vendredi 16 janvier 2015

Au bord du suicide collectif, suite

 Je n'ai pas le coeur à vous conter dans le détail les atrocités partagées autour des points d'eau pour désaltérer les troupeaux, à la Pierre St Martin; ils me rappellent quelques coutumes du désert...

 http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Anso.jpg#mediaviewer/File:Anso.jpg

..".Une guerre implacable se poursuivit durant des années. Les troupeaux livrés à eux-mémes étaient décimés par les ours; les villages perdaient leurs hommes dans des combats sauvages.
Malgré l'intervention du seigneur de Béarn, Gaston II, et du roi de Navarre Charles II, qui avait convoqué à Anso les évêques d'Oloron, de Bayonne, de Jaca et de Pampelune, les pouparlers échouèrent. La sanglante bataille d'Aguincea amena la mort du chef des Barétounais et leur déroute. Mais au moment où les Roncalais allaient se jeter sur les Français pour une"solution finale", un saint homme, le curé du village d'Aramits, put les arrêter et engager les négociations: il fut écouté sans peine; les deux vallées étaient lasses du sang et de cette lutte, qui les avaient menées au bord du suicide collectif.



Le tribunal des souverains et des évêques se réunit une seconde fois à Anso: et toute l'éloquence des délégués du Barétous n'empêcha pas la sentence de leur être défavorable. Rendue le 13 octobre 1375, elle condamnait la vallée Barétous "à payer et à livrer annuelleent, et à perpétuité, à la vallée de Roncal, trois vaches génisses de l'âge de deux ans, sans tâche, ni macule, laquelle délivrance sera faite, chaque année, le quatrième jour après la fête des Sept- Frères (13 juillet) à la Pierre- Saint -Martin."
En 1389 et en 1856, cette sentence fut reprise pour régler ce qui avait été à l'origine du conflit, cette affaire"d'herbes et eaux" (yerbas y aguas).
A partir du 10 juillet et pendant une période de 28 jours, les bergers du Barétous pouvaient faire pacager leurs troupeaux sur certains pâturages du territoire espagnol et abreuver leurs bêtes aux fontaines qui s'y trouvent.
Cette cérémonie ne fut interrompue que deux fois au cours des siècles: en 1794 au fort de l'offensive des troupes républicaines, et en 1944, à la fin de l'occupation allemande."

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Urzainqui_rio.jpg#mediaviewer/File:Urzainqui_rio.jpg

sortie montagne

http://www.grandeodyssee.com/fr/index.html

Tout d'abord des nouvelles de la Grande Odyssée.

Les problèmes de neige dans les Alpes se retrouvent aussi dans cette partie des Pyrénées, à 1847 mètres, hier, face aux pentes Sud du St Barthélémy..



Sortie tout terrain avec Thibault, petit blizzard assez pelard au départ, malgré le soleil,



 puis à l'abri dans les sapins,



 belles échappées vers le St Barth,



 ou bien, plus au sud vers la Crète des Calmettes



une sortie comme je les aime, sans bruits de perches, sans foule, seuls avec la nature.

 des houx aussi gros  que des arbres

  et des plantes séches qui dessinent des graphismes très purs

                    blancs ou roses



mercredi 14 janvier 2015

Un pacte de six cents ans


" L'horreur de la dépendance et l'esprit républicain " tels étaient les traits dominants du tempérament des habitants des vallées selon le géographe Roussel de la Blottière, auteur d'une célèbre carte de la chaîne.
Comment en aurait-il été autrement pour des hommes vivant au voisinage des bandits et des fauves?
"Il ne se trouve pas plus d'union parmi eux qu'ailleurs, ajoutait-il, mais s'agit-il de l'intérêt public, ceux qui étaient prêts à se battre se réunissent à l'instant et paraissent d'une concorde admirable"
  Si cette concorde se réalisait spontanément sur le dos des soldats du roi et plus souvent encore des gabelous, le tocsin sonnait trop fréquemment pour appeler les gens d'ne vallée à repousser une razzia de voisins, ou à se rassembler pour une expédition punitive.
L'histoire des Pyrénées est une chronique interminable de réglements de compte dégénérant parfois en petites guerres enregistrées par les chroniques locales. Et on comprendra que le souverain en titre se soit habituellement muni d'une garde d'otages pour rendre visite autrefois à ses sujets "féaux et courtois"; le cérémonial d'accueil du vicomte de Béarn en vallée d'Aspe était éloquent.

 ( Je vous en parlerai un jour prochain).

 La fin de ces hostilités sanglantes de vallée à vallée était marquée par des cérémonies dont la particularité était qu'elles se renouvelaient tous les ans. On imaginerait mal les plénipotentiaires du traité de Versailles se retrouvant tous les ans au château pour signer toujours le même document.
 C'est pourtant une cérémonie de ce genre qui se déroule tous les ans, le 13 juillet, dans les pâturages de la Pierre-St-Martin au fond des Pyrénées Atlantiques.
 Là-haut aux confins de la Navarre et du Béarn, les habitants du Barétous viennent payer le tribut annuel de trois génisses qui leur a été imposé il y a près de 600 ans en 1375, à Anso, par des arbitres de paix, et renouvellent ainsi le pacte d'amitié scellé avec leurs anciens adversaires, les gens de la vallée de Roncal.
C'est peut-être le plus ancien traité européen encore en vigueur et le seul qui soit renouvelé tous les ans sans contestation.
Le vaste terrain plat qui entoure la Pierre-Saint_Martin a été de temps immémorial, le lieu où les bergers des vallées de Roncal et du Barétous se rencontraient pour s'accorder sur l'utilisation des grands pâturages alentour, et surtout pour partager les rares fontaines de ces régions calcaires où la roche affleure de toutes parts et où les eaux se cachent pour cheminer dans les galeries souterraines.
Lorsqu'un été est particulièrement sec, la question de l'eau conduit facilement au drame.
                  https://www.youtube.com/watch?v=uVHL2m-0Ifo

Le gouffre , suite

Je prends un peu d'avance parce que c'est moi qui vais aller marcher, un peu,
 pas sur des crêtes aussi escarpées, je n'ai jamais aimé ça et je le regrette; je crois vous l'avoir déjà dit je n'ai " fait "que le Montcalm (3017 m) en Ariège et un 3000 dans la Vanoise, mais j'étais jeune !!!

http://www.sitesetmuseesenpaysbasque.com/site--gorges-kakuetta-sainte-engrace-Fr-16.html

Alors ce gouffre?
" Attiré par les fantastiques canyons voisins de Kakouetta et d'Holçarte, Martel n'avait pas soupconné quels abimes ce gouffre recélait.
Leur découverte est due au spéologue ariègeois Lépineux, qui remarqua, un jour où il visitait ces parages, une corneille semblant sortir en plein vol d'un rocher situé au fond d'une doline. Or les corneilles ne nichent que là où elles ont le vide au-dessous d'elles.
Le vide s'y trouvait, vertigineux, une verticale de 346 mètres.
Les premiers explorateurs se sentirent vite dépassés; un matériel très considérable se révélait en effet nécessaire.
Ils firent appel en 1952 à des Belges , commandés par Max Cosyns.
Les plus expérimentés et les plus courageux des spéologues pyrénéens se joignirent à eux
 Parmi ceux-ci, Marcel Loubens, l'Ariégeois. Le souvenir de sa mort tragique plane encore sur cette montagne et accompagne ceux, qui, après lui, s'enfoncent dans la crevasse sinistre.
Loubens fut la victime d'un absurde concours de circonstances: littéralement, sa vie ne tenait qu'à un fil, et il avait suffi qu'un simple écrou se desserrat...
Mystérieusement, Haroun Tazieff, qui faisait partie de l'expédition, avait eu le pressentiment de cette catastrophe:
" Dans les premiers jours d'août, écrit-il, je traversais la France en route vers les Pyrénées. Pour la première fois je ressentis au cours de ce voyage une très légère appréhension à l'idée de toute cette entreprise. Il est facile après de parler des intuitions qu'on a eues avant.

"Pourtant c'est un fait, je me surpris à plusieurs reprises passant en revue mes coéquipiers et supputant lequel des onze causerait le moins de chagrin, s'il lui arrivait de rester au fond du puits."....

Pour les plus courageux, la Pierre Saint Martin reste le gouffre de la peur. C'est Norbert Casteret qui l'avoue: 
"Alors qu'habituellement la fréquentation des cavernes donne une impression de calme, d'immobilité et de sérénité millénaire, ici l'impression est tout autre. On est dans une cavité en pleine évolution, en continuel bouleversement, dans une caverne vivante où les forces de la nature travaillent. Nulle part on n'aperçoit le plancher rocheux, il est partout recouvert par des montagnes de blocs où l'on avance avec circonspection, car tout bouge. Partout on distingue les innombrables et récents points d'impacts étoilés des projectiles de toute taille tombés du plafond.
Tout cela confère au gouffre de la Pierre St Martin une atmosphère d'insécurité, d'hostilité, une perpétuelle ambiance de danger et de crainte, à laquelle, croyons-nous, personne n'a pu échapper."
.
http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/03/20/01001-20080320ARTFIG00342-le-drame-du-gouffre-de-la-pierre-saint-martin.php

http://g.casteret.pagesperso-orange.fr/

http://souterweb.free.fr/speleologues/martel.htm

Une petite récréation

On ne quitte pas les sommets mais on se déplace vers l'Est à la frontière avec l'Aragon:

http://www.ariegenews.com/news-77000.html

Le gouffre de la peur

 Accéder au Col de la Pierre St Martin par la France est, je trouve, plus vertigineux que sa descente vers l'Espagne.



Je n'ai pas visité le gouffre du même nom" qui s'ouvre dans le paysage de roches calcaires et de pins tordus", mais ce sont bien les impressions que j'ai immortalisées dans mes photos.





"Le site est fantastique quand le brouillard envahit ces patûrages

Couverts de peaux de biques, appuyés sur leur bâtons, les bergers regardent les vautours et les aigles tournoyer au-dessus des ravins:

"Royaume de la nuée, de la pluie et de la bourrasque, la Pierre St Martin est également étrangère aux deux patries humaines que sa désolation sépare"
                                                        Haroun Tazieff
                                                              Le Gouffre de la Pierre St Martin

Mais ce jour-là d'août, le ciel était sans nuages, et je partais pour la Navarra.

 Il y a beaucoup à raconter ici

 Je vous livre quelques unes de  mes photos en ce début  d'article c'est un tel "binz" de retrouver mes dossiers, une chatte n'y retrouverait pas ses petits !!!..
 Toujours est-il que la rivière souterraine ressort du gouffre à Benta (440 mètres) dans les gorges de Kakouetta.
Avec 1900 mêtres de dénivellation, c'est à l'heure actuelle le gouffre le plus profond d'Europe. La salle de la Verna, à 728 m de la surface dépasse en dimensions, au dire de Norbert Casteret, tout ce qu'il a vu sur terre jusqu'à ce jour.
Je ne vous ai encore rien raconté mais je manque de temps, c'est promis je vais tout vous raconter.

                                            descente vers l'Espagne



Vol en Montgolfière dans la salle de la Verna



https://www.youtube.com/watch?v=RiqkddNxazQ

Olivier ne m'avait pas dit qu'il était descendu dans le gouffre !

https://www.youtube.com/watch?v=MgBVVhBC1PA

mardi 13 janvier 2015

Au hasard

Re-lecture "en diagonale" de l'ouvrage que je consulte pour vous, et totale indécision sur le choix de l'article, ce ne sont pas des Pyrénées ordinaires mais.... mystérieuses, il y a donc beaucoup de fées, de diableries, de trésors enfouis, de sources miraculeuses, de signes et symboles...

Il y a donc une solution, j'ouvre le livre au hasard: surprise, on y raconte l'histoire vraie des Trois Mousquetaires.
Si Alexandre Dumas les appelait des "batards de son imagination", vous allez voir qu'ils ont bel et bien existé.
Nous sommes à Arette, célèbre pour le tremblemnt de terre qu'elle subit le 13 août 1967, nous ne sommes pas loin de la Pierre St Martin dont j'ai escaladé  le col il y a deux ans ou trois .. et dans le Barétous.

                            Vallée du Barétous vu depuis le Pic d'Issarbe

La maison Abbadia d'Arette, autrement dit "l'abbaye", appartenait à Aramis, qui avait le titre d'abbé laïc d'Arette, et portait le nom d'un autre village de la vallée, "Aramitz", où il possédait un fief noble.
Les vastes toitures encadrées de tourelles carrées du château de Porthos dominent une terrasse qui surplombe la vallée du Vert, à l'entrée de Lannes.
Le troisième mousquetaire, Athos, leur voisin, s'appellait en réalité Armand de Sillègue d'Athos et d'Autevielle.

                                             Sauveterre de Béarn

 Or, Autevieille, Athos et Sillégue sont des terres situées autour de Sauveterre de Béarn, à quelques lieues d'Arette. Nos mousquetaires ont donné raison à la chanson du pays qui dit:
"En Barétous, que sont-ils? ce sont de bons garçons!"
Cela s'entend de la façon dont le roi de Prusse parlait de la bravoure des Français chargeant à Sedan.
(En ce qui concerne d'Artagnan, il est "de par chez moi", Charles de Baatz est gascon comme moi.)
 Mais il y a aussi au-dessus d'Arette la cité des Fées, au Lattré de Règle, les Maures auraient enfoui un trésor. Des légendes couraient sur la famille de Règle dont les terres recélaient la cachette, ce qui expliquait sa richesse et sa fierté.

Il y avait aussi un jardin des fées sur une colline entre Ance et Aramitz, qu'on appelle Lombret. Des rochers s'échelonnent sur la pente et couronnent le sommet, entassés de façon bizarre, on y a vu une forteresse gauloise ou ibère. Mais cet amoncellement, dans l'imagination populaire ne pouvait être bâti que par des êtres au pouvoir surnaturel.


  C'est par la vallée du Vert (ci-dessus) qu'on a accés au Col de Suscousse.

Le géographe Paul Labrouche, en parlant de la forêt d'Issaux après avoir franchi le col de Suscousse, se laisse lui aussi séduire.

"Imaginez une ville gigantesque, mystérieuse, faite de rochers blancs en guise de maisons, et d'allées vertes en guise de rues, une ville enchantée dont les murs ferment l'horizon...Des arbres poussent dans les fentes des pierres et sur le sol des rues, à côté de remparts de marbre."


On parlera demain du Gouffre de la Pierre St Martin, et si j'ai le temps, j'irai dans mon disque dur externe rechercher les photos de ce lieu.

Je dois aussi vous dire que beaucoup de photos de Pierre Minvieille illustrent ce guide. Quand je suis allée dans les canyons du Rio Vero je ne savais pas que c'était lui qui avait découvert les peintures pariétales dont celle du cerf que j'étais allée y rechercher. (Clin d'oeil à mes amis de Cerf Passion)