mercredi 24 mai 2023

Les céramiques de Talavera et de l'Andalousie

 Dans le magnifique écrin du Musée de Santa Cruz à Tolède, la collection

 Carranza, offre un très bel aperçu  des céramiques espagnoles.

Leur histoire remonte au 10 ème siècle lorsque les Arabes introduisent 

 cette technique en Espagne d'abord en Andalousie où les premiers 

ateliers ouvrent leurs portes, à Elvira puis à Malaga aux 11 ème et 12

 ème siècles.

Ces ateliers mudéjars tirent leur renommée des décors à reflets

 métalliques et à reliefs moulés qui  perdurent jusqu'au 15 ème siècle.

 Toutes les poteries traditionnelles voisinent avec les fameux azulejos que

 l'on retrouvera aussi au Portugal

 C'est à Triana (Séville) au 12 ème siècle qu'apparurent sous les

 Almohades, ces carreaux aux couleurs séparées d'un trait de

 manganèse, de marqueterie aux éléments découpés dans des plaques

 déjà émaillées ou de polygones taillés avant cuisson : nous les avons

 déjà vus sur les murs extérieurs de la cathédrale de Saragosse.

 Au 16 ème siècle à Séville le style mudéjar est abandonné au profit de 

morifs floraux répétitifs ou bien de la technique italienne de la majolique

 qui, elle,  est une peinture sur carreaux lisses. l'oratoire de l'Alcazar de 

Séville peut s'enorgueillir de posséder la première réalisation de 

Francisco Niculoso  en 1504.

 Ces ateliers ne furent pas les seuls, les artisans mauresques eurent aussi

 le loisir de travailler à Paterna au 13 ème puis à Valence et Teruel.

 C'est à Manises à partir du 14 ème siècle, que l'on trouve les

 magnifiques plats aux reflets irisés que l'on rencontre parfois dans les

 musées ibériques. Mais  c'est à Talavera que les plus belles oeuvres

 voient le jour au 17 ème.

 La collection est présentée à l'étage du cloître.

 

 











































































                                                                                 le cerf de St Hubert

 

 


 A Alcora sur la Costa del Azahar le roi Philippe V  à partir de 1750 a 

fondé une manufacture qui privilégie les tons bleu et jaune avec un décor

 rococo.











La céramique hispano-mauresque présente une qualité technique

 exceptionnelle et un considérable intérêt esthétique et historique, au 

point qu’elle occupe une place de choix dans des lieux aussi prestigieux 

que le British Museum et le Victoria and Albert Museum à Londres, le 

Metropolitan à New York, le musée de Cluny et le musée du Louvre à

 Paris, l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et le Nationalmuseum à Stockholm.

 

 


 

 

mardi 23 mai 2023

La cathédrale de Cuenca

 Sur un site spectaculaire,  la troisième des cathédrales est de style 

 gothique anglo- normand du XIIIème : en voyant sa façade vous

 n'imagineriez pas ses dimensions, sa clarté, rien à voir cependant avec

 celles que je viens de vous présenter ; on l'a dit similaire à celle de Laon 

en France. Ce style anglo - normand est issu de l'arrivée de chevaliers 

normands accompagnant la suite du roi Alphonse VIII en 1196 qui vient

de conquérir la ville, en compagnie de son épouse   Aliènor  d'Angleterre

et  Plantagenet. (fille d'Aliénor d'Aquitaine)Une fois  de plus c'est sur la

 mosquée arabe que cet édifice est construit , consacré une première fois 

par  Saint Julien puis à nouveau en 1208 par l'évêque Rodrigo Ximenez

de  Rada. Cette cathédrale comme les autres a subi plusieurs 

transformations au long des siècles jusqu'à perdre sa façade, ses vitraux 

 et son clocher. 

  Juan de Herrera réalisa les préliminaires du cloître puis  en survient un 

nouveau commandité par l'évêque Quiroga. Andrés de Vandelvira, Juan 

Andrea Rodi et García de Alvarado intervinrent alors, et ce n'est pas tout.

Par ses dimensions , elle m'a donné l'impression d'être égales aux

 premières citées, 120 mètres de long 36 mètres de haut occupant une

 superficie de 10.000 mètres carrés en forme de croix latine avec trois

 nefs et une abside polygonale de sept côtés flanquée par deux autres 

nefs. On dit de son triforium qu'il est unique en Espagne.

Berruguete a aussi exercé ici ses talents.























https://losojosdeljucar.com/patrimonio/elementor-10921/











































ici aussi de beaux plafonds mudéjares, le rose pâle de celui-ci un peu surprenant




la chapelle de St Jacques à la bataille de Clavijo

 un beau lutrin

                            vu de profil

                             arc d'Esteban Jamete

" Parmi les nombreux sculpteurs francais qui affluent en espagne dans la premiere partie du xvie siecle, Etienne jamet, né à Orléans en 1515 et devenu Esteban Jamete, se remarque pour trois grandes raisons: - contemporain de Juan de Juni et élève de Felipe Vigarny, deux autres francais, il s'en distingue par la continuité de son style classique et une hispanisation limitée à la profusion et au gras du décor; sa sculpture toujours ornementale, sans pathos ni froideur, s'inscrit dans un cadre architectural rigoureux; - inspiré par des humanistes, ses décors sculpturaux constituent le plus souvent des programmes ou les symboles à l'antique tiennent une grande part, traités dans un esprit italianisant; -suspect de lutheranisme, il est arrêté par l'inquisition en 1557, et le texte de son procés fournit notamment son itinéraire en Espagne, partagé entre dix ans d'errance de la vieille Castille à l'Andalousie, puis vingt ans de relatif isolement à Cuenca ou il meurt en 1565; - ses oeuvres majeures sont au Salvador d'Ubeda et dans la cathédrale de Cuenca."


                              et une idée de ce site exceptionnel




lundi 22 mai 2023

Les trésors de la cathédrale de Tolède

 

  La salle capitulaire est, elle, surmontée d'un beau plafond mudéjar.


alors que sur les murs courent les peintures de Jean de Bourgogne

 coiffant les portraits d'une multitude d'évêques.


la suite relève d'un vrai musée d'art : El Greco y est parfaitement

encadré par le Titien , Raphaël, Zurbaran, pour ne citer qu'eux...

 Comment ne pas s'attarder sur ce François d'Assise de Pedro de Mena

  bois sculpté polychromé. (1663)


 ou cette vierge du XIII ème, bois polychromé  recouvert d'argent et 

vermeil

 

 

  J'ai été très heureuse de trouver des oeuvres de Morales "el Divino"




      Plus ancienne encore cette Vierge à l'enfant de Gérard David


 

                Mais le St jean Baptiste du Caravage est omniprésent

 


 Un autre style que celui de Van Dyck pour cette Sainte Famille



























 

                  cette salle se clôt par un majestueux Christ du Greco


 D'autres plafonds mudéjares


          un Titien



 

                                         Vu du cloître sur la tour de la cathédrale

 Mais Tolède nous réserve d'autres belles surprises

                                                                                      à suivre

dimanche 21 mai 2023

La cathédrale de Tolède (suite)

 La logique me suggère de suivre le déambulatoire,  terme parfaitement 

adapté : au revers du maître autel Narciso  Tomè s'et permis de percer la

 voûte pour inonder de lumière cette oeuvre baroque qui tranche sur le 

gothique environnant





















Passons successivement devant plusieurs chapelles jusqu'à celle du

 Trésor où malheureusement à cause des nombreux groupes de touristes 

japonais je n'ai pas pu prendre le recul nécessaire pour la photographier

 dans sa totalité .

Dans la chapelle de saint Ildefonso du XIV ème le tombeau du cardinal

Gil Alvarez de Albornoz, qui a trouvé ici un repos bien mérité après être 

revenu d'italie à dos d'âne après être décédé.

 

                        La chapelle du baptistère et de jolies fresques



Voilà cet encensoir d'or et argent de 180 kg et 3 mètres de haut. La 

custode du centre est en or pur ramené  d'Amérique par Colomb ciselé au

 XVI ème par Enrique de Arfe.


"La « custodia » fut réalisée par Enrique de Arfe, orfèvre d'origine allemande, entre 1515 et 1523. Elle fut commandée par le Chapitre de la Cathédrale de Tolède pour loger l'ostensoir en or qui avait appartenu à la reine Isabelle la Catholique, réalisé par Jaume Aimeric. Ledit ostensoir fut acheté en 1505 par le Chapitre primat dans l'exécution testamentaire de la reine catholique, par ordre de l'archevêque Francisco Jiménez de Cisneros. D’après la légende, la pièce fut réalisée avec le premier or arrivé d’Amérique.

La « Custodia » d’Enrique de Arfe mesure 309,5 cm de hauteur, elle est en argent doré et elle fut conçue comme une tour gothique avec un plan hexagonal. À sa base, une frise irrégulière offre, dans ses panneaux rectangulaires, les reliefs en argent doré de « El Prendimiento » (L’arrestation) de Jésus, Saint Pierre coupant l’oreille d’un soldat, le Christ fouetté, Jésus vers le Calvaire, « El Llanto » (Les Pleurs) sur le Christ mort et la Résurrection. Dans les faces internes des piédestaux des colonnes, sont taillés en argent les prophètes Amos, Osée, Michée, Sophonie, Nahum, Habacuc, Ageo, Zacarias, Maliques, Abdias, Joël et Jonas.

Sur la base s’élèvent six piliers fasciculés, couronnés par des pinacles et décorés avec des socles, niches avec des figures en argent, des blasons héraldiques et des chambranles. Les piliers sont unis à six étriers au moyen de deux arcs-boutants chacun, à deux hauteurs : la partie inférieure, de tracé calé, finie avec des figures indépendantes qui représentent Saint Pierre, Saint Paul, Saint André, Saint Jacques le Majeur, Saint Bartolomé et Saint Jean Évangéliste. L’arc-boutant supérieur est courbé et de ce dernier partent des supports avec des décorations de feuilles. Ces étriers sont siégés sur des corbeaux volés décorés avec un travail calé de bestiaires et des décorations en forme de poires pendantes. Les piliers et les étriers incorporent de petites colonnes qui surgissent à différentes hauteurs et qui sont jalonnées de dais et de corbeaux qui logent trente-quatre figures. Les étriers culminent avec de petites sculptures indépendantes qui représentent Saint Christophe, Saint Michel Archange, Saint Sébastien, Saint Georges, Saint Démétrios et Saint Mercure.

A l’intérieur de ce corps est logé l’ostensoir en or acheté par le Chapitre primat de la reine Isabelle la Catholique, installé sur un piédestal doté d’un plan étoilé. Il s’agit d’une « custodia » de type portable. Son manche présente un nœud en forme de maisonnette sur trois étages, dont la partie principale loge des figures rondes émaillées de Saint Jacques, Saint Jean-Baptiste, Saint Pierre, Saint Paul, Saint Jean Évangéliste et la Vierge. Col prismatique avec des niches qui logent des figures en relief émaillé de Saint Sébastien, Sain Christophe, Saint François et la Vierge Marie. Une maisonnette à six colonnes décorées avec des épis, grappes et pampres, garnie de pierres précieuses et émaux dont le corps loge un coffre e en verre. Ce dernier est décoré avec des émeraudes, des grenats et des perles et est couronné d’une croix de bras droits avec des diamants. Comme couronnement de cette « custodia » en or, un pigeonnier cylindrique avec des travées d’où se penchent des pigeons émaillés et un grand saphir.

Ce premier corps de la Custodia de Arfe qui accueille l’ostensoir en or est fermé, dans sa partie supérieure, avec une voûte étoilée avec des éléments courbés et des tiercerons avec des nerfs moulés. La clé centrale incorpore une décoration pendante d’émaux et de pierres précieuses et dix-huit supports avec des têtes de chérubin. Par ailleurs, six médailles sont intercalées avec des figures d’anges de moyen relief, dont trois tiennent de petites cloches et trois autres portaient à l’origine des encensoirs. De même, il présente douze cabochons émaillés avec des étoiles.

Sur la voûte, un corps en forme de couronne, formé par des arcs lobulés orné de décorations calées avec des feuilles, des décorations en forme de poire et avec des incrustations de pierres.
 Six anges qui portent des instruments de la Passion pendent de la base de cette couronne. Ce corps présente des plaques avec des figures en relief des quatre Évangélistes, de Saint François et de Saint Jérôme. Par-dessus, protégées sous un arc indépendant et flanquées par des anges sont situées les figures rondes des rois David et Salomon et de Saint Ildefonse, Saint Eugène, Saint Julien et Saint Eladio. Au centre de la couronne apparaît une figure du Christ ressuscité sur un piédestal.

Plus haut, apparaît un autre couronnement similaire au précédent mais plus petit. Chaque section loge au centre une figure d’adolescent rond flanquée par de petites têtes de chérubins et, en haut, deux enfants. A l’intérieur, une figure indépendante de l’Enfant Jésus, nu, bénissant. La couverte finale est formée d’un corps de tronc pyramidal, à l’intérieur duquel pend une petite cloche. Sur ce dernier se referme une décoration bulbeuse avec une clé, à l’intérieur de laquelle est suspendue la Colombe du Saint Esprit. Comme couronnement de la « Custodia » une base décorée de pierres précieuses sur laquelle est située une croix en argent doré, avec quatre-vingt perles et deux émeraudes, œuvre de l’orfèvre Láynez.

L’ensemble repose sur un socle en argent avec des applications en bronze, formant un pétrin et supporté par quatre anges en argent, réalisé en 1741-1742 par l'orfèvre de la Cathédrale Manuel Bargas Machuca, suivant des modèles du sculpteur Narciso Tomé."

 Enrique de Arfe est un orfèvre rhénan (Heinrich von Harff)né en 1475 arrivé en Castille en 1500. Il  créa d'autres custodes processionnelles pour les cathédrales de Cordoue, Leon et Sahagùn , celle-ci fut commandée par Francisco Jiménez de Cisneros, comme nous l'avons lu.

https://www.universalis.fr/encyclopedie/cisneros-francisco-jimenez-de-cardinal-espagnol/


Tout ceci n'étant que les préliminaires sur le contenu de la salle 

Capitulaire ou la Sacristie.

                                                                                             à suivre