lundi 27 juillet 2015

Les jours caniculaires

 Je ne sais quel saint faiseur de pluie les Couserannais ont invoqué mais il faut maintenant viser les jours où je peux monter dans ma vallée sans qu'elle soit dans les nuages.
 C'était le cas hier où la température était plus clémente bien qu'ensoleillée et l'occasion de monter des bardas que j'ai posé à terre pour photographier ce papillon.

Pendant le déjeuner à l'ombre du grand épicea:

 Un petit chat noir
Venu d'on ne savait d'où
Pointait son museau.

Visiblement affamé, son approche prudente
révélait sa nature sauvage; prêt à s'enfuir au moindre geste
 il aurait toutefois bien voulu élire domicile chez moi.


Il fallait toutefois éviter de l'enfermer à l'intérieur, sans le vouloir, au départ. 


C'était la Sainte Anne, jour de ma fête, donc du beau temps mais Sainte Marguerite le 20 juillet était passée par là!
 Voyons ce qu'Isaure nous en dit:

"Le 20 juillet est le jour du déséquilibre de l'atmosphère. Celui de la circulation de l'air et de son instabilité;"A Sainte-Marguerite, il fait du vent.
 "Senta Margalida qu'era volatje; que va her vent"
Sainte Marguerite était volage; il va faire du vent.
ils disaient les vieux.
Dans les hauteurs calcaires où l'eau quitte vite la surface pour s'enfoncer dans l'ombre des réseaux souterrains, la terre a soif et se dessèche dès que le ciel ne l'abreuve plus.
Les automnes pyrénéens sont éblouissants de bleus, de roux et de soleil, comme si l'astre avait pompé toute la substance aqueuse d'un monde réduit à la terre et à l'air. Et pour peu que les orages d'août  aient été pauvres et rares, les sources tarissent et, même sur les schistes, elles suintent au lieu de couler.
Il faut donc faire pleuvoir et faire sourdre l'eau chthonienne. Pour ce faire, les êtres mythiques pré-chrétiens et les saints, substitus de divinités antérieures, sont appellés à la rescousse.
Curieusement, Saint Roch, le plus caniculaire parmi les saints caniculaires, par sa place calendaire le 16 août, n'est pas donné comme saint faiseur de pluie, dans la tradition orale de Haute Gascogne.

 C'est Saint Jacques, le premier par la date, puisque fêté au 25 juillet, qui est, ce jour-là, imploré dans la Barousse contre les effets néfastes de la sécheresse.
 (et il a plu
" A Créchets, pour Saint Jacques, le 25 juillet, ils faisaient une cérémonie, ils invoquaient Saint Jacques .
Parce que les sécheresses, c'était la première quinzaine d'août et une partie de la deuxième. Alors ils l'invoquaient pour la formation des châtaignes, vous comprenez" (Marius Sost, né en 1900).
Le dicton répandu dans le Comminges calcaire et la Bellongue couserannaise, l'affirme
" Enta nosta dama (15 août) era castanha que se pert o que se ganha"
(A Notre Dame, la châtaigne se perd ou se gagne.)
Dans ces régions d'altitude moyenne, autour de 500 à mille mètres, la châtaigne fut longtemps un aliment de base pour les hommes et pour les bêtes.
En manquer compromettait l'équilibre alimentaire de l'hiver"

comme il pleut aujourd'hui 27 juillet....
 

samedi 25 juillet 2015

Light, très light

J'attendais beaucoup de celle nouvelle expo de Dreamtime dans la grotte du Mas d'Azil
Mais sur le thème de l'année de la lumière - "At first light"...... c'était vraiment trop "light".
Il ne suffit pas de baptiser trois lustres du nom des archéologues de la grotte Piette et Mandement pour nous éclairer sur le sujet.
Il faut y voir très clair pour comprendre que celui-ci rappelle les galets peints aziliens :

 et que celui-là est une allusion aux propulseurs magdaléniens



La grotte en elle-même est toujours agréable à visiter surtout lorsque l'on sait qu'elle est toujours en cours de fouilles.
Je vous recommande le son et lumière qui vaut .... le voyage.



 Heureusement que l'Atelier de Clermont nous offrait dans ses vitraux plus de lumière.



vendredi 24 juillet 2015

sur le terrain

Croyez-vous que je puisse me contenter, au quotidien, des pages aussi belles soient-elles d'un recueil de dessins, il me suffit d'ouvrir ma porte en fin d'après midi pour plonger dans la nature vivante.

                                           à la chasse au rai de lumière qui se glisse entre les troncs d'épiceas pour se poser sur une fougère.


Je ne me pose jamais, (mais sais contempler,) contrairement à tous ces artistes qui posent leur chevalet et la photo est une réponse rapide; je suis une femme qui va toujours de l'avant, et ma curiosité n'a pas de limite.
J'adore les kilomètres que Frisco me fait parcourir quand nous allons au brame ou "aux mues" et souvent le temps manque pour cadrer une photo, il ne reste alors que les souvenirs !! et ils sont toujours très vivaces.
Il y a toujours un instant quand je quitte ma petite maison dans la prairie où je m'arrête en descendant pour imprimer cette vision dans ma mémoire.









au bout du tunnel, la vie, l'explosion de lumière.











ou bien, le temps et les éléments de la nature qui détruisent lentement mais  vont donner naissance à de nouvelles vies.

Simplicité,  originalité, de cette petite fougère qui a choisi de se teinter en rose pour se faire remarquer:


Canton de Vaud et Jura français

Christophe Stern est pourtant né dans les vignes  à Cully mais lors de son séjour aux Ecrins, il résidait dans le Jura français après quinze années passées dans le Canton de Vaud.
Il attrape très tôt le virus ornithologique qu'il concrétise par des dessins publiés  (entre beaucoup d'autres) dans l'Atlas des oiseaux nicheurs du Jura et "Les oiseaux du Canton de Vaud".
Parmi les nombreux artistes que nous avons évoqué, il a la particularité d'être graveur.
Pour la réalisation d'une estampe sur bois gravé il s'inspire d'une aquarelle ou parfois d'un croquis à la mine de plomb.
Chaque gravure peut nécessiter trente à quarante jours de travail.

 Gravure sur bois, d'après étude (Oisans) Marmotte couchée sur un rocher.

                               "Ayant vécu dans les Alpes Suisses et résidant depuis quinze ans sur les monts Jurassiens, les territoires montagneux me sont familiers, et je m'y sens à mon aise.
Toutefois j'ai rencontré dans le Parc National des Ecrins une très grande diversité de paysage entre chaque vallée, me poussant à les considérer chacune de façon très particulière.

Aquarelle de terrain: Pré Clot, vallée du Vénéon (Oisans)
 
Par nature  attiré par l'eau, j'ai été spécialement séduit par les rivières et les névés.
On peut d'ailleurs les retrouver dans le travail que j'ai exécuté alors .



La puissance de ces montagnes ne trouve, à mon sens, d'équivalent que dans l'immensité de l'océan.
La richesse de la flore est le joyau de cette région.
Après plusieurs séjours, j'ai encore aujourd'hui le sentiment de n'avoir qu'effleuré la dimension de ce patrimoine."








Aquarelle de terrain. Au dessus du Voile de la Mariée (Gioberney, Valgaudemar)




                     Aquarelle de terrain .Le torrent de la Selle (Vallouise)

 http://www.museum-neuchatel.ch/index.php/approfondir/les-expositions/les-anciennes-expositions/141-christophe-stern

jeudi 23 juillet 2015

d'un continent à l'autre

                                        Robin D'Arcy Shillcock

Robin D'Arcy Shillcock est Australien ; il a grandi en Inde au Guatemala et en Australie.
Il arrive en 1973 à Groningen pour étudier les arts, la peinture et l'histoire de l'art à l'Académie des Beaux-Arts locale, aux Pays-Bas.
Il réside à Groningen, où il travaille comme artiste professionnel et écrivain, pour un un public international.
Depuis 1984, il donne des conférences et publie des articles traitant des voyages, du dessin sur nature et de l'art contemporain figuratif.
Son ouvrage le plus récent : Artists of the wild, à paraître en 1997, couvre 30.000 d'inspiration par la nature dans les traditions artistiques occidentales.
Autres livres : Portrait of a Living Marsh(1993) sur les marais de la Biebrza en Pologne, Wind, Wad en Waterverf sur une île du Schiermonnikoog en Hollande (1990), un recueil de dessins légendant des poèmes de Jan Kooistra, auteur hollandais.
Illustrateur de nombreux ouvrages, il a exposé en Hollande, Suède, Norvège, Allemagne, France, Japon, Kenya, Canada et Etats-Unis.
Ses oeuvres font partie de différentes collections, privées et publiques et figurent dans des musées partout dans le monde.

                   "Ma quête d'une nature intacte et des animaux sauvages m'a amené aux régions les plus rudes de l'Europe et de l'Amérique du Nord, aux populations clairsemées, mais riches de vie sauvage et de solitude.
Le croquis de plein air est pour moi une base artistique essentielle. Ce travail me permet de mieux comprendre la nature sauvage.
J'ai besoin du ferme fondement qu'offre l'observation.
Malgré cela, le temps de la réflexion est aussi important que celui que je passe, longuement et solitairement, dans mon atelier, où je m'efforce de retrouver, reconstruire le sens et la matière de mes rencontres avec la nature.
Je trouve le désir de partager avec d'autres le sentiment profond que j'éprouve, envers le royaume de la nature intacte, lequel s'incarne dans les animaux sauvages et dans la façon dont ils constituent une partie intégrante de leur environnement.
En essayant de les connaître le plus intimement qu'il est possible, j'espère acquérir une meilleure compréhension de leur monde, ce monde dans lequel je ne suis qu'un étranger".


       Huile (oeuvre de terrain) Le torrent de la Selle, vallée des Bans (Vallouise)

                   " Comparées au pays où je réside habituellement, une terre basse, depuis longtemps domptée, polie par l'homme en vue de ses besoins d'espace et d'un meilleur emplacement de vie, les montagnes des Ecrins sont à des distances incalculables et aussi difficiles à atteindre que les nuages qui s'élèvent dans leur ciel. Lorsqu'on pénètre aux Ecrins par la route, comme le font la plupart des visiteurs, on aperçoit une succession de hauteurs, vague après vague, de sommets et vallées, chacune ayant son charme particulier, formant un monde en soi.


 Vues de l'intérieur d'une voiture, les montagnes bien que distantes, semblent à cause de l'habitacle et de l'effet des vitres, dépouillées de leur caractère sauvage.
Pour faire réellement l'expérience de ce paysage, vous devez y accéder à pied, gravir les pentes, rempir vos poumons de l'air alpin, sentir la sueur goutter sur votre corps à mesure que vous avancez vers quelque site éloigné où les aigles prennent leur essor au-dessus des sources, et où les appels des craves à bec rouge sont répercutés par de hautes et abruptes falaises.
Remontant une vallée dans l'aveuglante lumière d'un matin du commencement de mai, me voilà attiré comme un papillon de nuit par la flamme ; je marche alors jusqu'à ce qu'une voix intérieure me dise : c'est ici, c'est ici qu'il faut que tu t'arrêtes pour faire un dessin.

 Mais à me trouver en face de versants montagneux décapés par le vent, les eaux et les glaces, puis dévastés autant par l'intense chaleur estivale que par le gel profond de l'hiver, voilà que ma perception du paysage en tant qu'artiste est soumise à un sérieux défi.
Je réentends le son empreint de solennité des cloches de l'église toute proche de Saint-Christophe-en-Oisans.
Des serrements de coeur venaient perturber ma concentration lorsque le souvenir d'un ami récemment décédé  tourbillonnait dans mon esprit, et l'emplissait de brume.
Le temps extérieur faisait plus que se répercuter sur mon humeur.
Il offrait une solution ." 

 Huile sur bois. Traquet motteux dans la vallée de Chambran (Vallouise)

 http://www.robin-darcy-shillcock.com/
                  

mercredi 22 juillet 2015

Méditations, contemplations

Si je m'immisce entre les pages de ces reportages d'artistes, n'en ayant ni le talent, ni la notoriété, je partage cependant avec eux le même amour de la nature, elle est depuis longtemps au centre de ma vie.
Ce coin du Port de Lers m'est si familier,  je devrais dire nous est si familier.
 Hier encore avec le frère de Frisco nous évoquions sans honte notre escalade  de 2013, déjà, où il fut tétanisé par une anxiété soudaine et ne put terminer l'escalade.

 Ce fut la seule fois de ma vie où j'ai pu "embrasser" ma vallée  en enfilade; encore merci Frisco! quand même 1900 mètres la Pique !!!




Devant un petit café très matinal une occasion encore de nous tourner vers un passé pas si lointain.


Pour ceux qui n'avaient pas vu ce reportage, c'est "Une vallée chère à mon coeur" du 7 janvier 2014.
 Hier, nous empruntions les chemins de l'enfance des enfants,  deux heures de montée à batailler avec les branches de noisetiers barrant le chemin, les orties, les petits torrents sortis de leurs lits; en nous remémorant les montagnards auxquels leurs épouses montaient leurs "dîner" tous les jours.
 (le dîner de ces montagnes étant notre déjeuner), où ils aidaient à retouner l'herbe  de la fenaison.
Ces propos vont rappeller à Guilhem ( la nouvelle génération ) sa montée hivernale où il a aussi mis deux heures, mais avec deux mètres de neige.
Sous les remparts de Carcassonne où la chaleur est intense il doit en rêver!!!

L'étang reflétait  immuablement les lherzolites  dans un silence et une paix matinales loin de l'orage qu'il allait  essuyer dans la soirée.






 La descente au pas accéléré avec le tonnerre roulant dans l'écho des montagnes.
 Laurent a poussé les traditions en s'exerçant aux mêmes gestes ancestraux du faucheur.

des mathématiques au dessin

 C'est le cas de Darren Rees qui abandonne rapidemennt sa première discipline pour devenir un autre grand spécialiste des oiseaux, récompensé par les plus hautes instances  y compris le Swarovski/Birdwatching Award en 1991.


 Chocards dynamiques au-dessus du Puy des Beaumes à Champoléon (Champsaur)
J'aime aussi beaucoup cette étude de chamois, où il restitue une attitude familière dans une aquarelle pleine d'expression:

                 "Mon séjour dans les écrins fut une bien trop courte semaine passée au début du printemps 1994, pendant laquelle je dessinai et je peignis en cherchant à donner du sens à cette nature sauvage et ces paysages parmi les plus beaux d'Europe.
Il y a bien peu de vraies montagnes en Grande Bretagne et ce fut donc pour moi une magnifique opportunité de pouvoir ainsi tout à loisir observer chamois, lièvres variables, aigles et autres prestigieuses espèces des alpes.
Parmi les nombreux oiseaux des Ecrins, je cherchai bien sûr à observer les espèces alpines. Les chocards à bec jaune, fréquents à ces hautes altitudes, furent mes préférés
Picorant quelque pitance dans les herbes rases, les voilà qui se pavanent alentour en battant des ailes, puis s'élèvent soudain sans effort dans les airs dans un grand concert de piaillements et de criaillements.
En vol, les groupes qu'ils forment semblent se mouvoir comme un seul individu, les changements de direction de l'un d'entre eux, ondulant dans la bande, entraînant aussitôt avec lui toute la masse à travers le ciel immense.

Le printemps montagnard des Ecrins m'a réservé ces restes de névés qui subsistent encore dans les couloirs et les combes peu ensoleillées.
Ces taches de blanc abandonnées me rapellent la rudesse de l'hiver écoulé et renforcent cette sensation d'austérité du paysage qui m'environne.
La combe du Puy des Beaumes est l'un ce ces paysages: un élan de neige jaillisant vers la crête dentelée de l'horizon, et qui semble chercher un point focal dans le ciel.




 Peut-être le vol de chocards cherche-t-il aussi cet horizon."












 Aquarelles de Venturons montagnards