dimanche 4 juin 2017

Parenthèse insolite ; Histoire vraie


                                         Tiens bon minou, on arrive !


Je suis une esthète qui vit à l’écart du monde, dans un univers feutré, peuplé de livres, d’œuvres d’art, et de longues rêveries.
Cet équilibre si propice à l’étude et à l’imagination, fertile à l’écriture des articles de ce blog a été troublé d’une façon si singulière que je me permets aujourd’hui d’introduire dans ces pages une chronique plus personnelle. 
Je ne me risquerais pas à un tel exercice si l’histoire que je m’apprête à vous raconter n’était absolument curieuse et hors de tout précédent.
Ce sujet que je vais développer n’est pas relié directement au thème de l’art et la nature, tout du moins pas de la même façon que les autres. Mais il aborde certains aspects surprenants de la nature humaine qui poussés jusqu’à leur plus extrême limite relèvent pratiquement de l’expression artistique. 

Laissons là ces préliminaires, chers lecteurs, voici mon récit : 

Mes voisins possèdent un chat, bel animal soyeux qu’ils aiment particulièrement et celui-ci a pris pour habitude de venir me rendre visite ! Cette brave bête rentre souvent dans ma maison et je l’en chasse à chaque fois.
La suite est logique et vous pouvez imaginer ce qui arriva … J’enfermais le félin par inadvertance. Je partais pour six jours après avoir arrosé les plantes et coupé le gaz. Le matou dormait dans un recoin confortable lorsque ma voiture s’éloignait irrémédiablement du village. Le destin de ce chat était en train de basculer.
Pris de panique cette sale bête déchira mes rideaux, renversa milles choses précieuses et sema un désordre abominable. Comment pourrais-je lui en vouloir ? Il était muré dans une maison qui n’était pas la sienne et loin de ses croquettes et de l’affection des siens, la mort était en train de se refermer sur lui. Oh ! j’ai même assez pitié de ce minou perdu et emmuré vivant ! Puni si durement pour avoir succombé à la tentation d’un sofa. Le piège s’était refermé sur lui.
Comment s’évader d’une prison aux murs épais lorsqu’on n’a que de petites pattes ? Pas de pelle, pioche, barre en fer ou autre objet pointu dont on peut se saisir et espérer que de cet instrument , aidé de nos efforts désespérés, la liberté est encore possible. Comment revoir le jour lorsqu’on est un petit chat piégé ? 


 
Beaucoup d’évasions ont été possibles par le soutien indéfectible des complices restés dehors mais liés aux prisonniers par un code de l’honneur à toute épreuve. Dans ces situations extrêmes où les nerfs sont portés à rude épreuve, le salut vient des camarades ! De la même façon le minou n’était pas seul ! Il avait derrière lui une confrérie d’humains déterminés à le sortir de cette mauvaise passe car quand on est un chat, on sait s’attirer l’affection. 
On sait manipuler l’âme humaine pour en obtenir tout : des croquettes, du lait, une place plus confortable, etc.
 On sait même se faire aimer, adorer et distribuer ses faveurs avec une arrogance toute féline.
 On sait qu’il suffit d’un regard tendre pour se sortir des situations les plus inextricables.



 

Le minou captif miaula à l’aide et ses maîtres l’entendirent ! Ils auraient pu me téléphoner, casser une fenêtre, appeler les pompiers, écrire à la SPA.
Mais ce n’était pas cela que voulait le minou, non, cela c’était trop long, trop laid, et ce chat voulait laisser une trace plus romantique de son passage sur terre. 
Que ne ferions nous pas pour ces grands yeux ? Que leurs refuserions nous ? Alors quand il demanda à ses maîtres de le délivrer sur le champ et quoi qu’il leur en coûte, ceux-ci s’exécutèrent. Ils s’armèrent d’une masse lourde et explosèrent leur mur mitoyen. Ce mur est vieux et épais, construit en pierres massives… Alors il fallut taper longtemps mais le mur céda enfin et le chat fut libre ! Monte Christo n’a pas fait mieux.

Depuis ce jour, et jusqu’à ce matin, j’ai le plaisir de vivre en copropriété avec mes voisins, jusqu'à ce que l'huissier m'autorise à reboucher le trou.



(écrit avec la complicité de Guillaume venu en compagnie de nombreux membres de la famille, me remonter le moral et dédramatiser ce que nous qualifions maintenant de "une affaire de chat" )










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