mercredi 14 janvier 2015

Un pacte de six cents ans


" L'horreur de la dépendance et l'esprit républicain " tels étaient les traits dominants du tempérament des habitants des vallées selon le géographe Roussel de la Blottière, auteur d'une célèbre carte de la chaîne.
Comment en aurait-il été autrement pour des hommes vivant au voisinage des bandits et des fauves?
"Il ne se trouve pas plus d'union parmi eux qu'ailleurs, ajoutait-il, mais s'agit-il de l'intérêt public, ceux qui étaient prêts à se battre se réunissent à l'instant et paraissent d'une concorde admirable"
  Si cette concorde se réalisait spontanément sur le dos des soldats du roi et plus souvent encore des gabelous, le tocsin sonnait trop fréquemment pour appeler les gens d'ne vallée à repousser une razzia de voisins, ou à se rassembler pour une expédition punitive.
L'histoire des Pyrénées est une chronique interminable de réglements de compte dégénérant parfois en petites guerres enregistrées par les chroniques locales. Et on comprendra que le souverain en titre se soit habituellement muni d'une garde d'otages pour rendre visite autrefois à ses sujets "féaux et courtois"; le cérémonial d'accueil du vicomte de Béarn en vallée d'Aspe était éloquent.

 ( Je vous en parlerai un jour prochain).

 La fin de ces hostilités sanglantes de vallée à vallée était marquée par des cérémonies dont la particularité était qu'elles se renouvelaient tous les ans. On imaginerait mal les plénipotentiaires du traité de Versailles se retrouvant tous les ans au château pour signer toujours le même document.
 C'est pourtant une cérémonie de ce genre qui se déroule tous les ans, le 13 juillet, dans les pâturages de la Pierre-St-Martin au fond des Pyrénées Atlantiques.
 Là-haut aux confins de la Navarre et du Béarn, les habitants du Barétous viennent payer le tribut annuel de trois génisses qui leur a été imposé il y a près de 600 ans en 1375, à Anso, par des arbitres de paix, et renouvellent ainsi le pacte d'amitié scellé avec leurs anciens adversaires, les gens de la vallée de Roncal.
C'est peut-être le plus ancien traité européen encore en vigueur et le seul qui soit renouvelé tous les ans sans contestation.
Le vaste terrain plat qui entoure la Pierre-Saint_Martin a été de temps immémorial, le lieu où les bergers des vallées de Roncal et du Barétous se rencontraient pour s'accorder sur l'utilisation des grands pâturages alentour, et surtout pour partager les rares fontaines de ces régions calcaires où la roche affleure de toutes parts et où les eaux se cachent pour cheminer dans les galeries souterraines.
Lorsqu'un été est particulièrement sec, la question de l'eau conduit facilement au drame.
                  https://www.youtube.com/watch?v=uVHL2m-0Ifo

Le gouffre , suite

Je prends un peu d'avance parce que c'est moi qui vais aller marcher, un peu,
 pas sur des crêtes aussi escarpées, je n'ai jamais aimé ça et je le regrette; je crois vous l'avoir déjà dit je n'ai " fait "que le Montcalm (3017 m) en Ariège et un 3000 dans la Vanoise, mais j'étais jeune !!!

http://www.sitesetmuseesenpaysbasque.com/site--gorges-kakuetta-sainte-engrace-Fr-16.html

Alors ce gouffre?
" Attiré par les fantastiques canyons voisins de Kakouetta et d'Holçarte, Martel n'avait pas soupconné quels abimes ce gouffre recélait.
Leur découverte est due au spéologue ariègeois Lépineux, qui remarqua, un jour où il visitait ces parages, une corneille semblant sortir en plein vol d'un rocher situé au fond d'une doline. Or les corneilles ne nichent que là où elles ont le vide au-dessous d'elles.
Le vide s'y trouvait, vertigineux, une verticale de 346 mètres.
Les premiers explorateurs se sentirent vite dépassés; un matériel très considérable se révélait en effet nécessaire.
Ils firent appel en 1952 à des Belges , commandés par Max Cosyns.
Les plus expérimentés et les plus courageux des spéologues pyrénéens se joignirent à eux
 Parmi ceux-ci, Marcel Loubens, l'Ariégeois. Le souvenir de sa mort tragique plane encore sur cette montagne et accompagne ceux, qui, après lui, s'enfoncent dans la crevasse sinistre.
Loubens fut la victime d'un absurde concours de circonstances: littéralement, sa vie ne tenait qu'à un fil, et il avait suffi qu'un simple écrou se desserrat...
Mystérieusement, Haroun Tazieff, qui faisait partie de l'expédition, avait eu le pressentiment de cette catastrophe:
" Dans les premiers jours d'août, écrit-il, je traversais la France en route vers les Pyrénées. Pour la première fois je ressentis au cours de ce voyage une très légère appréhension à l'idée de toute cette entreprise. Il est facile après de parler des intuitions qu'on a eues avant.

"Pourtant c'est un fait, je me surpris à plusieurs reprises passant en revue mes coéquipiers et supputant lequel des onze causerait le moins de chagrin, s'il lui arrivait de rester au fond du puits."....

Pour les plus courageux, la Pierre Saint Martin reste le gouffre de la peur. C'est Norbert Casteret qui l'avoue: 
"Alors qu'habituellement la fréquentation des cavernes donne une impression de calme, d'immobilité et de sérénité millénaire, ici l'impression est tout autre. On est dans une cavité en pleine évolution, en continuel bouleversement, dans une caverne vivante où les forces de la nature travaillent. Nulle part on n'aperçoit le plancher rocheux, il est partout recouvert par des montagnes de blocs où l'on avance avec circonspection, car tout bouge. Partout on distingue les innombrables et récents points d'impacts étoilés des projectiles de toute taille tombés du plafond.
Tout cela confère au gouffre de la Pierre St Martin une atmosphère d'insécurité, d'hostilité, une perpétuelle ambiance de danger et de crainte, à laquelle, croyons-nous, personne n'a pu échapper."
.
http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/03/20/01001-20080320ARTFIG00342-le-drame-du-gouffre-de-la-pierre-saint-martin.php

http://g.casteret.pagesperso-orange.fr/

http://souterweb.free.fr/speleologues/martel.htm

Une petite récréation

On ne quitte pas les sommets mais on se déplace vers l'Est à la frontière avec l'Aragon:

http://www.ariegenews.com/news-77000.html

Le gouffre de la peur

 Accéder au Col de la Pierre St Martin par la France est, je trouve, plus vertigineux que sa descente vers l'Espagne.



Je n'ai pas visité le gouffre du même nom" qui s'ouvre dans le paysage de roches calcaires et de pins tordus", mais ce sont bien les impressions que j'ai immortalisées dans mes photos.





"Le site est fantastique quand le brouillard envahit ces patûrages

Couverts de peaux de biques, appuyés sur leur bâtons, les bergers regardent les vautours et les aigles tournoyer au-dessus des ravins:

"Royaume de la nuée, de la pluie et de la bourrasque, la Pierre St Martin est également étrangère aux deux patries humaines que sa désolation sépare"
                                                        Haroun Tazieff
                                                              Le Gouffre de la Pierre St Martin

Mais ce jour-là d'août, le ciel était sans nuages, et je partais pour la Navarra.

 Il y a beaucoup à raconter ici

 Je vous livre quelques unes de  mes photos en ce début  d'article c'est un tel "binz" de retrouver mes dossiers, une chatte n'y retrouverait pas ses petits !!!..
 Toujours est-il que la rivière souterraine ressort du gouffre à Benta (440 mètres) dans les gorges de Kakouetta.
Avec 1900 mêtres de dénivellation, c'est à l'heure actuelle le gouffre le plus profond d'Europe. La salle de la Verna, à 728 m de la surface dépasse en dimensions, au dire de Norbert Casteret, tout ce qu'il a vu sur terre jusqu'à ce jour.
Je ne vous ai encore rien raconté mais je manque de temps, c'est promis je vais tout vous raconter.

                                            descente vers l'Espagne



Vol en Montgolfière dans la salle de la Verna



https://www.youtube.com/watch?v=RiqkddNxazQ

Olivier ne m'avait pas dit qu'il était descendu dans le gouffre !

https://www.youtube.com/watch?v=MgBVVhBC1PA

mardi 13 janvier 2015

Au hasard

Re-lecture "en diagonale" de l'ouvrage que je consulte pour vous, et totale indécision sur le choix de l'article, ce ne sont pas des Pyrénées ordinaires mais.... mystérieuses, il y a donc beaucoup de fées, de diableries, de trésors enfouis, de sources miraculeuses, de signes et symboles...

Il y a donc une solution, j'ouvre le livre au hasard: surprise, on y raconte l'histoire vraie des Trois Mousquetaires.
Si Alexandre Dumas les appelait des "batards de son imagination", vous allez voir qu'ils ont bel et bien existé.
Nous sommes à Arette, célèbre pour le tremblemnt de terre qu'elle subit le 13 août 1967, nous ne sommes pas loin de la Pierre St Martin dont j'ai escaladé  le col il y a deux ans ou trois .. et dans le Barétous.

                            Vallée du Barétous vu depuis le Pic d'Issarbe

La maison Abbadia d'Arette, autrement dit "l'abbaye", appartenait à Aramis, qui avait le titre d'abbé laïc d'Arette, et portait le nom d'un autre village de la vallée, "Aramitz", où il possédait un fief noble.
Les vastes toitures encadrées de tourelles carrées du château de Porthos dominent une terrasse qui surplombe la vallée du Vert, à l'entrée de Lannes.
Le troisième mousquetaire, Athos, leur voisin, s'appellait en réalité Armand de Sillègue d'Athos et d'Autevielle.

                                             Sauveterre de Béarn

 Or, Autevieille, Athos et Sillégue sont des terres situées autour de Sauveterre de Béarn, à quelques lieues d'Arette. Nos mousquetaires ont donné raison à la chanson du pays qui dit:
"En Barétous, que sont-ils? ce sont de bons garçons!"
Cela s'entend de la façon dont le roi de Prusse parlait de la bravoure des Français chargeant à Sedan.
(En ce qui concerne d'Artagnan, il est "de par chez moi", Charles de Baatz est gascon comme moi.)
 Mais il y a aussi au-dessus d'Arette la cité des Fées, au Lattré de Règle, les Maures auraient enfoui un trésor. Des légendes couraient sur la famille de Règle dont les terres recélaient la cachette, ce qui expliquait sa richesse et sa fierté.

Il y avait aussi un jardin des fées sur une colline entre Ance et Aramitz, qu'on appelle Lombret. Des rochers s'échelonnent sur la pente et couronnent le sommet, entassés de façon bizarre, on y a vu une forteresse gauloise ou ibère. Mais cet amoncellement, dans l'imagination populaire ne pouvait être bâti que par des êtres au pouvoir surnaturel.


  C'est par la vallée du Vert (ci-dessus) qu'on a accés au Col de Suscousse.

Le géographe Paul Labrouche, en parlant de la forêt d'Issaux après avoir franchi le col de Suscousse, se laisse lui aussi séduire.

"Imaginez une ville gigantesque, mystérieuse, faite de rochers blancs en guise de maisons, et d'allées vertes en guise de rues, une ville enchantée dont les murs ferment l'horizon...Des arbres poussent dans les fentes des pierres et sur le sol des rues, à côté de remparts de marbre."


On parlera demain du Gouffre de la Pierre St Martin, et si j'ai le temps, j'irai dans mon disque dur externe rechercher les photos de ce lieu.

Je dois aussi vous dire que beaucoup de photos de Pierre Minvieille illustrent ce guide. Quand je suis allée dans les canyons du Rio Vero je ne savais pas que c'était lui qui avait découvert les peintures pariétales dont celle du cerf que j'étais allée y rechercher. (Clin d'oeil à mes amis de Cerf Passion)





lundi 12 janvier 2015

Des Pyrénées jusqu'au Mississipi

 Et que diriez-vous d'une plongée dans d'autres histoires Pyrénéennes ?

Extrait du Guide Noir des Pyrénées Mystérieuses, édité en 1977.

Le titre de la jaquette en est presque effacé tellement je l'ai consulté.

 C'est l'histoire d'une famille très ancienne,  que je ne vais pas vous restituer mot pour mot.
Il existe une chanson traditionnelle française "En passant par la Lorraine... ici c'est en passant par la Pologne, l'Espagne et les Amériques !!!

                                                    Vallée d'Aspe

 Elle débute par  de l'humour Béarnais.
 La famille des Laclède originaire de la vallée d'Aspe  fut célébre  à plusieurs titres.
Son ancêtre Jean de Laclède, syndic de la vallée répondait à  un grand seigneur de la cour de Louis XIV qui lui demandait s'il savait seulement ce que signifiait les mots: parabole, obole et faribole. 
Le vieil Aspois lui répondit"
"certes, nous le savons en Aspe! 
"Parabole est ce que vous ne comprenez guère, faribole, ce que vous dites, obole, ce que vous valez"!

Un de ses petits-fils, Pierre Liguest de Laclède, est devenu une célébrité historique aux Etats-Unis pour avoir fondé la ville de Saint-Louis du Missouri.
A la Nouvelle-Orléans, où il fait le commerce des fourrures, il se lie avec une jolie bourgeoise qui a déjà un grand garçon, mais à qui Laclède donnera quatre enfants.
En 1763, toute la famille, la mère comprise, va s'embarquer avec vingt-quatre hommes vigoureux, en canots, sur le Mississipi, pour ouvrir un comptoir sur les bords du fleuve.
Au bout de trois mois d'une extraordinaire expédition, il débarque sur la rive droite, que le traité de Paris a laissé à la France. Dans la forêt, Laclède marque à la hache sur les troncs l'emplacement de son comptoir, des rues de la future cité et de l'église.
Tandis qu'ils se partagent les lots des terrains, les compagnons cherchent un nom pour le site; ils veulent l'appeller Lacléde; mais celui-ci déclare:
"Il sera appelé Saint-Louis, en l'honneur du saint aïeul de notre roi".


                                                             St Louis

Plus tard, un de ses neveux Pierre-Armand de Laclède, était le plus beau garçon de la vallée. Engagé dans les volontaires de 1792, sa prestance et ses qualités le firent élire par ses camarades, commandant de la première compagnie franche d'Accous.

                                           la vallée d'Aspe à Lescun

 Il s'illustre pendant la bataille de Lescun et devient, en 1808 colonel et commande un régiment polonais: le 6 ème dragons de la Vistule, quand il fut rappelé pour prendre part au premier siège de Saragosse par le général Verdier où il trouve la mort le 5 août 1808.

                                                    Saragosse: photo de José Miguel Soler Aguas

Il avait été aimé d'une femme célèbre dans la vallée, Marie Blanque, une "aurostère"  du village d'Osse, qui allait aux funérailles improviser des lamentations .
Le vieux Jean de Laclède, faisant dire à Bedous un service funèbre pour son fils, pria Marie Blanque de venir chanter "l'aurost" en présence des députations de tous les régiments où Laclède avait servi et d'une foule de gens de la vallée.
Quand Marie Blanque commença à lancer sa plainte toute l'assistance fut bouleversée: ce n'était pas une pleureuse venant faire son office sur commande, ni même une simple Aspoise, célébrant le courage d'un combattant qu'on entendit, mais une femme déchirée proclamant la mort de son amour.

 http://egoak.free.fr/AUROST.htm

                               costume traditionnel de la vallée d'Aspe

la Bataille de Lescun:

http://oloron.blogspot.fr/2009/11/4-septembre-1794-la-bataille-de-lescun.html

encore un Toulousain

wikipedia.org/wiki/Jean_Antoine_Verdier

dimanche 11 janvier 2015

Plus d'images

 Sans transition, pluie et vent d'est ont succédé à la journée de grâce d'hier, comme souvent les larmes succèdent aux rires.

une rescapée hivernale: la chaleur a réveillé les mouches.


 graphisme quand même habité,


 tout comme celui-ci ou un lichen commence à coloniser une branche,


 les lierres, peu à peu, viendront  à bout de cette grange que je vois s'écrouler au fil des années:

             le toit vient de s'effondrer, seule subsiste la structure d'une fenêtre...

Vous pouvez lire entre les lignes.....j'avais dit un jour à un de mes petits-enfants que j'avais lu un bouquin "en diagonale" .... cela lui a posé un problème géométrique !!! les subtilités de la langue française !!!

 https://www.youtube.com/watch?v=Z2OawuAcIF4