dimanche 5 juillet 2015

Au pays de la Lherzolite

  Aucun monstre n'émerge de l'étang de Lhers si ce n'est cet adorable rat trompette, le desman pyrénéen, le paysage grandiose du Port de Lers avec ses troupeaux en estive et la descente vers Aulus ont toujours ce "je ne sais quoi"de l'atmosphère qui a régné là lors du soulèvement pyrénéen.

 Petit intermède ce matin ou "entre-pages "

Les grands sommets frontaliers avec l'Espagne ont encore leurs névés.
               et la brume de chaleur ne s'est pas dissipée de la journée.

(à destination de Nistosien) l'avant dernier acte de la reconstruction de la grange de Frisco and Co, s'est fêté en présence des nombreux membres de la famille.

J'ai pu aller identifier mon site néolithique avec des découvertes supplémentaires.


http://roches.mnhn.fr/lherz/description.php

et très bientôt le Tour de France  http://www.ariegenews.com/news-1888-92135.html

jeudi 2 juillet 2015

encore un autre

 Tous finalement des "hyper" doués qui manient l'écriture et le pinceau avec autant de bonheur, Denis Clavreul, né en 1955 en Mayenne, soutient un DEA d'écologie en 1979, puis un doctorat de 3ème cycle en écologie à la faculté des Sciences de Rennes en 1984.
 Encore un palmarès digne d'éloges que je vous communiquerai dans les jours qui viennent.
J'ai des fourmis dans les jambes et je prépare aussi mon sac à dos, je ne m'installerai pas à l'affut, je vais simplement revoir la vallée chère à mon coeur avec une photo à prendre d'une découverte que je dois encore étudier.

           "7 mars, 10h30, vallée de l'Onde. J'ai quitté la piste de ski de fond et je monte dans les bois avant de rejoindre un peu plus loin le bord du torrent.
Seuls quelques cris de pinson, de mésange charbonnière et de pic épeiche brisent le silence.
Le torrent gelé est couvert de neige, mais on entend son coeur qui bat: il coule sous la glace. La pente s'accentue. J'ai préféré emprunter le flanc de la vallée le moins éclairé afin de ne pas être gêné par le soleil. Après vingt minutes de marche, je marrête, car la neige empêche ma progression. Face à moi se trouve une grande falaise, douce et bombée comme un ventre, soulignée à la base par de fines bades blanches. Il y a du roux, un grand arc de roche verdâtre sur la droite.
                     J'ai envie de peindre.

                            Aquarelle d'après croquis. Soir de mars près de Dormillouse

Le lendemain, près de Dormillouse.
Le soleil va bientôt disparaître derrière le Grand Pinier.
Comme hier le vol de chocards apparaît, venu d'on ne sait où: la bande se pose non loin de moi sur des rochers et quelques murets de pierre.

 Puis les oiseaux dévalent la pente, se posent, picorent, marchent un peu, s'envolent; d'autres arrivent et dévalent lentement la pente en tourbillonant comme de grandes feuilles noires.
Les oiseaux en vol sont très gracieux et légers; de nombreuses ombres vivantes sont projetées sur le sol.
Soudain les oiseaux disparaissent; leurs cris résonnent encore quelques instants dans la vallée.
Le paysage bleuté semble à présent incroyablement immobile."







Aquarelle et pastel La Valée de l'Onde (Vallouise)
                          Aquarelle et pastel Lac du Lauvitel














d'après croquis Aquarelle et pastel.
Les chocards se sont posés (Freissinières)

un autre registre

 Nous avons à faire avec Jean Chevalier à un diplomé de Sciences Naturelles, illustrateur de renom au palmarès impressionnant, doublé d'un véritable montagnard,  bien qu'il avoue avoir eu une certaine appréhension de la montagne et ses illustrations sont parmi mes préférées, sans doute parce qu' il utlise beaucoup le pastel.
Le texte qui accompagne sa contribution à ces rencontres d'artistes reflète une énergie volontaire.

Aquarelle et pastel. La prairie au soir: Molines en Champsaur (Valgaudemar)


             "Entre 1990 et 1996, neuf visites aux Ecrins me laissèrent d'inoubliables souvenirs.
Au premier séjour je découvrais le côté méridional de Vallouise grâce à la faune locale: un scorpion sur la terrasse du gîte Martin, les moineaux soulcies et petits-ducs ou encore le lagopède et le petit tétras qu'abritent les forêts et les pierriers.

Puis dans le cadre somptueux du Lauvitel, ce furent les chamois replets aux couleurs de novembre, chamois épais dans leur robe d'hiver, mais incroyablement puissants, à la crête dorsale hérissée par le rut.
La virée d'avril 93 restera à jamais dans ma mémoire: conseillé par Christian Couloumy, chef de secteur et ami, nous montons pour trois nuits dans un refuge, à 2200 mètres d'altitude.
Paysage grandiose le jour, aux mamelons enneigés cernés d'ombres bleues.
Formes rondes des lagopèdes immaculés, dont la résistance au froid laisse rêveur.
La nuit, la danse des lièvres blancs sous le clair de lune rendait le décor féerique.
Puis la redescente, presque aussi dure que la montée ( à cause du poids des sacs et de la neige)
mais qui se déroula dans l'euphorie finale d'une virée réussie..

Aquarelle et fusain Col de la Règue au clair de lune Vallée de Chargès
    Aquarelle et pastel Visite des chocards au Pré de Madame
         Fusain . Lièvre dressé d'après croquis
               Aquarelle et pastel. Vers la Tête Noire

 Il me revient aussi trois jours de pastels intensifs à Molines, assis presque toute la journée à me battre avec cette technique, nouvelle pour moi.
Trop de souvenirs à évoquer, qui masquent mon appréhension initiale de la montagne."


Un poète et plus encore.

Nader Chamlou travaille à l'aquarelle, au pastel, à l'acrylique et la mine de plomb, titulaire d'un diplôme national supérieur d'expression plastique, la calligraphie persane semble n'avoir aucun secret pour lui. 
Je serais très curieuse aussi de voir ses oeuvres inspirées du monde du vin à Pauillac, au Château Taillefer Moueix, à Beychac et Caillau, à St Germain du Puch.

Son texte de présentation très poétique suggére un caractère d'une grande sensiblité aux beautés de la nature:

        "Les Ecrins.. Vénon... Valgaudemar...
Cascade d'aquatinte, vallée se silhouettant en lavis, robe blanche des cimes aux dentelles rocheuses...        A la recherche d'une expression qui traduise mes impressions.
" Gentiane" pour "calice d'une vallée", "rosée" abreuvant l'étiage "d'une rivière", "branche en mouvement" crayonnant mes dessins...
Entre ces mots illustrant les titres de mes tableaux, entre l'arc- en - ciel aux couleurs de ma boîte d'aquarelles et l'eau des sources les diluant, entre la montagne et mes yeux qui la cadre dans mes toiles, une immense soif de contemplation, de rencontre et de conteur.


 Désir irrésistible de retracer ces moments intenses où m'abimait le "paysage" en le conceptualisant dans des oeuvres plus sensibles, plus proches que celles du paysagiste.
Je devais dès lors oublier l'air que je respirais pour retenir mon inspiration, le sol sur lequel je m'accroupissais pour asseoir sa minéralité dans mes gouaches
Seulement alors le vertige de ces grands espaces du Parc des Ecrins me dépaysait assez pour retourner dans mes tableaux comme dans un havre de paix, et j' y habite désormais en m'efforçant d'être le plus fidèle gardien de cette gigantesque demeure:



la nature et ma vie 


dans un seul et même cadre."

Chamois et Choucas

                                      John Busby

                                                             Oeuvre de terrain: Dessin et aquarelle
                                                                 Chamois sur la neige (Valgaudemar)

       "Quand le paysage est entièrement enveloppé de nuées, on ne peut imaginer où mènent les pentes qui disparaissent vers les sommets ou les vallées.
Seuls les bruits des cascades et des torrents donnent quelques indications.
A présent, le soleil et les cimes apparaissent enfin.
Une chaude lumière qui fait ressortir les senteurs du thym sauvage, tandis que les hêtraies fraîchement feuillues brillent en contraste avec les vallonements ombreux.
Le tintement des clochettes que portent les chèvres effacent momentanément le grondement constant des eaux jaillisantes alors que trois busards montent en spirale des basses pentes vers les hauteurs enneigées.
Le dessin est la seule discipline qui puisse donner la réplique à la vivacité des oiseaux, par la vitesse et l'énergie de l'exécution.
Ces dessins concernent autant les moments de l'observation que les traits et l'existence des oiseaux eux-mêmes.

                                                                      Alpine Choughs: les Ecrins May 1996

La clarté assombrie du crépuscule fait place un instant à une bande de lumière envoyée à la face du Sirac.
Cela aura duré dix secondes à peine, mais je m'en souviendrai toute ma vie.
Porter le regard sur ces terribles pentes me coupe le souffle.
Il me semble que ma vision se meut  au rythme du pas d'un grimpeur.
Comment saisir l'essentiel de tout cela d'un mouvement du pinceau, en gardant l'étendue de vision d'un aigle?"

John Busby est né en 1928 à Edimbourgh, après des études au College of Art de cette ville, dès 1956 il commence à enseigner le dessin et la peinture.
Membre fondateur de la Society Wildlife Artists puis membre de la Royal Scottish Watercolor Society.
En 1988 il quitte l'enseignement pour devenir peintre indépendant et entre au conseil d'administration de Artist for Nature en 1990.
John Busby a déployé une importante activité internationale autour de son art. Plusieurs voyages dans le cadre de l'ANF vers  la Hollande, la Pologne, l'Espagne, Irlande, Afrique du Sud.
Il dirige des cours de dessin d'oiseaux en Ecosse mais en a donné aussi en Crète, au Massachussets, aux Malouines et en Suisse.

mercredi 1 juillet 2015

Pierres et rochers

Carl Brenders                                         Gouache
                                                                Le Vénéon au printemps


            "Pour quelqu'un originaire d'une région sans relief, passer une période en montagne est toujours une expérience riche et émouvante.
Elle l'est encore plus aux côtés d'autres artistes lorsque l'enthousiasme des uns se communique aux autres.
Comme artiste de studio (mon travail photo-réaliste demande des mois de travail), j'ai beaucoup apprécié de pouvoir travailler en pleine nature.
Le paysage dans le parc étant tellement grandiose, je me suis toujours attaché à faire des esquisses de l'aspect fin hiver, début printemps.
Mon travail d'étude a preque toujours lieu dans les Rocheuses aux Etats-Unis et la différence de végétation et de paysage est très intéressante pour moi.
Le sentiment de la présence de l'homme un peu partout (vieilles cabanes, restes de petite agriculture, etc) a pour moi un charme à part, que l'on n'a pas dans les Rocheuses.

                                                          Grange La Gassaudia (Oisans)

L'observation des chamois était moins facile que les espèces similaires en Amérique. Le chamois me semble plus méfiant que nos espèces locales, les "bighorns" et les "mountaingoats". Très attiré par les rongeurs, j'ai été particulièrement séduit par les marmottes.
Pourtant, trop occupé par le paysage et les plantes, j'ai fait peu d'esquisses d'animaux.
Le dessin de paysage est pour moi une source de méditation."


Carl Brenders est né en 1937 dans une famille de six enfants, près d'Anvers, en Belgique, il passe sa jeunesse à la campagne, toujours près des fermiers et des animaux de basse-cour.
Après des études à l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers, il passe douze ans à travailler dans un studio de photogravure dont huit comme chef d'atelier d'illustrateurs.
IL devient illustrateur animalier indépendant (pour Hachette, Tintin)   et s'installe dès 1983 comme peintre animalier aux Etats-Unis.
 Depuis 1985, il participe chaque année à la grande exposition "Birds in Art" au Leigh Yawkee Woodson Art Museum.
Il a été invité comme Master Artist dans l'exposition "Pacific Rim" à Tacoma (Etat de Washington) et dans de "South Eastern Wildlife Exposition à Chaleston en Caroline du Sud.
 Suivent une rétrospective au musée Carnegie de Pittsburg, le livre d'Art tiré à 40.000 exemplaires par l'éditeur Abrams de New-York et cinq livres chez Hachette dans la série" La vie secrète des bêtes".

Chacun son style

                                       Martial Bos

                       " Alors que j'observais un matin, dans le Valgaudemar, les parades de tétras-lyres sur une place de chant, les cris rauques de lagopèdes se disputant un territoire m'ont attiré bien au-dessus sur la crête.
La découverte de ces oiseaux fut un enchantement.
Et quelques jours plus tard, j'ai fait la connaissance d'un tout jeune cabri, au-dessus de Gobernay.
Il y avait des chamois qui broutaient en groupes, peu farouches, sur des pentes faciles d'accès.






Chardons bleus de la vallée du Fournel
Croquis de terrain aquarellé






Plus loin, sur un versant escarpé, inhospitalier, une femelle m'observait fixement pendant plus d'une demi-heure.
Visiblement elle était inquiète, malgré la distance qui nous séparait.
Je la surveillais patiemment à la longue vue.
Soudain une tache marron bougea sur le côté dans les rhododendrons.
C'était son jeune cabri.Tout petit, il cherchait à se redresser maladroitement sur ses pattes, il titubait et retombait, sa mère le léchait, s'écartait un peu pour paître, puis revenait près de lui. Il la tétait avec une belle énergie.
Le lendemain matin il esquissait déjà des petites cabrioles, en suivant sa mère qui l'entraînait ailleurs.

                 Aquarelles de terrain :Le brouillard se lève sur les Granges (Oisans)

Malgré les averses de pluie et de grêle qui voilaient mon spectacle par intermittence, je les ai longtemps suivis à la lunette.
Ce cabri insouciant était la joie de vivre.
Il me reste aussi un souvenir vivant de la fonte des neiges: des soldanelles pressées de fleurir commençaient à trouer la frange d'un névé qui se retirait lentement.
Le temps de les peindre, et déjà elles étaient bien dégagées, bien épanouies, tandis qu'en arrière d'autres pointaient à leur tour.
Et ces rochers humides, vers Pré-Clot, couverts de mousse gorgée d'eau, les bouquets de primevères hirsutes piquées de partout, comme dans un Paradis, les goutelettes de pluie accrochées aux herbes scintillant un instant sous une trouée de soleil...........Ce que j'ai croqué n'en est qu'une bien pâle image."

                                                           Vol de chocards à la Bérarde (Oisans)