Orfévrerie est le titre du document que je viens de taper à votre intention.
Le temps est à la pluie et la neige, il était donc tout indiqué que je me mette au travail; puisque je vais aussi rechercher quelques photos prises au British Museum et qui vont somptueusement ouvrir cet article.
L’orfèvrerie
est, de tous les arts somptuaires, le plus précieux et peut-être le
plus ancien.
Dès
qu’on sut fondre les métaux, elle prit naissance.
Elle
eut pour mère la vanité des hommes et la coquetterie des femmes ;
c’est assez dire qu’elle remonte aux premiers âges du monde.
Toutes
les civilisations digne de ce nom ont eu une orfèvrerie plus ou
moins compliquée, plus ou moins riche, plus ou moins brillante.
Les
deux livres les plus anciens que nous possédions, la Bible et
l’Iliade ne laissent aucun doute sur l’estime à laquelle on
tenait, dès les premiers temps historiques, le travail de l’or et
de l’argent.
La
Genèse, atteste que le
traitement des métaux précieux et leur transformation en vases
d’utilité ou en objets de parure étaient connus même des
patriarches.
C’est
par un présent d’orfèvrerie qu’Eliezer se concilia la
bienveillance de Rébecca, et Thamar, avant de s’abandonner à
Juda, exigea de lui qu’il lui donnât l’anneau dont son doigt
était orné.
Plis
tard l’Exode nous
apprendra que les Hébreux avaient non seulement emporté d’Egypte
une énorme quantité d’ustensiles d’or et d’argent, d’anneaux
et de bracelets, mais encore qu’ils
avaient la connaissance des procédés d’orfèvrerie, usités dans
leur pays de captivité ; car, au milieu du désert et sans
recourir à des artisans étrangers, les
Juifs fabriquèrent les vases sacrés et fondirent le fameux veau
d’or, premier symbole de l’amour du luxe.
Chez
les grecs, comme chez les Hébreux, les plus anciens monuments de la
littérature attestent le haut degré de perfection auquel, dès les
temps préhistoriques, la mise en œuvre de l’or et de l’argent,
était parvenue.
(Nous,
Pyrénéens, en savons quelque chose puisque les Romains en avaient
tant trouvé dans nos Pyrénées qu’ils l’employaient même au
façonnage des ancres de leurs navires).
Même
en tenant compte de la part qui revient, dans ces longs récits, à
l’imagination du poète, on en peut conclure que les Grecs étaient
déjà familiarisés avec les ouvrages d’orfèvrerie les plus
complexes.
Les
admirables découvertes de l’érudition moderne sont venues, depuis
peu, démontrer la relative exactitude de ces descriptions
dithyrambiques.
Enfin,
les inscriptions cunéiformes de l’Assyrie dont nos savants ont,
les premiers, pénétré le mystérieux langage, en constatant
l’étonnante quantité de meubles et de bijoux que le roi Sargon
rapporta comme butin de ses nombreuses conquêtes, nous dévoilent
assez que le travail des métaux précieux avait atteint chez les
peuples orientaux un développement considérable.
Il
ne faut donc pas s’étonner qu’après les guerres médiques, les
artistes grecs aient pu entreprendre et mener à bien la confection
de ces énormes ouvrages en or et en argent que décrivent les
historiens et dont la prodigieuse richesse n’a pas cessé d’être
pour nous un sujet d’admiration et de surprise.
Il
appartenait, au surplus, au génie de cette admirable nation de
porter l’orfèvrerie à un point de perfection qui n’a guère été
dépassé depuis.
Ses
plus grands hommes furent si sensibles aux charmes de la belle
orfèvrerie que, si nous en croyons l’auteur des Vies des hommes
illustres, Démosthène lui-même se serait laissé émouvoir par la
contemplation d’une coupe qu’Harpalus lui fit soupeser dans une
intention qu’on devine.
A
Rome, où la passion de l’argenterie fut encore plus développée
qu’à Athènes ; à Rome, où l’on vit, au dire de
Plutarque, des palais entiers uniquement garnis de meubles d’argent
et d’or, les personnages les plus illustres et hiérarchiquement
les plus élevés, non seulement mettaient un grand amour propre à
la possession de vases en métal précieux, mais en encore
attachaient une sorte de gloire à faire servir sur leurs tables des
coupes des oenochoés, des patères de vieille orfèvrerie, dont on
attribuait la paternité aux grands artistes de l’ancienne Grèce.
(Il
me faudrait plonger dans mes tiroirs pour retrouver un dossier que
j’avais élaboré sur les rhytons, ce que je ne manquerai pas de
faire).
Tout
le monde a lu, dans Plutarque, le récit du cadeau dont le fils
d’Antoine gratifia Philotas, puis de l’offre qu’il lui fit
d’échanger cette belle argenterie contre de l’argent comptant
« pour ce que son père pourroit à l’adventure demander
quelqu’un de ces vases faicts à l’antique » et qu’il
estimait particulièrement pour l’excellence de l’ouvrage
On
sait également que Caligula se vantait de boire journellement dans
la coupe dont Alexandre le Grand avait fait usage. Pline parle de
vases que les amateurs de son temps achetaient jusqu-à cinq et six
milles sesterces la livre ; et Martial se plaint d’être
obligé, au cours des longs repas, d’entendre ressasser la
généalogie de coupes et de bassins dont on fait remonter l’origine
au temps de Nestor et d’Achille.
Un
certain nombre de pièces qui nous ont été conservées de la belle
époque romaine démontrent, au reste que l’admiration des ancies
pour leur orfèvrerie était largement justifiée »
La
superbe patère en or, trouvée à Rennes, les soixante objets,
vases, disques, spatules, ustensiles de tout genre, groupes et
statuettes qui furent mis au jour auprès de Bernay ; le grand
et précieux disque péché dans le Rhône il y a près de deux
siècles et connu sous le nom de bouclier de Scipion, tous ces
superbes objets ; pieusement conservés au Cabinet des
médailles, viennent, avec la magnifique réunion de pièces de
décoration et de service découvertes près d’Hildesheim (Hanovre)
avec les nombreux monuments composant le trésor de Notre-Dame
d’Alençon (Eure et Loire) que l’on voit au Louvre dans la
Salle des Bijoux et avec quantité d’autres ouvrages qui sont
l’ornement des musées européens, attester l’incomparable
perfection à laquelle l’orfèvrerie romaine était parvenue aux
premiers temps de l’Empire.
Pour le bouclier de Scipion ouvrir ce lien ;
https://inha.revues.org/2781?lang=en
pour le trèsor d'Hildesheim:
http://www.peplums.info/pep42.03.htm
http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/anse-de-plat?sous_dept=1