnum.cnam.fr/CGI/rediri.cgi?8XAE538

 Quand vous aurez lu ce rapport du Musée centenal je n'aurai plus grand chose à vous apprendre, sinon de vous inspirer de sa conclusion 
"Amateurs de porcelaines ,de faïences, de céramiques, n'achetez  de ces objets que parce qu'ils sont beaux et vous plaisent "

samedi 29 avril 2017

Porcelaine de Vincennes

 En toute logique j'aurais dû m'intéresser au préalable à la porcelaine tendre mais ces découvertes de kaolin m'ont tant passionné que je suis passée très vite sur la porcelaine dure
 Pourtant Vincennes évolue de la même façon.
Il faut se replacer dans le contexte de l'époque, c'est une telle nouveauté que tous veulent prendre leur part du marché.
Je n'ai pas encore additionné les marques de toutes ces manufactures :  si vous avez envie de vous lancer dans une collection, il faut pourtant avoir ce listing entre les mains.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6456365s/f51.image

  Je vous annonce déjà la porcelaine de Strasbourg car dans cet article on parle déjà du Strabourgeois Hannong ou bien de Limoges qui ne considère pas Sèvres comme une concurrente mais davantage comme une "locomotive".

                        Marques de la première production de Vincennes

 Vincennes, donc fut le berceau de la Manufacture de Sèvres.
Les bâtiments  de Vincennes  restent sans activité une fois cette dernière transférée sous d'autres cieux selon la volonté de Madame de Pompadour.
En 1767 Maurin des Aubiez sollicite la permission  de s'étabir dans ces anciens ateliers.
Son but était de permettre à Pierre-Antoine Hannong, qui avait essayé de vendre le secret de la porcelaine dure à Sèvres et qui n'y avait pas réussi, de fabriquer, au compte d'une société nouvelle, ce mystérieux produit, alors si recherché.
 Le 31 décembre 1767, Maurin des Aubiez obtint un arrêt favorable à la suite duquel il se mit à l'oeuvre


                                                              Collection privée Photo Isarde

Mr Jacquemart écrit dans "Merveilles de la céramique t III p 304" que les tentatives de Hannong n' aboutirent pas, les découvertes du kaolin à  Saint Yrieix ayant rendu ses essais inutiles. Vincennes après une vente au sieur Lemaire, obtint plus tard la protection du duc de Chartres futur Loui-Philippe et  se consacra à une production plutôt de grand usage vaisselle bordée d'or à décor de guirlandes ou de semis de petites fleurs.

Puisque je parle de fleurs, Vincennes en fabrique pour huit cent mille livres à destination du parc de Bellevue.


                                                                 Collection Privée photo Isarde

Madame de Pompadour obligeait ses amis et ses solliciteurs à acheter ces porcelaines  lors d'expositions à Versailles ou bien elle organisait aussi des visites à Sèvres considérées cmme des parties de plaisir en plus d'une faveur. 
 Il n'y eut pas que des vases, des tasses ou des scuptures mais des pièces entières ornées de commodes ou d'armoires, de guéridons.
Mais revenons aux frères Dubois qui s'installent donc à Vincennes financés par Orry de Pulvy intendant des Finances de France secondé par Gravant leur associé puis Charles Adam adjoint comme administrateur.
Heureusement que cette aide de l'Etat ne cesse pas avec l'arrivée d'un nouvel intendant Machaud d'Arnouville.
 On commence à s'organiser pour se mettre à l'abri des "fuites" d'artisans qui peuvent être dès lors punis de prison s'ils désertent l'entreprise.  Cette société Gravant-Adam qui obtient des lettres patente au titre de "Manufacture royale des porcelaines de  France" s'adjoint des collaborateurs célèbres : le décorateur sculpteur Bachelier, l'orfèvre du Roi Duplessis, l'émailleur Ballat et le chimiste Matthieu. Et s'est ainsi que pour s'agrandir le roi choisit Sèvres près du domaine de Bellevue.
 Même les stocks anciens de Vincennes sont vendus sous le vocable de "Sèvres".
 Les pouvoirs publics prennent des arrêtés pour restreindre les productions concurrentes en limitant leur accés à des décors.
Le roi Louis XV achète toutes les actions de la Société Gravant-Adam et confie à Boileau de Picardie déjà comptable de la maison une réorganisation nécessaire.

 Vincennes n'est plus et Sèvres survivra même à la tourmente révolutionnaire.

 https://archive.org/stream/manueldelamateur01grol/manueldelamateur01grol_djvu.txt

 http://www.cyrillefroissart.com/fr/IMG/pdf/MEP_PIASA_CERAMIQUE.pdf

vendredi 28 avril 2017

Porcelaines de Lille (1711) et de Chantilly

 Tout d'abord, je viens d'ajouter deux gravures sur l'article  qui mentionne les "gazettes" qui n'ont bien sûr rien à voir avec une revue.
Je suis toujours tentée  de vous décrire de nouvelles manufactures  mais j'en reviens toujours à Sévres. 

 Le Musée Adrien Dubouché à Limoges expose cette tasse et sa sous-tasse en Poecelaine de Lille (1784) mais en regard une autre en Niderviller.



 http://www.musee-adriendubouche.fr/fr/collections/les-collections

 Transfuges ou copieurs, le marché est rude, d'autant plus que les importations de Chine déversent sur les territoires des.... "tonnes" de porcelaine : la "Verenigde Oostindische Compagnie importe entre 1604 1656 plus de trois milions de porcelaines ; la Suède, entre 1750 et 1775, onze millions ; pour l'année 1723, seule la France commande 349.927 pièces et en 1772 la Compagnie des Indes anglaises en fait venir 400.000.
 La tentation était grande de percer les secrets d'une telle fabrication et de prendre part à ce marché lucratif aprrécié des "grands " de l'époque. Suffisament riches pour en acquérir et protéger leur création. Il fallait bien cette contribution pour émerger et subsister.
 Nous étions restés sur la porcelaine de St Cloud, elle va servir de modèle à une vaste production de l'époque. La vogue de cette porcelaine tient à la nouveauté de son décor,  Lille va s'en inspirer au point qu'il sera difficile  de les différencier sauf évidemment par ses marques de fabrique qui sont le "L" ou le "D" ou un" J B " imité de la signature de Bachelier (de Vincennes) Pas de doute pour le dauphin couronné signature de Laperre-Durroo..
 Il existait à Lille depuis 1708 une fabrique de faïence montée pendant la domination hollandaise. Avec le traité d'Utrecht qui amène la paix, les propriétaires de la fabrique, Barthélémy Dorez et son associé Pélissier sollicitent des lettres patentes leur permettant de poursuivre leur fabrication.
 Nous avons déjà entrevu que ce sont des entreprises familliales où les fils succédent à leur père.
Nous l'avons vu aussi, la pâte tendre précéde la pâte dure qui offre des avantages de solidité et de transparence. A Lille ce sont les fils Dorez qui prennent le relais de Pélissier jusqu'en 1730,
 avec une pâte tendre qui ne tardera pas à être suivie par la pâte dure qui offre plus de solidité et de transparence en 1784.
 La fabrication est dirigée par Laperre et Duroo et sous le patronage du Dauphin  (d'où la marque du poisson dauphin couronné). C'est le modèle conservé au Musée Dubouché (ci-dessus) qui est un exemple représentatif de la qualité de la matière et du décor très "Parisien".
 Nous avons déjà parlé de Sicaire Cirou transfuge des Chicanneau-Moreau qui s'est placé sous la protection du prince de Condé Louis -Henri de Bourbon ( marque du cor).
Pour ne pas vous perdre dans ces fabriques toutes influencées les unes par les autres je pourrais déjà passer à celle de Vincennes avec  l'ancien de Cirou , Louis Fournier... mais patience.
Les homme se succèdent, Buquet de Montvallier et Roussière puis Montvallier seul, en 1760 Pierre Peyrard puis Louis François Gravant en 1779  et c'est Potter qui conduisit la fabrique à la ruine en 1800.
 Sévres savait imposer sa suprématie et longtemps il leur fut interdit de fabriquer autre chose que des décors monochromes, difficulté tournée en produisant des décors à la" Boucher" aux tons cramoisis.
 Mais de 1755 à 1780 les décors de fleurs, tulipes, roses ou oeillets se distinguent nettement des fleurs "à l'allemande. Les décors "à l'épi" ou "à la brindille" sont bientôt copiés par Tournai et Arras".
 Mais Chantilly est spécialiste de l'ornement "au barbeau" semis de fleurettes légères.



                                                                 Collection privée, photo Isarde.




 et c'est pourtant une tasse signée J P L donc de Lille au décor caractéristique à la "barbeau " ...qui a copié l'autre ??

 Allez vous y reconnaître  dans tout cela !!!..

 http://www.thierryprouvost.com/MRDD-Histoire-Manufactures-Royales-Lille.html

http://www.maisonporcelaine.com/porcelaine-decoree--3/porcelaine-de-chantilly--7/kakiemon-chantilly-xviiieme--125.aspx

http://www.ville-chantilly.fr/wp-content/uploads/2011/09/porcelaine-internet.pdf

jeudi 27 avril 2017

Les Manufactures de Porcelaines

 C'est un titre au pluriel, en effet nous allons voir que ces manufactures sont nombreuses. Celle de Sèvres que l'on peut visiter avec son musée à Sèvres justement est en cela peut-être plus célèbre. Mais j'aurais dû commencer par  la porcelaine tendre de Rouen. Louis Poterat plus célèbre pour sa faïence.
Il n'eut pas de continuité dans son commerce.
Il fallait exercer avec des lettres patentes  que la famille Chicanneau obtient dès 1677 à St Cloud en s'inspirant de la porcelaine rouennaise où  un Chicanneau avait probablement travaillé .
 Au début nous trouvons encore de la pâte tendre mais,  veuve, Berthe Coudray se remarie avec Henri -Charles Trou protégé du duc d'Orléans.
On peut lire que la  porcelaine de St Cloud est une des plus belles porcelaines françaises avec une période au style franco-extrème-oriental.
Si l'on ne peut s'appuyer sur les marques de fabrication qui sont  soit un soleil rayonnant ou un T en bleu, en rouge ou en creux  (1722_1766 (mais pour cette porcelaine aussi les marques peuvent être  absentes),  seul un oeil aguerri  peut l'identifier grâce à son décor très coloré et luxuriant.
        
 Les protections princières ou royales jouèrent un grand rôle dans la longévité de ces manufactures ; je relève dans le grand Dictionnaire de l'Ameublement :
 Tant que le Régent vécut personne ne s'avisa de marcher sur les brisées des céramistes de St Cloud, c'eut été s'attaquer à Philippe d'Orléans lui-même, mais à la suite de son décés c'est un ouvrier des Chicanneau qui désertait  St Cloud pour transporter ses secrets à Chantilly changeant ainsi de protecteur et passant sous celle de Louis-Henri de Bourbon.
 Concurrence donc entre les deux manufactures. St Cloud résiste.
Piganiol  de la Force dès 1722 avait écrit "Ne quittons point le bourg de St Cloud sans remarquer qu'on y fait des porcelaines presque aussi belles que celles de la Chine"
 Lazare-Duvaux fournissait à Madame de Pompadour, protectrice affichée de Sèvres deux gobelets et soucoupes de Saint-Cloud et dix coquetiers.
C'est assez dire que cette provenance jouissait toujours d'une faveur marquée.
Cependant, le nouveau porcelainier de Chantilly n'avait rien omis pour attirer l'attention sur ses produits.
Il les avait gratifiés d'une marque spéciale,  un cor de chasse.
Il avait installé un dépot rue Sainte-Croix-de- la- Bretonnerie ; enfin il avait rajeuni la fabrication de ses anciens patrons en copiant avec assez de bonheur, les formes de Saxe.
C'était là assurément une innovation heureuse. Mais il était écrit qu'il serait puni par là où il avait péché  !!
Cet habile homme,en effet, nommé Ciquaus- Ciroux, avait à son service quatre collaborateurs, les deux frères Dubois, Gérin et Bardin qui bientôt essayérent de lui faire concurrence.
Ce fut François Bardin qui l'abandonna le premier  pour aller s'installer à Mennecy, en 1735 sur la propriété du duc de Villeroy qui voulait lui aussi se donner l'honneur d'attacher son nom à une porcelaine.
Quant aux frères Dubois, ils allèrent s'installer à Vincennes, entrèrent  en relations avec Orry de Fulvy et purent faire leurs premiers essais sous la protection avouée du controleur général.
A partir de cette époque, on peut dire que l'histoire de la porcelaine française se confond avec celle de la Manufacture de Sèvres.




                                          
                                                       

mercredi 26 avril 2017

La Manufacture de Sèvres

 La porcelaine de Sèvres étant celle que j'ai déjà citée, plus nationalement connue, mais les liens établis par le directeur de cette manufacture, Alexandre Brongniart avec les Fouque-Arnoux, font que c'est celle que je choisis pour une continuité dans le descriptif de ces  créations artistiques à partir d'un produit de base : la terre,  alliée au  feu .
Nous l'avons vu déjà pour le verre.  Parlons-en un peu de cette terre,  matériau de base.
 on verra plus loin que c'est à Saint Yriex, dans le Limousin et pour une histoire de lessive  qu'en 1765 que le roi  fait l'achat de terrains  de kaolin nécessaire à sa Manufacture Royale de Sèvres et la fabrication de la porcelaine dure qui a succédé à la porcelaine tendre très facilement reconnaissable si vous vous prétez au jeu, cette dernière plus laiteuse, moins transparente.

 comme on verra aussi que c'est une histoire de perruque qui met l'Allemand
 J.B Böttger sur la piste du kaolin dont le gisement est acquis par l'Electeur de Saxe en 1709 pour fonder la Manufacture de Meissen en Saxe.

Il faut dire que depuis que la Compagnie des Indes néerlandaises (bientôt concurrencée par la Compagnie des Indes orientales créée par Colbert) ramène dans ses vaisseaux la porcelaine de Chine, c'est à celui qui découvrira le premier les secrets de la fabrication de cette porcelaine dure..

 C'est le Père d'Entrecolle en 1712 qui ramène le premier des échantillons de cette porcelaine faite de "kao-ling" (haut de la colline)  argile blanche de nature feldspathique. nom adopté par la suite en Europe.

Dans son "traité sur les Arts Céramiques" publié en 1844 Le directeur de la Manufacture de Sévres  Brongniart fait part de son admiration pour le procédé de fabrication des Fouque-Arnoux consistant à partir de l'argile rouge de la région de Castres et par cémentation avec de la poussière de charbon de bois, de la fabrication des grès cérames.
C'est encore ici l'ingéniosité et le goût de la recherche des Fouque-Arnoux qu'il faut saluer.
En 1823 ils essayent de combiner la cuisson de leurs poteries avec la cémentation du fer, c'est -à-dire la fabrication de l'acier.
Le principe de la méthode consistait à suspendre à la voûte du four, au moment de l'enfournement de la poterie, des creusets contenant des lingots de feret du poussier de charbon.
 L'argile brune de Lodève devenait blanche à la cuisson jointe aux trois autres,
: l'argile magnésifère de Galey en Ariège le sable silicieux de Saint Martory en Haute Garonne et le plâtre cristallisé de Marsoulas en Haute-Garonne , ils obtenaient la "terre de pipe".
 De Milhas en Haute-Garonne et Jarnat en Ariège, le kaolin. 

 La terre infusible employée à la confection des produits réfractaires dont les "gazettes"ou étuis dans lesquelles étaient enfermées les pièces finess à soumettre à la cuisson , venait aussi des Pyrénées.
Une fois encore Brongniart accorde une mention spéciale à la glaçure  des Fouque-Arnoux, exempte  d'oxygène de plomb.
.


  Extrait de l'Encyclopédie : Gravures représentant un hangar à pâtes et des gazettes de formes diverses.

Ci-dessous : maçonnerie d'un four, décorateurs et sculpteurs au travail au XVIIIe




 Mais cette desciption ne serait pas complète si je n'abordais pas un peu de technique.
Les fonds de couleur auxquels les porcelaines de Valentine doivent une grande partie de leur renommée  étaient fixés au grand feu sur le vernis et faisaient corps avec lui.
Le principal avantage de ce procédé sur celui de la fixation au feu de moufle était d'éviter l'emploi de fondants dont souffrait toujours en dernière analyse l'éclat des dorures.
Ce procédé du grand feu n'avait pu être appliqué qu'aux fonds bleus tirés du cobalt et aux fonds verts tirés du chrome.
Qu'à cela ne tienne !  Léon Fouque se déplace à Paris dès 1839 et va s'attacher à l'instar des autres fabricants à produire d'autres gammes de teintes, bleus cendrés, bruns, jaune pâle nankin, un beau noir obtenu avec un mélange de manganèse de cobalt et de chromate de fer, un rose fait avec de l'or, un gris fait avec du platine et un autre jaune caractéristique d'une tonalité et d'un éclat remarquables résultant d'un mélange de protoxyde tungstène et de protoxyde de titane.
Plus à lire ce matin qu'à voir .... mais je me rattraperai.

 Le bleu de Valentine est tiré du cobalt privé de nickel par calcinations successives avec de la potasse.
 Mais il n'est pas l'apanage de Valentine; on le trouve au Moyen -Orient avec les lapis-lazuli dès le XII ème ; en Chine sous les Yuan (1279-1368) et les Ming (1368-1644).
 Il nous est arrivé par le Sud avec  trois céramistes de Valence en Espagne, dont Juan de Valencia dit "le Sarrazin" et Juan de Girona et ceci dès 1367 à l'initiative de Jean de France duc de Berry et frère du Roi Charles V mécène et écrivain qui vont réaliser dans ses ateliers de "ostel de Vivonne" les premiers "Bleus de France"
 Le procédé de dorure employé par les ateliers Fouque-Arnoux et par Gustave Fouque au sein même de la ville de Toulouse  est le procédé dit "à la couperose" déja expérimenté à Moustiers par Joseph aux environs de 1785 et consistant à broyer dans de la térébenthine  un précipité de chlorure d'or et de sulfate de fer de couleutr brune, puis à le mélanger avec un fondant à base de bismuth et à l'appliquer au pinceau sur la glaçure. 

 Qu'est ce qui a manqué aux Fouque  ? la protection du roi, trop loins de la capitale, ils ne pouvaient se targuer comme Sévres d'être une Manufacture "Royale ".

Je crains bien n'avoir pas encore le temps d'aborder ce matin la porcelaine de Sévres.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Four_%C3%A0_bois

http://www.sevresciteceramique.fr/site.php?type=E&id=5

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Xavier_d%27Entrecolles