dimanche 29 juillet 2018

Vanités d'hier à la Fondation Bemberg : suite

Est-il nécessaire de rappeller ce que sont les vanités, allégories du temps qui 

passe et de l'impermanence de la vie humaine, sujets que les modernes ont 

aussi traité comme nous l'avons vu mais qui est plus représenté dans la 

peinture flamande du XVII ème, notamment au sein de la Réforme pour

 laquelle il est moins question d'associer ces vanités à la vie des Saints ; ce sont
 
 alors une multitude d'objets qui figurent sur ces tableaux.

Voici toutefois pour débuter un Saint Jérôme méditant

 de Marinus van Reymerswaele (1495-1567)


 et j'ai bien failli ne pas vous la proposer tellement ces doigts de "grippe-sou" sont assez peu compatibles avec la nature de St Jérôme mais vous allez en avoir l'explication



 Peu de choses sont connues de la vie de Marinus Claeszoon Van Reymerswaele. Attesté à Reymerswaele en 1509, il y est alors en apprentissage. En 1567, s'il ne s'agit pas d'un homonyme, il est chassé comme iconoclaste de Middleburg, et son art archaisant, torturé et ironique (formes tourmentées, visages outrageusement expressifs)  semble témoigner de ses convictions. On n'a pas pu prouver s'il fut l'élève de Quentin Metsys auquel était autrefois attribué ce tableau, mais il fut sans aucune ambiguité l'un de ses imitateurs les plus directs. Il a exécuté de nombreuses variations d'une composition présentant telle une scène de genre, collecteurs d'impôts, banquiers, usuriers ou prêteurs de basse mine. Il reprit en fait plus précisément le thème de Metsys du "Prêteur et sa femme". Dans ses tableaux, il aborde le thème de l'avarice de manière exarcerbée et caricaturale, et, paradoxalement, malgré le sujet, dans le "Saint Jérôme méditant du Musée de Douai ; on retrouve cette outrance qui fait écho à une tendance inaugurée par Bosch et Metsys dans la peinture du Nord. Van Reymerswaele a été fortement influencé par Dürer.




 Vanité aux livres et au crâne.



Anonyme
 ancienne attribution Jacques Albert Gérin
dernier quart du XVIi ème siècle. Naples.

Nantes, Musée d'Arts

On retrouve sur cette toile tous les symboles  classiques des vanités, la bougie éteinte, les fleurs qui vont se fâner et l'incontournable crâne













Franciscus Gysbrechts : Vanité seconde moitié du XVII ème siècle. 

                                                                 Musée des Beaux Arts de Rennes

 Dans cette vanité, les objets représentatifs des activités humaines, rehaussés par de somptueuses étoffes aux franges d'or, sont juxtaposés au crâne, évocateur du triomphe de la mort mais qui par sa couronne d'épis (symbole eucharistique) promet la résurrection. D'un fond sombre et mystérieux, émergent des symboles des différentes dimensions de l'existence humaine : les plaisirs (ceux de la musique avec la flûte) la gloire des armes et du pouvoir (avec la trompette) mais aussi la vie contemplative ( avec le livre ).




  Attention de ne pas "m'emmêler les pinceaux" ...

 Voici un autre Gysbrechts mais il s'agit de Cornelis le père, celui que nous avons déjà vu  qui est membre de la guilde de Saint-Luc à Anvers : Franciscus en faisant aussi partie, au titre de "membre parent".. 
Difficile, même pour les spcécialistes de faire la distinction entre la palette du fils et  celle de son père : mêmes allégories surtout la draperie
pourpre frangée d'or













 ne vous vient-il pas à l'esprit  la comparaison avec ce thème traité par les

 modernes mais sans les attributs dédiés au sujet, sans grande originalité,

 toujours les mêmes, il est vrai que les supports ont changé et que ces toiles

 étaient sans doute des commandes.

 Donc..... la toile ci-dessus est l'oeuvre d'un Ardéchois (coeur fidèle.... non je plaisante, vous n'avez plus qu'envie de plaisanter après tant de contemplations si peu réjouissantes..  oui, l'Ardéchois coeur fidèle était une série télévisée relatant le Tour de France d'un Compagnon du Devoir de Liberté)

 Bref,... Sébastien Bonnecroy a peint cette vanité en 1641  exilé à Anvers et à la 

Haye, protestant français de souche ardéchoise, la lettre pliée, sur sa toile, porte

 son identification.

        Allez !!! encore une :

                 vous serez imbattables sur le sujet.  


                                Joannes Cordua (Bruxelles 1630- Prague 1702)

                                                                          conservé au Musée de Pau

 Et pour finir l'on sort des Flandres pour l'Italie avec le

                                                                  Putto endormi sur un crâne
 d'un anonyme d'après Miradori dit il Genovesino 

                             conservé au Musée Lambinet de Versailles


 Cette oeuvre anonyme fut réalisée d'après une peinture de Luigi Miradori dit il Genovesino. Pour Lia Bellingeri qui a consacré une monographie à l'artiste, Luigi Miradori est la personnalité artistique la plus importante à Crémone au XVII ème siècle, mais l'un des protagonistes les plus intéressants du Seicento lombard.  Certainement originaire de Gènes, c'est là probablement que Miradori est formé avant d'être actif à Milan et sutout à Crémone où il s'installe autour de 1635-1637. C'est à cette dernière ville qu'il reste principalement associé malgré son surnom de Genovesino.
Il est fait mention d'un nombre  important de ses oeuvres dans les inventaires des collections de Crémone mais malheureusement, il est impossible de retrouver la trace de la plupart d'entre eux. Sur un plan stylistique, on note dans son oeuvre parmi d'autres influences celle de la peinture génoise, mais aussi les influences caravagesques qui avaint été introduites à Gènes par Gentileschi. l'original du Putto endormi sur un crâne a été présenté en 1974 à Milan et d'autres versions avec variante sont présentes au Musée des Beaux-Arts de Caen et au Musée Calvet d'Avignon.

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