samedi 17 janvier 2015

Auguste et les nymphes

 Encore sur le départ, je vous donne à lire ce texte;  je n'ai plus le temps d'aller chercher les illustrations dans mes dossiers.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rgpso_0035-3221_1938_num_9_2_1097

 Il faudra que je vous ramène de Mourère Pla (le Pla du Maure) alias "ma petite maison dans la prairie", pour ceux qui suivent ce blog... les photos
 des bigerri vesti  qui dorment dans les tiroirs, de même que celle  de mes sabots que je ne chausse plus que très rarement...
 j'aurais du succès dans les rues de Toulouse !!! toujours est-il que...

Ces bigerri vèstès étaient prisées des raffinés de Rome qui aimaient s'en envelopper pendant les soirées fraiches du Latium.
Un camp militaire romain surveillait la vallée de Campan depuis la colline de Pouzac, où Mars Invictus était vénéré; il assurait la tranquillité de la saison thermale chez les Campani et très probablement celle d'Auguste.
Bagnères atteste de son séjour  par cette stèle mesurant 1m37 qui porte l'inscription: NUMINI, AUGUSTI
                            SACRUM
                  SECUNDUS SEMBEDO
                      NIS.FIL.NOMINE
                VICANORUM. AQUEN
                SIUM. ET. SVO POSUIT.
A la divinité d'Auguste, cet autel a été élevé par Secundus fils de Sembedo en son nom et au nom du Vicus Aquensis .
Temps sacré de la Paix Augustinienne  célébrée par Virgile. Avec l'empereur, les nymphes des sources étaient les divinités les plus révérées en Bigorre.
 Deux autels votifs y ont été retrouvés, si l'un des deux a été perdu, le second se trouve au Musée St Raymond de Toulouse.

               NYMPHIS AUG SACRUM

 Mais d'autres dieux avaient leurs autels votifs: Agheion, qui trônait sur le Bassia et BaÏgorrix, le Dieu des fontaines rouges.



La source, Eve et le serpent

Ours, Maures, Mélusine ou Astarté, Romains ou Ibères?  toujours les mêmes interrogations pour choisir ce qui va vous intéresser, tous, des sujets qui  me sont familiers et que j'ai pu maintes fois approfondir.

" Ax-les-Thermes, toute bruissante d'eaux courantes, est bâtie sur une véritable chaudière naturelle; les sources coulent de tous côtés, tellement chaudes, que les ménagères y font leur vaisselle, voire leur lessive.
"Elles se servent de ces eaux sulfureuses pour faire une cusine spéciale, "la soupe au canon" avec une cuillère d'huile et une gousse d'ail au fond d'une soupière remplie de cette eau. On arrose avec des tranches de pain".
La soupe au canon ressemble à l'aygo boulido de Provence, mais elle suppose un estomac blindé, autrement dit un estomac d'Ariégeois"

                                                photos Isarde 2014
Les premiers hommes qui séjournèrent dans cette vallée semblent bien avoir utilisé cette centrale thermique naturelle; les pilotis découverts sous 3 m d'alluvions par l'archéologue Garrigou, vers 1896 remontent probablement à l'age du bronze.
La source Rossignol jaillit à 78°
Celle du Tech est appellée "l'eau bleue" à cause de son extrordinaire teinte azurée.
 Une autre alimente une antique piscine de pierre, le bassin des ladres, construit vers 1200 sur l'ordre de St Louis, pour guérir les croisés revenus lépreux de leur séjour dans les pays d'Orient.
L'établissement du Couloubret tient son nom de la "couloubre", la couleuvre. Ce frileux reptile, qui autrefois hantait la plupart des sources chaudes des Pyrénées, abondait dans celles d'Ax- les -Thermes. Il se glissait dans les tuyauteries et jusque dans les cabines, d'où jaillissaient dans le plus simple appareil des baigneuses hagardes d'épouvante.
Ce pittoresque passé n'est plus: .
Eve ne rencontre plus son tentateur au bain, on a fait les travaux nécessaires."



Je résume l'histoire de Udaut.

On vénère à Ax une victime d'un roi wisigoth; dans la longue histoire des Pyrénées ou de Toulouse, les wisigoths, dont elle était la capitale, furent les seigneurs de ces contrées.
Udaut au IVème siècle demande le baptème à un saint ermite qu'il rencontre un jour de chasse avec une biche dans les bras; parti d'Italie évangéliser les Huns et les Ostrogoths, il subit le supplice du "Knout". Je suppose qu'il voulut se retirer au plus loin, nous le retrouvons à Ax pendant sept années mais Valamir l'y retrouve aussi, et aux portes d'Ax l'enferme dans un tonneau rempli de clous et le jette du haut d'un monticule.
 Les habitants de Ripoll où le corps du saint avait été transporté en 978 fustigent ceux d'Ax.
 Poble d'Ax, poble foll
Qu'a matat lo sant de Ripoll
(Peuple d'Ax, peuple fou
Qui a tué le saint de Ripoll)

vendredi 16 janvier 2015

Au bord du suicide collectif, suite

 Je n'ai pas le coeur à vous conter dans le détail les atrocités partagées autour des points d'eau pour désaltérer les troupeaux, à la Pierre St Martin; ils me rappellent quelques coutumes du désert...

 http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Anso.jpg#mediaviewer/File:Anso.jpg

..".Une guerre implacable se poursuivit durant des années. Les troupeaux livrés à eux-mémes étaient décimés par les ours; les villages perdaient leurs hommes dans des combats sauvages.
Malgré l'intervention du seigneur de Béarn, Gaston II, et du roi de Navarre Charles II, qui avait convoqué à Anso les évêques d'Oloron, de Bayonne, de Jaca et de Pampelune, les pouparlers échouèrent. La sanglante bataille d'Aguincea amena la mort du chef des Barétounais et leur déroute. Mais au moment où les Roncalais allaient se jeter sur les Français pour une"solution finale", un saint homme, le curé du village d'Aramits, put les arrêter et engager les négociations: il fut écouté sans peine; les deux vallées étaient lasses du sang et de cette lutte, qui les avaient menées au bord du suicide collectif.



Le tribunal des souverains et des évêques se réunit une seconde fois à Anso: et toute l'éloquence des délégués du Barétous n'empêcha pas la sentence de leur être défavorable. Rendue le 13 octobre 1375, elle condamnait la vallée Barétous "à payer et à livrer annuelleent, et à perpétuité, à la vallée de Roncal, trois vaches génisses de l'âge de deux ans, sans tâche, ni macule, laquelle délivrance sera faite, chaque année, le quatrième jour après la fête des Sept- Frères (13 juillet) à la Pierre- Saint -Martin."
En 1389 et en 1856, cette sentence fut reprise pour régler ce qui avait été à l'origine du conflit, cette affaire"d'herbes et eaux" (yerbas y aguas).
A partir du 10 juillet et pendant une période de 28 jours, les bergers du Barétous pouvaient faire pacager leurs troupeaux sur certains pâturages du territoire espagnol et abreuver leurs bêtes aux fontaines qui s'y trouvent.
Cette cérémonie ne fut interrompue que deux fois au cours des siècles: en 1794 au fort de l'offensive des troupes républicaines, et en 1944, à la fin de l'occupation allemande."

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Urzainqui_rio.jpg#mediaviewer/File:Urzainqui_rio.jpg

sortie montagne

http://www.grandeodyssee.com/fr/index.html

Tout d'abord des nouvelles de la Grande Odyssée.

Les problèmes de neige dans les Alpes se retrouvent aussi dans cette partie des Pyrénées, à 1847 mètres, hier, face aux pentes Sud du St Barthélémy..



Sortie tout terrain avec Thibault, petit blizzard assez pelard au départ, malgré le soleil,



 puis à l'abri dans les sapins,



 belles échappées vers le St Barth,



 ou bien, plus au sud vers la Crète des Calmettes



une sortie comme je les aime, sans bruits de perches, sans foule, seuls avec la nature.

 des houx aussi gros  que des arbres

  et des plantes séches qui dessinent des graphismes très purs

                    blancs ou roses



mercredi 14 janvier 2015

Un pacte de six cents ans


" L'horreur de la dépendance et l'esprit républicain " tels étaient les traits dominants du tempérament des habitants des vallées selon le géographe Roussel de la Blottière, auteur d'une célèbre carte de la chaîne.
Comment en aurait-il été autrement pour des hommes vivant au voisinage des bandits et des fauves?
"Il ne se trouve pas plus d'union parmi eux qu'ailleurs, ajoutait-il, mais s'agit-il de l'intérêt public, ceux qui étaient prêts à se battre se réunissent à l'instant et paraissent d'une concorde admirable"
  Si cette concorde se réalisait spontanément sur le dos des soldats du roi et plus souvent encore des gabelous, le tocsin sonnait trop fréquemment pour appeler les gens d'ne vallée à repousser une razzia de voisins, ou à se rassembler pour une expédition punitive.
L'histoire des Pyrénées est une chronique interminable de réglements de compte dégénérant parfois en petites guerres enregistrées par les chroniques locales. Et on comprendra que le souverain en titre se soit habituellement muni d'une garde d'otages pour rendre visite autrefois à ses sujets "féaux et courtois"; le cérémonial d'accueil du vicomte de Béarn en vallée d'Aspe était éloquent.

 ( Je vous en parlerai un jour prochain).

 La fin de ces hostilités sanglantes de vallée à vallée était marquée par des cérémonies dont la particularité était qu'elles se renouvelaient tous les ans. On imaginerait mal les plénipotentiaires du traité de Versailles se retrouvant tous les ans au château pour signer toujours le même document.
 C'est pourtant une cérémonie de ce genre qui se déroule tous les ans, le 13 juillet, dans les pâturages de la Pierre-St-Martin au fond des Pyrénées Atlantiques.
 Là-haut aux confins de la Navarre et du Béarn, les habitants du Barétous viennent payer le tribut annuel de trois génisses qui leur a été imposé il y a près de 600 ans en 1375, à Anso, par des arbitres de paix, et renouvellent ainsi le pacte d'amitié scellé avec leurs anciens adversaires, les gens de la vallée de Roncal.
C'est peut-être le plus ancien traité européen encore en vigueur et le seul qui soit renouvelé tous les ans sans contestation.
Le vaste terrain plat qui entoure la Pierre-Saint_Martin a été de temps immémorial, le lieu où les bergers des vallées de Roncal et du Barétous se rencontraient pour s'accorder sur l'utilisation des grands pâturages alentour, et surtout pour partager les rares fontaines de ces régions calcaires où la roche affleure de toutes parts et où les eaux se cachent pour cheminer dans les galeries souterraines.
Lorsqu'un été est particulièrement sec, la question de l'eau conduit facilement au drame.
                  https://www.youtube.com/watch?v=uVHL2m-0Ifo

Le gouffre , suite

Je prends un peu d'avance parce que c'est moi qui vais aller marcher, un peu,
 pas sur des crêtes aussi escarpées, je n'ai jamais aimé ça et je le regrette; je crois vous l'avoir déjà dit je n'ai " fait "que le Montcalm (3017 m) en Ariège et un 3000 dans la Vanoise, mais j'étais jeune !!!

http://www.sitesetmuseesenpaysbasque.com/site--gorges-kakuetta-sainte-engrace-Fr-16.html

Alors ce gouffre?
" Attiré par les fantastiques canyons voisins de Kakouetta et d'Holçarte, Martel n'avait pas soupconné quels abimes ce gouffre recélait.
Leur découverte est due au spéologue ariègeois Lépineux, qui remarqua, un jour où il visitait ces parages, une corneille semblant sortir en plein vol d'un rocher situé au fond d'une doline. Or les corneilles ne nichent que là où elles ont le vide au-dessous d'elles.
Le vide s'y trouvait, vertigineux, une verticale de 346 mètres.
Les premiers explorateurs se sentirent vite dépassés; un matériel très considérable se révélait en effet nécessaire.
Ils firent appel en 1952 à des Belges , commandés par Max Cosyns.
Les plus expérimentés et les plus courageux des spéologues pyrénéens se joignirent à eux
 Parmi ceux-ci, Marcel Loubens, l'Ariégeois. Le souvenir de sa mort tragique plane encore sur cette montagne et accompagne ceux, qui, après lui, s'enfoncent dans la crevasse sinistre.
Loubens fut la victime d'un absurde concours de circonstances: littéralement, sa vie ne tenait qu'à un fil, et il avait suffi qu'un simple écrou se desserrat...
Mystérieusement, Haroun Tazieff, qui faisait partie de l'expédition, avait eu le pressentiment de cette catastrophe:
" Dans les premiers jours d'août, écrit-il, je traversais la France en route vers les Pyrénées. Pour la première fois je ressentis au cours de ce voyage une très légère appréhension à l'idée de toute cette entreprise. Il est facile après de parler des intuitions qu'on a eues avant.

"Pourtant c'est un fait, je me surpris à plusieurs reprises passant en revue mes coéquipiers et supputant lequel des onze causerait le moins de chagrin, s'il lui arrivait de rester au fond du puits."....

Pour les plus courageux, la Pierre Saint Martin reste le gouffre de la peur. C'est Norbert Casteret qui l'avoue: 
"Alors qu'habituellement la fréquentation des cavernes donne une impression de calme, d'immobilité et de sérénité millénaire, ici l'impression est tout autre. On est dans une cavité en pleine évolution, en continuel bouleversement, dans une caverne vivante où les forces de la nature travaillent. Nulle part on n'aperçoit le plancher rocheux, il est partout recouvert par des montagnes de blocs où l'on avance avec circonspection, car tout bouge. Partout on distingue les innombrables et récents points d'impacts étoilés des projectiles de toute taille tombés du plafond.
Tout cela confère au gouffre de la Pierre St Martin une atmosphère d'insécurité, d'hostilité, une perpétuelle ambiance de danger et de crainte, à laquelle, croyons-nous, personne n'a pu échapper."
.
http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/03/20/01001-20080320ARTFIG00342-le-drame-du-gouffre-de-la-pierre-saint-martin.php

http://g.casteret.pagesperso-orange.fr/

http://souterweb.free.fr/speleologues/martel.htm

Une petite récréation

On ne quitte pas les sommets mais on se déplace vers l'Est à la frontière avec l'Aragon:

http://www.ariegenews.com/news-77000.html