et pour quelques jours encore ; je vous avais parlé de chasse, et d'un de mes
livres de chevet "La dernière harde " de Maurice Genevoix, illustré par Jacques
Pecnard. Voyons d'abord cette miniature d'un manuscrit du XV ème siècle.
ce n'est pas une chasse à courre mais une chasse aux faucons, plus sportive,
en tout cas plus élégante, même si au lieu des cerfs ce sont des oiseaux qui
en sont les victimes.
Il faudrait interroger un ornithologue pour savoir si les oiseaux ont leur chance
d'échapper aux griffes de leurs prédateurs en comparaison avec la chasse à
courre où le cerf a peu de chance d'échapper à la meute hurlante qui le
poursuit (peut-être savez-vous qu'en France cette pratique est réprouvée
quoique persistante malgré des opposants de plus en plus nombreux)
Les sangliers aussi sont de plus en plus nombreux.
mais il s'agit sur cette miniature des Trés Riches Heures du duc de Berry au
Musée Condé à Chantilly, de porcs, qui se nourrissent de glands, gaulés par
un personnage au premier plan d'un paysage de chênes : boqueteau qui
appartient sans doute au suzerain du château voisin..
Le signe zodiacal du Sagittaire chevauche dans un ciel étoilé
Venons-en au XXI ème siècle et suivons quelques instants le "Rouge"
héros du livre de Genevoix qui nous raconte ses démélés avec les chasseurs.
"Trois soleils seulement avaient traversé le ciel, quand les bêtes de la harde
entendirent sonner le cor. c'était tout près, du côté de la grande allée qui
sépare les Orfosses du Chêne-Rond. La matinée était douce et dorée, à peine
duvetée par une de ces brumes d'automne qui se fondent avec la lumière aux
étés de la Saint-Martin.
Le cor sonnait drrière les hêtres avec une force souveraine. La harde, deux
heures auparavant, s'était couchée dans le coeur de l'enceinte, près du ru qui
descend aux étangs. les fougères étaient drues à cette place, déjà fanées mais
encore toutes sur pied, hautes et raides, les nervures coupantes. Les bêtes,
inquiètes, dressèrent la tête. Mais elles ne se mirent point debout.
Quelques secondes s'écoulèrent. On ne voyait au-dessus des fougères que ces
têtes aux yeux apeurés. Les cors reprirent leur mélopée, l'ébrouement d'un
cheval s'entendit dans un trou de silence, très distinct malgré l'éloignement.
Et tout à coup, infiniment plus près, à la distance de quelques bonds, un chien
de meute parla sous les hêtres.
Les têtes des animaux se rasérent davantage dans l'épaisseur de la fougeraie.
Ils restèrent désormais immobiles, guettant seulement des yeux au ras des
hautes palmes roussies. mais ce ne fut pas le chien qu'elles virent venir à leur
rencontre. Ce fut, tout seul, humant le vent de leur côté, le vieux solitaire des
Orfosses.
Le Rouge, en même temps que les autres, avait aperçu sa grande ombre. Elle
parut fondre sur eux, se matérialiser avec une rapidité fantastique. Forme,
couleur, haute ramure brune, cela prit corps dans la lumière : et ce fut un
vieux cerf en alarme dont la peur mouillait déjà le poil, et qui roulait tout en
courant de gros yeux craintifs et mauvais...."
S'en suit le récit de cette poursuite où le vieux cerf va donner le change et ce
sera le "Rouge" qui, peut-être pour la suite du récit, va être prisonnier du
chasseur.
Si vous voulez la suite il faudra me le dire .
Dans son sens figuré actuel, cette expression date du milieu du XVIIe siècle.
Elle nous vient du monde de la chasse à courre où on retrouve le sens de "mettre sur une fausse piste".
En
effet, le 'change' y désigne l'animal qui n'est pas celui qui a été
initialement levé (et qui a donc été changé - peut-être parce que, plus
rapide que l'autre, il est apparu en premier aux yeux des cavaliers) et
que l'on poursuit par erreur.
Du cerf traqué qui parvient à s'échapper parce qu'un autre est pris en chasse à sa place, on disait qu'il avait donné le change.
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