J'avais l'intention de passer quelques instants avec vous ce matin mais actualités nationales et climatiques ont retardé ce projet.
J'espère au terme du week-end vous ramener quelques heureux reportages.
C'est donc mon thé que je déguste en votre compagnie, et c'est dans les Alpes que nous allons suivre quelques "écailleux" qui ont fait la une des siècles passés.
" Il y a dans les Alpes et ailleurs beaucoup de traditions qui parlent de régions, de vallées : jadis infestées par les serpents: le Valais suisse par exemple, et "jusqu'à l'épouvante".
Nous devons l'éloignement de ce fléau, évoquant hier encore les monstres et les plaies des premiers jours du monde, au pieux et savant personnage apparu dans les commencements de notre histoire, qu'on nommait l'Etudiant voyageur.
" Un jour en effet, que les habitants de Zermatt, dit-on, encore ignorants de la musique, écoutaient l'un d'entre eux jouer merveilleusement de la flûte, combien furent-ils stupéfaits de voir tous les serpents du voisinage sortir ensemble de leurs trous et suivre impétueusement le charmeur.
Etonné lui-aussi, notre nouvel Orphée a l'idée là-dessus de s'élever lentement vers la montagne, jouant toujours; les reptiles resserrent les rangs, comme enchantés, et l'accompagnent, paraissant ne pouvoir se rassasier de son chant.
Il n'y en eut qu'un : la Reine des serpents, venue de Gorner, reconnaissable à la couronne et à ses beaux colliers d'or, qu'il crut devoir mettre en laisse.
De sorte qu'à un endroit plus abrupt de la pente, il n'eut aussi qu'à la diriger vers l'entrée d'un grand trou, à l'y faire glisser avec les groupes qui la suivaient, et puis à recouvrir pour jamais la troupe sifflante d'une grosse pierre.
Le trou qui se voit encore aujourd'hui porte le nom de Combe-au-Serpent"
Des désinfections analogues, à l'aide d'une flûte, ou d'un "livre magique", sont contées à Saas et dans le Fiescherthal.
On précise que les reines des serpents sont toutes blanches.
Ces récits orphiques où l'on voit un sorcier joueur de flûte capable de manier les animaux ou les gens, viennent de loin, mais n'ont aucun caractère rustique.
Ils ne sont pas dans la tradition chrétienne et locale qui confère aux seuls saints le pouvoir de chasser les serpents pour la raison majeure que ceux-ci primitivement furent plus ou moins vomis lar l'enfer. Il est d'ailleurs difficile de distinguer la version réaliste de la pure métaphore car les païens obstinés devenaient des serpents aux yeux des apôtres de la vraie foi.
C'est ainsi qu'après que la Tarentaise eut été occupée par les Sarrasins, saint Colomban monta prêcher ses brebis égarées dans la montagne, et la plupart se sauvèrent à son approche.
Celles qu'il put rattraper furent changées par lui en serpents.
Note E Canziani 26 p 56.
Cet évènement serait à l'origine de la tresse serpentine en demi-cercle portée par les femmes du pays.
Mais en général, et fort heureusement, l'intervention des évangélisateurs a des résultats inverses.
En basse Maurienne, un ermite entraîne lui aussi tous les serpents de la région dans un antre.
La chapelle de Notre-Dame de Briançon aurait été élevée en souvenir de ce miracle, étant entendu que Notre-Dame est la dompteuse numéro Un.
"Celui d'en-bas", qu'elle foule aux pieds dans toute l'iconographie.
- En Valtourmanche, le fameux saint Théodule, premier évêque de Sion entra dans un chalet où un enfant venait d'être mordu par une vipère.
Il commença par le guérir, puis élevant la main, il bénit ce coin de terre, et ordonna aus serpents et autres bêtes venimeuses de s'enfuir sur la rive opposée du torrent.
Alors un grand sifflement passa dans l'air, et l'on vit des serpents, des scorpions, des crapauds et des salamandres qui émigraient sur l'autre rive; et plusieurs se noyaient en passant l'eau.
Depuis ce jour, tout le versant de la montagne où se trouve Breuil est pur et délivré de ces sortes d'animaux nuisibles"
https://www.youtube.com/watch?v=wAzfJDydZ9s