samedi 12 mars 2016

Au Château d'eau suite

             Max Armengaud expose au Château d'eau jusqu'au 27 mars et je vais lui laisser la parole, ce qu'il dit rejoint en tous points ma vision des choses.

"Regarder c'est prendre conscience du fugitif, c'est éprouver le sentiment de la perte"
"dans la très grande majorité des oeuvres artistiques, la réflexion, la pensée convoquent beaucoup d'autres forces mettant en jeu le corps dans sa présence au monde, dans sa relation aux autres, à la chair, à la matière, dans son rapport à l'espace, au temps, à la mémoire, à l'affect"

                             Antichambre - voir et pouvoir, avec détails

 Max Armengaud mène depuis 1986 un travail de portraits d'institutions.
Photographiant à égale distance les personnes constituant et faisant vivre l'institution envisagée, sans distinction de rang et de poste, du technicien de surface à la personne occupant la plus haute fonction, il constitue patiemment  un ensemble porteur de valeurs à la fois documentaires, politiques, et éminemment artistiques.
Ainsi durant toutes ces années, il a réalisé notamment le portrait de la Cité du Vatican, du Palais de l'Elysée, du Rugby Club Toulonnais ou de l'ADES des Monts de Lacaunes.
Ses portraits d'institutions ne sont pas des réponses à des commandes mais correspondent à autant de projets personnels.
Leur réalisation a été rendue possible grâce à la conjugaison de bourses et résidences d'artiste à des moyens de production personnels.
Il a été pensionnaire de l'Académie de France à Rome (tout comme Ingres en son temps ) Villa Médicis 1990-1991 ) puis membre de la section artistique de la Casa Velàzquez à Madrid (1993-1995.
 Il a bénéficié d'une bourse Léonard de Vinci du Ministére des Affaires Etrangères en 1992 et de l'Aide individuelle à la création du Ministère de la Culture en 1997.
Il enseigne la photographie à l'école supérieure d'art et de design Marseille Méditerranée depuis 1999.

 Cette présentation de sa biographie était indispensable pour que vous compreniez le sens de sa démarche au travers des quelques exemples que je vous en donne. De même que ses explications  jalonneront mes photos de ses photos.

 Vous me pardonnerez l'éclectisme de mes clichés vous devez être maintenant habitués à ma façon de "m'imbiber" de ces observations, des lieux, et encore ai-je été rationnelle en vous présentant l'édifice au prélable, alors que j'ai fait en moi-même  un mix de l'édifice et de ses accrochages.
 Une visite d'exposition , surtout celles auxquelles j'ai pu me rendre à Paris où l'on suit tel un troupeau les tableaux à la suite des uns des autres, m'ennuie prodigieusement.


 Portraits de corrida:

"Dans une image de type iconique, la figure se détache du fond.
Il n'y a pas de contexte ou, quand il y en un, il est flou, il est rejeté derrière la figure.
La figure iconique  est conçue pour sortir de l'image.
Elle fonctionne selon un principe de sidération.
En se détachant du fond;, elle est projetée vers l'extérieur de l'image, à la face du spectateur.
Elle doit frapper, subjuguer celui qui la regarde.
 Dans mes images, c'est exactement l'inverse qui se produit.
Je cherche un équilibre entre la présence de la figure et celle du fond.
Bannissant les zones floues, j'écrase la profondeur de l'espace photographié.
Il n'y a pas de premier plan et d'arrière plan.
Il n'y a plus qu'un seule et même plan photographique  sur lequel se distribuent tous les éléments de composition de l'image. La figure est un élément parmi d'autres.
Elle reste importante, centrale même mais elle ne se détache pas du fond , elle est enchâssée dans un contexte.
Elle est plaquée, aspirée dans l'image .
J'ajoute que le cadrage iconique focalise sur la présence du visage alors que je photographie  également la présence du corps, un corps conscient de s'inscrire dans une représentation de lui-même.
La puissance du système de représentation iconique est le résultat d'une histoire, d'une construction visuelle idéologique pour impressionner, asseoir une position.

Elle est depuis toujours un attribut de représentation du pouvoir.
Ce système a pu d'autant plus s'imposer qu'il épouse un phénomène physiologique, organique, correspondant à la manière dont perçoit l'oeil humain.
Nous ne percevons en effet d'une façon nette qu'une partie de notre champ visuel, la zone sur laquelle se focalise notre attention, tout le reste autour et dans l'étagement des plans devant et derrière apparaissant plus ou moins flou en fonction de l'éloignement de cette zone.
Seul l'appareil photographique permet une construction nette sur l'ensemble de la surface de l'image , grâce à son système mécanico-optique d'enregistrement.
Dans mon travail, par la mise en relation  équilibrée entre la figure et le fond, je donne à voir l'image d'un individu à la fois profondément singulier dans sa présence d'homme ou de femme et partie prenante d'une communauté humaine.
Mes portraits d'institutions évoquent ce croisement entre histoire individuelle et histoire collective.
                    J'aborde le territoire institutionnel "à hauteur d'homme"

             à partir du singulier et avec lui un singulier acteur de lui-même

un singulier qui n'est pas anonyme et archétypal, et qui représente le collectif dans et par sa singularité même"

                                                                    à suivre

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