Voilà bien un sujet qui n'intéresse guère.
On veut bien jouer à mettre une bougie dans la citrouille ou se recouvrir d'un drap pour jouer au fantôme mais imaginer le retour"en vrai" des ancêtres paraît plutôt glaçant.
Et pourtant, les anciens faisaient bon ménage avec ces coutumes.
il y a des brodeuses dans la maison
ou même cette boite de ma confection, où j'ai intégré les petits personnages dans un paysage Pyrénéen.
Cette introduction un peu ludique, est destinée à banaliser le texte, un peu inquiétant pour les enfants.
"On honore les morts de la maison qui reviennent pour une nuit parmi les vivants, en les nourrissant et en les réchauffant.
Dans le Haut Nistos, Jeanne Pène (née en 1909) a laissé jusqu'en 1982, sur deux assiettes posées devant le foyer :
"des noix, des châtaignes et même du fromage. On l'a toujours fait, pauvre."
Et si Jeanne ne dépose plus son offrande depuis 1982, ce n'est pas pour des raisons métaphysiques :
"Les souris m'y foutent la pagaille. Alors je le fais plus"
Jeanne ajoute vite, pour montrer qu'elle se comporte tout de même comme il convient:
"Et dans la cheminée j'y mets le souquet, qu'il brûle toute la nuit"
Les morts qui reviennent ne sont plus morts.
Il est bon de les réchauffer comme on le ferait pour les vivants.
La tradition est encore vivante chez bon nombre des plus de 70 ans.
Dans le Nistos, Léontine, née en 1905 explique comment:
"Y en a qui y croyaient, eh, aux esprits des morts, ça je l'ai entendu et j'ai connu un bonhomme qui y croyait.
Il fallait laisser le soir de Toussaint deux tisons allumés, dus tisons alugats
(deux tisons allumés). Pour qu'ils viennent se chauffer! Botaon dus tisons que's punen e que s'amortashen cap. (Ils mettaient deux tisons qui s'embrassent et qui ne s'éteignent pas).
Dans le Haut-Job, de même Maria (née en 1900) affirme, désireuse de convaincre, que son père, "il y croyait'. (au retour des âmes des morts pour la Toussaint).Et elle enchaîne avec des recommandations vigoureuses, qui montrent qu'elle y croit tout autant:
"Que cau dishar dus tisons alugats, cogar-les amb un tinhà de cendres per dessus,'ta quan vendran, se han hereth que's poiran cauhar, eths morts que siran a casa". ( Il faut laisser deux tisons allumés, les couver avec un tas de cendres pardessus, de telle façon que lorsqu'ils viendront s'ils ont froid, ils pourront se chauffer, les morts qui seront à la maison).
Le témoignage de Maria est aussi un de ceux qui montrent comment le premier Novembre est le jour du nécessaire repli sur l'aire domestique; il convient visiter la maison.
Ainsi la veille de Toussaint, sa mère refusait à Maria l'autorisation de sortir pour aller veiller dans une maison amie:
"Ma maï disio que cau demorar a casa"
(Ma mère disait qu'il faut rester à la maison )
Ici, c'est une joyeuse pagaille dans les produits de beauté et de maquillage, pour les déguisements.