J'ai plus envie de vous donner à lire et à entendre qu'à voir..
à entendre, une de mes Cantates préférées de Bach:
https://www.youtube.com/watch?v=xMSi3OuM1BQ
à lire, après beucoup d'hésitations entre les contes de Noêl Russes ou
Scandinaves, j'ai choisi dans ma bibliothèque le Calendrier Pyrénéen, recueil
d'Isaure Gratacos dont je vais vous transmette quelques extraits relatifs à cette
période."Sainte Luce et le solstice voyageur".
"Le décalage de 4 jours entre le solstice réel (21 décembre) et le jour de Noël
(25 décembre) est dû à un accident mathématique; l'erreur de calcul de l'astronome grec Sosigène lui fit placer le solstice au 25.
Le Concile de Nicée, en 325, rectifia l'erreur en remettant le solstice à sa place.
Cependant, ce n'est pas le 21 décembre qui fut retenu pour célébrer la naissance du Christ, mais le 25.
Ce jour-là, en effet, depuis les premières années de notre ére, était consacré au culte oriental du dieu solaire Mithra, et la célébration et la naissance du Christ le 25 s'inclut dans une démarche de "récupération" du culte mithraïque par l'Eglise.
Celle-ci eut d'ailleurs quelque peine à lui substituer le culte chrétien, on voit au V ème siècle saint Léon déplorer que, lors de la célébration de Noël dans la basilique St Pierre, des fidèles saluent encore le soleil levant comme cela se faisait dans le culte paîen.
L'incohérence surprenante du proverbe qui met sainte Luce en scéne est, elle aussi, une des conséquences des caprices historico-numériques du calendrier:
Entà Senta Lucia à Sainte-Luce
Eths dias qu'alongan d'un saut de puça Les jours allongent d'un saut de puce
Entà Nadau à la Noël
D'un saut de brau d'un saut de veau
On ne peut que noter la contradiction entre le proverbe et la réalité calendaire: Sainte Luce est le 13 décembre, et le jour ne peut croïtre puisque nous sommes en période prè-solsticiale.
En fait "l'avance" de Sainte Luce est due à la réforme de Grégoire XIII qui supprima d'un seul coup 10 jours dans le calendrier: le lendemain du 4 octobre 1582 fut le 15, et Sainte Luce, qui était le 23 décembre, donc 2 jours après le solstice, d'où le dicton, se retrouva plaçée au 13 dans le nouveau calendrier.
Mais la culture populaire n'avait cure de ces changements concoctés par les élites.
Quatre cents ans après la réforme de Grégoire XIII, le proverbe est toujours là, identique à lui-même, comme si Sainte Luce, la lumière, était pour toujours et inébranlablement au 23 décembre."