Ils devaient être bien redoutables, ces seigneurs d'Auvergne, pour que Richelieu
fasse démanteler le château d'Usson, sans égard pour le souvenir de Marguerite
de Valois, épouse d'Henry de Navarre et plus connue sous le nom de Reine
Margot, enfermée là par son roi de mari pour la faire plier et accepter le divorce.
(pas besoin de Nostradamus pour me prédire ce qui va me tomber dessus le lendemain )
Elle eut tout le temps comme moi de perdre son regard sur les confins de ce beau
pays tout en ne perdant pas ses habitudes de séduction, y faisant succomber le
marquis de Canillac, son geôlier.
On ne peut plus ici, que, penchée à la fenêtre, se remémorer la page sanglante
des guerres de religion, souvenirs favorisés par un couchant d'une splendeur
inégalée.
Margot était pour ainsi dire chez elle en Auvergne puisque sa mère Catherine de
Médicis était fille de Madeleine de la Tour d'Auvergne et comtesse d'Auvergne à
la suite du décès de sa tante Anne d'Auvergne en 1524.
Construite par le duc de Berry cette forteresse était réputée imprenable, le duc
de Berry son concepteur avait fait graver sur son entrée "Garde le traître et la
dent".!
Louis XIII en personne (le fils d'Henry IV ) était venu en personne assister à sa
destruction en 1634.
Bref, Margot n'accepta son divorce qu'à la mort de sa rivale, Gabrielle d'Estrées
ne voulant pas, comme elle le soulignait dans une missive à Sully, voir à sa place
'une telle décriée bagasse " !
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36525r/f21.item.texteImage
Ah ! Murol, j'ai revu en pensée la tour de Babel peinte par Breughel
une base polygonale sur un promontoire basaltique.
Guillaume II était parait-il un maniaque de l'art défensif à la fin du XIV ème siècle
il avait encore renforcé le dispositif de Bertrand de Murol bien antérieur au XIV
ème siècle.
Grelottant sous les averses, le brouillard et le froid, sous les parapluies, attendant
vainement un geste charitable de la billetterie, oui je suis entrée, j'en ai fait le
tour et ne suis pas montée, redoutant les escaliers glissants et pour la vue !!!
j'avais eu ce qu'il fallait la veille !
le brouillard s'était un peu dissipé
https://www.youtube.com/watch?v=YuVST3P9ACE
https://www.youtube.com/watch?v=YGNgnc3zxmU
https://www.laveissiere.fr/userfile/Histoire/comte_d_auvergne.pdf
En 1935 on disait Murols...
" Nous sommes montés au château. Au bout des pentes talussées, sur
son mont de basalte, il assoit un formidable système de murailles
rondes où s'accrochent, haut en l'air, des échauguettes.
Le vent s'était levé. La côte n'en finissait plus. le chemin de
pierres roulantes et d'eaux courantes grimpait le long d'un parc.
Des murettes l'accompagnaient, faites de laves posées par lits, que
soulignaient des cordons de mousse. On atteignait enfin les remparts
obliques. A la base des tours, des trous de meurtrières vous
regardaient de leur oeil de cyclope. Je me rappelle l'odeur, si verte,
des églantiers mouillés qui dépliaient à peine leurs pousses. Je ne
sais pas s'il est une odeur qui ait plus de fraîcheur sous le ciel.
Nous avons tourné autour de la citadelle, plantée là à neuf cent
vingt-neuf mètres. Tout un pan croulant était garni d'une sorte de
réséda rustique.De fameux blocs de murs, surtout du côté du ponant!
Du rocher même partent les assises brutes, bâties de blocs éclatés.
Dans leur masse s'enracinent les broussailles et les ouvertures aux
grilles arrachées sont à demi bouchées de groseilliers sauvages.
D'autres murailles seraient moins antiques, couronnées de mâchicoulis
plus recherchés, égayés de fenêtres cintrées à encadrements clairs.
Là c'est le baron à heaume et à haubert, armé du large glaive ; ici le
chevalier en casque à visière, en armure à brassard, appuyé sur la
lance du tournoi. Là on lit la Chanson de Roland, ici les Chroniques
de Froissard.
Que d'avancées, de retours, de courtines, de voûtes. Et tout cela avec
des parts démantelées, des tours partagées montrant leur carcasse
rompue. Du beau côté, côté de jour on voit se lever la façade, percée
de baies à meneaux, d'un élégant logis. Ces ruines-là, elles portent
la dague et la rapière, la chaîne d'or et la fraise à godrons.
Les armes des Estaing, écartelées de celles de Murols, timbrent la
grande porte....................................................
Nous vaguions donc autour de cet énorme polygone, cherchant la
brèche. A l'angle se dresse entre les délabres le donjon rond et nu.
Il paraît qu'on a vue, de là-haut, sur toute cette histoire de pics,
de cols, de tables basaltiques, de gorges, de lacs, de forêts, de
communaux, et jusqu'à la Limagne."
Henri Pourrat 1935