dimanche 23 décembre 2018

Gentile da Fabriano


                        https://www.youtube.com/watch?v=E9icNqNt2Yw  


 Noêl de la fin du XVème

 Noël nouvelet, Noël chantons ici.
Dévotes gens, rendons à Dieu merci ;
Chantons Noël pour le Roi nouvelet.

Quand m'éveillai et eus assez dormi,
Ouvris mes yeux, vis un arbre fleuri
Dont il sortit un bouton vermeillet.

Quand je le vis, mon coeur fut réjoui,
Car grand'beauté resplendissait en lui,
Comme soleil qui luit au matinet

D'un angelet après le chant ouïs,
Qui aux pasteurs disait :
"Partez d'ici :
En Bethléem trouverez l'Agnelet."

 En Bethléem Marie et Joseph vis,
L'âne et le boeuf, l'Enfant couché parmi ;
La crèche était au lieu d'un bercelet.

 L'étoile vint, qui la nuit éclaircit,
Qui d'Orient, d'où elle était partie,
En Bethléem les trois Rois amenait.

L'un portait or, et l'autre myrrhe aussi,
Et l'autre encens qu'il faisait bon sentir;
De Paradis semblait un jardinet.

Quarante jours la nourrice attendit,
 A Simeon l'Enfant elle tendit ;
Deux tourterell' avait dans un panier.

 Quand il le vit, il fit haut cri :
"Voici mon Dieu, mon Sauveur Jésus-Christ,
Voici Celui qui joie au peuple met !"

Un prêtre vint (dont je fus ébahi)
Qui les paroles hautement entendit,
Puis les mussa dans un petit livret.

Et il me dit "Frère, crois-tu ceci ?
Si tu y crois, au ciel seras ravi ;
Si tu n'y crois, va d'enfer au gibet."

Et l'autre jour, je songeais en mon lit
 Que je voyais un enfant tout petit,
 Qui s'appelait Jésus de Nazareth



             https://www.youtube.com/watch?v=GqYIWKFt3Ag

 Si l'Adoration des mages de Gentile da Fabriano se trouve à Florence la Présentation au temple se trouve au Louvre


                                               Joyeux Noël à tous  !

samedi 22 décembre 2018

Bernardino Luini



                             https://www.youtube.com/watch?v=0H0duzsJcTo              



O Reine qui fûtes mise
Et assise
Là-sus au trône divin, 
 Devant vous en cette église,  
Sans feintise,
Je suis venu ce matin.
Comme votre pélerin, 
Chef enclin,
Humblement je vous présente
Mon corps et mon âme, afin
Qu'à ma fin
Vous veuillez être présente.

Vierge, reine débonnaire,
 Exemplaire
De parfaite charité,
Vers vous je me viens retraire,
Car soustraire
Veux de mon coeur de vanité.
Hélas! Vierge, j'ai été
 Maint été
Et maint hiver, sans bien faire ;
L'ennemi m'a fort gutté
Et tenté
Pour moi en enfer attraire.

Je suis des mauvais le pire,
A vrai dire ;
Car tout mon entendement
Ai mis pour à chacun nuire,
 Et empire
De jour en jour grandement.
Quand je pense fermement
Vraiement,
Je ne sais moi que fasse
Sinon de pleurer souvent
Ci-devant.

Votre glorieuse face,
Très précieuse fontaine,
 Claire et saine,
Et vraie étoile de mer,
 Espérance très certaine,
 D'amour pleine,
Que pécheurs doivent clamer,
Où me pourrai-je bouter
 Ni sauver
Quand Dieu chacun jugera ?
Qui me pourra conforter
N'assurer, 
Vierge, quand le jour sera?

Hélas ! Vierge, que feront, 
Que diront
Pécheurs à cette journée ?
Car les anges trembleront
Quand orront
 La sentence redoutée.
Lors soyez, Vierge honorée,
 Apprêtée
Devant Dieu à jointes mains,
En disant : "Douce portée,
Très aimée,
Ayez pitié des humains"


Hélas ! Verge que ferai
Où serai
A ce jour horrible et fier ?
A vous du tout me rendrai
Et dirai
Que je suis votre prisonnier.
Je m'y dois bien rallier
Et fier ;
Car vous étes tant bénigne
Que vous ne pouvez oublier
Ni laisser
Celui qui vers vous s'incline.

                                                  Guillaume Alexis
                                                vers 1500


                  https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Alexis

 http://www.nouvellesimages.fr/Bernardino-Luini_id~artistes_aut~AUT001339


vendredi 21 décembre 2018

Un autre ciel

Permettez moi cette parenthèse, mais je ne saurais manquer de vous faire part

de l'inauguration du Musée de l'Aéropostale :  presque 100 ans jour pour jour

 avec ce Noël de 1918 où un avion de Latétoère décollait pour de grandes

 traversées:

 Prenons aussi à la lettre les voeux de Bertrand Picard, parrain de ce nouveau

 musée toulousain : l'Envol des pionniers :

           https://www.youtube.com/watch?v=87rMcolKLjw

             https://www.youtube.com/watch?v=44hyIGrRweg

               https://www.youtube.com/watch?v=fQLGkmiFEcE

 https://www.arte.tv/fr/videos/080796-000-A/aeropostale-100-ans-apres/

              https://www.youtube.com/watch?v=kvAg3yCC4WM

Hugo Van der Goes

https://www.universalis.fr/encyclopedie/hugo-van-der-goes/

 Il n'est pas le seul peintre  qui ait été dans les ordres, nous avons dans les

 pages précédentes  un "capucin" et un "carmélite"... ils ne sont plus là pour

 nous donner les raisons de leur vocation ?


 Il fait preuve d'un grand réalisme ; ici, le mélange de la personnalité des

 bergers avec la présence d'anges assez sophistiqués est assez surprenant,

 j'allais dire "anachronique"..

  
 C'est à Vauquelin de la Fresnaye vers 1600  que je laisse le soin de la

 louange  :

Voyez l'étoile reluisante,
Ou bien plutôt ce beau soleil,
Qui de sa lumière éclatante
 Fait d'ue nuit un jour vermeil,
Et nous montre le lieu
Où le grand Roi de tous les rois
Qui, se faisant ore homme-Dieu,
A pris naissance à cette fois.
Allons, courons voir la Fillette
Qui emmaillote l'Enfançon,
 Qui dorelote et qui muguette
Son Seigneur, son petit garçon.

Ja les Rois, de Levant
Venus, lui présenter de l'or,
De l'encens, du myrrhe et, devant 
S'agenouillant, l'adorent or.
 Voyons le boeuf et l'âne encore, 
Et le bon Joseph à genoux,
Dont chacun d'eux l'Enfant adore,
Qui les regarde d'un oeil doux.

Une belle clarté,
Comme un grand soleil rayonnant,
 Claire, va de chaque côté 
L'Enfantelet environnant.
Un long bourdonner de musettes,
Dessous un murmure, un parler
De bergers et bergerettes,
Font haut partout retentir l'air.

 Ils viennent à monceaux
De toutes parts joyeusement,
Pour célébrer par chants nouveaux
De la Vierge l'enfantement.
 On ouït aux cieux des voix clairettes ,
Des trompettes et des clairons
D'anges, d'archanges, d'angelettes
Qui vont chantant aux environs :

Que gloire soit aux cieux,
En terre paix et bonté, 
L'abondance, voir, encor mieux,
Aux coeurs de bonne volonté !
En dépit du roi de Judée 
Des innocents cruel bourreau,
 CetteVierge recommandée
Et cet Innocent juste et beau
Iront en sûreté,
 De Joseph guidés seulement,
 Tant qu'en Egypte, en sauveté,
Ils éviteront le tourment. 
L'Enfançon, conduit par la grâce
Du Père et de l'Esprit divin,
Rachètera l'humaine race
Par son propre sang, à la fin;

Il fera dedans nous
 Renaître les belles vertus,
Dont premier, sans mal ni courroux,
Eve et Adam furent vêtus. 
Les loups et bêtes ravissantes
N'offenseront plus nos troupeaux;
Désormais ne seront nuisantes
Les sorcières à nos agneaux.
 On lairra seulement
 Le soc et la charrue aux champs :
Plus ne seront aucunement
Dérobés des larrons et méchants.
Prenons chacun sa panetière,
Suivons Philémon le berger,
Annette-Philis sa bergère :
Venez, Jane et Janot,
Anne, Madelon, Colinet,
Marion, Carlet et Margot,
Guillot, Jacquet, Bernardinet !
Adorons l'Enfant tous ensemble !

 https://www.youtube.com/watch?v=xGD7pwIiIis

jeudi 20 décembre 2018

Le Corrège

https://fr.wikisource.org/wiki/Etudes_sur_l%E2%80%99art_en_Italie_%E2%80%93_Le_Corr%C3%A8ge



                                                  La Sainte Nuit

                                               Di Maria Dolce 

  Dis, douce Marie, avec quel amour
Tu regardas ton petit enfant, le Christ, mon Dieu !
Quand tu l'eus enfanté sans peine.
La première chose, je crois, que tu fis
Fut de l'adorer, ô pleine de grâce !
Puis sur le foin, dans la crèche, tu le posas ;
Tu l'enveloppas dans quelques pauvres langes,
L'admirant et te réjouissant, je crois,
 Oh ! quelle joie tu avais et quel bonheur
Quand tu le tenais dans tes bras  !
Dis-le, Marie : car peut-être conviendrait-il
Que par pitié du moins, tu me satisfasses un peu.
Tu l'embrassais alors sur le visage,
Si je crois bien, et tu lui disais :" O mon petit enfant !"
Tantôt enfant, tantôt père et seigneur,
Tantôt Dieu et tantôt Jésus : ainsi tu l'appelais. 
O quel doux amour tu sentais en ton coeur,
Quand sur ton sein tu le tenais et l'allaitais !
Que de doux et suaves gestes d'amour
Charmaient tes yeux, quand tu regardais ton fils!
Si parfois dans le jour il s'endormait un peu
Et que tu voulusses éveiller ce trésor de paradis
Tu marchais tout doucement, tout doucement ,
 pour qu'il ne t'entendit pas,
Et tu posais ta bouche sur son visage,
Et puis tu lui disais avec un sourire maternel :
"Ne dors plus, cela te ferait mal."
Fille du souverain Père,
Humble servante du Seigneur,
 Très pieusement pour lui tu fus appelée "Mère".
A cette seule pensée, le coeur se fond
A qui sent quelque douce étincelle
 De cet amour, dont toujours je m'éloigne. 
Va, ma chanson, vers Marie, notre chère avocate.
Agenouillée devant elle, prie-là pour moi
Afin qu'elle ne soit pas trop avare de son fils,
Qui jamais ne lui refusa, ni ne lui refuse rien.
 Et dis-lui encore : "Ah ! retiens, retiens pour jamais
Celui qui toujours s'éloigne de toi !"

                                                                                 Giovanni Dominici 

       traduit de l'italien  par Gindret (1356-1419)

 https://data.bnf.fr/12435354/giovanni_dominici/

 Dans la montagne pyrénéenne : c'est le village qui chante

 https://www.youtube.com/watch?v=agBTYWPMtyg

mercredi 19 décembre 2018

Rogier Van der Weyden

 C'est un vrai concours de beauté et je ne sais laquelle choisir !! un voyage en

 Europe ! vous pensez bien que j'ai tout cela sous la main, la seule difficulté est

 de vous trouver la reproduction internet qui va pouvoir vous parvenir.

Je suis restée longtemps ce matin sur un poème de Francis Jammes sur Notre-

Dame de Sarrance et finalement, je me décide pour un Hymne de Pierre 

Gringoire en 1525, et une Vierge de Van der Weyden au Musée du Prado. 




Dame d'honneur, par- dessus les étoiles
Exaltée es très glorieusement.
Allaité as de tes saintes mamelles
Celui qui ta créée providamment.

Par le fruit que mangea notre grand'mère,
Du lieu de paix fûmes privés jadis ;
Mais ton saint fruit nous ôtes de misère,
En nous rendant la joie et paradis.

Tu es la porte où passa le haut Roi
Porte dorée et toute lumineuse,
Quand il nous vint tous mettre hors d'émoi.
Toutes gens donc, faites chère joyeuse.

Gloire à toi soit, noble et puissant Seigneur,
De mère né, qui est vierge et pucelle,
Au père aussi et Saint-Esprit honneur,
 Tous trois régnant en la gloire éternelle.





https://www.persee.fr/doc/shf_0000-0001_1906_num_1_1_1095_t1_0140_0000_3

https://www.universalis.fr/encyclopedie/rogier-van-der-weyden/

mardi 18 décembre 2018

Bernardo Strozzi

  
 https://musees-occitanie.fr/musees/musee-massey/collections/beaux-arts/bernard-strozzi/musiciens/

                https://www.youtube.com/watch?v=QPFrJq868PE




                                                  NOËL

                                  du début du Seizième Siècle
                                                                  par Y. L Crestot, presbyter 

Mes bourgeoises de Chastres
Et de Mont-le- Héry,
Menez toutes grand'joie
Cette journée ici 
Que naquit Jésus-Christ
De la Vierge Marie,
 Près le boeuf et l'ânon, don, don, 
 Entre lesquels coucha, la, la
En une bergerie


 Les anges ont chanté
Une belle chanson
Aux pasteurs et bergers 
De cette région,
Qui gardaient leurs moutons
Paissant sur la prairie,
 Disant que le mignon, don, don,
Etait né près de là, la, la,
Jésus le fruit de vie
 

Laissèrent leurs troupeaux
Paissant parmi les champs
Prirent leur chalumeaux,
Et droit à Saint Clément
Vinrent , dansant , chantant,
Menant jouyeuse vie,
 Pour visiter l'Enfant si gent,
Lui donnant des joyaux si beaux ;
Jésus les remercie.

Puis ceux de Saint Germain,
Tous en procession,
Partirent bien matin
Pour trouver l'Enfançon
Et ouïrent le son
Puis la douce harmonie
Que faisaient les pasteurs joyeux,
 Lesquels n'étaient pas las, la la,
De mener bonne vie 

Lors ceux de Saint Clément
Firent bien leur devoir
De faire asseoir les gens
Qui venaient voir leur Roi.
Joseph les remercie,
 Et aussi fait la Mère.
 Là eussiez vu danser, chanter
Et mener grand soulas, la, la,
En faisant tous grand'chère.

Lors un nommé Corbon
 Faisait de bon brouet
A la soupe à l'oignon
Cependant qu'on dansait;
Et lapins et perdreaux,
Alouettes rôties,
Canards et cormorans friands,
Gillet Badault porta, la, la,
A Joseph et Marie.


Messire Jean Guyot, 
Le vicaire d'église,
Apporta plein pot
Du vin de son logis.
messieurs les écoliers, 
Toute icelle nuitée,
Se sont pris à chanter de hait
Ut, ré, mi, fa, sol, la, la la,
A gorge déployée.

Nous prions tous Marie,
Et aussi son cher fils, 
Qu'ils nous donnent leur gloire
Là sus en Paradis ;
Après qu'auront vécu
En ce mortel repaire,
Qu'ils nous veuillent garder d'aller
Tous en enfer là-bas, la, la,
En tourment et misère.