Il faudrait consacrer une journée à chaque département et peut-être hors saison, pour espérer une approche plus calme, sans avoir le regard brouillé par les selfies ou autres photos de groupes, la rançon du succés... .. nonobstant, je consacre cet article aux beautés grecques ou copies romaines ou cypriotes.
Je laisse les commentaires à Charles Picard. Membre de l'Institut. Membre de l'Ecole française d'Athènes : vision analytique qui dépasse le simple regard de l'amateur.
Je ne peux vous affirmer un suivi classique, une itinérance posée encore que.... ce jour-là j'ai fait des efforts.
Première vision, première approche et non des moindres..
................"Non moins que l'aboutissement d'une perfection technique, l'installation du classicisisme dans l'art grec avait résulté de l'adoption d'un mode spécial de pensée.
Il faut faire effort aujourd'hui, quand on confond si arbritairement parfois classicisme et académisme, pour se remémorer les temps et les pays où les formes plastiques n'étaient point seulement messagères de joie artistique, mais, dépassant en quelque sorte leur valeur imagée, apparaissaient surtout comme des expressions de l'intelligence et de la règle morale.
L'intimité de l'homme et du dieu au temps de Scopas, qui s'exprime d'une façon moins grandiose que Phidias, mais rouvre avec ardeur des chemins délaissés : il a développé la joie de vivre d'un insulaire heureux, contemplatif, et toutes les émotions passionnelles, jusqu'au pathétique pur.
L'homme d'essence plus terrestre, semble avec lui descendre des hauteurs de la légende ; la nature, qui n'était pas bannie du Parthénon, où il y avait eu, attentifs autour de la légende cosmique ou locale, les astres, les fleuves, les fontaines, amplifie sa présence et ses pouvoirs. (1)
Un secret à deviner s'inscrit dans les frontons plus frémissants, où s'installent des batailles inquiètes, des chasses quasi magiques.
Bientôt Praxitèle peuple l'espace entre ciel et terre de la foule de ses jeunes génies irréels, aimables faunes sans animalité, Eros pensifs ou joueurs; c'est le temps où les dieux adolescents s'amusent d'un lézard, ou d'un coq, et le divertissement d'en haut s'associe au rite.
L'Hermès d'Olympie, oeuvre praxitélienne, quoi qu'on ait dit, bien qu'il s'agisse pour nous d'un Praxitèle recopié plutôt que d'une statue originale, a créé peu après le milieu du IV ème siècle, la plus splendide réalisation d'un dogme païen : celui du sauvetage de l'âme humaine promise à l'éternité.
Car à peu près vers le temps où Platon créait, avec l'équivalence du Sôma-Sèma (le corps-prison), le noyau essntiel de la légende de Psyché délivrée par l'amour, le groupe d'Olympie n'a pas seulement pour lui son charme plastique, qui laisse muet.
Il évoque avant tout, les tribulations émouvantes du jeune Dyonisos, futur patron de la (2) rédemption des âmes, lui-même libéré à point, au berceau, de la jalousie d'Héra, pour être emporté par Hermès au Paradis païen, près de Nysa et de ses nymphes nourricières.
La longue fortune de ce thème mystique, qu'on avait jusqu'ici trop oublié de comprendre et d'expliquer, révèle l'importance relligieuse exceptionnelle de la donnée mise en oeuvre par le plus délicat des sculpteurs d'Attique.
Les hommes du Moyen Age ne s'étaient pas trompés sur les intentions du groupe et la vraie gloire de son auteur. Ils avaient fait de Praxitèle, comme de Phidias déjà, des magiciens antiques qu'on faisait intervenir encore pour certaines ordalies judiciaires.
De 369 à 300 environ, Lysippe;, infatigable créateur, a porté à l'élasticité la plus illusioniste, sous trois dimensions, la vie des statues athlétiques, celle des héros et des dieux ; et un jour, spécialement celle du jeune héros de Pella, héros et dieu à la fois, dont il fut le prtraitiste officiel. Sans lui, nous n'aurions plus guère connu qu'un Alesandre de légende et d'apothéose, transfiguré.
Mais il a fixé obstinément ses traits humains, dans la bataille plus que dans la gloire, et il a retardé ainsi, de plus de cinq cents ans, au profit de la vérité du portrait hellinistique, l'avénement du prestige figé de l'icone byzantine ."
Charles Picard
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