jeudi 14 décembre 2017

Les marbres de Chiragan

Il aurait été impensable pour moi de quitter  le Musée St Raymond sans franchir un escalier, une époque, et passer des Grecs aux Romains.
L'heure matinale et le soleil bas sur l'horizon en cet automne apportait un éclairage particulier sur cette galerie de bustes impériaux, en les incorporant plus encore dans notre "Tolosa".

Les Grecs n'étaient pas allés plus loin à l'Ouest que Phocée mais les Romains ont largement colonisé notre Narbonnaise.

http://www.persee.fr/doc/keryl_1275-6229_1995_act_2_1_915

Ceux-ci ce sont souvent inspirés de l'art grec vous pouvez le constater sur la statue de l'Athena de Myron  qui est vêtue du "chiton" grec.

http://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1933_num_45_179_5200

http://www.villa.culture.fr/accessible/fr/annexe/carte_08



 https://saintraymond.toulouse.fr/Auguste_a117.html



















http://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1908_num_20_77_6829

 à suivre

Les stèles


 La plus originale sans conteste,  est la stèle ronde  de droite...
 la stèle du Sicilien.
Elle a été découverte près de Tralles (province d'Aydin ; Asie Mineure, Turquie actuelle. Le National Museum of Denmark conserve son original en marbre.


https://www.youtube.com/watch?v=n1jYp1Op53c

Seikilos, d'origine sicilienne a probablement fait sculpter cette stèle de son vivant. Son originalité vient du fait qu'elle  se présente elle-même : 

"Je suis l'image de pierre. Seikilos m'a érigée ici en signe pour de nombreuses années de mémoire immortelle"

et ce qu'il a fait graver sur cette stèle laisse à penser qu'il puisse avoir été ou musicien virtuose ou compositeur ? ?
Cette épitaphe - partition est sans doute la plus ancienne partition au monde.
Le texte en vers est accompagné de signes musicaux : pour certains spécialistes, les signes musicaux indiquent la mélodie, pour d'autres il s'agit du rythme.
Ils s'appuient sur la quinzaine de traités de musique de l'Antiquité qui ont été conservés et qui permettent de comprendre le fonctionnement de la notation musicale. Les signes étaient différents suivant qu'il s'agisse de chants ou seulement d'instruments.
Voici la teneur du poème : Tant que tu vis, brille.
                                     Ne t'afflige en rien
                                     La vie est peu de choses
                                     et le temps réclame son tribut

 Les musiciens contemporains ne l'ont pas négligée puisqu'elle a été chantée dans le film "Quo Vadis" par Néron devant l'incendie de Rome.




 La stèle du jeune homme et du chien  est en marbre du Mont Pentélique; datée de 375-350 av JC  elle est conservée au Musée du Louvre.
 Sa provenance est incertaine Athènes ou Rhodes ?

 Les stèles contrairement aux vases  de l'époque archaïque représentent toujours le défunt dans les poses familières de leur vivant.
Il tient dans sa main gauche le strigile  et un aryballe sans doute veux-t-on le représenter allant ou de retour de la palestre, (bâtiment dépendant du gymnase où on peut aprés l'effort s'oindre d'huile parfumée) tandis qu'il joue avec un chien  en cherchant à lui faire attraper un oiseau

 http://musee-archeologienationale.fr/phototheque/oeuvres/necessaire-de-bain-strigille-patere-aryballe_verre-matiere_bronze

  De la seconde moitié du IV ème siècle conservée au Musée Calvet d'Avignon Marbre d'Attique Elle se caractérise par un réemploi ultérieur  visible par la transformation de la fillette en une jeune fille plus agée disparue avant ses noces au vu de sa coiffure .
Le personnage masculin sans doute le père marque  son chagrin par le geste de sa main appuyée sur son menton et la poignée de main symbolise le geste fort d'union entre les générations mais aussi entre les vivants et les morts
 Les sandales souples à lanières (trochadès)  sont une indication rare de ce genre utiisées dans l'Antiquité.

  Conservée au Musée Calvet d'Avignon,  celle-ci provient sans doute de Rhénée dans les Cyclades et date de la fin du II ème.
 Figurent sur cette stèle les mêmes allusions au statut de la défunte qui revit ici les célébrations de son mariage.
Le motif de la "femme au coffret" hérité de l'art funéraire attique classique perdure à l'époque hellénistique dans la production cycladique et de Grèce de l'Est 


 cette reconstitution de ce que pouvait être les stèles à l'origine lorsqu'elles étaient peintes a fait l'objet de recherches telles que : le marbre de carrare sculpté par François Grand-Clément, la peinture par Maud Mulliez, les végétaux pour les pigments, noir de vigne pour les cheveux ; pour la peau, l'ocre rouge le blanc de plomb et la terre de Sienne.
l'huile de myrte a été fournie par Dominique Frère.
Les teintures des bandelettes, safran, cochenille, indigo, pastel, gaude et garance par Catherine Bataillon.

Il est probable que je conforte cette suite d'articles par quelques mises à jour.

http://viennachoralsociety.org/vcs-blog/visiting-the-real-seikilos/

Retour sur images si l'on peut dire :

 http://expositions.bnf.fr/homere/albums/dieux/

mercredi 13 décembre 2017

Rituels grecs : les funérailles


https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00692081/document



                  Puisque l'on aborde le sujet des pleureuses


 Béotie. Tanagra :
 Moule univalve pour le visage, corps monté au tour, bras modelés, peinture vernissée noire et rouge. Noir pour le péplos et rouge pour le visage car ces pleureuses allaient jusqu'à se lacérer le visage.
Elles se couvarient aussi la tête de cendres.
Sur le parcours du cortège leurs lamentations étaient telles qu'une loi fut votée pour resteindre ces effusions tapageuses .
Malgrès tout on déposera aussi la statuette dans la tombe pour témoigner encore de la douleurs causée par la disparition de l'être cher.

Vous avez aperçu en arrière plan un canthare qui donne encore une description très détaillée de "l'ekphora " ( transport du défunt dans la tombe) .
Nous allons l'étudier de près.






Le serpent que vous apercevez est un rappel des forces chtoniennes du monde des morts.
 Font aussi partie du cortège les pleureuses et le joueur d'aulos (l'aulète).
 Le personnage vêtu de noir est une femme vêtue d'un himation  (manteau aussi bien féminin que masculin).
Nous ne voyons malheureusement pas les quatre guerriers qui arrivent en courant ...
 Nous verrons demain en détail les stèles présentées  qui clôturent cette exposition.

 http://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_1961_num_1_2_3945

https://kernos.revues.org/pdf/234

mardi 12 décembre 2017

Rituels grecs : les funérailles. suite



Cette hydrie funéraire de la seconde moitié du IV ème est aussi déposée au Musée du Louvre .
Elle est non seulement très belle mais très évocatrice :

  en bronze coulé et fonte, elle a sans doute été déposée en offrande dans la tombe où elle a été découverte : le décor est raffiné.



 Ce qu'elle a de plus surprenant,  c'est la présence de Dionysos,  appuyé sur un silène, sous l'attache de l'anse, cela donne à penser que  le défunt pouvait déjà l'utiliser pour les libations du symposion ; d'autre part la présence de Dionysos  n'est pas incongrue puisque Dionysos n'est pas que le dieu du vin mais aussi une divinité du passage, l'adhésion à son culte est promesse d'éternité.







































lundi 11 décembre 2017

Rituels grecs : les funérailles

Tout aussi régi que les autres événements de la vie, les funérailles se déroulent suivant un ordre bien établi.
 En premier lieu en sa demeure la "prothésis", exposition du corps
 puis l"ekphora" transport du corps à l'extérieur 
puis au tombeau, les libations, les sacrifices et le repas
 suit le retour à la maison et plus tard les "rappels" ou retours de funérailles.
Déjà sous le Mycénien tardif ces cérémonies étaient représentées sur les sarcophages.
Nous allons voir ce déroulé tout au long du parcours de cette exposition grâce aux objets exposés  dont ce "Groupe de Burgon".  Attique moins 560-550.
Trouvé à l'est de Markopoulo. au Musée du Louvre



 à l'extrémité de cette plaque funéraire votive vous pouvez apercevoir les bandelettes blanches que les visiteurs apportaient et nouaient à l'arbre de la cour : le noeud étant une marque de consécration, une offrande au défunt.





 Vous serez donc surpris de trouver de la couleur sur cette première stèle funéraire. Dans l'Illiade, les Troyens enveloppent d'étoffes pourpres  l'urne contenant les ossements d'Hector.
 Je reviendrai plus tard sur le descriptif de ces stèles. Procédons par ordre.







 Au centre. Grande Grèce. Apulie. Peintre de la Furie Noire moins 390-380
 A Bâle  Suisse.  Galerie Jean-David Cahn 

Tout à fait remarquable en cela qu'elle représente une scène de Sophocle et Eschyle, la rencontre d'Electre et Oreste, enfants d'Agamemnon. 
Le tombeau monumental du roi de Mycènes est surmonté d'un petit autel cubique  évoqué en blanc,  surmonté d'une stèle, ou d'une colonne.
Sur le socle trois rangées de canthares et des" tainia" (les bandelettes funéraires).
Electre est richement vêtue et expose la mèche de cheveux que son frère vient de déposer en offrande sur la tombe de leur père Agamemnon, à la vue de sa "trophos" nourrice, aux cheveux blancs.
La troisième,  en retrait, porte une oenochoé (vase godronné aux anses surélevées) dont l'eau parfumée  servira à l'aspersion de la tombe.


 Oreste est de l'autre côté du tombeau il s'appuie sur sa "chlamyde" (manteau de laine carré ou rectangulaire en une seule pièce, fixé à l'épaule par une fibule)

De part et d'autre deux "lécythes", celle de droite attribuée au "Groupe du Peintre de l'Hypnos de New York" conservée au Musée St Raymond 
moins 430-410. 






 Elles représentent toutes deux les visites au tombeau.
 Celle de gauche vers 410 (si vous le voulez bien je ne préciserai plus qu'il s'agit toujours d'années  avant JC. ou BC.
 est attribuée au Peintre du Roseau ou de l'Oiseau ; elle est conservée au Musée Calvet d'Avignon







                                                                                       à suivre