Il n'est pas question aujourd'hui d'influences mais de comparatifs et comparaison peut-être osée de ma part, si l'on dit de Rembrandt qu'il est le plus grand peintre hollandais on dit de Jean-Sébastien Bach qu'il est des plus grands musiciens du monde .
Tous deux ont vécu de grands chagrins avec la perte de leurs épouses, ou de leurs enfants respectifs.
Rembrandt a subi comme d'autres peintres quelques siècles plus tard l'incompréhesion du public.
Momentanée, puisque son oeuvre majeure " La Ronde de nuit" est maintenant la plus célèbre.
Quand je suis allée l'admirer à Amsterdam dans les années 1990 il n'y avait que de l'argentique et je ne suis même pas sûre que l'on puisse la photographier.
Pour le comparatif encore, cette video va vous reporter à Frans Hals.
https://www.youtube.com/watch?v=mO0cSeQkeNE
Je ne choisirai q'un seul tableau, délaissant les nombreux auto-portraits à tous ses âges, de même que cette toile d'une femme relevant sa chemise en rentrant dans l'eau.
Hommage à Saskia van Uuylenburgh peinte en 1635, l'année de leur mariage en Déesse du Printemps, Flore
Je laisse à Gérard Knuttell , le soin du Commentaire ; vous trouverez sûrement sur le net, les représentations des tableux évoqués.
https://nl.wikipedia.org/wiki/Gerhardus_Knuttel_Wzn
" Rembrandt, écho de l'âme chrétienne moderne.... Sont-ce là des mots seulement, et que l'on pourrait prononcer aussi bien à propos d'autres artistes ?
Et d'abord, qu'est-ce que l'âme chrétienne moderne ?
C'est l'âme chrétienne qui, en particulier au XVI ème siècle, s'est libérée des dogmes spiritualistes et qui a uni une intelligence essentiellement expérimentale aux convictions et aux sentiments chrétiens généraux, non pas seulement spécialement protestants ni spécialement catholiques : Réforme et Contre-Réforme sont les produits du même effort pour concilier les exigences de l'esprit libre de l'homme moderne.
La curiosité expérimentale est le mobile de toutes les oeuvres qui distinguent l'homme moderne de l'homme médiéval ; c'est le mobile de l'art du XVII ème siècle, aussi bien de l'art baroque des peuples catholiques que de l'art matérialiste des peuples protestants .
Le calvinisme ne veut pas d'image de Dieu, surtout pas dans l'église : les peintres sacrés hollandais ne pouvaient travailler ainsi que pour des clients privés.
Il y avait bien ausii en Hollande des églises catholiques, mais c'était en cachette ; elles ne pouvaient pas passer de commandes aux peintres et ne se seraient certainement pas adressées à des peintres protestants. Du reste, même des fiidèles de la foi ancienne, comme Steen, ne peignaient pas pour les autels.
Dans l'atmosphère de la Hollande tout imprégnée d'esprit protestant, les artistes catholiques ne sont, eux aussi, que par exception des peintres religieux, et même dans ce cas, leurs oeuvres sont bien loin de l'esprit de ce que l'on peignait à la même époque dans les Flandres, le foyer même de l'art catholique.
L'élément décisif, c'est moins la confession à laquelle on adhère, que le milieu dans lequel on vit.
Rembrandt est un des rares peintres protestants qui soit un peintre religieux, un peintre religieux qui ne travaille pas d'ailleurs pour les églises et bien rarement sur commande, un peintre religieux qui ne travaille que... pour lui-même. Ce qui caractérise son art, c'est qu'il l'a peint pour lui-même.
Quand il travaille sur commande, il semble se préoccuper si peu des voeux et désirs de sa clientèle que, même dans ce cas, ses tableaux finalement semblent peints pour lui-même.
Le fait en est surtout manifeste dans la période du milieu de sa carrière, entre 1640 et 1660 ; plus tard devenu plus philosophe, plus résigné, il saura adapter ses idées artistiques aux désirs des clients ; mais, même alors, son expression restera tellement personnelle, transigera si peu avec le goût du public, que ses tableaux de vieillesse conservent encore le caractère d'ouvrages peints strictement pour lui-même.
Dans tout cela se manifeste l'homme moderne, l'homme affranchi des liens indissolubles du moyen âge, dépendance envers la société, la corporation, la discipline civique, la tradition, la foi.
Ce n'est pas chez Rembrandt, excès d'individualisme, mais conviction profonde de l'homme qui se sait responsable seulement envers lui-même, sa conscience, son Dieu. Il a sa tâche à remplir et il la remplira d'après ses certitudes.
C'est la liberté de l'homme moderne, et sa liberté, c'est sa force, ainsi que sa solitude.
Dans la vie intérieure de Rembrandt, qu'il confesse dans son art, il y a toujours présent (et toujours plus présent) Jésus.
C'est un Jésus à lui, dont il s'approche personnellement par la lecture du Nouveau Testamennt, sans intermédiaure de prêtre ou d'église.
C'est la conception, la présence active de Jésus la plus personnellement humaine que l'on puisse imaginer et aussi la plus profondément humaine.
Rembrandt a peint Jésus, et non le Christ.
C'est Jésus- homme, l'homme divin et humble, Jésus dans sa jeunesse, dans sa Passion, parmi les petits, les misérables de corps et d'esprit, tel qu'il apparaissait aux discciples d'Emmaüs, où tout simplement et très humainement, à Rembrandt lui-même.
C'est toujours en vision qu'il le peint, car le sensualiste Rembrandt ne peint que ses visions ; toute sensation concrète se dépose chez lui dans le tréfonds de l'âme, et surgit de là décantée et intensifiée.
Il semble que toute apparition que Rembrandt peint, à partir de l'époque où il atteint l'ampleur de son génie, ait ainsi passé par le feu de son âme, loin de toute influence étrangère, pour y être reconnue dans son état essentiel."
à suivre