lundi 20 juillet 2015

autre style

  Greg Poole

                               "Mon séjour dans les Ecrins au mois de mai 1996 fut l'un des grands moments de l'année. Ce fut une occasion formidable de travailler avec la nature et des passionnés d'art du monde entier.
Le moment fort du séjour fut pour moi la première rencontre avec un tétras-lyre.
Partir avec l'un des gardes du parc bien avant le lever du jour, marcher à son pas régulier, gravir une pente très raide couverte de bouleaux ornés de fraîches feuilles vertes...
Les premières lueurs du jour pointèrent au moment où nous atteignîmes la lisière des arbres et entendîmes les premiers bruissements d'ailes et roucoulements des tetras-lyres dans le lointain.
J'étais d'ores et déjà persuadé que nous allions vivre un grand moment.
Les pentes herbeuses foisonnaient de fleurs de coucou, de pensées et de gentianes. Sur les sommets subsistaient ça et là quelques traces irrégulières de neige.
Le soleil descendait progressivement la pente, changeant la froideur des mauves et des bleus en une chaude couleur jaune.
Et, acteurs principaux de la scène, autour desquels toutes ces choses se rattachaient, les tétras-lyres déployaient soudain leur queues, laissant apparaître un ventre blanc sous les plumes, se poursuivaient précipitamment en se dandinant, effectuaient de brefs envols en dévoilant des éclats de blanc sous leurs ailes.


Toute cette chorégraphie était accompagnée de cris incessants.
Pendant environ trois heures je passais de la position couchée, essayant péniblement de distinguer leur forme dans le télescope, entrant presque en transe tandis que j'étais à demi conscient de tous ces autres éléments qui constituaient la scène, à la position assise, pour faire, dans l'excitation du moment, de rapides esquisses des oiseaux.
Les dessins n'étaient alors presque qu'une justification de ma présence comme témoin de cette aurore.
Quelle merveilleuse journée..."
                                                                 Les chèvres au Rif du Sap              Acrylique en atelier d'après croquis

Parade de tétras-lyres (Valgaudemar) . 

Acrylique : Oeuvre d'atelier d'après  croquis.




Né à Bristol, Greg Poole obtient une licence en zoologie à l'University College de Cardiff.
Il débute sa vie professionnelle par une activité de protection et de conservation de la nature sur le terrain, dans l'Avon et sur l'île de Bardsey en Galles du Nord et en Ontario au Canada.
Puis, après une période passée à étudier l'aquarelle et à enseigner l'anglais en Espagne, il retourne à Bardsey pour se consacrer pendant six mois, sans interruption, à la réalisation d'esquisses sur le terrain.
En 1990 il choisit de s'installer comme artiste indépendant dans le Bedfordshire.
Il s'en suit un certain nombre de missions pour la Royal Society  for Protection of Birds. Puis en 1991, il est élu membre de la Society of Wildlife Artists. (SWLA).
En 1993 à l'exposition de la SWLA, il remporta non seulement la récompense artistique Natural World mais il reçut également un prix spécial de l'International Artists for Nature Foundation.

Greg Poole s'intéresse désormais aux opportunités offertes, sur le plan créatif, par la sérigraphie, la gravure sur bois et les sculptures en polystyrène ainsi que les techniques du collage et de peinture utilisées pour de précédentes cartes de la RSPB, des couvertures de documents et des illustrations.



Je suis très surprise, agréablement ... par cette oeuvre d'atelier, linogravure et sérigraphie. Chamois et bouleaux très "Art Nouveau".

dimanche 19 juillet 2015

Nouvelle escale à Carcassonne

Mes lecteurs ont beaucoup aimé les articles sur  ces beaux endroits que sont Carcassonne et le Canal du Midi,  vous vous doutez bien que dans la mise en page d'un article, je ne vous envoie qu'un choix parmi mes photos......
 alors un petit supplément qui compensera une assez longue absence, mais j'espère vous ramener de belles choses.... ?

 Il en rêvait de cette fontaine mais il était attaché dans la rue Trivalle  !!









Fontaine de Neptune: marbre de Carrare et rouge de Caunes
sculptée par Barata en 1771











Difficile de se frayer un chemin dans cette rue Trivalle, terrasses de café bondées et le Pont Vieux de la Barbacane surchargé, slaloms entre individus de toutes corpulences... âges, nationalités et parfois coups de coude ou d'épaules, cela devait être aussi joyeux du temps de Gualdo,






Dans les jardins de La Barbacane qui offraient quelque fraîcheur aux groupes qui avaient déployé pique-nique et jeux de cartes, les albizias essayaient de rivaliser déjà avec le feu d'artifice du soir.


Mais juste quelques coups de pédale pour retrouver la fraîcheur et le calme du canal et de l'auberge de l'écluse, tu as aimé, Annette, l'art de vivre à la française mais le vin blanc peut passer au rouge !!! histoire de reflet !!!

 Pour rester dans les mêmes tonalités, lauriers rouges et roses, somptueux cette année, ils aiment la chaleur, altéas blancs ou rouges






Mais il m'en reste encore"sous la pédale" et si j'ai fini à temps le livre  des artistes des Ecrins, j'y reviendrai.





autre personnalité

                             Aquarelle de terrain. Hirondelles des rochers dans le Rabioux
             un jour de pluie (Embrunais)

            "Fasciné par l'histoire naturelle, je suis un artiste profondément interessé par l'observation et l'interprétation du paysage.
Je trouve de plus en plus difficile de séparer les croquis de l'oeuvre dite "achevée", tant il est vrai que le face-à face avec la nature est presque impossible à reconstituer à partir d'un processus intellectuel.
Après une heure de promenade durant laquelle j'ai observé la lumière, le paysage, la faune, la flore, je déballe mon "atelier" et commence à travailler.
Parfois il peut s'agir d'une série de croquis rapides, d'autres fois le paysage exige plus de temps et de moyens.
Mais quelle que soit l'approche, mon travail cherche à communiquer mon enthousiasme pour la nature et à traduire une communion avec le milieu naturel.
 Ici, chaque vallée est bien différente de sa voisine.
Deux sites sont particulièrement présents dans ma mémoire : la Vallée du Couleau et celle de Gioberney.
Dans la vallée du Couleau, j'ai été particulièrement inspiré par la façon dont les hauteurs montagneuses pouvaient être vues, principalement à travers un voile changeant d'arbres. Mais c'est la région du Gioberney qui m'a offert les paysages les plus saisissants. L'âpreté des accidents de terrain donne l'impression que la nature vient juste d'achever sa création.
D'énormes éboulis, avec des gros blocs gros comme des maisons, gisent, étalés sur la mousse des talus.
Là une avancée d'arbres à la limite d'une ligne forestière uniformément arquée par le poids des chutes annuelles de neige.
Et, mélés à tout cela, des chamois et des marmottes, des faucons crécerelles, des oiseaux plongeant dans les eaux des torrents et des éperviers surgissant du milieu d'un bois."

                                                                                         Bruce Pearson 


 Aquarelle de terrain . Mémoire d'avalanche, à la limite des arbres à Gioberney (Valgaudemar)

Serge Nicolle


Aquarelle d'après croquis.  Mésanges boréales


 J'oserai dire "le grand spécialiste des oiseaux". Clermontois, nature et peinture sont ces deux passions, il cherche à à conjuguer la traduction de ses émotions et une documentation hors pair, plumages, attitudes, comportements.
Voyageur international, ses publications ne se comptent plus.
 En 1996 date de son séjour d'artistes aux Ecrins il avait déjà publié:

Guide des Oiseaux de Camargue
Les Pies-grièches d'Europe
Où voir les oiseaux en France
Carnets d'un naturaliste en Camargue
Inventaire de la faune de France
 Oiseaux de Guyane
Atlas des oiseaux de France en hiver
Atlas des oiseaux nicheurs de France
Les oiseaux du Parc national de la Vanoise
 autres CDI et Cédéroms, etc

                  Aquarelle d'après croquis. Lagopède muant (Valgaudemar)

             " Un de mes meilleurs souvenirs reste cette journée passée dans le Valgaudemar où nous avons accompagné deux gardes pour participer au comptage des tetras-lyres.
Après une ascension bien rude pour des gens de la plaine sans entrainement comme nous, le lever du jour nous offre le spectacle d'un mâle de tetras-lyre paradant sur une pente.
Plus loin un autre oiseau lui répond.
 Doucement, le soleil répand des reflets bleus sur leurs plumages gonflés tandis que les oiseaux prennent une série de poses bien particulières.
Je passe la matinée à croquer et à peindre ce spectacle exceptionnel.
Après un repas dans ce paysage superbe, nous quittons les gardes pour monter jusqu'à la bergerie de La Lavine où nous passerons la nuit.
Le lendemain matin, la première vision matinale m'offre un coq de tétras qui parade sur la neige.
La journée commence bien!
Elle se poursuivra de la même façon et me donnera l'occasion de peindre une marmotte se chauffant au premier soleil du printemps devant son trou, un pipit spioncelle parcourant gravement une plaque de neige à la recherche de menues proies, un merle à plastron chantant sur un arbuste, des crocus et des soldanelles surgissant à travers la neige."

vendredi 17 juillet 2015

Retour aux Ecrins

et pas pour y retrouver de la fraîcheur, les orages d'hier après midi  se sont chargés de faire baisser la température...
je termine ce que j'ai commencé:

                                       Tsunehiko Kuwabara

                  " Tétras-lyre noyé dans l'alpage vert émeraude, mère bouquetin fière de son petit sachant à peine marcher, aigle royal sur une falaise, autant d'animaux que j'ai pu dessiner grâce aux gardes du Parc national des Ecrins.
J'ai aussi pu capter, sur mon carnet de randonneur solitaire, deux belettes en parade, le loir croquant une noix, le circaëte Jean-le-Blanc en patrouille sur une pente rocheuse...."

Il pratique donc la technique de la cire perdue. Bronzes intégralement réalisés d'après ses croquis de terrain:

Formé à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, il suit des cours de fonte de bronze à l'atelier de Marc Lortal puis des cours de sculpture à l'atelier de Paul Flury.
Membre de l'ANF et participant de nombreux colloques ou Festivals ornithologiques, Biennales, salons et rencontres.

                                   Serge Lombard prend logiquement sa suite dans ce recueil,
puisqu'après s'être initié à la sculpture sur bois puis sur pierre "douces ou "fermes" il s'initie à la technique de la cire perdue et la fonte du bronze.
Ses premiers métiers d'ouvrier forestier, accompagnateur en moyenne montagne, moniteur de ski de fond, l'ont habitué au contact avec la nature.

 Ce qui fait qu'il nous livre ses impressions avec beaucoup de poésie:

                                                                               Tetras-lyre. Marbre noir
            
                     " Artistes en résidence" relevait pour moi un peu de la Villa Médicis, version naturaliste.
Foin de latitude émoliente, de stridulations chaudes dans l'air dilaté des pins des collines de Rome ! j'appareillai pour le Vénéon, engagé sur le pont d'une perception dépouillée de tout moelleux édulcorant, de tout fondant champêtre, de quelque onctueux bucolique, et avec un équipage de talent!
Approche du monde aiguisée par le rabot de l'air, le soc des surplombs, le chahut des eaux.
Le temps pluvieux s'embourbait sur les cimes dans une houle lumineuse sombrant contre les récifs des névés .
Ils étaient là-haut, sous les voiles de l'horizon, nimbés de mystère.
Celui que je commence à sculpter a des premiers pas sommaires, aux éclats rêches, drus, anguleux, noyé dans une poussière sourde à toute peine.
Je sens sourdre le travail noir des paysans qui montèrent les murettes, qui taillèrent les routes, s'engouffrèrent dans les mines.
Labeurs aussi lourds que le dôme grenu des moraines et leur grève assoupie comme des pachydermes gris.

                                                                      Levrauts. Schiste

La massette et la broche de mes bagages sembles si frêles, si vains, si éphémères au creux du grandiose!
Valgaudemar où la quille de l'espace va jusqu'à s'échouer sous la morsure bleue de la chair des crevasses qui enfoncent leurs coins dans la blancheur ronde.
A l'aube, j'ai vu les ardoises liquides des joutes, et à l'unisson des jumelles hallucinées, l'écarlate vermillon des caroncules!
Le sacre noir des lyres dans les mains froides des vernis; les petits coqs paradent!... 
Les rémiges cintrées fauchent ce qu'il reste de premier printemps dans ce ballet anthracite poussé au rouge vif.
Le garde qui nous avait amené là avait l'amitié franche du coutre de l'araire, solaire comme une charpente souple contre l'haleine de glace s'ébrouant en écharpe ravageuse.
Se retirer d'ici haut sans casser la cascade d'ambiances irrépressibles comme le voile de la mariée.... pas facile!
Et moi, si ému, si petit avec mes copaux d'instants chapardés au fuselage de la genèse!"  

Eh bé ! comme on dit dit ici,  quand je saurai aussi bien exprimer mes sentiments devant une nature qui, à moi, me coupe la parole et le souffle !!!!!






jeudi 16 juillet 2015

L'embrasement de la Cité

Au pied de la Cité de Carcassonne pour ce 14 juillet, je ne pouvais m'empêcher de penser aux Trencavel, d'autant plus qu'une de mes premières entreprises de rédaction fut l'épopée du jeune Trencavel dans le livre "Montségur" d'Arthur Caussou: je passais à l'époque une heure avec lui tous les soirs.

https://books.google.fr/books?id=KIpRUsBM5EcC&pg=PA86&lpg=PA86&dq=les+trencavel&source=bl&ots=nuZTNLQj18&sig=rSi27Zi3pn2-Jyyn2oUVPdk01sM&hl=fr&sa=X&ved=0CGwQ6AEwDmoVChMIuIbl8uffxgIVAnIUCh3wBw9G#v=onepage&q=les%20trencavel&f=false

Mais ce fameux 14 juillet, aux premières loges chez Guilhem, la Cité est passée de toutes les couleurs, encore grise au lever du soleil,
                                                                         la Barbacane

                                      dorée au couchant







                                   puis éclairée, jaune et bleu nuit





                                      jusqu' au rougeoiement final.



                      Il faut avoir vu cela au moins une fois dans sa vie


Le Canal du Midi





                                   http://whc.unesco.org/fr/list/770

De Carcassonne à l'écluse d'Herminis aller et retour à bicyclette. entre vin et eau
 en attendant le feu du soir!
Solitude ou presque des chemins de halage parfois égayé par le clapotis des péniches
en attendant les foules du soir!

 C'est l'art à la "française"




Il y a plusieurs façons de voyager


















Point de hâte, voyage  paisible et patient car il faut attendre que les niveaux soient atteints pour passer.

 Magnifique réalisation qui force l'admiration !