samedi 24 janvier 2015

Le bras volé

Je vais avoir beaucoup à vous conter sur Sainte-Engrace où je me trouvais une autre  fois, en 2009.
La famille avait entrepris la traversée des Pyrénées d'Ouest en Est, ma mission étant de les déposer au départ d'une étape et de les récupérer à l'arrivée de  celle-ci. (20 km environ) Libre à moi de disposer de cette position pour diverses découvertes.
Ou bien raviver mes souvenirs  d'autres "expéditions", plus anciennes, dont le Rallye des Cimes.
Bref, région splendide où règnent les merveilles dont je vous ai déjà parlé et que Martel considérait comme les plus fantastiques des Pyrénées (revoir l'article sur la Pierre St Martin), à savoir, les gorges de Kakoueta, la crevasse d'Holçarté, les gorges d'Ujuaré.

                                                                         Photos Isarde

 François Duhoureau nous en donne dans son livre "Béarn, Pays Basque et Côte d'Argent" en 1943, une description très poétique:

   "Il y fait vert comme une émeraude en demi-teinte, froid comme dans un sépulcre.
Aux parois démesurées, des fougères géantes, des mousses hypertrophiées se souviennent des temps quaternaires..
Dans ce décor vertigineux pour légende nordique, on retrouve à chaque pas l'angoisse des premiers hommes, pénétrant les entrailles froides de la montagne.
C'est le domaine de l'horreur sacrée, qu'emplit le bruissement inouï des eaux souterraines et sans âge".

Ce pays est dangereux et l'homme qui attend son ennemi peut lui régler son compte sans laisser de traces. Un autre auteur plus ancien, Oyhenart dans "Noticia utriusque Vasciniae," en 1638 raconte que les gens de Roncal et d'Isaba avaient capturé le "hegoa" vent du Sud, puis enfermé dans une outre géante pour priver la vallée ennemie de ses souffles tièdes et  laisser ainsi se geler les gens de la Soule.  Mais, grâce au ciel, l'aubergiste d'Erroizu, compatissant, perça l'outre d'un coup de couteau.

 Ce même Oyhenart raconte l'histoire de l'oiseau d'Orhy.
Ce pic d'Orhy passait pour un rendez-vous de sabbat,( nous n'avons pas encore abordé cette facette des légendes pyrénéennes, qui me paraissent extravagantes)

    "Jadis, au temps où les oiseaux parlaient, un oiseau en hyver estant tout gelé de froid aborda un nid .Et l'ayant trouvé occupé par un autre oiseau, désireux de l'en faire sortir, il luy voulut persuader que "le soleil estoit bien chaud en la montagne d'Orhy".
Mais l'autre connaissant le fourbe luy répartit qu'il ne faisoit que d'en venir et qu'il savoit bien quel temps il y faisoit";  d'où le dicton:
"l'oiseau d'Orhy reste à Orhy"


suite, demain....



vendredi 23 janvier 2015

Ce qu'a fait le Mariole

Nous voilà partis pour les guerres Napoléoniennes et pourquoi? on ne quitte pourtant pas les Pyrénées puisque ce Mariole, "qui a fait le mariole" selon l'expression consacrée, est originaire de Campan.

http://www.grand-tourmalet.com/fr/il4-station_p57-la-vallee-de-campan.aspx

Voilà l'histoire de" l'Indomptable" un soldat de l'an II, immortalisé sur le tableau de David, Gaye-Mariole est reconnaissable au tablier de cuir des sapeurs et à sa longue barbe brune. (dernier à droite).

                       La Distributions des Aigles, au Champ de Mars.                                                         Jacques-Louis David

La Distribution est une reprise des coutumes des légions impériales romaines. L’Empereur remet ici le nouveau drapeau qui porte le symbole de l’empire aux chefs de la légion. Cette remise des drapeaux est accompagnée d’un serment de fidélité des chefs à l’Empereur.

 Je préfère dorénavant lire l'article et en faire la synthèse.

Il est donc né dans le hameau de la Séoube le  27 décembre1767.
Grand Pyrénéen de 2mètres 10, il est nommé tambour-major  du 2éme bataillon des Hautes Pyrénées où il s'était enrôlé en 1792. Brave combattant de la guerre sur les frontières d'Espagne puis en Italie, le 26 nivôse,(mes lecteurs à l'étranger se demanderont sans doute ce qu'est nivôse, c'est le calendrier républicain qui n'est plus en cours)

 .wikipedia.org/wiki/Calendrier_républicain

... le 26 nivôse, au combat d'Anguiarion, un coup de feu lui traverse les deux cuisses,  mais au grand étonnement de ses chirurgiens, il en réchappe et son général lui offre, en récompense de sa bravoure, la carabine que l'on peut  voir sur son épaule, sur le tableau de David.
Admis en 1800 dans le corps d'élite des grenadiers de la Garde Impériale, il reçoit le 15 pluviôse, an XIII, de la propre main de Napoléon, la légion d'honneur, qui lui dit:
"Voici pour l'Indomptable".
Au traité de Tilsitt, Mariole montait la garde sur le radeau au milieu du Niemen où les empereurs devaient se rencontrer. A quelques pas de lui se trouvait une pièce de 4 le plus petit des canons de campagne, l'Empereur s'approche, le reconnait, Mariole présente les armes, mais avec le tube du canon, après avoir posé sa carabine.
" Ah! je sais ton nom, et en lui tirant l'oreille, tu t'appelles l'Indomptable ! Et que vas-tu faire pour saluer "l'autre" tout à l'heure?
"Sire, je vais reprendre ma carabine. C'est assez bon pour lui."
L'Empereur content du geste lui fait remettre deux mois de solde.
C'est depuis que dans la Grande Armée "faire le Mariole" voulait dire "faire le pitre".
En ce qui concerne le tablier de sapeur:
"Dès le début du XVIIIè, des petites unités de pionniers, les « porte-haches » dans les compagnies de grenadiers, voient le jour au sein des régiments de l'armée française. Leur mission est alors de monter à l'assaut en tête des autres unités afin de détruire les éventuels obstacles dressés par l'ennemi.
Après une présence plutôt aléatoire sous la Révolution, les pionniers réapparaissent sous le Consulat, coiffés des bonnets à poils des grenadiers mais sans la plaque métallique.
Ces unités sont dissoutes en 1818, puis recréées en 1822.
La Légion étrangère a repris, dès 1831, cette tradition qu'elle perpétue encore de nos jours."


Faim et froid

Le ciel est sombre
Ils gonflent tous leurs plumes
Pour  parer au froid.



                                                  Allées et venues
Sous des flocons parsemés
Hier il faisait beau.


Et ce petit là
Paraissait bien malheureux
Seul, abandonné.
                                                  La concurrence
                                            Entre tous se fait rude
                                               Les gros, les petits...

Il en est un, que je n'ai pas identifié, comme un rouge gorge, mais plus gros, un long bec fin,  le jabot rouge orangé, de plus longues pattes,  peut-être un pinson?..
 Il dérapait sur le rebord mauve glacé du récipient contenant les graines de tournesol, j'en étais très proche, il ne me voyait pas... j'ai beaucoup ri !!! derrière la fenêtre embuée.
Le soleil a percé, pour l'instant, pas de petit nouveau.



jeudi 22 janvier 2015

En lettres de feu et de sang

Tout d'abord merci à Nistosien d'avoir relevé le défi: les deux premières photos sont des couchants, les deux suivantes plus rouges des levants.

Fin de la Grande odyssée:     http://www.grandeodyssee.com/fr/index.html

Ouverture du livre au hasard comme d'habitude, où il est question d'Audou qui n'est autre que Jean-Claude de Lévis, qui, en bon représentant des Huguenots et l'on peut dire 'bras droit" du futur Henry IV, mit la région à feu et à sang contre les catholiques.
J'avais, en son château, présenté une conférence à son sujet, laquelle m'avait demandé plusieurs mois de travail, à mon grand bonheur.



 En y jetant un coup d'oeil, je m'aperçois que j'avais donné une grande place à la montée du protestantisme.
 Un petit extrait va m'amener à vous parler de Sarrance.



En France



Marguerite d'Angoulème

1492-1549

soeur de François Ier, celle qui va devenir Reine de Navarre par son mariage avec Henri II de Navarre, est une fine lettrée, elle est petite nièce de ce grand poète, Charles d'Orléans. Clément Marot disait d'elle « Corps féminin, coeur d'homme et tête d'ange ».

Elle écrit l'Heptaméron, sue le modèle du Décameron.

Elle est suspectée d'hérésie en 1522 avec ses « Commentaires sur les 4 évangiles de Lefévre d'Etaples. En 1523 la Sorbonne (qui jouera aussi un grand rôle pendant les guerres de religion) s'attaque au Cénacle mais le Conseil du Roi permettra aux réformistes d'échapper aux poursuites.

Sur le site ci-joint tout est dit et bien dit, .... et je n'en dirai pas plus ..

http://vppyr.free.fr/pages_transversales/voies_aspe/aspe_pat02_sarrance.php

 On parle de poètes ah! bien! voilà Salluste du Bartas

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/guillaume_de_salluste_du_bartas/a_la_france.html

Je le nomme en fin de ma conférence: Parlant d'Agrippa d'Aubigné:
Je doute qu'il ait goûté les vers de Ronsard, catholique, mais ceux de Guillaume Salluste du Bartas qui a chanté notre belle fontaine de Fontestorbes mais aussi Henry de Navarre assimilé à nos belles montagnes.
Gentilhomme ordinaire d'Henry de Navarre, apôtre de sa foi calviniste, soldat comme Agrippa d'Aubigné, il mourut en soldat  des suites de ses blessures.



Deuxième sonnet des 9 muses des Pyrénées.

Coupeaux(cimes) toujours chenus, miracles qui touchez

les astres de vos fronts, l'enfer de vos racines

Espouvantaux du ciel, Rochers, qui, dans vos mines,

Les forcenez désirs de l'Avare cachez;

Tressaillez de plaisir, vos pointes élochez(ébranlés)

Faites jaillir partout des sources argentines,

Ouvrez vos flancs pierreux, découvrez vos poitrines.

A vos plus chers métaux le triste frain laschez

Invincibles remparts de l'Espagne, des Gaules,

Ainsi que vous voyez blanchir sur vos espaules

Les montagnes qui font plus hautain l'univers:

O sommets escarpez, ainsi ce Roy qui monte

Sur vos dos et de neige et de sapins couverts

Par ses belles vertus tout autre Roy surmonte


mercredi 21 janvier 2015

L'Irrintzina

 et au couchant ? de l'autre côté de la chaîne, au Pays Basque ? 

d'autres traditions, d'autres danses, le fandango et ce cri venu du fond de l'abîme des âges, l'irrintzina.
Pierre Loti, dans Ramuntcho le fait lancer par un contrebandier après le passage de la frontière.
"Un cri s'élève, suraigu, terrifiant; il remplit le vide et s'en va déchirer les lointains...
Il est parti de ces notes très hautes qui n'appartiennent d'ordinaire qu'aux femmes, mais avec quelque chose de rauque et de puissant qui indique plutôt le mâle sauvage.
Il a le mordant de la voix des chacals et il garde quand même quelque chose d'humain qui fait davantage frémir; on attend avec une sorte d'angoisse qu'il finisse et il est long, long; il opresse par son inexplicable longueur...
Il avait commencvé comme un haut bramement d'agonie et voici qu'il s'achève et s'éteint en une sorte de rire, sinistrement burlesque, comme le rire des fous...
Cela ressemble au cri d'appel de certaines tribus Peaux_Rouges dans les forêts des Amériques; la nuit cela donne la notion et l'insondable effroi des temps primitifs".

 https://www.youtube.com/watch?v=QW6R67oWjjw

Mais on l'entend aussi en pays d'Aspe ou d'Ossau les bergers le lancent pour s'appeler et se répondre. Ils le nomment l'arrenilhet, en Ariège c'est le hilhet.
Quand dans les fêtes de Bayonne de SaintSébastien ou de Pampelune, les tlun-tlun, les tambourins accélèrent leur rythme envoûtant, quand les yeux n'arrivent plus à suivre le magique entrelacs des fandangos et des arin-arin, une primitive frénésie balaie la fausse pudeur de notre culture et le cri jaillit, ancestral et authentique.

                                                                        photo Isarde

http://euskadi.net.free.fr/musiq.htm

La danse venue des cyclades

https://www.youtube.com/watch?v=ukhYNgXJ-nY

Puisque nous parlons du Levant, partons à l'est de la chaîne pour évoquer tout d'abord la Fontaine des neuf jets à Céret.
Neuf jets d'eaux  s'échappent de la gueule de neuf dragons dont les queues s'entrelacent.
 Sur le chapiteau du dessous, un groupe de danseurs esquissent un pas de danse, étrange rappel des frises que les poteries grecques des Cyclades et les vases ibériques de Numance reproduisaient un millénaire avant Jésus-Christ.



 Vous en saurez plus sur cet ouvrage, numérisé à Toronto

http://scans.library.utoronto.ca/pdf/1/29/larevuedelartanc36pariuoft/larevuedelartanc36pariuoft.pdf
ou celui-ci:
 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hispa_0007-4640_1913_num_15_4_1835.

Bref... "Jusqu'en 1870 la sardane comprenait une succession de huit mesures de pas courts (curts) et seize mesures de pas longs (llargo).
Elle paraissait calquée sur la division du temps au cours d'un jour d'été, fait de huit heures de nuit pour seize de lumière.
C'est à cette époque qu'un musicien de Figueras, Pep Ventura, libéra la sardane de ce canon rigide, et composa définitivement la cobla, l'orchestre d'accompagnement: le flaviol et son tambour, deux tiples, deux tenores,deux trompeta, deux fiscorn, un tromblon, une contrebasse.

 Je cède la place à la musique!.

http://www.federation-sardaniste.fr/musique.html

http://www.danseurscatalans.fr/historique.html

mardi 20 janvier 2015

Levant ou couchant

                   Levant ou couchant, je vous met au défi de les distinguer

Pour le couchant j'ai précipitamment garé ma voiture...... à droite... sur un petit chemin montant tellement il était somptueux !! je peux brouiller les pistes..
 A l'Ouest rien de nouveau ou à l'Est rien de nouveau?
et que dire de celui-ci?
 Je me régale comme une enfant car, chez moi, je suis privée de l'un comme de l'autre, la montagne me cache le levant et le couchant aussi d'ailleurs, vivement les bords de mer!!

 ou le sommet d'une montagne, aussi..


          un grand classique de Baudelaire:

          Elevation

  Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!