samedi 3 septembre 2016

Van Gogh

 Que retient-on de Van Gogh ?  ses tournesols, des cyprès tordus par le vent, le Portrait  du Docteur Gachet  ? ou les Mangeurs de pommes de terre....
 ou sa folie ?
Vous serez surpris par ses "Crabes" dont je ne connaissais pas l'existence, mais aussi  par l'analyse de Gérard Knuttel, autre critique d'art qui nous le rend accessible, plus proche à la lecture de ses lettres et même de ses denières notes trouvées sur lui après sa mort.

 "Mon travail à moi, j'y risque ma vie et ma raison y a à moitié sombré. Mais que veux-tu?..."

                  Quelle puissance, ! quelle perfection dens ces deux crabes !
Autre découverte pour moi l'influence de Joseph Israëls, un contemporain, membre de l'Ecole de La Haye ; influence dans la facture des" Mangeurs de pommes de terre"..
Mais cette période hollandaise n'est pas représentée dans les salles de la National ou cela m'a échappé.
Plus que "les Tournesols",  j'ai adoré son "Champ de blé avec cyprès".
On y sent le mistral.


          "L'apport de l'art français dans l'évolution de van Gogh est considérable ; ce qu'il voit à Paris fixe l'aspect de son art pour une longue période, celle de cette deuxième moitié de sa vie artistique, qu'il passe en France.
C'est seulement dans les deux dernières années de son existence, à Saint Rémy et à Auvers, qu'il s'en éloigne, pour évoluer vers un style et un coloris tout à fait personnels, loin de tout ce qu'il voit autour de lui. Mais, même alors encore, ce qu'il a appris à Paris resta à la base de sa technique et de sa palette.
Dans ces deux années passées à Paris, en 1886 et 1887, il semble renaître et se dépouiller du bagage trop lourd qu'il s'est acquis par des années d'étude acharnée en Hollande, de 1880 à 1885.
Il le change contre une armure technique plus légère et plus commode dans la lutte farouche avec la matière.
Mais ce qu'il ne change en rien, c'est le caractère même de son art, non seulement ses desseins d'artiste mais aussi ceux de l'homme profondément religieux.

Tout l'art de van Gogh se fonde sur le grand élan irrésistible de son coeur à témoigner.
Il y eut des années au cours desquelles il voyait sa vocation dans l'apostolat même, comme pasteur.
Alors il suivait la même voix intérieure, la même poussée que plus tard, mais sans bien la distinguer. IL y eut toujours dans sa vie une vocation sociale très forte, même une tendance communiste.
Au fond de tout cela, il y a l'amour du prochain, l'amour de l'homme en général, de la nature et de toutes ses forces créatrices, pour Dieu.
Tous ces symboles tendent à exprimer cet Amour, ce grand sentiment mystique d'attachement indissoluble à tout ce qui l'environne et à Dieu.

 dans ces herbes longues volettent des papillons blancs, couleur reprise dans le sentier bordé d'arbres, ébauché en haut de la toile.

Ainsi, chaque oeuvre de van Gogh devient signe symbolique ; mais ce ne sont pas des signes de symboles convenus, même pas de symboles rationnels; on ne peut pas les traduire en mots.
Pour le prouver, il y a encore ses lettres dans lesquelles il essaie d'expliquer ce qu'il veut dire, ses intentions, mais il ne peut donner que des indications, certainement pas des analyses.
Elles révélent les sources sentimentales dont surgissent symboles et oeuvres, et non pas celles des idées qu'ils doivent représenter, comme dans l'art symboliste.
Ainsi, l'art de van Gogh n'est pas symboliste par programme, il est lui-même symbole, tout comme l'homme ne s'exprimait pas par symboles mais agissait en symboles, de même que ce fut avec la plus grande sincérité, sans aucune ironie, qu'il avait dit, au début de sa carrière de peintre, à son camarade dans les dunes près de La haye, qu'il faut souffrir pour l'art.
Certes, ce ne fut pas des mots creux : Vincent a souffert pour l'art comme très peu de grands artistes.
Il lui a tout sacrifié, ses amitiés, sa santé, ses forces, ses amours... la vie.

Ce fut, en effet,  lorsqu'il vit sombrer sa raison et ses moyens d'expression qu'il s'est tiré la balle qui devait mettre fin à sa vie acharnée."
                                                                            Gérard Knuttel

jeudi 1 septembre 2016

Cézanne

De Cézanne on connait davantage ses pommes ou bien les "Montagnes St Victoire" d'Aix -en-Provence.
A la National Gallery ce seront " les Grandes Baigneuses" que l'on pourra admirer ainsi qu'une autre "Nature Morte".aux couleurs plus froides, puis un paysage de collines.
 C'est Erle Loran Professeur d'art à l'Université de Californie, qui va vous dire ce qu'il en pense.


"Pour mieux nous rendre compte de l'importance du dessin chez Cézanne, comparons une toite inachevée de la fin de sa vie et une oeuvre typique de Dufy.
Il saute aux yeux que si, chez Dufy, les surfaces colorées sont dépourvues de relief, et cela intentionnellement, les figures  et l'espace sont clairement délimitées par la ligne.


Il en est de même, bien que d'une façon moins visible, chez Cézanne, ce qui est fort normal car, si gai et même si superficiel que soit l'art de Dufy, il dérive entièrement de celui de Cézanne.
Dans les oeuvres achevées de Cézanne, les surfaces colorées n'apparaissent plus comme planes, du moins à un oeil peu exercé. C'est pourquoi il nous faut maintenant expliquer la fonction de ces plans colorés.
Bien entendu, ces touches sont posées de telle manière qu'elles jouent un rôle structural, mais leur fonction première est de demeurer, par rapport à l'ensemble de la composition, des surfaces planes.
Sans doute semblons-nous insister par trop sur ce point, mais tel n'est pas le cas, car nous touchons ici à l'essentiel de la technique cézanienne.
La seconde fonction, en apparence paradoxale, des touches de couleur est de concourir à établir dans leur plénitude les trois dimensions des volumes.
Ceux-ci s'étagent par graduations successives qui vont des tonalités froides des ombres jusqu'au tons chauds des lumières.
Cette progression des tons froids aux chauds est ce qu'il y a de plus personnel dans l'oeuvre de Cézanne ; c'est grâce à cette technique qu'il est parvenu à faire de l'impressionnisme (comme il le disait lui-même) "quelque chose de solide comme l'art des musées".
Aucun artiste aujourd'hui ne peut peindre par plans distincts qui s'élévent des tons froids aux tons chauds sans se voir accuser de "faire du Cézanne".
Nous sommes vraiment là en face d'une découverte originale.


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Marquons brièvement et à l'aide de quelques exemples combien l'influence de Cézanne a été étendue et variée.
Les dures luttes du "pauvre petit" Cézanne ont eu pour résultat que le monde tout entier de l'art et de l'architecture modernes s'est mis à la recherche de formes nouvelles et plus vivantes.
Ses contemporains, Van Gogh et Gauguin ont repris "sa petite sensation", c'est-à- dire la gradation par plans colorés et se la sont assimilée de manières diverses.
Ainsi les plans colorés (et je vous le montrerai dans le prochain article) de Van Gogh étaient traités dans une pâte épaisse et marqués de coups de pinceaux si nets que son oeuvre pose à la peinture moderne un problème nouveau; celui de la contexture, c'est-à-dire de la représentation de la surface de l'objet peint.
Le plus souvent, Van Gogh modèle moins que Cézanne en jeux d'ombre et de lumière, il est donc logique en employant ce que nous conviendrons d'appeller une contexture à trois dimensions (entendant par là une contexture qui, sans modelé en ombre et en lumière, épouse et développe la forme).
Gauguin, lui, procède par larges masses décoratives où le relief n'est obtenu que par une succession de plans colorés.
(Il est assez amusant de constater que Cézanne ne pouvait supporter la peinture de Gauguin parce qu'il la trouvait trop plate.
Comme il réalisait mal l'importance des éléments décoratifs de son propre style !)"
                                                                               Erle Loran

La National Gallery

Ce ne sont pas des bains dans les fontaines de Trafalgar Square auxquels je vous convie mais plutôt des bains de foule où il est difficile de se frayer un chemin..

 comme il me sera difficile de me frayer un chemin au travers des salles où s'extasier devant des toiles célébrissimes, demande une volonté de s'affirmer sans faille.











Plutôt que de vous faire passer d'une toile à l'autre, je préfère n'étudier qu'un tableau ou deux, à la fois, en donnant le commentaire à un spécialiste.
 Puis, peut-être, une nouvelle plongée dans les rues londoniennes, en guise de récréation, pour ceux pour qui les toiles de maîtres ne sont pas une panacée.

 C'est avec un immense plaisir que j'ai pu contempler "Les  Baigneurs à Asnières" de  Georges Seurat.
Pourquoi commencer par celui-là ? parce que j'ai aimé les têtes tournées de visiteurs qui s'intégraient parfaitement à la toile.



 le critique d'art Pierre Marois nous dit en parlant de Clauce Monet : 

" Pour dominer le monstre impressionniste, il ne fallait pas moins que ce jeune Seurat qui ressemblait, dit-on, au Saint Georges de Donatello et qui devait mourir à trente ans.
Prenant une voie plus périlleuse que celle de Cézanne, il choisit de combattre son adversaire avec ses propres armes.
Cela semblait d'abord une gageure de vouloir traiter scientifiquement la couleur qui, depuis la Renaissance, avait représenté dans la peinture l'élément inspiré et qui se prête mal à une discipline.
Il jugea que les impressionnistes n'avaient obtenu qu'un à peu près  dans la représentation de la lumière.
Couleur pure ; touche divisée.
Il voulut la couleur la plus pure, la touche plus divisée encore.
Ce que les impressionnistes avaient obtenu par instinct, il voulut l'atteindre par la réflexion.
Comme le jeune Valéry, il était "affecté du mal aigu de la précision".
Il pouvait s'appuyer sur les découvertes de Chevreul que Delacroix avait en vain tenté de rencontrer et il était persuadé"de la nécessité et de la suffisance de la science et de la chimie dans l'art".
"Ils voient de la poésie dans ce que je fais, disait-il. Non, j'applique ma méthode et c'est tout."
Cette méthode, il l'a résumée en quelques phrases qui ont la sécheresse d'un théorème.
Il distingue dans le tableau ce qui forme sa luminosité, sa coloration et sa composition : le ton, la teinte et la ligne.
Dans chacun de ces éléments, il cherche la loi des contrastes et la loi des similitudes.
"L'harmonie, dit-il, c'est l'analogie des contraires, l'analogie des semblables."
Cette synthèse que Cézanne avait faite des matériaux laissés par l'impressionnisme, Seurat la refait à son tour, mais au lieu de simplifier le monde, de le reconstruire par plans et par volumes comme Cézanne, il n'hésite pas à pousser l'analyse plus loin encore. Sa démarche passionnée fait penser à celle d'Uccello découvrant cette "douce perspective" qui lui faisait perdre le sommeil......................................................................................."
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Belle introduction pour un Cézanne à venir.

mercredi 31 août 2016

Cartes postales

 Autour de la Tamise, soirée estivale avant que bientôt ne se lève la lune et que le Tower Bridge ne prenne des couleurs pastel.
 Cartes postales, elles arrivent toujours après que vous soyiez rentrés et... sans timbres... 

Des reflets aussi.

 C'est l'heure de sortir.

Vous ne pouvez échapper au  bourdon, grave, calmement scandé,   de la Big Ben.




http://www.parliament.uk/bigben






















Du pont de Westminster vue sur la Tamise

                            le soleil ne va pas tarder à se coucher
        
                              cette fois-ci, le reflet est le bienvenu !...


                              Bientôt ce quai brillera de mille feux et les 310 mètres de la"Shard "s'illumineront.

                         Les bords de fleuves sont toujours magiques.

            le pont est bien droit mais la Shard a un petit air de Tour de Pise.

  
                         dans le lointain le "London Eye" s'est aussi teinté de rose.

 et enfin ..le Tower Bridge, mauve,   couleur de bonbon anglais.

 

vendredi 26 août 2016

Sous la coupole du British Museum




http://www.lesechos.fr/07/12/2000/LesEchos/18295-146-ECH_norman-foster-met-la-grande-cour-du-british-museum-sous-cloche.htm

si vous lisez l'article ci-dessus.... un peu de France !!

 En tout cas de quoi respirer sinon s'aérer après un parcours qui ne donne pas le vertige mais à réfléchir.............. tant d'oeuvres représentatives du génie humain, de ce que l'homme a fait de mieux, avec les moyens de leur époque au sein de multiples civilisations.
Appropriations ou sauvegardes ? le débat est ouvert.

J'ai en tout cas remarqué une foule plus dense dans les salles "Egyptiennes", à tel point que je n'ai pu rester dans certaines d'entre elles.



















Il faut bien cette hauteur pour abriter ces deux totems..





une invite à passer sur le continent Sud-Américain, avec les Aztèques et les Mayas..
Une civilisation qui n'est pas ma favorite.. mais tous les goûts sont dans la nature !!


          Après la lumière bleutée de la coupole, on replonge dans l'obscurité.
                                                                   Pour admirer quelques beaux Jades.


                                Serpent Aztèque A D 1300.1521







Pour la semaine prochaine une petite transition dans Londres et une nouvelle plongée dans l'art, peut-être un retour sur mes préférences...

jeudi 25 août 2016

les mosaîques du British Museum

 Je suis restée bouche bée, clouée sur place quand, suspendues dans un escalier, j'ai buté sur des mosaïques d'une finesse époustouflante.
Mais le programme est si chargé qu'il n'est guère possible de s'y attarder; sept millions d'objet à découvrir en une seule journée  !!
 Hormis à Tarragone, peut-être, toutes celles admirées en Espagne n'avaient pas cette finesse d'éxécution, peut-être en Arles ?
 D'où venaient-elles ?  Carthage et l'Utique.
                                            sur le thème de la mer
                                            ou de la chasse

suite, Quelques objets remarquables au British Museum

Objets remarquables et remarqués au long de ce long parcours ; soit pour leur technique  ou leur rareté ou tout simplement parce que leur matière m'est particulièrement familière, verre soufflé ou poteries.

La technique du camée appliquée à la verrerie souligne une maîtrise, jamais égalée et nous en avons sous les yeux deux exemples.

 en vous demandant l'indulgence pour les photos toujours prises "à la va vite" (temps libres entre deux vagues de visiteurs ou en évitant les reflets des vitrines)






































Faisant suite à l'article précédent  :

Ce magnifique bronze (photo malheureusement altérée par des reflets :
faisait partie d'une statue en pied découverte au centre de  Chypre à Politiko datée de 450 BC (before Christ) l'on en a pas suffisament  apprécié la valeur., malmenée, dépecée......
 Appellée "Chatsworth Head" pour avoir un temps résidé dans le Derbyshire !!!

https://en.wikipedia.org/wiki/Chatsworth_Head
                              même Sophocle a souffert de mes reflets