Toutes les vallées avaient leurs festivités carnavalesques, Aspe, Luz et aux portes de Pau, à Bizanos, que je connais bien pour y avoir marié une de mes filles. J'ai toutefois pris la peine de ne pas parler tout-à- fait à l'imparfait.
Il existe encore un carnaval mais qui ne revêt pas les mêmes formes.
Il fallait manger ce jour là des"
broutous" tendres pousses des premiers choux de l'année.
Le dimanche, un jeune homme symbolisant le printemps traversait le village monté sur un cheval blanc et vêtu d'une chemise, d'un pantalon blanc, d'une ceinture rouge, des rubans flottant autour de son cou.
Le mercredi des cendres les jeunes gens travestis, postiches, pompons, tabliers et jupons, enlevaient Carnaval et le faisaient brûler.
Quand les flammes du bûcher diminuaient les sauts commençaient au travers du bûcher:
"Et jusqu'aux dernières braises, les corps volaient et se croisaient, riant de toutes leurs faces noires, à la clarté déclinante du feu".
Anne Saffores, Vallée d'Aspe, Pau, 1969
Je ne vous parlerais pas mieux des mascarades souletines, itinérantes..
http://www.euskomedia.org/PDFAnlt/riev/08/08368385.pdf
https://www.youtube.com/watch?v=X3f-jW_eCeo
et en Pays de Luchon:
http://garae.fr/Folklore/R52_190_191_ETE_1983.pdf
La restitution de la "ronde" dans ce texte de Serge Brunet est un document qu'Isaure considère comme un document de référence qui permet d'évaluer comparativement la situation dans les autres unités du Haut-Comminges et du Couserans.
Elle cite:
"Une différence avec le Larboust contemporain, étudié par Serge Brunet, apparaît dans les témoignages que j'ai recueillis dans les autres vallées des Pyrénées gasconnes, sur le thème du carnaval:"la ronde" quand elle y a existé, a perdu son nom. Le terme générique a disparu pour être remplacé par une paraphrase descriptive:
"On allait galoper là où il y avait des filles" ou "les Masques venaient taper à la porte".(Notons que le terme de "masque" désigne à la fois l'objet et celui qui le porte).
Les récits limitent les visites nocturnes à la joyeuse galopade de huit, neuf, une douzaine de jeunes gens, dans un hameau, ou allant d'un village à l'autre, passant dans les maisons où il y avait des filles à embrasser:
"On s'habillait en masqué pour aller voir ces demoiselles" dit Blaise Dupac né en 1895.............................................................................................."
Dans l'Ourse de Sost, Marius, né en 1900 et Marie, née en 1910 soulignent qu'il n'était pas de mise que les filles se déguisent. Mais à Melles, Marthe Sanson et Suzanne Cesplan 1914 et 1920 de même qu'en Bethmale, dans le Biros, les Pyrénéennes se déguisant en hommes ont investi le Carnaval.
" Pendant ces jours de basculement dans tous les sens du terme, on envoie aussi bien cul par-dessus tête les individus que les institutions. Et on transgressait les interdits, avec allégresse.
"les filles, elles mettaient des pantalons qu'on ne reconnaisse pas que... Seulement y en a , comme elles avaient de jolis seins, ils allaient taper pour savoir si c'était ... eh...(Jean Dat né en 1900). Marie Françoise, son épouse (Bausen haut Aran) chez moi les hommes qui se déguisaient en fille mettaient une poignée de regain et ça faisait les seins !!
Mais dans le Nistos, Jeanne Pène née en 1909, finaude, donne le truc pour distinguer les garçons des filles:
"c'était facile de les distinguer, pour les Masques, vous n'aviez qu'à prendre une pomme, vous la jetiez sur les genoux, le garçon serrait les genoux tandis qu'une fille les écartait: eh tè ! l'habitude de porter un tablier ! Alors c'était vendu !!