Il y avait hier soir sur Arte un merveilleux reportage sur ces demoiselles, j'ai appris un peu plus que ce que j'avais vécu ou observé en leur compagnie.
.
J'ai hâte de les revoir sillonner mon jardin.
J'avais vécu "en live " sa naissance, et conserve encore sa mue (exuvie) sur mon bureau, une aile et une d'entre d' elles que j'ai retrouvée morte derrière un rideau.
J'ai eu plusieurs fois la sensation de sentir leus ailes si dures dans ma main lorsque rentrées par hasard, je m'efforce de leur rendre la liberté.
En effet on imaginerait que ses ailes de dentelle soient souples, il n'en est rien.
J'ai compris pourquoi elles me donnent tant de mal quand je veux les photographier, elle a des dizaines d'yeux dans un seul oeil!
J'ai eu aussi confirmation de leur goût à se percher en hauteur pour mieux repérer leur déjeuner.
L'hélicoptère Dragon a emprunté son nom au sien en Anglais : dragonfly.
L'occitan a préféré reprendre le terme de domaisèla. demoiselle.
jeudi 27 février 2014
mercredi 26 février 2014
Ce matin
J'étais sortie voir mes jacinthes et mes roses de noël qui les attendent toujours pour fleurir, rose et bleu le ciel était assorti.
Dans quelques jours je pense qu'elles seront égales à celles de l'an passé:
en les mettant côte à côte je vois que le ciel était plutôt orangé
J'étais prète à vous raconter encore une histoire de grecs mais finalement il semblerait que ce soit plutôt un iris qu'Apollon aurait fait pousser pour se consoler de la mort de Hyacinte, j'attendrai donc que les iris poussent.
L'Ours
Il est dans l'actualité, films, expositions à Toulouse, à Foix ; je ne rentrerai pas dans le débat de son existence dans nos Pyrénées, je me félicite seulement que dans certains pays où il n'est pas chassé, il fréquente l'homme sans trop d'agressivité parcequ'il sait qu'il n'est pas chassé ; je parle du Kamchatka.
Mais son cas m'intéresse particulièrement car la notion de coexistence de l'homme moderne avec le sauvage pose des problèmes.
Cette association ACPC dont je vous ai déjà parlé tend justement à éviter une élimination totale du cerf pour des raisons économiques:
éliminer puis réintroduire, c'est le cas de l'ours, on s'aperçoit quelque fois trop tard des dégats d'une "surchasse" comme on prend actuellement conscience de la "surpêche".
S'il ne nous cherche pas des noises, il faut toutefois rester sur ses gardes.
Pour vous en parler je suis allée dans ma bibliothèque chercher le Guide des Pyrénées Mystérieuses, ce livre de Bernard Duhourcau. J'ai commençé à lire le chapitre qui traite du Dieu Ours.
"Il n'est pas aujourd'hui d'animal sauvage pour qui l'on ait plus d'égards que les quarante ou cinquante derniers ours qui vivent encore dans les forêts impénétrables des vallées d'Aspe et d'Ossau. Leur chasse est absolument interdite........."
Mais, je rêve !! je saute sur la date d'édition
Claude Tchou Editions Princesse 1976. Voilà une histoire sans paroles.
J'aime mieux me réfugier dans les hauteurs, et vous conter celle de Callisto séduite par Zeus; la vindicte d'Artémis est terrible, Hera jalouse la tranforme en ours et Zeus apitoyé l'éléve en Grande Ourse.
Il serait exagéré de vous dire que je suis prédestinée pour en parler car en deuxième prénom je m'appelle Ursule qui est le féminin issu du latin Ursus.
Je sais , je sais.... ne brûlez pas !!
et c'est d'ailleurs dans notre petite vallée des Pyrénées que nous mettons nos pas dans ceux des oussaillès.
J'aurais aimé vous trouver le poème d'un Béarnais "La mort de Marti" qui raconte l'épsisode d'une rencontre entre l'ours et Clément Minvieille, son frère, qui tourna mal pour l'ours, ou bien le récit dont parle Duhourcau:
"Rencontre arrivée entre un habitant d'Ustou et un ours...
L'homme attaque, le couteau en avant; mais, dans l'étreinte, son couteau glisse et tombe: il plonge alors la main dans la gueule de l'ours qui, en se débattant, lui laboure les épaules. Epuisé, dans un sursaut désespéré, il bascule sur la pente pour entraîner son adversaire dans la mort, et le couple monstrueux dévale jusqu'au torrent, au fond de la vallée."Des bergers qui arrivaient virent alors cette chose étonnante: un homme et un ours couverts de sang, lavant leurs plaies et buvant à quelques pas l'un de l'autre, au même torrent".
C'est en Andorre, à Naturlandia que je suis allée voir des ours bien vivants en provenance des Monts Cantabriques et ce sont eux que je vous montre.
Le mythe de l'ours se retrouve dans tous les massifs montagneux, il est l'animal sacré du renouveau, mais aussi celui qui réchauffe et console, dans l'extraordinaire histoire de la "folle du Montcalm".
Il est celui des Carnaval de la chaîne Pyrénéenne, où ces coutumes issues du Moyen Age perdurent encore.
el Oso de la Vijanera
© jlgomezlinares
Jean-de-l'Ours est un conte que l'on retrouve aussi bien au Pays Basque qu'en Picardie.
Vous pouvez aussi le trouver dans les Dreamcatcher amérindiens et les peintures de Cavalaris
mardi 25 février 2014
Instantanés
Il semblerait qu'aujourd'ui les images ne veuillent pas s'afficher.
Vous n'aurez donc que ma prose, et c'est bien dommage.
Je disais que je voulais vous transmettre des instantanés de visions et je ne pourrai pas les partager avec vous, de sensations, cela aurait été plus difficile, de bruits, celui des torrents qui dévalent, ou ce concert de conciliabules, d'un congrès de grenouilles toutes têtes en l'air dans une petite mare ronde, (la video ne serait pas passée).
Illustrer mes propos au travers de photos ou vous proposer des textes célèbres sont des exercices plus faciles, car une balade en montagne est pour moi un instant de silence, j'aime écouter le vent ou justement le silence.
Les sensations fortes se passent de commentaires.
J'admire les auteurs qui peuvent tenir un lecteur en haleine au fil de centaines de pages. Je suis plus adepte de l'art de la concision.
Je vais essayer de vous montrer par la pensée cette trace laissée par un chevreuil, dans une neige fraiche où il s'est enfoncé, qui est devenue l'écrin de quelques feuilles mortes poussées par le vent et bien nichées en son creux; ou bien ces branches de bouleaux d'un blanc immaculé, se détachant sur un ciel d'un bleu intense
ces crètes de jeunes sa
pins sectionnées par le poids d'une neige trop lourde;
ces champs de fougères couchées et jaunies qui ont remplaçé les près fauchés;
ces murettes de pierres séches taillées et alignées par un dur labeur d'homme;
ou bien cette vision de sommets enneigés, bleutés par la brume légère d'une soirée qui annonce le départ du soleil.
Au matin, ces neiges s'étaient délicatement teintées de rose.
Pour le côté sportif, Frisco et moi avions emporté nos raquettes et des montées vierges de circulation nous laissaient présager leur utilisation.
Le vaillant Defender lancé avec impétuosité par son conducteur sur des pentes verglacées nous a mené à bon port, et c'était un plaisir un peu anxieux de voir son propriétaire aussi heureux de ses performances.
Je vous promet de rajouter les photos qui viendront à l'appui de cette courte description.
Vous n'aurez donc que ma prose, et c'est bien dommage.
Je disais que je voulais vous transmettre des instantanés de visions et je ne pourrai pas les partager avec vous, de sensations, cela aurait été plus difficile, de bruits, celui des torrents qui dévalent, ou ce concert de conciliabules, d'un congrès de grenouilles toutes têtes en l'air dans une petite mare ronde, (la video ne serait pas passée).
Illustrer mes propos au travers de photos ou vous proposer des textes célèbres sont des exercices plus faciles, car une balade en montagne est pour moi un instant de silence, j'aime écouter le vent ou justement le silence.
Les sensations fortes se passent de commentaires.
J'admire les auteurs qui peuvent tenir un lecteur en haleine au fil de centaines de pages. Je suis plus adepte de l'art de la concision.
Je vais essayer de vous montrer par la pensée cette trace laissée par un chevreuil, dans une neige fraiche où il s'est enfoncé, qui est devenue l'écrin de quelques feuilles mortes poussées par le vent et bien nichées en son creux; ou bien ces branches de bouleaux d'un blanc immaculé, se détachant sur un ciel d'un bleu intense
ces crètes de jeunes sa
pins sectionnées par le poids d'une neige trop lourde;
ces champs de fougères couchées et jaunies qui ont remplaçé les près fauchés;
ces murettes de pierres séches taillées et alignées par un dur labeur d'homme;
ou bien cette vision de sommets enneigés, bleutés par la brume légère d'une soirée qui annonce le départ du soleil.
Au matin, ces neiges s'étaient délicatement teintées de rose.
Pour le côté sportif, Frisco et moi avions emporté nos raquettes et des montées vierges de circulation nous laissaient présager leur utilisation.
Le vaillant Defender lancé avec impétuosité par son conducteur sur des pentes verglacées nous a mené à bon port, et c'était un plaisir un peu anxieux de voir son propriétaire aussi heureux de ses performances.
Je vous promet de rajouter les photos qui viendront à l'appui de cette courte description.
lundi 24 février 2014
Branches
Vous avez dit Branchés ?
Quiconque aura premier la main embesognée
A te couper, forest, d'une dure cognée
Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston...
...Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras!
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas:
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce?
Sacrilège meurtrier, si on prend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer des Déesses?
Forêt, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
Plus du soleil d'été ne rompra la lumière,
Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous percés
Son mâtin à ses pieds, à son flanc sa houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette,
Tout deviendra muet; Echo sera sans voix;
Tu deviendras campagne et, en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue;
Tu perdras ton silence, et haletants d'effroi
Ni satyres ni Pans ne viendront plus chez toi
Ronsard, Elégie XXIV
Quiconque aura premier la main embesognée
A te couper, forest, d'une dure cognée
Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston...
...Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras!
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas:
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce?
Sacrilège meurtrier, si on prend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer des Déesses?
Forêt, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
Plus du soleil d'été ne rompra la lumière,
Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous percés
Son mâtin à ses pieds, à son flanc sa houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette,
Tout deviendra muet; Echo sera sans voix;
Tu deviendras campagne et, en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue;
Tu perdras ton silence, et haletants d'effroi
Ni satyres ni Pans ne viendront plus chez toi
Ronsard, Elégie XXIV
dimanche 23 février 2014
Pensées
Jolie pensée bleue
Un déjeuner de soleil
Pour ce gros bourdon.
I.
Jeune et tendre arbrisseau l'espoir de mon verger,
Fertile nourrisson de Vertumne et de Flore,
Des faveurs de l'hiver redoutez le danger;
Et retenez vos fleurs qui se pressent d'éclore,
Séduites par l'éclat d'un beau jour passager.
Imitez la sage anémone:
Craignez Borée et ses retours;
Attendez que Flore et Pomone
Vous puissent prêter leur secours.
Philomèle est toujours muette,
Progné craint de nouveaux frissons;
et la timide violette
Se cache encor sous le gazon.
Soleil, père de la nature,
Viens répandre en ces lieux
Tes fécondes chaleurs:
Dissipe les frimas, écarte la froidure
Qui brule nos fruits et nos fleurs.
Cérès, pleine d'impatience,
N'attend que ton retour pour enrichir nos bords;
Et sur ta fertile présence
Bacchus fonde l'espoir de ses nouveaux trésors.
Les lieux d'où tu prends ta course
Virent ses premiers combats:
Mais loin des climats de l'ourse
Il porte toujours ses pas.
Quand les amours favorables
Voulurent le rendre heureux,
Ce fut des bords aimables
Qu'échauffaient tes plus doux feux.
Jean-Baptiste Rousseau. Cantate XVIII
Il est bien admis que ces photos sont ma propriété mais je partage avec joie ces clichés d'une nature qui est généreuse pour tous.
Un déjeuner de soleil
Pour ce gros bourdon.
I.
Jeune et tendre arbrisseau l'espoir de mon verger,
Fertile nourrisson de Vertumne et de Flore,
Des faveurs de l'hiver redoutez le danger;
Et retenez vos fleurs qui se pressent d'éclore,
Séduites par l'éclat d'un beau jour passager.
Imitez la sage anémone:
Craignez Borée et ses retours;
Attendez que Flore et Pomone
Vous puissent prêter leur secours.
Philomèle est toujours muette,
Progné craint de nouveaux frissons;
et la timide violette
Se cache encor sous le gazon.
Soleil, père de la nature,
Viens répandre en ces lieux
Tes fécondes chaleurs:
Dissipe les frimas, écarte la froidure
Qui brule nos fruits et nos fleurs.
Cérès, pleine d'impatience,
N'attend que ton retour pour enrichir nos bords;
Et sur ta fertile présence
Bacchus fonde l'espoir de ses nouveaux trésors.
Les lieux d'où tu prends ta course
Virent ses premiers combats:
Mais loin des climats de l'ourse
Il porte toujours ses pas.
Quand les amours favorables
Voulurent le rendre heureux,
Ce fut des bords aimables
Qu'échauffaient tes plus doux feux.
Jean-Baptiste Rousseau. Cantate XVIII
Il est bien admis que ces photos sont ma propriété mais je partage avec joie ces clichés d'une nature qui est généreuse pour tous.
samedi 22 février 2014
Le cerf, fables.
Oeuvre de Omar Rayyan
Le lion étant tombé malade était couché dans une caverne. Il dit au renard, qu’il aimait et avec qui il entretenait commerce : « Si tu veux que je guérisse et que je vive, séduis par tes douces paroles le gros cerf qui habite la forêt, et amène-le entre mes mains ; car j’ai envie de ses entrailles et de son cœur. » Le renard se mit en campagne et trouva le cerf qui bondissait dans les bois. Il l’aborda d’un air caressant, le salua et dit : « Je viens t’annoncer une bonne nouvelle. Tu sais que notre roi, le lion, est mon voisin ; or il est malade et sur le point de mourir. Alors il s’est demandé qui des animaux régnerait après lui. Le sanglier, a-t-il dit, est dépourvu d’intelligence, l’ours balourd, la panthère irascible, le tigre fanfaron : c’est le cerf qui est le plus digne de régner, parce qu’il est haut de taille, qu’il vit de longues années, et que sa corne est redoutable aux serpents. Mais à quoi bon m’étendre davantage ? Il a été décidé que tu serais roi. Que me donneras-tu pour te l’avoir annoncé le premier ? Parle, je suis pressé, je crains qu’il ne me réclame ; car il ne peut se passer de mes conseils en rien. Mais, si tu veux bien écouter un vieillard, je te conseille de venir aussi et d’attendre sa mort près de lui. » Ainsi parla le renard, et le cœur du cerf se gonfla de vanité à ces discours, et il vint à l’antre sans se douter de ce qui allait arriver. Or le lion bondit sur lui précipitamment ; mais il ne fit que lui déchirer les oreilles avec ses griffes. Le cerf se sauva en toute hâte dans les bois. Alors le renard claqua ses mains l’une contre l’autre, dépité d’avoir perdu sa peine ; et le lion se mit à gémir en poussant de grands rugissements ; car la faim le tenaillait, et le chagrin aussi ; et il supplia le renard de faire une autre tentative et de trouver une nouvelle ruse pour amener le cerf. Le renard répondit : « C’est une commission pénible et difficile que celle dont tu me charges ; pourtant je t’y servirai encore. » Alors, comme un chien de chasse, il suivit la trace du cerf, ourdissant des fourberies, et il demanda à des bergers s’ils n’avaient pas vu un cerf ensanglanté. Ils lui indiquèrent son gîte dans la forêt. Il le trouva qui reprenait haleine et se présenta impudemment. Le cerf, plein de colère et le poil hérissé, lui répondit : « Misérable, tu ne m’y prendras plus ; si tu t’approches tant soit peu de moi, c’en est fait de ta vie. Va renarder avec d’autres qui ne te connaissent pas, choisis d’autres bêtes pour en faire des rois et leur monter la tête. » Le renard répondit : « Es-tu si couard et si lâche ? Est-ce ainsi que tu nous soupçonne », nous, tes amis ? Le lion, en te prenant l’oreille, allait te donner ses conseils et ses instructions sur ta grande royauté, comme quelqu’un qui va mourir ; et toi, tu n’as pas supporté même une égratignure de la patte d’un malade. À présent il est encore plus en colère que toi, et il veut créer roi le loup. Hélas ! le méchant maître ! Mais viens, ne crains rien et sois doux comme un mouton. Car, j’en jure par toutes les feuilles et les sources, tu n’as aucun mal à craindre du lion. Quant à moi, je ne veux servir que toi. » En abusant ainsi le malheureux, il le décida à venir de nouveau. Quant il eut pénétré dans l’antre, le lion eut de quoi dîner, et il avala tous les os, les moelles et les entrailles. Le renard était là, qui regardait. Le cœur étant tombé, il le saisit à la dérobée, et le mangea pour se dédommager de sa peine. Mais le lion, après avoir cherché tous les morceaux, ne retrouvait pas le cœur. Alors le renard, se tenant à distance, lui dit : « Véritablement ce cerf n’avait pas de cœur ; ne le cherche plus ; car quel cœur pouvait avoir un animal qui est venu par deux fois dans le repaire et les pattes du lion ? »
Cette fable montre que l’amour des honneurs trouble la raison et ferme les yeux sur l’imminence du danger.
Antoine Louis Barye : Art Institute of Chicago
Le Cerf de Jules renard
LE LION, LE RENARD ET LE CERF.
Le lion étant tombé malade était couché dans une caverne. Il dit au renard, qu’il aimait et avec qui il entretenait commerce : « Si tu veux que je guérisse et que je vive, séduis par tes douces paroles le gros cerf qui habite la forêt, et amène-le entre mes mains ; car j’ai envie de ses entrailles et de son cœur. » Le renard se mit en campagne et trouva le cerf qui bondissait dans les bois. Il l’aborda d’un air caressant, le salua et dit : « Je viens t’annoncer une bonne nouvelle. Tu sais que notre roi, le lion, est mon voisin ; or il est malade et sur le point de mourir. Alors il s’est demandé qui des animaux régnerait après lui. Le sanglier, a-t-il dit, est dépourvu d’intelligence, l’ours balourd, la panthère irascible, le tigre fanfaron : c’est le cerf qui est le plus digne de régner, parce qu’il est haut de taille, qu’il vit de longues années, et que sa corne est redoutable aux serpents. Mais à quoi bon m’étendre davantage ? Il a été décidé que tu serais roi. Que me donneras-tu pour te l’avoir annoncé le premier ? Parle, je suis pressé, je crains qu’il ne me réclame ; car il ne peut se passer de mes conseils en rien. Mais, si tu veux bien écouter un vieillard, je te conseille de venir aussi et d’attendre sa mort près de lui. » Ainsi parla le renard, et le cœur du cerf se gonfla de vanité à ces discours, et il vint à l’antre sans se douter de ce qui allait arriver. Or le lion bondit sur lui précipitamment ; mais il ne fit que lui déchirer les oreilles avec ses griffes. Le cerf se sauva en toute hâte dans les bois. Alors le renard claqua ses mains l’une contre l’autre, dépité d’avoir perdu sa peine ; et le lion se mit à gémir en poussant de grands rugissements ; car la faim le tenaillait, et le chagrin aussi ; et il supplia le renard de faire une autre tentative et de trouver une nouvelle ruse pour amener le cerf. Le renard répondit : « C’est une commission pénible et difficile que celle dont tu me charges ; pourtant je t’y servirai encore. » Alors, comme un chien de chasse, il suivit la trace du cerf, ourdissant des fourberies, et il demanda à des bergers s’ils n’avaient pas vu un cerf ensanglanté. Ils lui indiquèrent son gîte dans la forêt. Il le trouva qui reprenait haleine et se présenta impudemment. Le cerf, plein de colère et le poil hérissé, lui répondit : « Misérable, tu ne m’y prendras plus ; si tu t’approches tant soit peu de moi, c’en est fait de ta vie. Va renarder avec d’autres qui ne te connaissent pas, choisis d’autres bêtes pour en faire des rois et leur monter la tête. » Le renard répondit : « Es-tu si couard et si lâche ? Est-ce ainsi que tu nous soupçonne », nous, tes amis ? Le lion, en te prenant l’oreille, allait te donner ses conseils et ses instructions sur ta grande royauté, comme quelqu’un qui va mourir ; et toi, tu n’as pas supporté même une égratignure de la patte d’un malade. À présent il est encore plus en colère que toi, et il veut créer roi le loup. Hélas ! le méchant maître ! Mais viens, ne crains rien et sois doux comme un mouton. Car, j’en jure par toutes les feuilles et les sources, tu n’as aucun mal à craindre du lion. Quant à moi, je ne veux servir que toi. » En abusant ainsi le malheureux, il le décida à venir de nouveau. Quant il eut pénétré dans l’antre, le lion eut de quoi dîner, et il avala tous les os, les moelles et les entrailles. Le renard était là, qui regardait. Le cœur étant tombé, il le saisit à la dérobée, et le mangea pour se dédommager de sa peine. Mais le lion, après avoir cherché tous les morceaux, ne retrouvait pas le cœur. Alors le renard, se tenant à distance, lui dit : « Véritablement ce cerf n’avait pas de cœur ; ne le cherche plus ; car quel cœur pouvait avoir un animal qui est venu par deux fois dans le repaire et les pattes du lion ? »
Cette fable montre que l’amour des honneurs trouble la raison et ferme les yeux sur l’imminence du danger.
Le Cerf de Jules renard
J’entrai au bois par un bout de l’allée, comme il arrivait par l’autre bout.
Je crus d’abord qu’une personne étrangère s’avançait avec une plante sur la tête.
Puis je distinguai le petit arbre nain, aux branches écartées et sans feuilles.
Enfin le cerf apparut net et nous nous arrêtâmes tous deux.
Je lui dis :
– Approche. Ne crains rien. Si j’ai un fusil, c’est par contenance, pour imiter les hommes qui se prennent au sérieux. Je ne m’en sers jamais et je laisse ses cartouches dans leur tiroir.
Le cerf écoutait et flairait mes paroles. Dès que je me tus, il n’hésita point : ses jambes remuèrent comme des tiges qu’un souffle d’air croise et décroise. Il s’enfuit.
– Quel dommage ! lui criai-je. Je rêvais déjà que nous faisions route ensemble. Moi, je t’offrais, de ma main, les herbes que tu aimes, et toi, d’un pas de promenade, tu portais mon fusil couché sur ta ramure.
Je crus d’abord qu’une personne étrangère s’avançait avec une plante sur la tête.
Puis je distinguai le petit arbre nain, aux branches écartées et sans feuilles.
Enfin le cerf apparut net et nous nous arrêtâmes tous deux.
Je lui dis :
– Approche. Ne crains rien. Si j’ai un fusil, c’est par contenance, pour imiter les hommes qui se prennent au sérieux. Je ne m’en sers jamais et je laisse ses cartouches dans leur tiroir.
Le cerf écoutait et flairait mes paroles. Dès que je me tus, il n’hésita point : ses jambes remuèrent comme des tiges qu’un souffle d’air croise et décroise. Il s’enfuit.
– Quel dommage ! lui criai-je. Je rêvais déjà que nous faisions route ensemble. Moi, je t’offrais, de ma main, les herbes que tu aimes, et toi, d’un pas de promenade, tu portais mon fusil couché sur ta ramure.
Peut-on parler d'art quand il s'agit de fables?
Jean de la Fontaine le plus connu n'est que l'héritier des Grecs, d'Hésiode avec l'Epervier et l'Alouette, de Philostrate qui déjà introduit le rusé renard dans les fables avec L'Aigle et le Renard; Eustathe, le Renard et le Singe puis Stésichore avec le Cheval et le cerf et Esope suivi de Phèdre et Babrius, puis Avianus le Romain.
Ne le boudons pas pour autant.
Le cerf se voyant dans l'eau
Dans le cristal d'une fontaine
Un Cerf se mirant autrefois
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu'avecque peine
Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l'objet se perdre dans les eaux.
Quelle proportion de mes pieds à ma tête !
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;
Mes pieds ne me font point d'honneur.
Tout en parlant de la sorte,
Un Limier le fait partir ;
Il tâche à se garantir ;
Dans les forêts il s'emporte.
Son bois, dommageable ornement,
L'arrêtant à chaque moment,
Nuit à l'office que lui rendent
Ses pieds, de qui ses jours dépendent.
Il se dédit alors, et maudit les présents
Que le Ciel lui fait tous les ans.
Nous faisons cas du beau, nous méprisons l'utile ;
Et le beau souvent nous détruit.
Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;
Il estime un bois qui lui nuit.
Un Cerf se mirant autrefois
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu'avecque peine
Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l'objet se perdre dans les eaux.
Quelle proportion de mes pieds à ma tête !
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;
Mes pieds ne me font point d'honneur.
Tout en parlant de la sorte,
Un Limier le fait partir ;
Il tâche à se garantir ;
Dans les forêts il s'emporte.
Son bois, dommageable ornement,
L'arrêtant à chaque moment,
Nuit à l'office que lui rendent
Ses pieds, de qui ses jours dépendent.
Il se dédit alors, et maudit les présents
Que le Ciel lui fait tous les ans.
Nous faisons cas du beau, nous méprisons l'utile ;
Et le beau souvent nous détruit.
Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;
Il estime un bois qui lui nuit.
Jean de la Fontaine
T J Feeley
vendredi 21 février 2014
Un jardin astronomique
N'imaginez pas un jardin astronomique pour ses dimensions, il s'agit d'un jardin qui propose au détour de ses allées, encore une belle histoire Toulousaine.
La pluie était fine, les allées détrempées et bien sûr pas un chat !!!
Je percevais l'importance des lieux, que la coupole de l'actuel Pic du Midi soit partie d'ici ! quelle aventure !
Quelques buissons mettaient un peu de couleur:
un arbre pensait bien que le printemps était arrivé:
Quand aux cédres bicentenaires
j'aime me coller à leur base et les sentir vertigineux.
L'Observatoire est toujours actif au travers de son association:
La SAP par le biais de ce site internet vous propose de découvrir le travail effectué par ses adhérents (Observation, Astrophotographie, Labo de détermination Minérale, O.V.N.I, Photométrie ...). Si vous désirez devenir adhérent, contactez-nous ou inscrivez-vous en ligne
jeudi 20 février 2014
Art et Histoire
Le tombeau des héros est le coeur des vivants.
André Malraux
Histoires de colonnes et histoire de moulage.
Dans l'article "Expressions écrites" nous étions partis en Egypte avec le Figacois Champollion, nous y repartons avec le général du Directoire Dominique Martin Dupuy né en 1767 à Toulouse, mort au Caire en 1798.
Nul doute qu'ils s'y soient rencontrés.
Engagé volontaire, il gravit rapidement les échelons, lieutenant colonel de la 32è brigade d'infanterie, glorieux pendant la campagne d'Italie, commandant la place de Milan, il s'illustre lors de la bataille des Pyramides; Bonaparte le nomme Gouverneur du Caire.
Toulouse se devait d'immortaliser sa mémoire, on construit donc en 1834 une colonne commémorative devant la Halle aux grains en la surmontant d'un joyau "Dame Tholose" oeuvre de Jean Rancy en 1544, qui devait être à l'origine au sommet du Donjon du Capitole.
Vous pouvez actuellement admirer son moulage doré sur cette colonne.
La voici définitivement à l'abri aux Musée des Augustins (il était temps)!!!
Il est une autre colonne qui surmonte la Ville Rose sur la colline de Jolimont, celle-ci commémore la Bataille de Toulouse ( 12 avril 1814) entre les armées Napoléoniennes commandées par le Maréchal Soult et la coalition Anglo-hispano portugaise, commandée par Wellington.( Arthur Wellesley, duc de Wellington, le vainqueur de Waterloo)
Wellington peint par Goya
Dessinée par Marie Joseph Urbain Vitry (1802-1863) architecte de la ville inaugurée en 1839. (nom prédestiné)
mercredi 19 février 2014
Patrimoine en péril
La belle saga d'une famille de sculpteurs mouleurs à Toulouse, les Giscard.
Jean-Baptiste, 1818-1906. Bernard, 1851-1926. Henri, 1895-1985. Joseph, 1931-2005.
Ce dernier lègue tout le fond familial à la Ville de Toulouse et souhaite que cette maison qui fut leur vitrine reste dédiée à leur art.
On l'appelle aussi la maison aux singes à cause des deux singes aux angles du frontispice dont un avec son haut de forme.
L'art du moulage en est un à part entière. Nombre des oeuvres que nous avons l'occasion de rencontrer sont des moulages, soit pour permettre d'admirer une oeuvre fragile ou que l'on souhaite préserver des intempéries, l'original étant conservé dans les réserves.
A titre indicatif, la fabrique est à l'origine des nombreux monuments aux morts que Bernard réalise après la grande guerre.
Familialement associé à la famille Virebent c'est Joseph qui sauve en les rachetant une grande partie des moules d'Auguste Virebent à Launaguet dont Jean-Baptiste s'était séparé en 1855 pour fonder sa propre manufacture.
Une cinquantaine d'ouvriers travaillent dans cette maison pour répondre aux commandes nationales et internationales, ils obtiennent l'exclusivité de la fabrication des autels, chemins de croix et statuaire religieuse.
On a là une entreprise Toulousaine qui à l'instar de celle de Louis Victor Gesta pour les vitraux, donne à la ville sa touche artistique. Lui aussi employa des dizaines d'ouvriers pour garnir près de 8000 verrières, et sa maison n'est plus qu'un vestige.
A Toulouse levez la tête et admirez souvent les antéfixes en bordure de toit.
Le Musée Paul Dupuy vient de lui consacrer une très belle exposition et ce sera je l'espère, un appui pour l'association qui oeuvre à sa rénovation.
Jean-Baptiste, 1818-1906. Bernard, 1851-1926. Henri, 1895-1985. Joseph, 1931-2005.
Ce dernier lègue tout le fond familial à la Ville de Toulouse et souhaite que cette maison qui fut leur vitrine reste dédiée à leur art.
On l'appelle aussi la maison aux singes à cause des deux singes aux angles du frontispice dont un avec son haut de forme.
L'art du moulage en est un à part entière. Nombre des oeuvres que nous avons l'occasion de rencontrer sont des moulages, soit pour permettre d'admirer une oeuvre fragile ou que l'on souhaite préserver des intempéries, l'original étant conservé dans les réserves.
A titre indicatif, la fabrique est à l'origine des nombreux monuments aux morts que Bernard réalise après la grande guerre.
Familialement associé à la famille Virebent c'est Joseph qui sauve en les rachetant une grande partie des moules d'Auguste Virebent à Launaguet dont Jean-Baptiste s'était séparé en 1855 pour fonder sa propre manufacture.
Une cinquantaine d'ouvriers travaillent dans cette maison pour répondre aux commandes nationales et internationales, ils obtiennent l'exclusivité de la fabrication des autels, chemins de croix et statuaire religieuse.
On a là une entreprise Toulousaine qui à l'instar de celle de Louis Victor Gesta pour les vitraux, donne à la ville sa touche artistique. Lui aussi employa des dizaines d'ouvriers pour garnir près de 8000 verrières, et sa maison n'est plus qu'un vestige.
A Toulouse levez la tête et admirez souvent les antéfixes en bordure de toit.
Le Musée Paul Dupuy vient de lui consacrer une très belle exposition et ce sera je l'espère, un appui pour l'association qui oeuvre à sa rénovation.
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