jeudi 12 novembre 2015

Les Gardiens

http://whc.unesco.org/fr/list/335

     "Les serpents" gardent toutes les voies de l'immortalité..
En Egypte, dans les grandes tombes royales, d'énormes reptiles figurent parmi les obstacles infernaux dont l'âme du mort doit triompher pour parvenir à la solarisation.
Ils gardent tout "centre" tout réceptacle où se trouve concentré le sacré,  toutes substances réelles.
Ils veillent dans la lointaine Scythie sur l'or d'Apollon.
 Au sommet de la montagne de l'Eden, le Serpent joue à la fois le rôle de gardien et de séducteur.
Il a été fait précédemment allusion à un pic défendu par des serpents.
D'innombrables cavernes sont gardées par les Ecailleux.
Beaucoup ne sont pas montagnardes.
Par contre, dans l'Himalaya central, au Garhwal, le monde perdu où trône et brille la déesse Nanda Dévi (7820 m ), l'une des neigeuses manifestations de Pârvati "née des montagnes", l'épouse de Chiva "territoire particulièrement sacré réputé donner naissance au Gange" est hanté, pensent les indigènes, par un redoutable reptile, car, "entre le Trisul et la Nanda Ghungti, n'y a-t-il pas une pile de souliers, restes (rebelles à la digestion) des imprudents aventurés dans ces lieux et dévorés par le grand serpent qui les gardait?
 La croyance est quelque peu antérieure à l'apparition des souliers, même de l'humour britannique, et Longstaaf ignorait que "Nanda" est aussi le nom d'une des deux dragons cosmiques veillant sur le lac au centre du monde.
En fait, il semble que l'altitude fasse souvent pousser ailes et pattes aux serpents, en sorte qu'ils deviennent ces dragons dont il sera plus loin question."

https://books.google.fr/books?id=7yw0VItniXkC&pg=PA8&lpg=PA8&dq=nanda+devi&source=bl&ots=sN0UpJq3Ko&sig=-2MOxHzhDsj4JuUWDfW7ukwirYs&hl=fr&sa=X&ved=0CGoQ6AEwDGoVChMIrcn9zO6MyQIVhFYaCh0nXQ1X#v=onepage&q=nanda%20devi&f=false



« Le bonheur dans la vie c'est de savoir qu'il y a toujours des cimes à atteindre et des sommets à conquérir. »
Citation de Benoit Chamoux que j'avais rencontré lors d'un diner à Paris avant l'expédition qui lui couta la vie.

 http://www.ina.fr/video/CAB86021690

En chemin

 Je suis loin d'en finir avec mes "Ecailleux" en tout genre, ce qui nous promet encore de belles légendes qui s'appuient souvent sur des histoires très anciennes et des faits réels non dépourvus de sens !....



 Mais ces journées exceptionnellement belles m'incitent  à ces "bains" de nature qui me rendent si heureuse.
Alors quelques photos prises dans le secret d'un jardin ou le coin d'un chemin.



C'était hier une course avec le soleil, que je poursuivais, qui disparaissait, que je retrouvais en montant encore plus haut et j'ai fini par abandonner la partie, j'évalue toujours mon temps d'aller pour tenir compte du temps de retour et rentrer à temps.








 Un troupeau ne se souciait guère de ces contingences et paissait tranquillement sur fond de bois encore feuillus et colorés.













Celle-ci avait maquillé ses yeux.... cornes sciées et nous nous sommes longtemps regardées.



Cela semble encore bien parti pour aujourd'hui avec en prime ma chasse aux fossiles.


Curieusement les forestiers étaient au travail hier, 11 novembre et m'interdisaient l'accés à mes coins favoris.
J'y suis toutefois revenue pour approcher ce nid de frelons.

 D'autres photos:

Il faut savoir profiter de ces superbes couleurs d'automne qui ne seront bientôt plus qu'un souvenir.








































Je connais très bien celui-ci, il est magnifique.









  Je recevais ce matin un article concernant la forêt où il était préconisé qu'en fonction des changements climatiques, il fallait envisager  la plantation de deux chênes pour deux pins.











mercredi 11 novembre 2015

Les Ebranleurs

            "Dans les hautes terres de l'Assam (Khasi-Hills) se dissimulait U Thlen, serpent-Dieu géant qui lorsqu'il trépassa pour avoir gobé une masse de fer incandescente, eut de telles convulsions que toute la terre en trembla.
Même genre d'histoire dans ... les Pyrénées.

http://www.bagn.obs-mip.fr/webcamV2/

           -Elles étaient jadis dévastées par un serpent colossal dont la tête reposait sur le Pic du Midi.............................................................
Son cou traversait le territoire de Barèges, le corps s'allongeait dans la vallée de Luz et la queue se repliait dans un antre du cirque de Gavarnie.

http://www.tourisme-midi-pyrenees.com/cirque-de-gavarnie-grand-site-de-midi-pyrenees/gavarnie/tabid/2271/offreid/0725e50a-015f-42bf-b18f-baca8a4b5724/detail.aspx

"Sur le conseil d'un vieux sage, les gens désespérés finirent par abattre quantité d'arbres dont ils allumèrent un brasier à peu de distance du monstre, lequel, réveillé en sursaut et furieux, l'avala d'un coup.
Brûlé jusqu'aux entrailles, ses tortillements et soubresauts provoquèrent d'abord un grand tremblement de terre et de nombreuses avalanches.
Puis il rampa dans la vallée et but tous les torrents, de Gavarnie à Pierrefitte.
Enfin il creva, et ces eaux formèrent le lac d'Isabit"

 Dans une autre version, cette fois identique à celle des lointaines montagnes d'Assam, un héros lui jette dans la gueule des barres de fer chauffées au rouge.
Dans les traditions basques, le serpent géant Herren Sugue ou Lehen Suge se dissimule sous les Pyrénées.
On situe l'orifice de son trou vers Iraty, ou dans les cavernes de Balsola en Biscaye.

                                    Iraty  !! un beau souvenir; 2009 déjà
                                                                                     photos Isarde


 Le monstre cette fois est nettement associé aux feux souterrains.
Il gît dans les profondeurs au bord d'un "lac de feu" puis se réveille pousse sept têtes qui crachent des flammes, s'envole avec un fracas horrible et plonge dans la mer.
Il consume en dix jours toute l'ancienne terre, et de sa queue pétrit celle qui reste dans les eaux fumantes d'un déluge.
Ensuite il se rendort peu à peu sous la montagne, où le moindre de ses mouvements provoque une secousse sismique.
La légende du Lehen Suge dit encore que la tête du serpent repose sur les genoux d'une femme merveilleusement belle, et que son sort dépend d'un oeuf couvé par un ramier bleu sur le pic inaccessible des Pyrénées.
Quand cet oeuf sera brisé, le monstre se manifestera à nouveau.
Il s'agit apparemment d'un oiseau céleste couvant 'l'Oeuf du monde" au sommet d'un pic central désigné dans l'autre légende comme le Pic du Midi, d'orientation solaire.
Nous retrouvons donc ici à peine voilé le mythe majeur du Grand Serpent cosmique fixé ou vaincu au sommet de la Montagne axiale centrale par un Oiseau  céleste (Garuda dans la tradtion indoue), scénario qui rappelle aussi l'histoire nord-américaine de l'aigle Cheth'l sur le volcan Edgecumbe et surtout celle d'Azi Dahaka, le serpent hostile de la Perse ancienne enchaîné sur le mont Démâvend dans l'Elbourz, jusqu'au moment où, parvenant à se libérer, il provoquera une fin du monde".

 https://www.youtube.com/watch?v=hHmUp-XEuoA

https://www.youtube.com/watch?v=65FvKaKSxwg

mardi 10 novembre 2015

les Aquatiques

 Samivel nous amène aujourd'hui en Australie, (et plus) belle histoire, que je vous envoie avant de partir moi-même en chasse.... aux fossiles, ( ça y est !  cela m'a repris, hier, j'ai mis la main sur un fossile d'huitre ).

       "En Australie centrale, au nord des Musgrave Rangers, se dressent en plein désert d'extraordinaires bastions rocheux, parmi lesquels l'Ayers Rock "une merveille de l'Australie, sinon du monde)
C'est un énorme monolithe de granit métamorphique dont les flancs s'élèvent si abrupts que l'on peut, de la plate-forme somnitale, étendre les mains au-dessus d'un précipice de plus de 300 mètres.
Gosse, qui découvrit le Rock en 1873, a écrit :
"Ce rocher est certainement le plus merveilleux phénomène naturel que j'aie jamais vu".
Le rouge brique des parois, sauf au fond des gorges noircies par le ruissellement des orages d'été, ajoute encore à la fascinante beauté du site auquel se rattachent de nombreuses légendes indigènes, entre autres celle d'un serpent géant Wonambi qui vit toujours dans les cavernes du Rock où dorment les eaux souterraines.
Ce Wonambi aux brillantes couleurs était primitivement un serpent arc-en-ciel, donc céleste; localisation qui pourra surprendre au premier abord puiqu'il s'agit d'un monstre aquatique, mais c'est tout simplement que les vieux-Australiens associent, comme le font beaucoup d'autres peuples, l'arc-en-ciel à la pluie.

Chez les Amérindiens, le Grand Serpent vit au fond des eaux, ou sous les rochers et les montagnes.
Avec l'épithète de "Chevelu" c'est une des divinités les plus honorées du Nouveau Mexique.
Dans les Andes du Sud, l'énorme couleuvre Kaiçaivilu sort de la mer, provoque le déluge, et poursuit les hommes jusqu'aux plus hautes montagnes, transposition simple de l'événement.
Au Tibet, les Lous, mieux connus sous leur nom sanscrit "Nagas" sont des divinités-serpents que l'on croit habiter l'Océan, les lacs, les sources, et posséder des richessses fabueuses.
En Grèce, plusieurs rivières portaient le nom d'Ophis ou de dragon.
Hydre(serpent dragon et eau ont la même racine : Hudra-Hudär.

"Les blancs sourceaux des monts s'emportent déglacés
                                                     et par le Monde les serpents des fleuves rôdent"
Paul Faure
Le folklore français localise souvent de gros serpents aux sources.
Un torrent du Champsaur se nomme Drac, affluent de l'Isére.
Au Queyras, un reptile monstrueux mis à mal par Saint Véran de Cavaillon, remonte le cours de la Durance, puis du Guil, et vient mourir dans la combe de L'Aygue-blanche non loin du Viso .
Au Val d'Aoste, un serpent précède l'arrivée des eaux dans le lit d'un torrent, et un peu partout les montagnes dOccident cachent des fées-serpentes qui sortent ruisselantes des ondes et s'en vont séduire les hommes.
L'association eau-serpent est universelle.

                                          Julius Hübner: Mélusine

https://www.youtube.com/watch?v=EXPl7G6q0Ig

lundi 9 novembre 2015

Fin d'un cycle




Suite de la balade en forêt:
 Si je me désole de la destruction d'un paysage forestier familier, je n'en sais pas moins qu'une plantation d'épiceas n'a qu'un temps,  et j'arrive ici au moment de sa récolte.
Un ancien, lui-même propriétaire d'une parcelle me disait à ce sujet qu'il avait connu la période où l'herbre se vendait, était descendue à dos d'homme ou à l'aide de petites montures puis que celle-ci ne se vendant plus il avait été décidé de la plantation des épiceas .
Ils ont donc une petite centaine d'années.




Je me suis toujours intéressée à l'économie forestière surtout en temps qu'élue où j'avais choisi de prendre cette responsabilité.
Ces épiceas étaient donc "dépérissants"; il était temps de les couper.
C'est une entreprise espagnole qui a pris en compte cette exploitation.
Je crois vous avoir déjà dit qu'aucune plantation n'est prévue, la nature reprenant ses droits .
J'ai aperçu hier quelques jeunes pousses de chênes.


Les champignons pousseront-ils sous les chablis.?
 (il ne s'agit pas ici de ce délicieux vin blanc de Bourgogne)








Plaise au ciel que les fougères ne prennent pas le dessus, jolies certes !! mais envahissantes.


http://inventaire-forestier.ign.fr/spip/IMG/pdf/IF29_bois-mort.pdf

 Je n'ai mis le pied hier sur aucun serpent  malgré une température estivale( mais je prends de toute façon des précautions losque je déplace des pierres).

Samivel nous dit à leur sujet:
    "L'immense majorité des serpents mêne une existence souterraine.
Ils  ont donc partie liée avec les Puissances du sous-sol, les morts, la nuit ,(en note une citation de Victor Hugo  "Tu n'es que la haine qui mord" dans La Légende des siècles. XIV ).
 et dans une autre perspective, avec la terre nourricière, les eaux fécondatrices, les sources...
Comme les eaux, ils ondulent, ils coulent.
Certaines gravures des mégalithes ou bien les traditions indoues sur les Nâgas, les Rois-serpents des empires souterrains, témoignent parmi d'autres de cette antique association qui s'étend aussi aux mouvements du sol, aux phénomènes sismiques et volcaniques.
Le serpent change de peau au cours de ses mues successives.
Il est donc immortel, comme le cerf à cause de ses bois, ou le phoenix fabuleux qui renaît de ses cendres.
D'autre part, son corps à peu près identique en toutes ses parties n'a pas vraiment de "sens".
Le serpent se mord la queue, il échappe à l'écoulement rectiligne du temps...
                  "Dans l'âme du moindre homme un serpend se remord"
                                                                                     Paul Valéry 
IL est donc aussi une figure d'éternité.
   Pour ces raisons il apparaît comme un emblème, mieux : le dépositaire d'une science, d'une sagesse multi-millénaires, qui transparaissent d'ailleurs dans la redoutable fixité de son regard.
Il connaît les secrets, la voie des trèsors cachés dont il a souvent la garde.
En un mot c'est un grand Ancêtre, et il le sait.
De telles qualifications positives ou négatives rendent compte des rôles qu'il assume dans les mythologies.
.
http://www.aly-abbara.com/histoire/Mythologie/Grece/images/Caducee_Medecins.html




dimanche 8 novembre 2015

Un dimanche en forêt




Je renoue avec mes sorties solitaires.... et quel bonheur ! il m'arrive de sortir de mes livres ..!!!


 Quelle surprise,  Frisco,  toi qui avait aimé ces contre-jours dans les épiceas entre juin et ce début de novembre, un vrai désastre!!
 J'ai pourtant retrouvé cette souche qui a blanchi avec le temps.





 Pas de tempête, de couloir dévastateur qui abat tous les arbres mais un abattage organisé, un chantier où la terre même porte des cicatrices. Je connaissais le chemin dans ses moindres détails et pour progresser il m'a fallu enjamber les troncs déchirés, grands cadavres écorchés.


 Modifier le chemin du retour pour ne pas avoir à retraverser ces champs de ruines.


 En abordant les grands châtaigniers, aucunes bogues visibles mais peu à peu en soulevant les lits de feuilles, les dernières sont apparues  et avec elles le premier "rousillous"


 Au retour, suivre les sillons des bulldozers et ne pas passer à côté des fossiles que ce sous-sol de l'éocène recèle .
 Et la cueillette a été bonne autant pour les châtaignes


 que pour les fossiles et les photos à commencer par cette rose à la sortie du village:

 Trois heures de marche qui me donnent droit à une petite collation .. d'autres photos demain, si vous voulez ?


Celui d'en-bas

    "La forme reptilienne est donc revêtue des significations qui s'attachent à une telle structure, c'est-à dire qu'elle se trouve à priori qualifiée négativement.
Et, sur le plan moral, le Serpent deviendra dans la tradition judéo-chrétienne une incarnation active du mal.

(Me voilà déja confrontée au renvoi de deux notes successives que je ne me sens pas de laisser sous-silence, si nous voulons aborder ces chapitres en saisissant les informations que Samivel veut nous transmettre.
 Son survol des traditions est universel, il a puisé ses sources dans toutes les parties du globe).
( J'ai déjà moi-même fait un survol préalable des représentations de cet animal dans les arts mais au fur à mesure du texte j'en trouverai sûrement d'autres)

 En Grèce, l'Apollon solaire combat le Python à Delphes, car" dans l'Occident, les héros sauveurs descendant du ciel ont été conçus comme les incarnations d'un principe  spirituel et moral supérieur  à la force vitale, aveugle, animale : celle des serpents.
Dans l'Inde, par contre, le serpent et le sauveur sont deux manifestations élémentaires de la même substance divine universelle.
Et cette substance  ne peut être en opposition avec aucun de ses aspects polarisés, qui sont antagonistes l'un par rapport à l'autre. L'un et l'autre se réconcilient en elle, qui les présuppose" ( H Zimmer, p119 p 89)

Dans d'autres traditions, le négativement paraît dans la célèbre malédiction de la Genèse .. "parce que tu as fait cela, tu es maudit, tu marcheras sur ton ventre"
Ce qui entre parenthèses, implique qu'auparavant il se propulsait autrement, opinion conforme à la tradition rabbinique.
"Son apparence évoque celle du chameau. On songe au grand saurien des origines" (A Franc-Duquène, Satan, Etudes carmélitaines, édit. Desclée de Brouwer p 182).
En somme, plutôt un dragon, muni de six paires d'ailes dans d'autres descriptions.
Mais comme il s'agissait déjà de Satan déchu, il s'ensuit que les thèmes du serpent et du dragon sont plus ou moins confondus en Occident.

St Georges terrassant le dragon

 Paolo Uccello (1397-1475) Musée Jacquemart-André

     "A cette appartenance à l'univers inférieur, universellement ressentie, s'ajoutent d'autres caractéristiques : à cause d'un corps fluent, et pour ainsi dire informel, il devient le signe du chaos primordial, des Eaux originelles, de l'Océan d'ailleurs gonflé de toutes les virtualités futures. C'est le Grand Serpent de Migdard des Scandinaves.
L'inconscient ne contredit nullement cette attribution.
Les rêves de serpent indiquent "le danger pour la consciencce acquise d'être de nouveau dévorée par l'âme de l'instinct".


                                            Sea serpents
                                                           Gustave Klimt 1907