lundi 3 mai 2021

Visages du gothique languedocien

 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02426777/file/Inter-Lignes%20n%C2%B0%208.pdf

 

                                                         Salomé

 Le cortège funéraire autour du groupe central de cette pieta, orchestré par Louis 

d'Amboise évêque d'Albi, offre une surprenante diversité d'expressions, de 

 costumes, coiffes ou drapés. Depuis la probable date de sa création  à ses tout

 débuts, soit 1490, ce groupe exceptionnel a subi bien des avatars. Présents

 autour de l'autel de Louis d'Amboise dans son château de Combéfa ils ont 

désormais pris place à Monestiés au début du XVIII ème, la population locale les

 ayant en quelque sorte sauvés, lors du démantèlement du château . 

           https://www.youtube.com/watch?v=_CxNyQc7V1o

 

                                                                    Nicodème

Les spécialistes s'accordent pour qualifier les yeux des personnages féminins

 comme "yeux  en boutonnière" et cette facture est attribuée aux ateliers 

bourbonnais, sans toutefois aller plus loin que "le maître de Combefa".

 Marie Madeleine est représentée deux fois et toujours reconnaissable à son vase

 de parfums. 



https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/sculpture/la-chapelle-saint-jacques-et-les-20-statues-chef-d-039-oeuvre-de-louis-ier-d-039-amboise_3293029.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Combefa



dimanche 2 mai 2021

Merveilles de la sculpture gothique

  Si nous avions le nom des orfèvres ayant oeuvré  au début du XVI ème siècle,

 dans la fabrication des nefs de table,  il n'en est pas de même pour les sculpteurs 

du  Midi toulousain et si nous allons parcourir l'Albigeois ou le Rouergue,  nous

 pourrons seulement reconnaître le style,  on dit "la patte" des maîtres, grâce au 

style des visages et de leur expression.

 J'ai envie de commencer par "la" Notre-Dame de Grâce du Musée des Augustins, 

 une vielle connaissance que j'ai connue  bien avant sa restauration.

 Elle a beaucoup fait parler d'elle, jeune, un peu boudeuse et mélancolique

  elle a vraiment l'air de se demander ce qu'est venu faire ce bébé dans sa vie !  

 Nous sommes dans le dernier quart du XV ème siècle. Cette sculpture est un

 véritable chef-d'oeuvre.

  Un indice toutefois  le sculpteur ne viendrait-il pas du nord ? l'inscription qui lui 

donne son titre, au pied de la statue, est en langue d'oïl.

 


  la restauration lui a conféré un véritable "lifting" lui restituant toute sa 

polychromie. A l'aide de l'analyse d'autres sculptures et de peintures ou 

d'enluminures on va pouvoir la dater précisément entre 1460 et 1480, elle semble

 avoir donné le ton à partir de cette date, aux travaux que nous rencontrerons

 dans l'Albigeois et le Rouergue. Ce type de figure féminine faisant date jusque 

dans les années 1520. L'énigme reste, pour qui ? dans quel contexte, quel 

commanditaire, quel maître et quels ateliers ?


Pour ce qui est des commanditaires connus tant à Albi qu'à Monesties, il est admis

 qu'il s'agit de Louis d'Amboise qui par sa position  au sein de la Cour et d'une

 famille puissante avait tout loisir de s'attacher des artistes de haut niveau.

 Pour rester à Toulouse encore, voyons la Vierge de pitié de l'église Sainte-Marie

 des Anges aussi aux Augustins (dont j'attends avec impatience la réouverture après travaux et.... confinement )

 et à ses côtés une Marie-Madelaine aux larmes bleues.


On peut trouver une certaine  ressemblance entre Notre-Dame de Grâce et celle 

 de  l'Adoration des mages sur le tympan de l'église  St Nicolas de Toulouse dont

 les dates de construction sont compatibles : on donne ici le nom de l'atelier de 

Pierre Viguier  mais laquelle a pu influencer l'autre ?

 Sauf que la vierge ne regarde pas dans la direction opposée à celle de son enfant.


 Une autre position particulière, plus ludique de l'enfant Jésus caressant d'un 

geste affectueux le visage de sa mère sur la statue  de la Vierge à l'enfant de

 Bellegarde.


  Les étoiles dorées sur le manteau bleu  sont

 encore un peu visibles alors qu'elles ont 

complètement disparu de celui de Notre Dame de

 Grâce



"Datation :
limite 15e siècle 16e siècle
Commentaire historique :
Cette Vierge à l'Enfant est une oeuvre réalisée à la fin du 15e siècle ou au tout début du 16e siècle. Son style délicat, les drapés à la fois sobres et structurés de son vêtement la rapprochent des oeuvres réalisées à la même époque sur les grands chantiers d'Albi ou de Rodez. Charlotte Riou (op. cit.), démontre que le collier orné de croix porté ras autour du cou de l'enfant Jésus présente quelque parentés avec la Vierge à l'enfant de Cayssac (Aveyron) ou la Sainte Parenté de Marcolès (Cantal).
Le chapelet,où pendent des médailles et des branches de corail, invita certains auteurs à voir une influence italienne dans cette sculpture : en effet, il était d'usage à Florence d'offrir aux jeunes enfants des colliers ornés de l'Agnus Dei et de corail. Le mécénat de la famille d'Amboise leur sembla évident. Victor Allègre (op. cit.), repris par Mathieu Méras (op. cit.) signale qu'il est probable qu'elle provienne du château de Montels auquel elle avait été donnée par le cardinal de Bernis, archevêque d'Albi à la fin du 18e siècle. Toutefois, ni la destination, ni le commanditaire ne sont connus. Il est toutefois évident que l'oeuvre est une création d'un sculpteur méridional qui connaît les grands modèles toulousains (Notre-Dame de Grasse) ou albigeois.
Le groupe sculpté a été restauré par Maimponte dans les années 1960, au moment de son exposition à Montauban. C'est à cette époque que fut redécouverte la polychromie ancienne avec des traces de dorure à la feuille, sur les cabochons et l'agrafe du manteau. Mathieu Méras (op. cit.) que le restaurateur pense que la polychromie restituée au moment de l'exposition pourrait être un deuxième état. Cette hypothèse paraît discutable."

 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1983_num_141_2_6549_t1_0222_0000_4


vendredi 30 avril 2021

Voyage dans les nefs

 Vollà quelques jours que je voyage non pas dans une nef mais à la recherche des 

nefs de table, joyaux d'orfévrerie que j'avais eu, ( elles avaient vogué jusqu'à moi 

c'est-à-dire Toulouse en 2016,) le plaisir de vous  présenter à l'occasion  de cette 

exposition intitulée "Trésors d'orfévrerie"  présentée par la Fondation Bemberg.

(mes archives, 27 10 2016).

 Faisant partie des trésors des cathédrales,  il faut aller de Tolède à Londres mais

 aussi en passant par Reims, dans les pays germaniques. Il faut aussi aller à la

 Malmaison rencontrer celles de Napoléon qui, monarque absolu ne pouvait

 manquer en posséder.

             http://academie-de-touraine.com/Tome_25_files/145-152.pdf

Leur utilisation est double mais, des deux qu'elle est celle qui préside l'autre  ?

 profane pour une part présidant sur les tables de prestige des royautés au titre 

de transport d'épices,  de sel, qui pouvaient avec leurs roues se déplacer d'un 

convive à l'autre ou, religieuse, précieux  dépôt de reliques. 

Celle qui se trouve à Tolède dans le trésor de la cathédrale, dite nef de  Jeanne 

la Folle mère de Charles Quint  est datée du troisième quart du XV ème siècle et

 transformée pour recevoir les reliques de sainte Leocadia.

 Celle que je vous présente ci-dessus est dite nef du cardinal de Lorraine et vous

 avez sur ce site sa description et son historique.

           https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM54009004

Parlons de ces orfévres, Hans Rappolt maître à Nüremberg de 1579 à1580, en est

 un dont les réalisations sont les plus prestigieuses. Ce qui ne l'empêchait pas de

 défrayer la chronique: il n'a cependant pas la possibilité de payer son loyer, en 

1605 sa femme est mise en prison pour n'avoir pas pris soin du fils illégitime de 

son mari, en 1618  on lui impose une amende pour avoir blessé deux hommes 

mais il crée des merveilles !!

 Mais il faut remonter aux origines,  au XIII ème siècle,  où la nef sans mât ni 

gréement est une navette à encens, ou des ex-voto en forme de navire au 

XIV ème siècle , des cadeaux diplomatiques aussi.

 

 détail de la nef de  Saint Nicolas -de-Port

Elles furent nombreuses puisque l'on trouve dans l'inventaire de  Charles V, 29 

nefs dont  7 en or, 21 en argent et une en jaspe rouge.

C'est  à la fin du XVI ème que l'on voit, en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas, 

cette tradition peu à peu se perdre mais la cour de Louis XIV la maintient avec 

faste. Les centres d'orfèvrerie de Nüremberg et d'Augsbourg font preuve de la fin 

du XVème au début du XVII ème d'une inventivité permettant de situer ces années

 comme l'âge d'or de cette production ; on peut citer celle de Charles Quint 

attribuée à Hans Schlottheim conservée au musée de la Renaissance à Ecouen, 

mais aussi celle  de Schlottheim au British Museum de Londres mais encore la nef 

Schlüsselfelder au Germanisches National museum (ci-dessous)



 Elle est conçue à l'imitation des bateaux de commerce armés de la fin du XV ème siècle.

 La nef Burghley constituée d'un nautile qui forme la coque du navire enchâssé 

dans dans une petite caraque en argent doré est significative de l'évolution de ces 

nefs.


 L'orfèvre Esaias zur Linden  de Nüremberg fait aussi preuve d'une belle inventivité

 dans les 34 nefs de sa production qui ont pu être recensées.

 Les collections allemandes en conservent de nombreuses, l'aristocratie et la

 bourgeoisie, voulant aussi se doter de cette pièce d'orfévrerie.

Les orfèvres, Friedrich Hillebrand à Dresde, Hans Utten ou Jörg Ruel dans la coupe

 Gatshina se  référent encore aux fabrications de Hans Rapport mais l'intégration 

des nautiles dans les nefs à roues se fait plus rare. Mais vous n'avez pas fini de

 voyager, vous retrouverez Esaias zur Linden au Metropolitan Museum ou à 

Copenhague au Grundbestand des Museums.

 La diversité des décors  où l'iconographie mythologique maritime est foisonnante

 participait aussi, je pense à la distraction des invités !! 

 Esaias zu Linden 1609-1629


Cette dernière, donnée comme récipient à boire est l'oeuvre de Hans Anton Lind à

 Nüremberg ;  en argent partiellement doré, il faut aller à Dresde au Grünes 

Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen


         Mais aussi celle de Jôrg Ruel, argent et nautile, servant à boire aussi


 


















https://fr.wikipedia.org/wiki/Nef_de_Charles_Quint

                              https://www.youtube.com/watch?v=8G69tJwSTxY

mardi 27 avril 2021

Itinéraire d'un tableau

  Eugène Fromentin est un des représentants majeurs de la peinture orientaliste

 né  à La Rochelle en 1820, peintre et aussi écrivain. 

     En mai 1853 il est à D'jelfa  et nous relate sa visite au calife Si-Chériff dans un 

"Un été dans le Sahara".

         https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62097924/f17.item.texteImage

" je me rappelais avoir rencontré un jour un chef de tribu du Sahara de l'est

 rentrant chez lui, suivi d'une escorte assez brillante de cavaliers, et menant en

 croupe un derviche. Ce chef était un jeune homme élégant, fort beau, et mis avec

cette  recherche un peu féminine particulière aux Sahariens de Constantine. Le

 derviche, vieillard amaigri et défiguré par l'idiotisme, était nu  sous une simple 

gandoura couleur sang de boeuf, sans coiffure, et balançait au mouvement du 

cheval sa tête hideuse surmontée d'une longue touffe de cheveux grisonnants.

Il tenait le jeune homme à bras-le-corps, et semblait lui-même, de ses deux talons

 maigres, conduire lz bête embarrassée sous sa double charge. Je saluai le jeune

 homme en passant ; il me dit le bonsoir, et me souhaita les bénédictions du ciel.

Le vieillard ne me répondit point, et mit le cheval au trot.

Cet épisode a été suffisamment marquant  pour qu'il en fasse un tableau après 

plusieurs croquis qui se trouvent dans des collections  particulières.

Il lui donnera ce titre "Arabe portant en croupe un fou"

            Ce tableau est conservé au musée des Beaux-Arts de La Rochelle

 Fromentin était déjà sensibilisé sur le cas des personnes faibles d'esprit ;  son

 père, médecin considéré comme précurseur dans le traitement psychiatrique de

 ses malades dans un hôpital proche de la Rochelle ; toutefois il s'étonnait de la 

liberté laissée  à un derviche lors d'un banquet, mais rassuré par son hôte qui lui

 dit "Derviche, marabout"

 Ce tableau après qu'il soit passé en salle des Ventes après le décès de l'artiste,

 passe dans la Collection de Georges Errington  parlementaire irlandais à 

Westminster qui partageait sa vie entre l'Irlande et l'Angleterre.

Il resurgit à New-York dans la vente Warren en janvier1903 et réside un temps 

 dans le Connecticut jusqu'en 2012 mais apparaît à nouveau dans une vente 

publique chez Sotheby's en février 2013 et trouve enfin sa place au pays natal de

 son auteur au musée des Beaux-Arts de La Rochelle.

           https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5525439j.texteImage

https://www.revuedesdeuxmondes.fr/eugene-fromentin-le-serviteur-de-deux-muses/

vendredi 23 avril 2021

Les thermes de Séviac

 La piscine, peu profonde est davantage un espace de sociabilité que de natation,

 instants de détente où les eaux de la "natatio" miroirent en jeux de lumière et se 

reflétent sur les marbres et la mosaïque . On aimerait en profiter,!!! après être

 passés par le "pédiluve" du" frigidarium" on peut passer aux pièces chauffées

dont  le grand "tepidarium" à double abside. A l'ouest du frigidarium s'ouvre 

"l'apodyterium" donnant sur les latrines et deux petites salles chaudes"

"tepidarium"et" caldarium" à bassins plus intimes et faciles à chauffer pour un 

usage plus familial et intimiste.


 De 14 mètres carrés la piscine est en forme de fer à cheval ornée d'une mosaïque

 à motifs d'écailles et bordure en câble. On y descend par trois marches couvertes

 de marbre gris rosé ; l'eau s'évacuera par un conduit de plomb.

 On retrouve dans toutes les villae romaines  l'ingénieux système de chauffage par

 le sol appel" "hypocauste" Les salles de réception jouxtant le le vestibule et les 

thermes en bénéficient. Ces hypocaustes peuvent être à pilettes ou à conduits.

 

 https://www.youtube.com/watch?v=KMWo7pxwJR8

 

 Et comment cela fonctionne-t-il ?.

L'hypocauste à pilettes consiste en un sous-sol de 50 à 90 cm de haut jalonné 

d'empilements de briques appelés "pilettes" sur lesquels repose le sol de la salle

 comportant de grandes dalles de terre cuite dites "suspensurae". L'air chaud 

circule entre les pilettes la chaleur est produite par un "praefurnium" ou foyer

 chauffé au bois, communiquant d'un côté avec l'hypocauste et de l'autre avec une

 salle de service ou fournaise, de préférence isolée des pièces d'habitation. La

 circulation de l'air est activée par les" tubuli" conduits de terre cuite verticaux 

aménagés dans les murs, communiquant avec l'hypocauste et permettant un 

appel d'air jusqu'aux toitures ... Génial !! Pourtant le fin de l'Antiquité sera 

marquée par la disparition progressive de l'aristocratie traditionnelle et l'abandon

 de ce luxe Il est évident que ce système sera peu compatible avec les châteaux du

 Moyen Age dans lesquels on s'est copieusement gelé malgré fourrures et

 cheminées monumentales.. Allons-nous pleurer sur l'abandon  de telles demeures

 ?  au VII ème siècle la demeure et les thermes sont en ruine, des foyers

 noircissent les mosaïques, les silos sont creusés, les fours à chaux brûlent

 les marbres, le blé est entreposé dans les salles.

 Il nous reste l'imagination  pour voir évoluer  ses anciens propriétaires sur les

 tapis de mosaïques, , et les belles gallo-romaines profitant du soleil couchant 

dans les jardins

 Un des propriétaires s'est-il saisi du contenu de son précieux coffret avant de 

l'abandonner malgré ses placages en ivoire ? 


 Pour nous résumer nous trouvons à Séviac les meilleurs exemples de cette "Ecole

 d'Aquitaine" qui a su marier avec finesse  en une  polychromie particulièrement

 réussie, les marbres pyrénéens, l'ophite, et les pâtes de verre.


           la stataire a, elle, plus exposée, souffert des abandons.


 





             https://www.elusa.fr/la-villa-de-seviac

                        https://www.youtube.com/watch?v=4-a4zisxMUA


Les toitures sont en tuiles alternativement plates (tegulae) et rondes (imbrices)



         Séviac n'était pas la seule, un autre regard sur la villa de Montmaurin  dans

 le Comminges

http://www.montmaurin-archeo.fr/Explorer/Les-villas-gallo-romaines-de-Montmaurin#

https://archeologie.culture.fr/villa/fr/montmaurin-et-georges-fouet

                      https://www.youtube.com/watch?v=ToAfOtshpXM

Le trophée Augustéen de Saint-Bertrand-de-Comminges : Exceptionnelle composition de mannequins d'armes, de captives et de captifs sculptés en ronde-bosse, le trophée de Saint-Bertrand-de-Comminges fut élevé vers 16 avant notre ère après les victoires d'Auguste sur les Aquitains en Gaule, les Cantabres et les Astures en Espagne. Édifié au moment où l'empereur entreprenait la réorganisation administrative des Gaules, il témoigne de l'un des grands moments de l'histoire des Gaules et de la cité convène.
Ce vaste ensemble sculpté rassemblait en un même monument un trophée évoquant la victoire navale d'Auguste à Actium (en 31 avant notre ère) qui marqua le début de son principat, et deux trophées terrestres.

                https://books.openedition.org/pupvd/26307?lang=fr

https://www.youtube.com/watch?v=2yH1DeYkD6M

jeudi 22 avril 2021

La villa de Séviac : suite

 Séviac ne fut pas la propriété de la même famille entre la seconde moitié du IV 

ème siècle et son apogée dans la première moitié du Vème siècle et ce nom 

dérivé de "Sabiniago", dérivé de celui d'un propriétaire" Sabinus" est cité dans la

charte de Nizezius en 680 qui la céde avec vingt-sept autres villae en sa 

possession à l'abbaye de Moissac.

 Cette richesse éclatante permet de vivre somptueusement, agrément des

thermes, plaisirs de la table, denrées de choix servies dans une vaisselle d'argent 

et de verres précieux.  Le vin de la propriété mais aussi les vins corsés de Gaza,

l'huile africaine, les salaisons espagnoles et africaines. 

 Des bustes en marbre venant des ateliers de Rome  figuraient en bonne place,

portrait du propriétaire et  celui de l'empereur  régnant : on en a trouvé un

 fracassé dans les décombres. 

Tout ceci ne sont pas des extrapolations mais le résultat d'analyses des contenus 

des amphores, de la consultation des textes, des objets trouvés au cours des 

fouilles.


 Paulin de Pella en 450, alors âgé de 80 ans écrit avec émotion dans ses souvenirs

 combien sa vie en Aquitaine  était délicieuse.

" Je voulais une maison commode, aux larges appartements disposés

 successivement pour les diverses saisons de l'année, une table brillante et bien 

garnie..., un mobilier abondant et propre aux différents usages, une argenterie 

plus précieuse par le travail que par le poids, des artistes en différents genres ,

 habiles à exécuter promptement les commandes.... Mon esprit était capté par 

l'accoutumance au farniente, les repos familiers, les multiples avantages 

particuliers offerts par ma demeure"

 Toute région viticole apporte de la richesse ne l'avez-vous pas remarqué ?

 Le décor de la villa avec ses mosaïques met à l'honneur  ses pampres et ses 

grappes.


( Ce n'est qu'en 1310 que Maître Vidal Dufour,  prieur d'Eauze et de St Mont que

 va naître l'Armagnac, cette Aygue Ardente bonne pour la santé !! )

                   https://www.youtube.com/watch?v=Mg3SJSmrr4E

Le domaine était autosuffisant entre céréales, conservées dans des silos, vins,
 
moutons pour la fabrication des textiles, en preuve les poids de métiers à tisser
 
retrouvés sur place.
 

 Les six aménagements successifs donnent aux thermes une ampleur de 520
 
 mètres carrés : présents depuis la fondation de la villa, ses premiers thermes 
 
n'occupaient que 15 mètres de côté environ. Nous nous y plongeons demain.
 
 

 

mercredi 21 avril 2021

La villa de Séviac

  Sous Constantin Ier (306-337) la paix et la prospérité donnent lieu à la 

construction de villae toutes plus luxueuses les unes que les autres et parmi celles-

là,  Séviac. Les domaines agricoles dépendant de ces villae n'étaient pas

immenses, 500 hectares au plus, mais les grandes familles gallo-romaines

 d'Aquitaine cumulaient des propriétés  dans d'autres provinces , en Italie et 

jusqu'en Espagne.

 On pourrait appeler cela des résidences secondaires !!!... 

 Les marbres des Pyrénées produisaient colonnades, chapiteaux, placage des bas

de murs, mais à Séviac le décor s'enrichit encore de porphyre vert d'Orient.

On peut souligner qu'il est possible d'apprécier la délicatesse des mosaïques, mais 

ceux qui ont bâti ces décors ne laissaient pas de signature et la qualité des

tesselles selon leur agencement pouvaient créer des tapis très fins ou plus

 grossiers

  (je pense à la Olmeda en Espagne)


 Mais que de destructions désastreuses  dans les années 1850 lorsque les 

domaines souhaitent s'agrandir et ne tiennent pas compte de la valeur des

 vestiges de cette période : heureusement et c'est relativement récent des érudits

 locaux et des notables font preuve d'engouement pour leur passé gallo-romain,

 mais le mal est fait, de nombreuses oeuvres disparaissent à peine découvertes 

comme l'orteil en bronze d'une statue colossale d'un dieu en bronze. En 1867 

l'abbé Monnier curé de Labarrére sollicite de Napoléon III les fonds nécessaires 

pour transporter une de ses mosaïques sur le sol de son église . Heureusement,

 réponse négative. Les premières fouilles extensives datent de 1911 mais il faudra

 attendre 1959  pour assister à des travaux de recherche qui se succéderont 

 jusqu'au moment où la villa sera classée "monument Historique"  en 1978 et 

propriété de la commune de Montréal du Gers en 2003 .

Le site n'avait pas été choisi au hasard, 12 km au nord-est d'Eauze (Elusa)qui à la

 fin du IIIème siècle était la capitale de la province nouvelle de Novempopulanie.

 Le propriétaire des lieux peut aisément faire l'aller et retour dans la journée en

 rejoignant à 2 km la voie de la Ténaréze dont nous avons déjà parlé (axe nord-

sud basse vallée du Lot  via les Pyrén"es faisant étape à Eauze) . 

Cette villa deviendra un siècle plus tard un fastueux palais de campagne tel que le 

définit le poète bordelais Ausone lorsqu'il évoquait le palais paternel non loin de 

Bazas (Domestica XII, 2).

 "Ma terre n'est située ni loin de la ville ni près de la ville ; ainsi j'échappe aux 

foules et je profite de mes biens. Et quand l'ennui  m'entraîne à changer de lieu, je

 passe alternativement de la jouissance de la campagne à celle de la ville "

 Sur un petit plateau avec une légère déclivité mise à profit pour évacuer les eaux

 pluviales et thermales de la source située à 800 mètres au sud, tous les

préceptes des agronomes romains parfaitement respectés.

                   https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01939605/document


 Mais avant de rentrer plus en détail dans le plan de Séviac, je tiens à citer les

 autres villae non moins belles du Gers  comme celle du Glézia du Mian à Valence

 sur Baïse. Elle a été, en partie fouillée en 1984. Elle a révélé la plus grande

 mosaïque découverte en Aquitaine, soixante mètres carrés, et représentant un 

luxurieux décor de vignes, d'arbres fruitiers et d'oiseaux. Actuellement les 

archéologues travaillent à Eauze pour mettre à jour un nouveau site.

              https://aquitania.u-bordeaux-montaigne.fr/_jumi/pdf/618.pdf

 Je pense que ce sont les mêmes artistes que ce soit à Glézia ou à Seviac 

 comparez les oiseaux de la première avec l'oiseau de Séviac .

 Mais aussi la Tasque près de Saint Clar

ou Saint Cricq, il ne reste que le dessin  du XIX ème !!!

En 1868, M. Faberes, propriétaire de parcelles qui entourent le bourg actuel, découvrit par hasard les vestiges d'une villa gallo-romaine au lieu-dit Glézia voisine peut-être d'un établissement militaire de l'époque. D'après les nombreux spécialistes qui ont étudié ces vestiges, il s'agirait d’une villa proconsulaire élevée sur un territoire occupé par les romains pendant la conquête de la Gaulle. Etablie sur la rive gauche du Midou, c’était une grande villa du Bas-Empire qui daterait au plus tôt du IVe siècle et qui se composait d’un ensemble de pièces et de galeries entourant une cour intérieure, notamment à l'est et à l'ouest. La partie nord a été totalement détruite. Au nord-est, en contrebas, une petite construction annexe était destinée à des thermes. À côté des divers vestiges découverts - dallage, plinthe, revêtement mural et morceaux de colonnes en marbre blanc, tuiles à rebord et tuiles creuses, débris de verre et de céramique - ce sont les mosaïques qui constituaient la richesse majeure de la villa et les divers comptes rendus de fouilles se sont principalement portés sur elles. Une scène se compose de plusieurs personnages entourant un Dionysos nimbé, couronné de pampres, les jambes croisées et tenant à la main un thyrse orné de grappes et de feuilles de vigne. Une autre mosaïque présente dans une piscine à six pans, un décor de faune marine avec au centre un cheval et un taureau marins affrontés. Autour figurent des dauphins, anguilles, murènes, pieuvres, etc. Sur une troisième apparaissent un tigre, une chèvre et une tête d'enfant. Une autre enfin est ornée de méandres, entrelacs et torsades avec une croix grecque évidée. Lors des premières fouilles de 1868, on constata que certaines mosaïques avaient été mutilées légèrement, vraisemblablement par les Wisigoths, plus chastes que les Novempopulaniens. Ils pratiquaient l’Arianisme, une doctrine chrétienne qui fut taxée d’hérésie par la suite. La Villae a pu être un temps occupée par ceux-ci, car ils citèrent une villa des bords du Midou dans la topographie d’Eladabald résumée par l’anonyme de Ravenne

 


 

La disparition de la villa vers le VIIIe siècle est, peut-être, liée aux attaques menées par les Vascons, mais aussi les Maures ou les Normands qui firent des incursions dans la région. Une fouille de sauvetage sera réalisée en 1976, sous la direction d'Hervé Rivière et Elisabeth Monturet, par des bénévoles de la Base Aérienne 118 de Mont de Marsan, permettant de retrouver des traces d’un pavement de grande dimension, d’une mosaïque polychrome et de localiser les traces de l'établissement des thermes en contrebas. Cependant, rien ne subsistait des mosaïques si bien décrites au XIXe siècle ; elles avaient été pillées ou dispersées. Pourtant, par l'intérêt qu’elles représentaient, les mosaïques découvertes dans cette villa gallo-romaine étaient parmi les plus remarquables de la région. 

Plusieurs articles ont été publiés, en particulier sous la plume du Dr Sorbets, de J. Quicherat, du R.P. Labat, de E Dufourcet C.Lacoste, A.S Lugat, E. Monturet et H. Rivière...

Mais je veux citer encore celles de Cassan à Ordan- Larroque, d'Empélaujo à

 Auterive, du Pastissé à Cassaigne, du Léna à Pergain-Taillac, de Cachelardit à

 Cassaigne, des Arribères à Puységur, du Carbon à Larressingle, de las Bruches à

 Lussan du Herc à Orbessan etc en reste-t-il encore à découvrir  ?

https://archive.org/stream/inventairedesmos01acaduoft/inventairedesmos01acaduoft_djvu.txt

 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00822777/document

               du pain sur la planche pour ceux qui veulent aller plus loin !!!