lundi 22 décembre 2014

Le Réveillon des"bêtes"

Un nouveau chapitre qui va vous surprendre suivi de l'étable interdite, coutumes que j'ignorais.
Au premier congrès international d'ethnologie, en 1971, l'ethnologue Mihaï Popp
montre que deux types de cultures coexistent en Europe.
La culture "grammaticalisée"dite "contemporaine" par laquelle les utilisateurs ont une conscience théorique précise des codes, lois et règles.
Et des cultures plus anciennes, dites" traditionnelles" que leurs utilisateurs vivent telles qu'elles sont et parce que elles sont, sans la moindre démarche analytique: ce sont les cultures"non grammaticalisées".



            "En ces pays d'élevage, le bétail est le bien le plus précieux.
il était donc, et est encore fréquemment associé au repas rituélique du soir de la Noël. En Bethmale:
"En principe, on leur donne un peu plus. On force la dose! On leur fait le réveillon." (Marcel Dupuy, né en 1914)
Dans le Haut-Sour, Jean Francoite ( né en 1906) étend le repas festif à toute la population animale de la ferme:"Le soir de Noël, il fallait faire bien souper les chiens, les poules, les cochons, les vaches. Surtout les vaches, eh!... et on leur mettait une bonne "palhada" (litière).....................................................................
Ce  comportement rituélique qui fut, et reste, actif, est la synthèse, dans le même geste, de signifiances diverses.
Le thème pré-chrétien de l'offrande et celui, plus tardif, des bibliques boeufs de la crèche, s'entremêlent en une synthèse qui est aussi une re-création.
Le processus est fréquent dans toutes les stratifications culturelles."Il fallait soigner les bêtes, ça, je l'ai entendu encore l'autre jour".

" On disait que le Bon Dieu venait les visiter pour voir si elles étaient maltraitées ou quoi" (Jean Boué, né en 1920, Arbon).
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Sous-jacent, mais présent partout, le thème de l'anthropomorphisation des animaux de l'étable est encore vivace.
Le thème central du récit légendaire liè à l'étable pendant la nuit de Noël est partout le même. On peut le diviser en trois sous-thèmes:
  - les bêtes parlent la nuit de Noël dans l'étable
  - il ne faut pas aller les écouter;
  - celui qui transgresse l'interdit est puni.
Ce récit, typique de ceux-nombreux qui énoncent le seul interdit, est complété dans les autres cas par une séquence où est décrit le chatiment:

"Il y avait un monsieur, chez qui c'était ?... d'Isaut, qui se vantait d'être rentré à l'étable la nuit de Noël. Et trois semaines après, il était mort!
Il s'était fait tuer par des vaches, avec la charrette."



Le Comminges aspétois, l'axe Garonnais, la Barousse, le Nistos et les premières hauteurs qui dominent la plaine de piémont commingeoise donnent fréquemment une version plus étoffée dans laquelle une séquence supplémentaire s'intercale entre celle de l'interdit et celle du châtiment pour celui qui est entré dans l'étable la nuit de Noël.

: "Soi-disant que cette nuit-là les bêtes parlent. Dans l'étable y avait une paire de boeufs. Un homme de chez Gaudesin a voulu y aller quand même. Il a entendu une bête qui disait:
"Deman que vam her?
  "Deman, que vam enterrar eth mestre"

(Demain qu"allons-nous faire ? Demain nous allons enterrer le maitre)

 et le lendemain  l'homme est mort."



     C'est pas drôle tout ça!!!
Un petit clin d'oeil à TV izard que j'ai rencontré récemment au festival du Film de Montagne à St Pierre de Rivière, encore un amoureux des Pyrénées!!
https://www.youtube.com/watch?v=PHMWj0DQuZ8

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