mardi 4 avril 2017

L'invention de Christiann Huygens

En 1665, le célèbre physicien hollandais Christiann Huygens restait perplexe devant les mouvements synchronisés des balanciers de sa nouvelle horloge. Plus de trois siècles plus tard, des chercheurs du Georgia Institute of Technology (USA) reproduisent l’horloge mystérieuse et découvrent son secret.

L’instrument fabriqué par Huygens possède deux balanciers. Son idée est la suivante : si l’un des balanciers s’arrête, l’autre est encore là pour donner l’heure. Le mécanisme devait permettre de ne jamais perdre le fil du temps. Une redondance bien utile sur les bateaux qui partent pour de longue période. Huygens pense même à ajouter 40 kilogrammes de plomb pour lester l’horloge et la garder stable sur une mer agitée. Il découvre alors avec étonnement que les balanciers jumeaux de son invention finissent toujours par se synchroniser en anti-phase, quelles que soient leurs positions de départ.

C’est en reproduisant à l’identique cette fameuse horloge grâce aux notes en latin du scientifique, que les chercheurs américains ont pu comprendre le mystérieux phénomène de synchronisation. « Nos résultats expérimentaux et théoriques suggéraient que les observations de Huygens dépendent énormément des conditions de ses expériences de 1665 », explique Michael Schatz, un membre de l'équipe. Autrement dit, la synchronisation n’est pas reproductible avec n’importe quelle horloge et dans n’importe quelles conditions.

Christiaan Huygens pensait que le phénomène résultait des « imperceptibles mouvements » de l’ensemble de l’horloge, mouvements qui influençaient les deux balanciers. Et il avait raison ! Le leste ajouté par Huygens joue même un rôle central dans l’affaire car si la masse des balanciers est trop importante par rapport à la masse du reste du mécanisme, le couplage devient trop énergétique et il peut arrêter l’horloge. A l’inverse, des balanciers trop légers ne s’influencent pas assez l’un l’autre pour obtenir une synchronisation. Ces travaux sont publiés dans les Proceedings of the Royal Society de mars 2002.

Nicolas Gantier
(22/02/2002)
 
Louis XIV l'avait bien compris puisqu'il le gratifie de 6000 livres.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k778667/f9.image

http://www.lepoint.fr/montres/Magazine/Grand-horlogers/christian-huygens-03-12-2012-2018098_2978.php

Cet après-midi pluvieux me permet d'approfondir encore ce sujet  même si je n'ai pas le courage de vous restituer la totale teneur de ce que le Dictionnaire de l'ameublement nous en dit ; hormis que par la photo :
 

 



Les mesures du temps

Les cadrans suivants vont me laisser le temps de me décider sur l'orientation de mon article ;   horloges de cheminées, horloges de parquet  ?










Je crois que je vais me diriger vers les horloges de cheminées  ; on glissera vers le parquet un peu plus tard. 

 Ceci parce que j'ai hâte de vous montrer  la dernière et remarquable acquisition du Musée paul Dupuy .

















Musée Paul Dupuy





 Cette production horlogère est véritablement remarquable, formes, matières destinations, à poser, à accrocher, à porter sur soi ;  collaborations européennes fructueuses où chacun apporte sa contribution  à des améliorations sans cesse perfectionnées, ceci tout au long des siècles et nous verrons plus tard qu'afficher une montre de prix à son poignet (ce qui n'est pas le cas de tout le monde) est une façon de montrer sa fortune ou son rang .
 Finalement cela ne change pas !!!
 Je viens de lire que Louis XVI était "un fan" dirait-on aujourd'hui  d'horlogerie: il employait l'horloger Garand à son service exclusif pour remonter les montres et horloges qui ornaient la chambre royale. 
J'espère qu'elles n'étaient pas toutes munies de sonneries !!
Marie-Antoinette avait joué le jeu,  elle lui en apporta cinquante- sept en dot.

 Robert Robin qui avait créé l'horloge astronomique de parquet munie d'une pendule à compensation était l'horloger favori du roi.

 Dans des reportages concernant le château de Versailles on peut voir un horloger qui  est de nos jours chargé  de remonter tous les cartels du château et il lui faut la journée.

 Venons-en à notre pendule de cristal, la petite nouvelle.




 Et que dire des pendules squelettes ou demi-squelettes !!


     Pendule-lyre demi-squelette France XIX éme. Musée Paul Dupuy 

ou de la chamante "Capucine"










 Mais aussi les continents...





 https://www.youtube.com/watch?v=ld2qhC-RBp0

 http://www.horlogerie-ancienne-collections.com/collections-du-petit-palais-ville-de-paris/

lundi 3 avril 2017

La montre-oignon

 Faudrait-il éplucher le temps ?

 Bien sûr que non  !  c'est tout simplement le volume augmenté du boitier de la montre à échappement à roue de rencontre et permettre d'y placer le balancier-spiral, qui donne naissance à la montre-oignon.
  Très technique tout cela !!
 Louis XIV, sous son règne, imposa la réduction de l'utilisation des métaux  précieux, le laiton et l'argent remplaçèrent l'or mais la décoration des cadrans était si belle avec leurs douze couches d'émail ou leurs ciselures  sur les plaques qui protégeaient l'oscillateur de l'échappement à roue de rencontre,  que ces montres étaient de véritables bijoux. 









Les horlogers de Colmar comme Himmli ou de Paris,  tels Pillon De Lorme ou Hammel excellaient dans cette fabrication.



Désolée pour le flou de la photo.









 Dans le milieu du XVII ème on logeait les montres dans des étuis richement décorés de scènes bibliques ciselées.



 Evolution au XVIII ème siècle notamment avec Jean-Antoine Lépine qui perfectionna l'échappement à virgule qui entraîna la suppression de la fusée et le remplacement de la platine supérieure avec piliers par des ponts... "calibre Lépine".
 Quand je vous dis que la politique est un des moteurs de l'art .






Une fois de plus ce sont les  horlogers huguenots chassés de France qui s'établissent à Genève au moment de la Révocation de l'Edit de Nantes en 1685.
 Français et Suisses collaborent mais rivalisent aussi tout en respectant la qualité de maniabilité et d'exactitude, d'inspiration anglaise.. 
Il faut dire que les liens amicaux qui unissaient Julien Le Roy  (1686-1751) et Henry Sully permirent un essor exceptionnel à ces mécanismes puisque Sully eut l'idée de lubrifier le mécanisme pour atténuer le frottement des pièces.
A leur tour ce sont soixante horlogers de Londres qui viennent s'installer à Versailles en 1718 puis à St Germain en Laye.
 Je vais reparler ici de Huaud qui fournissait Julien Le Roy pour les émaux.
On parle encore technique avec l'échappement "duplex" créé par Pierre le Roy, fils du précédent.
Le "calibre Lépine" connu un grand succès grêce à Abraham-Louis Bréguet (1747-1823) : ses inventions furent capitales ;  le "spiral Bréguet".
 Il perfectionne le systéme de remontage automatique inventé par Perrelet en 1770.
Ses" montres à tact" étaient des chefs-d'oeuvres d'orfèvrerie.
 La collaboration entre tous ses artistes était remarquable et c'est à son compatriote Antide Ravier qu'il doit le remplacement du grand tambour à pointes métalliques par un petit disque de laiton qui réduisant l'espace libéré permit  de placer les rouages des automates.


  Cet automate n'était pas en fontionnement mais une vidéo était présentée toujours au Musée Paul Dupuy pour le montrer en cours de marche  : tournant en boucle, ce petit oiseau au chant mélodieux accompagnait ma visite à tel point que je me suis adressée aux gardiennes qui tournaient en rond pour me surveiller ( bien la seule dans tout le musée, mais comme vous connaissez ma spécialité d'aller et venir d'une pièce à l'autre, je les intriguais probablement )
 et leur ai demandé si ce chant d'oiseau à longueur de journée leur donnait l'impression d'être à la campagne !!! 



Mais il n'y a pas que la montre-oignon il y a aussi la montre "bassine"



 Nous n'avons pas fini de courir après l'heure.

 et il n'y a pas long, seulement quelques générations, pour passer de  l'horlogerie à l'aviation !!!


Abraham Louis Breguet (Neuchâtel 1747- Paris 1823), horloger inventif, fondateur de la célèbre marque horlogère Breguet. Son petit-fils Louis François Clément Breguet (1804-1883), horloger et physicien, était lui même grand-père de Daniel Halévy (1872-1962), essayiste et historien, et de Louis Charles Breguet (1880-1955), pionnier de l'aviation.

http://www.lepoint.fr/montres/Magazine/Grand-horlogers/abraham-louis-breguet-03-12-2012-2002278_2978.php


dimanche 2 avril 2017

Pendules et montres

 Plongée depuis plusieurs heures dans le grand Dictionnaire de l'Ameublement qui consacre une bonne dizaine de pages à l'hologerie, je reste sceptique sur l'intérêt que peut représenter pour vous la liste des Inventaires Royaux en vieux français.
 (à moins que vous ne me le demandiez)
La preuve,  c'est que midi n'est qu'à quelques secondes et  je ne suis pas encore décidée !!
C'est un travail considérable et je l'avais bien perçu ainsi.
La difficulté vient aussi du fait que cet ouvrage en quatre tomes  est dans un papier qui n'est pas d'excellente qualité et trop précieux pour que je l'annote dans sa marge.
 J'en retiens au passage que les montres  ce sont appellées "monstres"  tout simplement parce que elles "monstraient" l'heure.

Bref, je vais revenir sur la collection du Musée Paul Dupuy, sans doute plus ludique. Tout en vous donnant toutefois quelques clés......
 L'origine de la "montre" est la même que celle de l'horlogerie portative (  vous remarquez donc que j'ai "zappé" les grandes horloges des tours,  Rouen, Beauvais, Lyon, Strasbourg ... j'y reviendrai peut-être ...)
 Son inventeur n'est pas précisément connu, c'est cependant lui qui a inventé  le "ressort-moteur". Il pourrait être, d'après la "Cosmogonia" de Cocle en 1512, le serrurier de Nuremberg, Peter Henlein.

 1512 - Cocchleus in Cosmographia Pomponii Melae notes that in Nuremberg, striking clocks were being made small enough to be worn in a purse or pouch. He also refers to Peter Hele (Henlein) making timepieces which, without any weights and in any position, indicate and go for forty hours.

Toutefois d'après de dernières recherches elles pouvaient déjà se remarquer à Milan en 1488.
 "Grosso modo" ce sont des horloges de table miniaturisées mais quelle invention dans le décor !!
 Mon cher dictionnaire nous dit  ;
"C'est ainsi que, indépendamment d'une légion d'ouvriers spéciaux, les horlogers parisiens ont  de tout temps fait travailler les fondeurs qui fabriquent les timbres et les carillons, les émailleurs qui font les cadrans, les bronziers, les ciseleurs et les doreurs qui exécutent lss sujets et ornements de bronze, les ébénistes auxquels ils demandent les boites des pendules et cabinets d'horloges ; les graveurs qui ornent les cadrans et les pièces intérieures ;  et enfin les ouvriers qui font les aiguilles d'acier etc".

On porta longtemps les montres en sautoir, fabriquées  que ce soit à Dijon en 1600 ou à Munich et Augsbourg et plutôt de forme ronde au lieu, préalablement oblongues. En 1551 Blois était l'un des plus gros centres de l'horlogerie fraçaise avec Paris, Lyon et Grenoble.
 Les émailleurs français exportaient leur production vers l'Angleterre et l'Espagne mais l'on voit déjà poindre la concurrence genevoise dès le XViIIème  qui crée une technique originale d'émail rouge et blanc dont J.H. Ester.
Pierre Huaud originaire de Blois  fut orfèvre à Genève, ses trois fils, dignes successeurs de leur père excersèrent leur métier auprès du Grand Electeur de Bandebourg.
Influencés par l'influence de Rubens leur travail se reconnaissait à la fraicheur des couleurs, au tracé de motifs mythologiques.





                                            Musée Paul Dupuy

C'est à Rouen que Etienne Hubert reprend ces techniques en utilisant aussi des motifs floraux. Mais ne passons pas sous silence les Londoniens Richard Crayle, Edward East ou Robert Grinkin ou l'Ecossais David Ramsay.





samedi 1 avril 2017

Les horlogers mécaniques


  Il me faut retoucher terre......en effet j'ai tourné les aiguilles du temps  à l'envers  ( ce qu'il ne faut jamais faire en matière d'horlogerie ) pour aller revivre en une fin d'après midi éblouissante de beau temps, l'aventure de l'aéropostale ; je vous ai déjà parlé des  Bréguet et des Salmson 2A2 ,des Latécoère, Daurat, St Ex, Guillaumet et tous les autres.
 Il s'agissait ce jour-là d'assister en présence d'une foule nombreuse dont des descendants de ces pionniers à la présentation de l'aménagement de la "Piste des Géants" sur les lieux de décollage de cette ligne à Montaudran.
 La réhabilitation de ce lieu de mémoire( la piste était encore utilisée par Air France en 2003) va donner lieu à un site unique où se mêleront un jardin ( où les essences des arbres des pays traversés : Espagne, Afrique du Nord, Sénégal et Amérique du Sud, sont déjà plantés), un grand hall qui pourra accueillir toutes sortes de machines et un lieu de mémoire de 1000 m2.
  La piste sera aménagée pour faire revivre aux visiteurs les escales dans tous ces pays traversés.
 Cela deviendra sans doute une destination touristique unique.

  Quelques photos de cette réunion, avant de reprendre le cours de notre voyage dans l'horlogerie.

  Le Maire de Toulouse aux manettes.





https://www.youtube.com/watch?v=8MwtjUJYfO4

http://actu.cotetoulouse.fr/montaudran-piste-des-geants-mettre-en-lumiere-pionniers-aeronautique-en-2018_33648/








http://www.ina.fr/audio/P10028274

 http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/joseph-kessel





intérieur du hall









                                             La Piste

 http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2016/12/06/26010-20161206ARTFIG00298-mermoz-pilote-de-legende-de-l-aeropostale-disparait-le-7-decembre-1936.php

C'est aussi remonter le temps que de poursuivre l'évolution de ces mesures :

 Le fonctionnement de l 'horloge à rouage (horologium) est très ingénieux ( organe moteur, un rouage puis un système qui retient et relâche périodiquement le rouage, un échappement, un  oscillateur et un cadran.
Le ressort moteur est l'oeuvre  d'un Bourguignon : mise à exécution en 1459 par Johan de Lyerbourgh pour une horloge destinée à Charles VII.
 Les documents qui en font référence sont très anciens ;  d'une part le manuscrit de l'architecte Villard de Honnecourt au XIII ème siècle pour la tour gothique à quatre étages.
A Cologne les horlogers fabriquent des "Horlogiengasse" 
Beaucoup d'horloges monumentales remontent à cette époque dans toute l'Europe.
Une certitude toutefois l'horloge fabriquée pour Philippe le Bel par Pierre Pippelard orfèvre parisien, autour de 1300 est bien une horloge à rouage.
Jean de Meung aussi mentionne ce type d'horloge dans son "Roman de la Rose" en 1305.
 Les factures de Colard Lefèvre à Cambrai en 1318 témoignent du dispositif employé pour figurer les trajectoires du soleil et de la lune, le calendrier et les signes du zodiaque. 
Le métier d'horloger est donc solidement implanté en Europe dès la seconde moitié du XIV ème siècle avec des  artisans ou ... artistes ? qui ont laissé leur nom à la postérité : De Sainte Beate, Henri de Vic, Martin ou l'italien Giovanni di Dondi à Padoue  surnommé dell'Orologio qui décrit dans son Il tractatus Astarii le modèle dessiné par lui-même en 1364.
 On pourra trouver deux de ces modèles à la Smithsonian Institution de Washington et l'autre à Londres au Science Museum.
 On conserve à la Bibliothéque Nationale un manuscrit enluminé qui appartint à Marie, petite-fille de Charles V  et qui représente une horloge en forme de cage à oiseaux.
En ce qui concerne les aiguilles mobiles elles n'apparaîtront qu'au début du XV ème pour la première et le XVI ème pour la plus grande.
D'autres manuscrits nous renseignent encore sur ces horloges ; ceux de Christine de Pisan et Nicolas d'Oresme ou bien encore l'Oreloge de Sapience.
On en conserve un autre très détaillé à la Bibliothèque du Vatican.






                        Cadrans explicatifs du Musée Paul Dupuy

https://books.google.fr/books?id=dt0mDQAAQBAJ&pg=PT131&lpg=PT131&dq=horloge+%C3%A0+rouage+Smithsonian+Institute&source=bl&ots=XhCU-g8_Xn&sig=j0L9egZAkm826dzuMDmVyvp8D_I&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjytdnv3YLTAhXBsxQKHfSnA7gQ6AEINDAB#v=onepage&q=horloge%20%C3%A0%20rouage%20Smithsonian%20Institute&f=false