La préoccupation, dans ces premiers mois de 1935 semble être la création de terrains adaptés à recevoir ces appareils de plus en plus performants.
Cette revue "Art et Industrie" méritait d'être conservée: elle aussi me fait rêver, le Comité de lecture réunit des personnages de renom, un voyage en soi !!!
Louis Artus, Pierre Benoit, de l'Académie française, Jacques-Emile Blanche, Jean Cassou, Jean Cocteau, Henri Clouzot, Mme Delarue-Mardrus, Jean Giraudoux, C. Gronkowski; G.Janneau, Paul Locard, Charles Loupot, Camille Mauclair, Pierre Mille, Auguste Perret, Léon Riotor, Jean Sarment, André Thétive, Mme Marcelle Tinayre; MM Paul Valéry de l'Académie française, et J J Vaudoyer.
Les couvertures, pour la plupart de Paule Max-Ingrand sont un régal
d'Art Nouveau, pour ceux qui aiment.
Je ne manquerai pas de vous en faire profiter en les scannant comme j'ai scanné pour vous les articles relevant de l'aviation et que voici :
Je crains que vous n'arriviez pas à le lire, donc je m'y attelle. Je n'avais scanné que la première page de cet article signé
Jacques Mortane.
"L'Arc- en- Ciel, après trois traversées magnifiques de l'Atlantique Sud, exploit qu'il est le seul appareil à avoir accompli, a dû ajourner son retour pour la quatrième.
Tel est le fait.
Examinons les raisons de ce retard qui a déçu tous les admirateurs du trimoteur René Couzinet aux mains du grand Mermoz.
Il s'agit simplement d'impossibilités causées par le terrain de Natal.
Les fondrières, les fourmillères y abondent.
Or, là-bas, un homme robuste trouve place aisément dans un trou creusé par les fourmis.
L'an dernier, pour le décollage de l'Arc-en- Ciel, on avait consenti à faire rouler le sol de cet aérodrome, si l'on peut dire. Depuis on y a plus touché : vous pouvez vous faire une idée de son état.
Lancer sur un pareil terrain un avion de 15 tonnes constituerait un danger meurtrier. Malgré son excédent de puissance, l'Arc-en-Ciel n'a pas pu dépasser une vitesse de 30 kilomètres, notoirement insuffisante pour le décollage.
Piloté par Mermoz, on peut être sûr qu'il a donné tout son maximum.
Il est donc resté à Natal, et l'expérience postale, qui avait réussi de façon si remarquable la semaine précédente, n'a pu être poursuivie.
On ne peut que le regretter, car la preuve était faite que la France, sans aucune collaboration étrangère, pouvait assurer dès maintenant la liaison avec l'Amérique du Sud d'une façon parfaite.
Une comparaison le démontre :
Les avions de la ligne Toulouse-Buenos-Ayres n'avaient mis que deux jours vingt et une heures quarante cinq minutes pour transporter le courrier.
L'Arc-en-Ciel fit la traversée de l'Atlantique en seize heures, alors que les avisos mettent quatre-vingt-seize heures.
Or les appareils allemands firent le parcours Friedrichshafen-Buenos-Ayres en quatre jours quinze heures trente minutes.
L'avantage revient donc à l'aviation française, battant le zeppelin et les hydravions allemands de un jour dix-sept heures quarante cinq minutes.
Oui, mais au retour, les Allemands ont triomphé, car les terrains se mirent de leur côté pour s'opposer au décollage de l'Arc-en-Ciel.
Notez également que si, à Natal, le terrain empêche les départs des appareils lourds, le hangar est également trop exigu pour garer l'Arc-en-Ciel en entier.
C'est cependant mieux qu'à Saint-Louis où n'existe aucun hangar et où le terrain
n'est pas meilleur qu'à l'époque où il retarda Costes et Le Brix pour la première traversée sans escale. Depuis rien n'a été fait.
Pourquoi?
Nous voulons, je l'espère du moins, arriver à franchir l'Atlantique par des moyens aériens français.
L'Arc-enCiel par ses prouesses, a sauvé la ligne et fait renouveler des contrats que notre perpétuelle défaillance avait failli nous faire enlever. Son rôle doit-il se borner à intervenir dans les situations désespérées, quitte à être oublié sitôt après ? Car jamais encore, on ne lui a manifesté la moindre reconnaissance, sous quelque forme que ce fût.
Il reste unique en son genre. Il vole depuis quatre ans et s'il lui arrivait le moindre incident, il ne pourrait pas être remplacé. On lui a imposé des épreuves formidables.
Il les a réussies. Jamais il n'a été aidé.
Il est parti à ses risques et périls, et maintenant, bien au loin, certains souhaitent
qu'il n'en revienne pas avant longtemps..
Les gêneurs doivent être éloignés. De la sorte on est tranquille !
D'aucuns bénissent les trous et les frondrières brésiliennes ! Si Mermoz n'avait pas cette foi admirable qui l'anime, l'Arc-en-Ciel n'aurait jamais connu les triomphes qu'il a remportés.
Le malheur pour lui est d'être obligé de partir d'un terrain qui n'est même pas suffisant pour des essais de planeurs !
L'infrastructure ne doit-elle pourtant pas être à la base de l'établissement d'une ligne aérienne ?
N'aurait-on pas dû, avant tout, organiser les terrains de Saint-Louis et de Natal, y créer des pistes de départ, y établir des ateliers de réparation ? Pourquoi ne pas y avoir songé ? L'avenir de la ligne était en jeu et nul n'ignorait que l'Arc-en-Ciel et ses 15.000 kilogrammes allaient y décoller.
Installer un terrain coûte cher, c'est certain, mais les subventions ne doivent-elles pas servir à cette indispensable et primordiale précaution ? On va établir une piste de départ cimentée à Saint-Louis : il n'est jamais trop tard pour bien faire, mais pour quelles raisons a-t-on sans cesse remis au lendemain ce qu'on devait faire le jour même ? Et à Natal ?.
Les difficultés semées sur la route de l'Arc-en-Ciel n'ont pour dessein que de diminuer la portée des exploits.... et on oublie de parler des terrains, et des responsables !.Les véritables profiteurs de cette bizarre politique- peut-être voulue par certains- seront les Allemands qui, battus de près de quarante-deux heures sur le trajet de l'aller, voyaient déjà leur influence battue en brèche par l'admirable travail des pilotes de la ligne d'Amérique du Sud, qui, avec un matériel squelettique, assurent le service avec un stoicisme et un mépris du danger magnifiques.
Au moment où ces héros anonymes espéraient, grâce à l'Arc-en-Ciel et à leur chef de file, Jean Mermoz, que les multiples sacrifices allaient enfin trouver leur récompense dans un transport beaucoup plus rapide du courrier, ils s'aperçoivent que la mécanique existe, mais que les terrains ne sont pas conçus pour de telles machines.
Là, qui peut le plus ne peut le moins ! Il est décevant de le constater, et navrant de conclure que nous avons une aviation trop grande pour notre compagnie unique ."
D'autres articles suivront dont un voyage de Paul Morand à Prague., avec le "Flèche d'orient"
Et pour ne pas vous priver de photos,
retour à Aéroscopia
le Messerschmitt ME 323 Gigant
et le Potez 840
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Mortane
http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/paul-morand
et puisque Richard Ferrière évoque l'Armagnac;
http://richard.ferriere.free.fr/archives/essai/potez840.pdf