samedi 8 mai 2021

Début du gothique à Carcassonne

  Il vous faudra aller au bout de la lecture de ce document pour qu'y soit inscrite

 l'oeuvre du maître de Rieux

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_2_4205

Je ne vous amène pas dans la Cité mais à la cathédrale St Nazaire  délaissée

 souvent au profit de sa rivale, et plus, au coeur de  l'église au sein d'une chapelle

 longtemps méconnue et plus encore le tombeau  gothique de  Guillaume

 Radulphe qui l'avait faite construire pour justement abriter son tombeau, en 

1266.

Sa visite fut longtemps réservée aux seuls érudits. Le tombeau présenté comme

 ayant subi l'influence des sculptures de l'Ile de France, le sarcophage marque

 cependant le caractère du nouveau style gothique,  avec son rinceau végétal,  les 

sept compartiments inférieurs sculptés de fines colonnettes surmontées d'arcs

 trilobés et de roses à motifs hispaniques. S'il n'y avait pas tous ces détails

 gothiques le cortège qui décore cette cuve me rappellerais les sarcophages 

romains.

 Mais le bas relief de Radulphe avec tous ses attributs épiscopaux ne laisserait 

aucun doute. Cette configuration avec les roses de style hispanique laisse à 

penser qu'il s'agirait de l'influence ou même d'un sculpteur qui peut avoir travaillé

 dans les Pyrénées Orientales.



                   

                                   Vue du ciel 

                    gphoto2://[usb:001,005]/DCIM/178___05/IMG_6846.JPG

Un peu plus tard, St Louis autorisa en 1269 Bernard de Capendu à transformer et 

agrandir cet édifice et c'est à cette occasion que la chapelle qui abritait ce

 tombeau fut emmurée. La nef et le choeur furent reconstruits entre 1269 et 1322

 dans le style gothique rayonnant  avec une grande clarté, semblable à la Sainte

 Chapelle parisienne.

L'intérieur de la cathédrale se caractérise par  des piliers de grès fin où les statues

 font parties intégrales de la sculpture autrement dit ils ont été sculptés à même le

 pilier. Douze apôtres jalonnent ainsi le Choeur  où les ciseaux de trois sculpteurs 

marquent leur appartenance. La palme donnée à celui qui a sculpté le visage de

 Saint Nazaire, patron de la cathédrale 



 mais aussi à la Vierge à l'enfant où nous remarquons les prémices de la statuaire

 languedocienne,  le geste affectueux de l'enfant, le léger déhanché et le regard 

lointain.



Perchées à 6 mètres du sol elles ont pu être épargnées par la Révolution.

  L'ange Gabriel esquisse un timide sourire  de salutation.


 

 


















St Paul est identifiable par le livre qu'il serre contre lui


            http://vitrail.ndoduc.com/vitraux/htm5/eg_StNazaire.htm

https://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac-Occitanie/Patrimoines-et-architecture/Monuments-historiques/Chantiers-en-cours/Un-parapluie-sur-la-basilique-Saint-Nazaire-de-Carcassonne

vendredi 7 mai 2021

Le gothique languedocien : suite

  Du  Rouergue et de  l'Albigeois,  encore quelques figures avant de redescendre à

 Toulouse mais nous n'en aurons pas fini avec cette Occitanie, il faudra aussi aller à

 Carcassonne ; c'est pour cela que j'attends avec tant impatience la réouverture du

 musée des Augustins de Toulouse, qui conserve beaucoup de ces sculptures (je 

vous en ferai part).

 Grâce à l'article précédent, l'Ouradou d'Estaing n'a plus de secrets pour vous,  j'y 

étais passée l'été dernier en fin de voyage.


 Le baptême du Christ présente une particularité dans les broderies polychromes 

avec ajout de petits éléments en métal que l'on retrouve aussi à Ste Cécile d'Albi.



La cathédrale d'Albi mérite plusieurs visites,  grand vaisseau de briques, sa 

décoration intérieure est foisonnante  grâce au mécénat  de ses évêques.


 Esther

 

 

 

 

 

 

 

 et Judith 

 

en faisant le tour du choeur de la cathédrale



L'église du couvent des Cordeleirs, à Toulouse n'existe plus depuis le XIX éme,

      https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_des_Cordeliers_de_Toulouse

et les vestiges de sa statuaire sont justement conservés aux Augustins, mais aussi

 à Bayonne au musée Bonnat.

 Chapelle somptueuse, multipliant tous les apports stylistiques  de ce XIV ème

 siècle.

On parle ici du Maître de Rieux dont le mécène Jean Tissandier commanda sa

 chapelle funéraire au chevet des Cordeliers. C'était Jean Tissandier un franciscain

 natif de Cahors et évêque de Rieux Volvestre mais aussi bibliothécaire à la cour 

papale d'Avignon  ; il consacre l'église et sa chapelle en 1343.

Le maitre de Rieux le sculpte ici offrant la maquette de sa chapelle à la Vierge et

 au Christ.


 Toute la statuaire de ce maître présente des caractéristiques identiques : un

 déhanché gracieux, des chevelures bouclées abondantes, 1 mètre 90 de haut en 

calcaire de Belbèze recevant bien la polychromie et les détails sont, comme les

 livres, les attributs et les mains qui les tiennent particulièrement soignés, la 

signature de la maîtrise de ce sculpteur et de son atelier.

 St Jean l'Evangéliste



















Saint Louis de Toulouse





















        Nous verrons que le maître de Rieux a aussi sculpté à Carcassonne, initiant 

le prochain gothique flamboyant du XVème siècle.

                            https://books.openedition.org/pumi/18256



                                                             Saint Philippe

  et en marbre des Pyrénées un détail du visage de Jean Tissandier sur son gisant








jeudi 6 mai 2021

Belles sculptures du gothique languecocien

 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1962_num_120_2_8773_t1_0210_0000_2

 

Si vous manquez de temps , un passage par Albi et les Augustins de Toulouse

  vous permettra après Monestiès d'admirer les représentations du XV ème siècle.

 comme le souligne Jean Bousquet dans l'article ci-dessus vous aurez tout loisir 

de visiter "  un art aussi tendre que celui de la Touraine, d'un baroque moins 

alourdi et pourtant aussi monumental que celui de Bourgogne".

  Une fois de plus les maîtres sont moins connus que leurs commanditaires !! 

comme si toute la gloire de leur commande devait éclipser la maîtrise de leurs 

sculpteurs!!! 

 Toutefois des chercheurs universitaires toulousains poursuivent leur recherche et

 identifient tel ou tel artiste. 

 Quelques uns se démarquent,  on les appelle, le maître d'Inières ou le maître de 

Biron. Celui d'Inières dans l'Aveyron nous propose une "Annonciation" ce qui 

change un peu des groupes de Pitié :

 

 Il date des années 1480-1490 : l'ange attire le regard avec sa belle chevelure

  bouclée( dans la tradition du gothique international) qui se perd dans la courbe

 de son aile. Ce maître aurait pu travailler dans la cathédrale de Rodez, car on y 

voit des sculptures à la même morphologie. mais penchons-nous ce matin sur la 

vierge de pitié de Rodelle   commandité par Pierre Cueysse chanoine de la

 cathédrale d'Albi (trésor de la cathédrale d'Albi). 


 

 Saint Jean qui soutient la tête du Christ a  les mêmes yeux en amande  (je préfère

 cela à "yeux en boutonnière", il est aussi expressif que  Notre-Dame de Grâce et 

Marie-Madeleine offre un modelé de visage dans la même tradition.


  Le St jean de la "Déploration du Christ" de l'église de Carcenac-Salmiech diffère,

il est plus agé. 

 Ce groupe est attribué au maître de Biron  (dont quelques oeuvres sont présentes

 au Metropolitan Museum de New-York).  

Marie -Madeleine avec son offrande de parfum n'en est pas moins ravissante.









 j'ai enfin mis la main sur le 

livre qui va tout vous 

expliquer et.... montrer!!!











https://books.google.fr/books?id=5zn34fcxDQkC&pg=PA213&lpg=PA213&dq=Monument+fun%C3%A9raire+de+Jean+d%27Arpajon+Ceignac&source=bl&ots=awWuMBVimn&sig=ACfU3U23rUxRA-rYf7pGRWYi5z_a5KNBxQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjm58bD3LTwAhUKshQKHUkQDkYQ6AEwE3oECAoQAw#v=onepage&q=Monument%20fun%C3%A9raire%20de%20Jean%20d'Arpajon%20Ceignac&f=false



lundi 3 mai 2021

Visages du gothique languedocien

 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02426777/file/Inter-Lignes%20n%C2%B0%208.pdf

 

                                                         Salomé

 Le cortège funéraire autour du groupe central de cette pieta, orchestré par Louis 

d'Amboise évêque d'Albi, offre une surprenante diversité d'expressions, de 

 costumes, coiffes ou drapés. Depuis la probable date de sa création  à ses tout

 débuts, soit 1490, ce groupe exceptionnel a subi bien des avatars. Présents

 autour de l'autel de Louis d'Amboise dans son château de Combéfa ils ont 

désormais pris place à Monestiés au début du XVIII ème, la population locale les

 ayant en quelque sorte sauvés, lors du démantèlement du château . 

           https://www.youtube.com/watch?v=_CxNyQc7V1o

 

                                                                    Nicodème

Les spécialistes s'accordent pour qualifier les yeux des personnages féminins

 comme "yeux  en boutonnière" et cette facture est attribuée aux ateliers 

bourbonnais, sans toutefois aller plus loin que "le maître de Combefa".

 Marie Madeleine est représentée deux fois et toujours reconnaissable à son vase

 de parfums. 



https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/sculpture/la-chapelle-saint-jacques-et-les-20-statues-chef-d-039-oeuvre-de-louis-ier-d-039-amboise_3293029.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Combefa



dimanche 2 mai 2021

Merveilles de la sculpture gothique

  Si nous avions le nom des orfèvres ayant oeuvré  au début du XVI ème siècle,

 dans la fabrication des nefs de table,  il n'en est pas de même pour les sculpteurs 

du  Midi toulousain et si nous allons parcourir l'Albigeois ou le Rouergue,  nous

 pourrons seulement reconnaître le style,  on dit "la patte" des maîtres, grâce au 

style des visages et de leur expression.

 J'ai envie de commencer par "la" Notre-Dame de Grâce du Musée des Augustins, 

 une vielle connaissance que j'ai connue  bien avant sa restauration.

 Elle a beaucoup fait parler d'elle, jeune, un peu boudeuse et mélancolique

  elle a vraiment l'air de se demander ce qu'est venu faire ce bébé dans sa vie !  

 Nous sommes dans le dernier quart du XV ème siècle. Cette sculpture est un

 véritable chef-d'oeuvre.

  Un indice toutefois  le sculpteur ne viendrait-il pas du nord ? l'inscription qui lui 

donne son titre, au pied de la statue, est en langue d'oïl.

 


  la restauration lui a conféré un véritable "lifting" lui restituant toute sa 

polychromie. A l'aide de l'analyse d'autres sculptures et de peintures ou 

d'enluminures on va pouvoir la dater précisément entre 1460 et 1480, elle semble

 avoir donné le ton à partir de cette date, aux travaux que nous rencontrerons

 dans l'Albigeois et le Rouergue. Ce type de figure féminine faisant date jusque 

dans les années 1520. L'énigme reste, pour qui ? dans quel contexte, quel 

commanditaire, quel maître et quels ateliers ?


Pour ce qui est des commanditaires connus tant à Albi qu'à Monesties, il est admis

 qu'il s'agit de Louis d'Amboise qui par sa position  au sein de la Cour et d'une

 famille puissante avait tout loisir de s'attacher des artistes de haut niveau.

 Pour rester à Toulouse encore, voyons la Vierge de pitié de l'église Sainte-Marie

 des Anges aussi aux Augustins (dont j'attends avec impatience la réouverture après travaux et.... confinement )

 et à ses côtés une Marie-Madelaine aux larmes bleues.


On peut trouver une certaine  ressemblance entre Notre-Dame de Grâce et celle 

 de  l'Adoration des mages sur le tympan de l'église  St Nicolas de Toulouse dont

 les dates de construction sont compatibles : on donne ici le nom de l'atelier de 

Pierre Viguier  mais laquelle a pu influencer l'autre ?

 Sauf que la vierge ne regarde pas dans la direction opposée à celle de son enfant.


 Une autre position particulière, plus ludique de l'enfant Jésus caressant d'un 

geste affectueux le visage de sa mère sur la statue  de la Vierge à l'enfant de

 Bellegarde.


  Les étoiles dorées sur le manteau bleu  sont

 encore un peu visibles alors qu'elles ont 

complètement disparu de celui de Notre Dame de

 Grâce



"Datation :
limite 15e siècle 16e siècle
Commentaire historique :
Cette Vierge à l'Enfant est une oeuvre réalisée à la fin du 15e siècle ou au tout début du 16e siècle. Son style délicat, les drapés à la fois sobres et structurés de son vêtement la rapprochent des oeuvres réalisées à la même époque sur les grands chantiers d'Albi ou de Rodez. Charlotte Riou (op. cit.), démontre que le collier orné de croix porté ras autour du cou de l'enfant Jésus présente quelque parentés avec la Vierge à l'enfant de Cayssac (Aveyron) ou la Sainte Parenté de Marcolès (Cantal).
Le chapelet,où pendent des médailles et des branches de corail, invita certains auteurs à voir une influence italienne dans cette sculpture : en effet, il était d'usage à Florence d'offrir aux jeunes enfants des colliers ornés de l'Agnus Dei et de corail. Le mécénat de la famille d'Amboise leur sembla évident. Victor Allègre (op. cit.), repris par Mathieu Méras (op. cit.) signale qu'il est probable qu'elle provienne du château de Montels auquel elle avait été donnée par le cardinal de Bernis, archevêque d'Albi à la fin du 18e siècle. Toutefois, ni la destination, ni le commanditaire ne sont connus. Il est toutefois évident que l'oeuvre est une création d'un sculpteur méridional qui connaît les grands modèles toulousains (Notre-Dame de Grasse) ou albigeois.
Le groupe sculpté a été restauré par Maimponte dans les années 1960, au moment de son exposition à Montauban. C'est à cette époque que fut redécouverte la polychromie ancienne avec des traces de dorure à la feuille, sur les cabochons et l'agrafe du manteau. Mathieu Méras (op. cit.) que le restaurateur pense que la polychromie restituée au moment de l'exposition pourrait être un deuxième état. Cette hypothèse paraît discutable."

 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1983_num_141_2_6549_t1_0222_0000_4


vendredi 30 avril 2021

Voyage dans les nefs

 Vollà quelques jours que je voyage non pas dans une nef mais à la recherche des 

nefs de table, joyaux d'orfévrerie que j'avais eu, ( elles avaient vogué jusqu'à moi 

c'est-à-dire Toulouse en 2016,) le plaisir de vous  présenter à l'occasion  de cette 

exposition intitulée "Trésors d'orfévrerie"  présentée par la Fondation Bemberg.

(mes archives, 27 10 2016).

 Faisant partie des trésors des cathédrales,  il faut aller de Tolède à Londres mais

 aussi en passant par Reims, dans les pays germaniques. Il faut aussi aller à la

 Malmaison rencontrer celles de Napoléon qui, monarque absolu ne pouvait

 manquer en posséder.

             http://academie-de-touraine.com/Tome_25_files/145-152.pdf

Leur utilisation est double mais, des deux qu'elle est celle qui préside l'autre  ?

 profane pour une part présidant sur les tables de prestige des royautés au titre 

de transport d'épices,  de sel, qui pouvaient avec leurs roues se déplacer d'un 

convive à l'autre ou, religieuse, précieux  dépôt de reliques. 

Celle qui se trouve à Tolède dans le trésor de la cathédrale, dite nef de  Jeanne 

la Folle mère de Charles Quint  est datée du troisième quart du XV ème siècle et

 transformée pour recevoir les reliques de sainte Leocadia.

 Celle que je vous présente ci-dessus est dite nef du cardinal de Lorraine et vous

 avez sur ce site sa description et son historique.

           https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM54009004

Parlons de ces orfévres, Hans Rappolt maître à Nüremberg de 1579 à1580, en est

 un dont les réalisations sont les plus prestigieuses. Ce qui ne l'empêchait pas de

 défrayer la chronique: il n'a cependant pas la possibilité de payer son loyer, en 

1605 sa femme est mise en prison pour n'avoir pas pris soin du fils illégitime de 

son mari, en 1618  on lui impose une amende pour avoir blessé deux hommes 

mais il crée des merveilles !!

 Mais il faut remonter aux origines,  au XIII ème siècle,  où la nef sans mât ni 

gréement est une navette à encens, ou des ex-voto en forme de navire au 

XIV ème siècle , des cadeaux diplomatiques aussi.

 

 détail de la nef de  Saint Nicolas -de-Port

Elles furent nombreuses puisque l'on trouve dans l'inventaire de  Charles V, 29 

nefs dont  7 en or, 21 en argent et une en jaspe rouge.

C'est  à la fin du XVI ème que l'on voit, en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas, 

cette tradition peu à peu se perdre mais la cour de Louis XIV la maintient avec 

faste. Les centres d'orfèvrerie de Nüremberg et d'Augsbourg font preuve de la fin 

du XVème au début du XVII ème d'une inventivité permettant de situer ces années

 comme l'âge d'or de cette production ; on peut citer celle de Charles Quint 

attribuée à Hans Schlottheim conservée au musée de la Renaissance à Ecouen, 

mais aussi celle  de Schlottheim au British Museum de Londres mais encore la nef 

Schlüsselfelder au Germanisches National museum (ci-dessous)



 Elle est conçue à l'imitation des bateaux de commerce armés de la fin du XV ème siècle.

 La nef Burghley constituée d'un nautile qui forme la coque du navire enchâssé 

dans dans une petite caraque en argent doré est significative de l'évolution de ces 

nefs.


 L'orfèvre Esaias zur Linden  de Nüremberg fait aussi preuve d'une belle inventivité

 dans les 34 nefs de sa production qui ont pu être recensées.

 Les collections allemandes en conservent de nombreuses, l'aristocratie et la

 bourgeoisie, voulant aussi se doter de cette pièce d'orfévrerie.

Les orfèvres, Friedrich Hillebrand à Dresde, Hans Utten ou Jörg Ruel dans la coupe

 Gatshina se  référent encore aux fabrications de Hans Rapport mais l'intégration 

des nautiles dans les nefs à roues se fait plus rare. Mais vous n'avez pas fini de

 voyager, vous retrouverez Esaias zur Linden au Metropolitan Museum ou à 

Copenhague au Grundbestand des Museums.

 La diversité des décors  où l'iconographie mythologique maritime est foisonnante

 participait aussi, je pense à la distraction des invités !! 

 Esaias zu Linden 1609-1629


Cette dernière, donnée comme récipient à boire est l'oeuvre de Hans Anton Lind à

 Nüremberg ;  en argent partiellement doré, il faut aller à Dresde au Grünes 

Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen


         Mais aussi celle de Jôrg Ruel, argent et nautile, servant à boire aussi


 


















https://fr.wikipedia.org/wiki/Nef_de_Charles_Quint

                              https://www.youtube.com/watch?v=8G69tJwSTxY

mardi 27 avril 2021

Itinéraire d'un tableau

  Eugène Fromentin est un des représentants majeurs de la peinture orientaliste

 né  à La Rochelle en 1820, peintre et aussi écrivain. 

     En mai 1853 il est à D'jelfa  et nous relate sa visite au calife Si-Chériff dans un 

"Un été dans le Sahara".

         https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62097924/f17.item.texteImage

" je me rappelais avoir rencontré un jour un chef de tribu du Sahara de l'est

 rentrant chez lui, suivi d'une escorte assez brillante de cavaliers, et menant en

 croupe un derviche. Ce chef était un jeune homme élégant, fort beau, et mis avec

cette  recherche un peu féminine particulière aux Sahariens de Constantine. Le

 derviche, vieillard amaigri et défiguré par l'idiotisme, était nu  sous une simple 

gandoura couleur sang de boeuf, sans coiffure, et balançait au mouvement du 

cheval sa tête hideuse surmontée d'une longue touffe de cheveux grisonnants.

Il tenait le jeune homme à bras-le-corps, et semblait lui-même, de ses deux talons

 maigres, conduire lz bête embarrassée sous sa double charge. Je saluai le jeune

 homme en passant ; il me dit le bonsoir, et me souhaita les bénédictions du ciel.

Le vieillard ne me répondit point, et mit le cheval au trot.

Cet épisode a été suffisamment marquant  pour qu'il en fasse un tableau après 

plusieurs croquis qui se trouvent dans des collections  particulières.

Il lui donnera ce titre "Arabe portant en croupe un fou"

            Ce tableau est conservé au musée des Beaux-Arts de La Rochelle

 Fromentin était déjà sensibilisé sur le cas des personnes faibles d'esprit ;  son

 père, médecin considéré comme précurseur dans le traitement psychiatrique de

 ses malades dans un hôpital proche de la Rochelle ; toutefois il s'étonnait de la 

liberté laissée  à un derviche lors d'un banquet, mais rassuré par son hôte qui lui

 dit "Derviche, marabout"

 Ce tableau après qu'il soit passé en salle des Ventes après le décès de l'artiste,

 passe dans la Collection de Georges Errington  parlementaire irlandais à 

Westminster qui partageait sa vie entre l'Irlande et l'Angleterre.

Il resurgit à New-York dans la vente Warren en janvier1903 et réside un temps 

 dans le Connecticut jusqu'en 2012 mais apparaît à nouveau dans une vente 

publique chez Sotheby's en février 2013 et trouve enfin sa place au pays natal de

 son auteur au musée des Beaux-Arts de La Rochelle.

           https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5525439j.texteImage

https://www.revuedesdeuxmondes.fr/eugene-fromentin-le-serviteur-de-deux-muses/