Les ahumats de Nadau
"Dans les zones d'habitat groupé, après la messe, la Jeunesse (dénomination habituelle, dans toute la montagne gasconne, du groupe des célibataires des deux sexes à partir de 15-16 ans et jusqu'aux alentours de 25 ans) se réunissait et courait dans la nuit d'un réveillon à l'autre...........................
Le rire de la jeunesse d'Argut-Dessus, dans la Pique luchonnaise, a laissé un souvenir assez vif dans les villages environnants.
A Cier, à Luret, à Gouaux, on raconte sur un ton mi-amusé, mi-réprobateur comment:
" A Argut-Dessus, quand les gens veillaient, les jeunes, ils se mettaient à plusieurs et ils allaient boucher les cheminées avec des plaques, des morceaux de terre. Alors ils s'enfumaient là-dedans et ils étaient obligés de sortir! Cà, c'était terrible, le soir de Noeël, tout le monde se méfiait.
Ils l'ont fait jusqu'à la guerre de quarante. Parce que la guerre a tout coupé."
La "persécution " rituelle des ahumats de Nadau, exorcisme? purification? n'est pas l'exclusivité d'Argut-Dessus; mais sa localisation est limitée, en Comminges, à une aire que les enquêtes de terrain m'ont permis de cerner: il n'est fait mention d'eths ahumats que dans les vallées de la Pique, d'Oo, du Larboust, d'Oueil, et dans le Val d'Aran.
Jean-Paul Laurent m'a permis, le premier, de saisir la raison de cette localisation rigoureuse: elle est due à l'architecture particulière des maisons de la haute montagne centrale, depuis la Bigorre jusqu'au Haut -Couserans:
"C'était facile de monter parce qu'il y avait les "pénalous" et la cheminée au bout."
Les penalos, ces dalles de schiste qui encadrent, comme les marches d'un double escalier, le pignon des maisons et se rejoignent de part et d'autre de la cheminée, rendaient l'escalade facile.
D'autant plus que les maisons sont trapues et souvent appuyées à la pente.
Les épaules de l'un des comparses pour accéder au premier gradin des "pénalous n'étaient mëme pas toujours nécessaires...."
Isaure
photo prise cet automne chez nous
Je vous asure que ces Pyrénéens étaient des colosses pour monter de telles pierres; j'ai connu trois frères qui ont remonté "ma petite maison dans la prairie"
les reins sanglés dans une ceinture qui faisait plusieurs fois leur tour et des "papè" qui avaient fait le tour des Amériques avec leur ours.
J'ai toujours une grande nostalgie lorsque je chemine sur leur pas.
Que je ne me laisse pas attendrir sur le passé !!! c'est la joie de Noël!!!
Je n'ai malheureusement pas trouvé en You tube "Feu de joie hivernal "
de Prokofiev, que je voulais vous faire entendre.
http://www.francemusique.fr/emission/avanti/2014-2015/contes-d-hiver-3-5-12-17-2014-06-00
jeudi 18 décembre 2014
mardi 16 décembre 2014
Le renouveau plutôt que le nouveau
l'Hiver, Antonio Vivaldi
https://www.youtube.com/watch?v=SNFUHQ6o_Ho
pour dire que la Noël est " le demi-tour du temps"
plutôt qu'une naissance du temps"
https://www.youtube.com/watch?v=SNFUHQ6o_Ho
"Sous Charlemagne, et jusqu'à la fin du X ème siècle, le 25 décembre est le premier jour de l'année.
Dans les traditions calendaires de la montagne gasconne, la Noël solsticiale a-t-elle ces fonctions de commencement?
La naissance symbolique de l'enfant Jésus au jour _ théorique _ du solstice, est-elle vécue, dans le système cosmogonique haut-gascon, comme l'émergence d'un monde nouveau?
Il semble que, plutôt qu'une naissance, elle soit vécue comme une re-naissance et qu'elle soit le re-nouveau plutôt que le nouveau.
Elle prend place dans une mythologie de la régénération que l'on retrouve en tous les points majeurs du cycle annuel solaire de Haute-Gascogne.
La Noël solsticiale est l'annonce de la renaissance de la Nature qui est encore en gestation pour 40 jours: c'est à la Chandeleur, les dictons l'affirment, que la Nature s'éveillera à la résurrection printanière ou prolongera son sommeil hivernal.
A partir du solstice d'hiver, le soleil va accroitre un peu plus chaque jour la durée de sa course au dessus des montagnes, jusqu'au maximum glorieux du 23 juin.
Reprenons l'heureuse expression de Gaignebet (Gaignebet et Lajoux, Art profane et religion populaire au Moyen Age)
pour dire que la Noël est " le demi-tour du temps"
plutôt qu'une naissance du temps"
Le feu de l'aire fermée
"Le feu du solstice d'hiver est feu de l'aire fermée et du groupe domestique et non celui de l'aire ouverte et du groupe social.
Il est feu d'intérieur et non, comme celui du solstice d'été, feu d'extérieur.
Il est feu de braise qui couve sous la cendre et non feu à flamme haute dégageant lumière et chaleur; il est la vie en mineur pendant le sommeil hivernal et non l'explosion des forces vitales qui expriment leur énergie dans la flamme colorée et ascendante du feu de l'été.
Le soin mis à faire brûler lentement la bûche en une combustion retenue s'inscrit dans le mouvement ralenti de la vie hivernale.
La braise de la bûche de Noël ne s'oppose pas à la flamme haute du feu de la St Jean: elle permet, au contraire, son existence et sa continuité. En une polarité complémentaire de la flamme estivale, elle est le même feu en ses deux états extrèmes.....................................
..Toutefois, il arrive qu'on rencontre un rappel des feux de l'été, mais c'est dans les seules mains des enfants; dans les hautes vallées (Larboust, Oueil) et dans le Nistos, les enfants couraient d'une maison à l'autre en faisant tourner au-dessus de leur tête des lattes de bois dont l'extrémité était enflammée, les halhas.
.................................................................................................
A Générest , en dessinant ainsi le cercle solaire, ils psalmodiaient en cheur, au rythme de la giration de leur petit" brandon mobile" personnel:
Nadàu, Nadàu Noêl, Noël
Pets bousquets e pets casàus Dans les bosquets et les jardins
Eras càuteros en houec Les chaudières sous le feu
Pléos de carn e de càulets, Pleines de viande et de choux,
Et pout en pàu Le coq à la broche,
Era gario en metàu, La poule dans la marmite,
Erà lèbé en soum det casàu Le lièvre au bout du jardin,
E courri, courri, Nadàu Et cours, cours Noël.
C'est avec un autre chant en patois gascon que mon père nous accueillait lorsque nous arrivions pour Noël.
Il est feu d'intérieur et non, comme celui du solstice d'été, feu d'extérieur.
Il est feu de braise qui couve sous la cendre et non feu à flamme haute dégageant lumière et chaleur; il est la vie en mineur pendant le sommeil hivernal et non l'explosion des forces vitales qui expriment leur énergie dans la flamme colorée et ascendante du feu de l'été.
Le soin mis à faire brûler lentement la bûche en une combustion retenue s'inscrit dans le mouvement ralenti de la vie hivernale.
La braise de la bûche de Noël ne s'oppose pas à la flamme haute du feu de la St Jean: elle permet, au contraire, son existence et sa continuité. En une polarité complémentaire de la flamme estivale, elle est le même feu en ses deux états extrèmes.....................................
..Toutefois, il arrive qu'on rencontre un rappel des feux de l'été, mais c'est dans les seules mains des enfants; dans les hautes vallées (Larboust, Oueil) et dans le Nistos, les enfants couraient d'une maison à l'autre en faisant tourner au-dessus de leur tête des lattes de bois dont l'extrémité était enflammée, les halhas.
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A Générest , en dessinant ainsi le cercle solaire, ils psalmodiaient en cheur, au rythme de la giration de leur petit" brandon mobile" personnel:
Nadàu, Nadàu Noêl, Noël
Pets bousquets e pets casàus Dans les bosquets et les jardins
Eras càuteros en houec Les chaudières sous le feu
Pléos de carn e de càulets, Pleines de viande et de choux,
Et pout en pàu Le coq à la broche,
Era gario en metàu, La poule dans la marmite,
Erà lèbé en soum det casàu Le lièvre au bout du jardin,
E courri, courri, Nadàu Et cours, cours Noël.
C'est avec un autre chant en patois gascon que mon père nous accueillait lorsque nous arrivions pour Noël.
lundi 15 décembre 2014
Cavalcades célestes
Frisco !! je fais un copié collé de ton commentaire sur la Présentation de ce blog
"L'année 2013 a fini par brûler et d'une bien belle manière !
Tu sais Isarde que d'un incendie renaît toujours la vie ...
Je sais déjà que 2014 sera une belle année en immersion dans la nature et nous partagerons ces émotions !"
et que cela a été bien vrai !! l'année 2014 aussi se termine par d'autres incandescences, non pas au lever du soleil mais à son coucher.
et je poursuis la lecture d'Isaure
La Sinusoïde du temps.
Du soleil de juin au soleil de décembre, le balancier de Chronos oscille inexorablement en périodes mesurées par le mouvement astral.
Où placer un début dans la sinusoïde infinie du temps, telle qu'elle est conçue par la pensée vasconne?
Le concept de commencement, d'origine du temps et des Hommes, est absent de la pensée cosmogonique de la montagne, comme c'est d'ailleurs le cas pour tout le tronc euskarien.
Hartxuaga l'a fort bien montré dans sa thèse de doctorat: Etudes de mythologie basque et indoeuropéenne.
Ainsi on chercherait vainement dans tout l'édifice mythologique Pyrénéen gascon une séquence évoquant la naissance ou le début, la création de l'Etre à partir du Néant: il n'y a pas un seul mythe des origines dans l'ensemble de la culture orale vasconne (du moins en l'état actuel des collectes de terrain).
Pas un seul récit du commencement des temps et des hommes dans le capital légendaire vascon.
Le monde est parce qu'il est, et on ne se demande pas d'où il vient.
Dans l'ensemble basque et euskaroïde, celui qui va de l'Océan jusqu'à l'Ariège languedocienne non comprise, nulle Menha (grand-mère) et nul Papè (grand-père) ne conte le mythe des origines parce qu'on ne lui en a jamais conté.
Dans la pensée traditionnelle, le solstice d'hiver, plus qu'un commencement, est donc un re-commencement, une régénérescence, un renouvellement.
"L'année 2013 a fini par brûler et d'une bien belle manière !
Tu sais Isarde que d'un incendie renaît toujours la vie ...
Je sais déjà que 2014 sera une belle année en immersion dans la nature et nous partagerons ces émotions !"
et que cela a été bien vrai !! l'année 2014 aussi se termine par d'autres incandescences, non pas au lever du soleil mais à son coucher.
et je poursuis la lecture d'Isaure
La Sinusoïde du temps.
Du soleil de juin au soleil de décembre, le balancier de Chronos oscille inexorablement en périodes mesurées par le mouvement astral.
Où placer un début dans la sinusoïde infinie du temps, telle qu'elle est conçue par la pensée vasconne?
Le concept de commencement, d'origine du temps et des Hommes, est absent de la pensée cosmogonique de la montagne, comme c'est d'ailleurs le cas pour tout le tronc euskarien.
Hartxuaga l'a fort bien montré dans sa thèse de doctorat: Etudes de mythologie basque et indoeuropéenne.
Ainsi on chercherait vainement dans tout l'édifice mythologique Pyrénéen gascon une séquence évoquant la naissance ou le début, la création de l'Etre à partir du Néant: il n'y a pas un seul mythe des origines dans l'ensemble de la culture orale vasconne (du moins en l'état actuel des collectes de terrain).
Pas un seul récit du commencement des temps et des hommes dans le capital légendaire vascon.
Le monde est parce qu'il est, et on ne se demande pas d'où il vient.
Dans l'ensemble basque et euskaroïde, celui qui va de l'Océan jusqu'à l'Ariège languedocienne non comprise, nulle Menha (grand-mère) et nul Papè (grand-père) ne conte le mythe des origines parce qu'on ne lui en a jamais conté.
Dans la pensée traditionnelle, le solstice d'hiver, plus qu'un commencement, est donc un re-commencement, une régénérescence, un renouvellement.
vendredi 12 décembre 2014
13 décembre
En ce temps de l'Avent où je transforme ma maison, vous vous doutez qu'amatrice d'art, musique, parfums à l'orange et la cannelle, guirlandes et couronnes sont à l'honneur.
J'ai plus envie de vous donner à lire et à entendre qu'à voir..
à entendre, une de mes Cantates préférées de Bach:
https://www.youtube.com/watch?v=xMSi3OuM1BQ
à lire, après beucoup d'hésitations entre les contes de Noêl Russes ou
Scandinaves, j'ai choisi dans ma bibliothèque le Calendrier Pyrénéen, recueil
d'Isaure Gratacos dont je vais vous transmette quelques extraits relatifs à cette
période."Sainte Luce et le solstice voyageur".
Entà Senta Lucia à Sainte-Luce
Eths dias qu'alongan d'un saut de puça Les jours allongent d'un saut de puce
Entà Nadau à la Noël
D'un saut de brau d'un saut de veau
J'ai plus envie de vous donner à lire et à entendre qu'à voir..
à entendre, une de mes Cantates préférées de Bach:
https://www.youtube.com/watch?v=xMSi3OuM1BQ
à lire, après beucoup d'hésitations entre les contes de Noêl Russes ou
Scandinaves, j'ai choisi dans ma bibliothèque le Calendrier Pyrénéen, recueil
d'Isaure Gratacos dont je vais vous transmette quelques extraits relatifs à cette
période."Sainte Luce et le solstice voyageur".
"Le décalage de 4 jours entre le solstice réel (21 décembre) et le jour de Noël
(25 décembre) est dû à un accident mathématique; l'erreur de calcul de l'astronome grec Sosigène lui fit placer le solstice au 25.
Le Concile de Nicée, en 325, rectifia l'erreur en remettant le solstice à sa place.
Cependant, ce n'est pas le 21 décembre qui fut retenu pour célébrer la naissance du Christ, mais le 25.
Ce jour-là, en effet, depuis les premières années de notre ére, était consacré au culte oriental du dieu solaire Mithra, et la célébration et la naissance du Christ le 25 s'inclut dans une démarche de "récupération" du culte mithraïque par l'Eglise.
Celle-ci eut d'ailleurs quelque peine à lui substituer le culte chrétien, on voit au V ème siècle saint Léon déplorer que, lors de la célébration de Noël dans la basilique St Pierre, des fidèles saluent encore le soleil levant comme cela se faisait dans le culte paîen.
L'incohérence surprenante du proverbe qui met sainte Luce en scéne est, elle aussi, une des conséquences des caprices historico-numériques du calendrier:
Entà Senta Lucia à Sainte-Luce
Eths dias qu'alongan d'un saut de puça Les jours allongent d'un saut de puce
Entà Nadau à la Noël
D'un saut de brau d'un saut de veau
On ne peut que noter la contradiction entre le proverbe et la réalité calendaire: Sainte Luce est le 13 décembre, et le jour ne peut croïtre puisque nous sommes en période prè-solsticiale.
En fait "l'avance" de Sainte Luce est due à la réforme de Grégoire XIII qui supprima d'un seul coup 10 jours dans le calendrier: le lendemain du 4 octobre 1582 fut le 15, et Sainte Luce, qui était le 23 décembre, donc 2 jours après le solstice, d'où le dicton, se retrouva plaçée au 13 dans le nouveau calendrier.
Mais la culture populaire n'avait cure de ces changements concoctés par les élites.
Quatre cents ans après la réforme de Grégoire XIII, le proverbe est toujours là, identique à lui-même, comme si Sainte Luce, la lumière, était pour toujours et inébranlablement au 23 décembre."
jeudi 11 décembre 2014
l'art toujours
et pour les amateurs de romanité un article où l'on parle de la période Augusto- Tibérienne et de Tintignac (carnyx)
http://siecles.revues.org/2309
La promenade au salon touche à sa fin et marque une certaine lassitude de ma part, quand je m'aperçois qu'il y a aussi ceux qui ont un site web mais qu'ils ne souhaitent pas me laisser photographier, donc je mène ma vie !!
J'ai bien aimé cette boule qui m'a fait penser à notre planète et son feu intérieur
ces serpents de céramique
et les créations en tissu très originales de Piti
http://siecles.revues.org/2309
La promenade au salon touche à sa fin et marque une certaine lassitude de ma part, quand je m'aperçois qu'il y a aussi ceux qui ont un site web mais qu'ils ne souhaitent pas me laisser photographier, donc je mène ma vie !!
J'ai bien aimé cette boule qui m'a fait penser à notre planète et son feu intérieur
ces serpents de céramique
et les créations en tissu très originales de Piti
mercredi 10 décembre 2014
Nature et Art
Avant de poursuivre notre balade chez les créateurs, je souhaite partager avec vous les photos assez originales de La Dépéche
http://www.ladepeche.fr/diaporama/les-animaux-de-l-annee-2014-2014/1695112-000-hkg10120699.html
De Jollier Denis et Monique voyageurs de l'immobile:
Voilà un bouquet de roses, volé,(photographiquement parlant ) qui ne fanera pas ..
C'était un plaisir de retrouver Artefusion et ses pierres andines enchassées dans du macramé que ces artistes confectionnent.
Je porte toujours sur moi leur pendentif en Rhodonite (diverses vertus) ainsi que la pierre amérindienne d'énergie ramenée en cadeau de Gaspésie qui est du Jade.
http://www.ladepeche.fr/diaporama/les-animaux-de-l-annee-2014-2014/1695112-000-hkg10120699.html
De Jollier Denis et Monique voyageurs de l'immobile:
Voilà un bouquet de roses, volé,(photographiquement parlant ) qui ne fanera pas ..
C'était un plaisir de retrouver Artefusion et ses pierres andines enchassées dans du macramé que ces artistes confectionnent.
Je porte toujours sur moi leur pendentif en Rhodonite (diverses vertus) ainsi que la pierre amérindienne d'énergie ramenée en cadeau de Gaspésie qui est du Jade.
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