"Où que l'on soit dans le domaine commingeois et couseranais, depuis le Nistos jusqu'au St Gironais en passant par les vallées de Barousse, Pique, Larboust, Garonne, Job, Ger, Biros, Bethmale, Sous, Salat et les massifs de l'Arbas, de l'Aspétois et de Ballaguères, les informateurs expriment une même banalisation du Premier de l'An.
Dans le Haut-Job, pour le Premier janvier, on ne va pas plus loin que :
"souhaiter la bonne année aux gens un point c'est tout, ma pauvre", dit Michel né en 1900.
"Et prendre un petit verre par-ci et par-là et voilà" ajoute Marie, née en 1900.
La réponse est partout platement stéréotypée . Et encore le "petit verre" n'est-il pas propre au Premier de l'an; d'une façon générale, la relation conviviale entre adultes est concrétisée par "le petit verre" que ce soit pour manifester l'amitié ou pour honorer.
Héritage de la fonction symbolique de la boisson dégustée en commun...
De nos jours, seules les personnes nées jusque vers 1920-1930 échangent leurs voeux en gascon. Toutefois, un autochtone jeune formulera souvent ses souhaits en "patois", s'il s'adresse à une personne agée. Même s'il n'est pas capable de mener une conversation en gascon, il connaît fréquemment la phrase rituelle.
Ce qui est d'autant plus facile que celle-ci est la simple occitanisation de la formule française dès le début du siècle et largement répandue depuis les années cinquante:
"Que vos sohéti una bona anada bona e urosa"(Je vous souhaite une bonne année, bonne et heureuse).
Dans cette créolisation devenue fréquente, il y a eu adjonction du qualificatif "urosa" que l'on entend pas chez les personnes âgées.
Les informateurs nés jusque vers 1920 utilisent une formulation plus ancienne faisant, elle, allusion à la longévité:
"Que vos sohéti ua bona anada acompanhada de força d'autas ou "força autras"
( je vous souhaite une bonne année accompagnée de beaucoup d'autres)..................................................................................................................................
Les éventuelles variantes dans la formulation des voeux ont été effacées par le stéréotype "Bonne et heureuse ".
J'en ai relevé une seule qui soit attribuable au groupe et non à une fantaisie créative individuelle.
Dans le Nistos, à Générest, Jeanne Pène (née en 1909) aussi sèche, ridée et savoureuse que les pruneaux qu'elle suçait en filant la quenouille (pour appeler sa salive et lui permettre d'humecter, d'un coup de langue rapide, les fibres du lin qu'elle torsadait vivement entre pouce, index et majeur réunis) raconte avec le petit rire gloussé qui ponctue toutes ses phrases:
" On souhaite une bona anada acompanhada de un terrer d'autas"
Ici, on a un petit peu arrangé l'affaire et ils mettent des oies:
"un terrer d'aucas" ( un tas d'oies)
Isaure
Je trinque avec vous, les amis !!
souvenez-vous de cette coutume très ancienne destinée à mêler les boissons qui s'entrechoquent dans l'hypothèse d'un poison versé... .
Isarde
J'ai connu cette Jeanne Pène ,qui trouvait les cèpes par leur odeur mais bien sûr elle connaissait les coins où on pouvait en trouver ."ici c'en est bon " disait-elle.
RépondreSupprimerA mon tour
Que vos sohéti ua bona anada acompanhada de força d'autras